Les poissons de Pukaskwa

Parc national Pukaskwa

par Chris Robinson

Les plans d’action et d’aménagement panlacustres (PAAP) sont des plans d’action binationaux qui visent à restaurer et à protéger l’écosystème des Grands Lacs. Le parc national Pukaskwa se situe le long du tronçon riverain non aménagé le plus long des Grands Lacs. Ses innombrables hanses, baies et cours d’eau riverains recèlent une multitude d’écosystèmes. À l’été 2016, plusieurs projets des PAAP(s) ont été menés le long des rives du parc national Pukaskwa.

A sturgeon
Un esturgeon jaune en train d’être libéré !

À titre de membre du comité de gestion du PAAP du lac Supérieur, le parc national Pukaskwa soutient des initiatives du Plan d’action et d’aménagement panlacustre du lac Supérieur ainsi que des projets qui en font partie et sont dirigés par des partenaires comme le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario (MRNFO) et le ministère des Pêches et des Océans (MPO).

À l’été 2016, des membres du personnel du parc national Pukaskwa ont collaboré avec le MPO et le MRNFO à un projet visant à dénombrer les jeunes esturgeons jaunes (Acipenser fulvescens). Dans le cadre de ce projet, on a mesuré et marqué des esturgeons jaunes, puis on les a remis dans les eaux riveraines du parc où l’espèce fraie habituellement. Ces impressionnants poissons d’eau douce sont les plus gros en Ontario et peuvent vivre bien au-delà de 100 ans. Menacées à l’échelle provinciale, leurs populations ont diminué au fil des ans en raison de la perte d’habitats de frai et de la surpêche. Au total, 24 esturgeons jaunes, dont 20 juvéniles, ont été capturés et libérés le long des rives du parc national Pukaskwa.

Des projets de surveillance de l’omble de fontaine ou truite mouchetée (Salvelinus fontinalis) et de touladi ou truite grise (Salvelinus namaycush) dans des cours d’eau riverains, menés sous la direction du MRNFO, sont deux exemples de projets des PAAP(s) auxquels a collaboré le parc national Pukaskwa. Ces espèces ont toutes deux besoin d’une eau froide et bien oxygénée pour pouvoir survivre. On a trouvé des ombles de fontaine dans l’anse Imogene, à l’extrémité sud du parc, où la température de l’eau est généralement inférieure à 16 °C, la température maximale privilégiée par l’omble de fontaine. C’est le fait que le tributaire soit alimenté par des eaux souterraines et que la végétation riveraine fournisse de l’ombre au cours d’eau, qui expliquent que l’eau y demeure froide. Bien qu’on ait trouvé des ombles de fontaine dans seulement un cours d’eau riverain, l’espèce est présente dans bon nombre de cours d’eau du parc où la température de l’eau demeure froide.

Tagouche Creek
Embouchure de la crique Tagouche, où de plus amples activités d’échantillonnage de la truite mouchetée ont eu lieu

Malheureusement, la recherche de touladis en déplacement vers les sites de fraie en rivière dans quatre cours d’eau riverains du parc ne fut pas un succès. Les touladis fraient généralement dans des lacs. Les femelles déposent leurs œufs sur les hauts-fonds rocheux des lacs, comme le lac Supérieur ainsi que certains lacs intérieurs profonds. Mais comme c’est souvent le cas en biologie, il y a toujours des exceptions et certains touladis en sont des exemples. Certaines populations, la plupart dans l’Arctique mais certaines dans le lac Supérieur, décident de frayer dans des rivières. Le MRNFO mène actuellement des recherches dans la rivière Dog (aussi appelée « University ») et la rivière Montréal, tout juste au sud-est du parc national Pukaskwa, où deux des plus importantes populations connues qui fraient en rivière sont encore présentes dans le lac Supérieur.

Les populations de touladis dans le lac Supérieur ont décliné considérablement dans les années 1950, en raison de l’invasion des Grands Lacs par la lamproie marine (Petromyzon marinus). Grâce aux efforts de contrôle déployés par la Commission des pêcheries des Grands Lacs (CPGL) depuis 1956, les populations se rétablissent. La lamproie marine représente toujours cependant une menace pour les poissons indigènes. Avant d’arriver à maturité, la lamproie marine est une petite créature non parasitaire à l’allure d’un ver de terre appelée « ammocète ». Elle vit dans le sable et la vase des cours d’eau et des rivières. C’est à ce stade qu’elle est le plus vulnérable à un produit chimique spécifique appelé «3-trifluorométhyl-4-nitrophénol (TFM) », ou plus simplement : lampricide. En 2016, la CPGL a appliqué du lampricide dans la rivière White, au parc national Pukaskwa. Aucune autre espèce n’a été affectée par le traitement.

Enfin, en collaboration avec le ministère de l’Environnement et de l’Action en matière de changement climatique de l’Ontario, un autre projet de recherche sur les poissons a été entrepris sur la rivière White. L’objectif de ce projet est de déterminer les concentrations de divers contaminants dans la chair des poissons de pêche-sportive. Une fois les analyses complétées, les renseignements visant la partie de la rivière White située en aval des chutes Chigamiwinigum, une destination de pêche populaire du parc, seront accessibles dans le Guide de consommation du poisson de l’Ontario.

Divers habitats et espèces de poissons bordent les rives du parc national Pukaskwa et il en reste beaucoup à découvrir au sujet des espèces vivant dans le secteur. Les travaux effectués l’été dernier contribuent à l’atteinte des objectifs binationaux du PAAP du lac Supérieur et permettront, ultimement, d’améliorer nos connaissances liées à la restauration et au maintien de populations de poissons saines dans le lac Supérieur.

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