Culture et histoire
Parc national Tuktut Nogait
© Parcs Canada / Leslie Leong
La riche histoire culturelle de Tuktut Nogait a laissé des traces un peu partout. En effet, les relevés récents ont permis d'identifier plus de 360 sites archéologiques dans le parc. Les visiteurs ont de fortes chances de voir certains de ces sites, particulièrement dans les couloirs fluviaux, et ils peuvent également observer des cercles de tentes, des caches, des alignements de roches, des aires de séchage de viande et des affûts.
Les humains occupent Tuktut Nogait depuis l'an 1000 après J.-C. Les sites archéologiques connus les plus anciens remontent probablement à l'époque des Thulé ou des Inuit du cuivre, alors que les plus récents sont ceux des Inuvialuit et peut-être des premiers trappeurs et commerçants. On n'a trouvé aucun site Dorset ou Déné jusqu'à maintenant.
La plupart des observations d'usage humain des régions aux alentours de Tuktut Nogait par le passé ont été faites le long de la côte dans le nord du parc. La majorité de ces sites côtiers sont d'origine Thulé ou Inuit du cuivre et révèlent plusieurs siècles d'occupation (1200 à 1500 après J.-C.) Les chercheurs croient que ces peuples occupaient les sites côtiers en hiver et pêchaient à l'intérieur des terres à l'automne.
La culture Thulé possède plusieurs caractéristiques, notamment la mise au point de techniques spécialisées de pêche à la baleine et l'utilisation de chiens pour le transport. Les Inuit du cuivre semblent descendre des premiers peuples Thulé mais l'usage du cuivre et un changement aux activités de chasse et pêche sur le continent sont à l'origine de leur nom. Leurs descendants se nomment maintenant Inuinnait.
En attendant d'autres recherches, on ne sait pas exactement pourquoi les sites des Thulé et des Inuit du cuivre ont été abandonnés, et ce qu'il est advenu de ces deux cultures qui ont laissé leur marque sur le territoire. L'abandon final de la rive sud du golfe Amundsen a lieu au 19e siècle et est attribuée au contact avec les Européens.
À des époques plus récentes, les Inuvialuit utilisent des parties de la région pour la chasse, la pêche et le piégeage, surtout le long de la côte et des rivières. Les Inuvialuit descendent de deux cultures. Les Inuit du delta Mackenzie sont d'origine thulé et occupent une région allant du Yukon jusqu'au golfe Amundsen à l'est. Un grand nombre d'Inuvialuit ont également des ancêtres parmi les Inupiat de l'Alaska, dont les ancêtres immigrent dans la région à la fin des années 1800 et au début des années 1900.
À partir du milieu du 18e siècle, la rivière Coppermine et le fleuve Mackenzie amènent les premiers voyageurs autour des régions intérieures qui font maintenant partie du parc. Ce n'est pas avant le milieu du 18e siècle que des étrangers atteignent le parc. Père Émile Petitot est le premier Européen à arriver en 1867-1868. De 1890 à 1910 environ, un grand nombre de baleiniers se trouvent dans l'Arctique de l'Ouest mais s'aventurent rarement à l'intérieur des terres pour les explorer. De 1898 à 1912, deux autres explorateurs pénètrent dans la région. En 1898, A. J. Stone parcourt la région à l'est du cap Lyon à la recherche de boeufs musqués et de 1908 à 1912, l'explorateur canadien Vilhjalmur Stefansson se déplace le long de la côte du golfe Amundsen dans le cadre de son exploration de la région située entre le delta du Mackenzie et le golfe Coronation. Des trappeurs de renard blanc suivent la trace des explorateurs et des baleiniers mais on ne connaît pas l'étendue de leurs activités dans le parc, le cas échéant. L'arrivée des premiers trappeurs entraîne cependant un plus grand nombre d'interactions permanentes entre les cultures européenne et inuvialuit.
En 1930, la Compagnie de la Baie d'Hudson établit un poste à Letty Harbour et y attire les Inuvialuit de la région pour la traite. Le poste ferme en 1937 car le commerce est insuffisant. En 1935, on fonde une mission catholique à Paulatuk, en partie en raison de la source de charbon le long de la rivière Hornaday River et de la proximité d'un bon port. De 1936 à 1954, la mission exploite un petit poste de traite et sert ainsi de centre religieux, social et économique. Les Inuit qui s'établissent à Paulatuk et dans la région de la baie Darnley sont principalement des Inuit du Mackenzie et de l'Alaska de l'ouest. En 1955, la plupart des gens abandonnent la mission de Paulatuk et déménagent au cap Parry où l'on construit alors une station du Réseau avancé de pré-alerte (RAPA). Cette construction crée des postes permanents et du travail saisonnier. Suite à la fermeture du poste de Paulatuk et à une demande du gouvernement fédéral, le petit poste de traite à Letty Harbour est réouvert afin de répondre aux besoins des Inuit de Paulatuk.
La période moderne dans la région désignée des Inuvialuit et dans la région de Paulatuk est marquée par le peuplement des six communautés de la région et par un passage de l'économie de subsistance à une économie fondée à la fois sur les salaires et les activités traditionnelles. Cette transition se poursuit jusqu'à aujourd'hui. Au milieu des années 1960, les gens de la région de la baie Darnley retournent à Paulatuk. C'est également à cette époque que le gouvernement commence à construire des maisons à Paulatuk et plus tard une école, des services sanitaires et d'autres commodités modernes. Les six communautés de la région désignée des Inuvialuit comptent aujourd'hui 3 500 habitants inuvialuit.
Bien qu'ils dépendent d'une économie basée sur les salaires, bien des gens de Paulatuk tirent encore une bonne partie de leur subsistance de la terre. La plupart des chasseurs actifs n'utilisent toutefois pas le parc. Les chasseurs, trappeurs et pêcheurs actuels exercent leurs activités principalement au nord-ouest de la communauté, en direction de la péninsule Parry et au sud et au sud-ouest, en direction du lac Tsoko et de la rivière Horton. Des chasses sportives commerciales ont également lieu dans ces régions et au nord de la communauté, sur la mer de glace. Les seules activités pratiquées dans le parc présentement - dans le nord-ouest de Tuktut Nogait - sont la pêche (principalement de l'omble chevalier), la chasse (au caribou) et un peu de piégeage.
L'utilisation de la faune à des fins de subsistance fait partie intégrante de l'écosystème à Tuktut Nogait depuis des siècles. La récolte de subsistance constitue non seulement un élément intrinsèque de l'écosystème, mais elle permet également aux résidents locaux de maintenir leur lien avec le territoire et d'apprécier la valeur d'un parc national sur le plan de la protection des ressources de la terre.
Tel qu'énoncé dans la Convention définitive des Inuvialuit et l'Entente de Tuktut Nogait, les bénéficiaires inuvialuit ont le droit de récolter à des fins de subsistance dans le parc. La chasse commerciale ou sportive n'est pas autorisée à Tuktut Nogait.
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