Compter les orchidées : 40 ans de suivi

Parc national Pukaskwa

Par Edwin Morelli

Le cypripède œuf-de-passereau, une espèce d’orchidée rare du parc national de Pukaskwa, fait l’objet d’un suivi depuis 1979. Comme sa population diminuait dans le parc, le personnel s’est mis en quête d’explications potentielles.

Cette petite orchidée blanche est une plante herbacée vivace qui pousse de l’Alaska au nord du Montana en passant par les rives de la baie James. Il s’agit d’une des rares espèces d’orchidées connues pour pousser à l’intérieur du cercle polaire arctique. Le parc national de Pukaskwa abrite une population isolée de cypripède œuf-de-passereau. Ces orchidées ont un cycle de vie unique, car les graines et les jeunes plants dépendent d’un champignon symbiotique jusqu’à ce qu’elles produisent une tige plusieurs années après la germination. Une fois que la tige a poussé au-dessus du sol, le cypripède se reproduit asexuellement sous terre, créant de nouveaux clones à proximité de la plante mère. Il peut s’écouler jusqu’à 15 ans avant qu’il ne commence à fleurir, ce qui limite sa capacité à produire de nouvelles plantes à partir de graines.

Depuis 1979, le personnel du parc dénombre le nombre de ces orchidées dans le parc. Une analyse récente a révélé que sa présence a diminué de 63 % depuis lors, avec seulement 162 plants restants. De plus, 11 des 20 colonies historiques ont disparu du parc. Comme plusieurs de celles qui restent aujourd’hui comptent moins de 15 individus chacune, il est à craindre que d’autres colonies s’éteignent à l’avenir. Nous avons donc examiné les facteurs susceptibles de contribuer à ce déclin et en avons cerné trois :

  1. Stabilisation des dunes : l’habitat où pousse le cypripède œuf-de-passereau est en train de se transformer en forêt par le biais d’une succession naturelle. Ces modifications de l’écosystème peuvent contribuer au faible taux de survie ou d’établissement des plants.
  2. Changements climatiques : le parc national de Pukaskwa se trouve à l’extrémité sud de l’aire de répartition du cypripède. Les tendances à long terme pour la région comprennent une augmentation de la température de l’air et des changements dans le régime des précipitations. Les conditions climatiques pourraient ne plus permettre à cette plante de survivre et de se reproduire.
  3. Incidence humaine : ces plantes délicates font l’objet d’une protection spéciale afin de limiter les risques de perturbation par l’homme. Malgré ces efforts, il est possible que certains individus et certaines colonies aient été piétinés par inadvertance par les visiteurs ou le personnel.

Il est difficile de déterminer les causes exactes du déclin de la population de cypripède œuf-de-passereau, car on sait peu de choses sur ses exigences en matière d’habitat et les facteurs qui contribuent à sa survie et à sa reproduction. Le parc national de Pukaskwa souhaite collaborer avec des partenaires afin de mieux comprendre cette plante et d’aider sa population à se rétablir. Veuillez noter que cette population sensible pousse dans un endroit dont l’accès est restreint; veuillez faire parvenir un courriel à pukaskwaont@pc.gc.ca pour organiser une visite accompagnée.

 

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