Goélands argentés : des indicateurs écologiques importants

Parc national Pukaskwa

Par Tyler Ripku et Courtney Irvine

Les goélands argentés, souvent appelés « mouettes », sont un peu comme le « canari dans la mine de charbon ». Ils nous permettent de mieux comprendre les changements à grande et à petite échelle dans l’écosystème et constituent un indicateur important de l’influence de l’activité humaine sur le monde naturel. Apprenez-en plus sur les résultats des récentes études menées au parc national de Pukaskwa.

Le personnel du service de conservation des ressources de Parcs Canada compte les nids de goélands argentés depuis 1977 dans le cadre du Programme de surveillance de l’intégrité écologique. Cette surveillance a permis de constater que le nombre de nids de goélands argentés a diminué de 70 % depuis les années 1970. En 2015, l’équipe du parc national Pukaskwa a commencé à collaborer avec des scientifiques d’Environnement et Changement climatique Canada et de l’Université Carleton afin d’étudier ce déclin. Elle a mesuré l’attention portée aux nids à l’aide d’appareils photo avec détecteur de mouvement et collecté des œufs et des boulettes régurgitées afin d’étudier le régime alimentaire et les causes potentielles du déclin des goélands argentés dans le parc.

Premièrement, la diminution des nids de goélands argentés (en anglais uniquement) est probablement due à une diminution de la population d’éperlan arc-en-ciel non indigène (un poisson proie) en raison d’une augmentation du nombre de touladis indigènes. Dans les années 1970, la population de goélands argentés était artificiellement élevée pour trois raisons : 1) les éperlans arc-en-ciel récemment introduits fournissaient une quantité record de nourriture; 2) les touladis étaient au plus bas en raison de la surpêche et de l’introduction de lamproies; et 3) le nombre de prédateurs des goélands argentés (faucons pèlerins, pygargues à tête blanche et grand-ducs d’Amérique) était également au plus bas en raison de l’utilisation de pesticides à base de DDT. Lorsque la population l’éperlan arc-en-ciel a chuté et que celles d’autres prédateurs a remonté, le goéland argenté a décliné. Bien que la diminution de la population de goélands argentés soit alarmante, elle pourrait en fait indiquer que l’écosystème revient à un état plus « équilibré ».

Deuxièmement, la consommation de déchets humains a eu un impact positif sur le succès de la nidification (en anglais seulement), qui était différent entre les populations nord et sud de goélands argentés dans le parc national de Pukaskwa. Les pelotes de régurgitation et les molécules contenues dans les œufs de goélands (isotopes stables et acides gras) indiquent que les goélands du nord consomment des déchets humains, tandis que ceux du sud ont un régime alimentaire plus naturel à base de poissons. Nous avons constaté que les œufs de goélands argentés contenant des molécules de déchets humains étaient plus gros et contenaient moins d’hormones de stress. De plus, les parents s’en occupaient plus longtemps. Tous ces facteurs augmentent les chances de survie des oisillons.

Enfin, en surveillant les nids de goélands argentés à l’aide d’appareils photo avec détecteur de mouvement, nous avons documenté certaines interactions intéressantes : le nettoyage des carcasses de goélands argentés par les faucons pèlerins et la prédation des oisillons par les grands-ducs d’Amérique. C’est la première fois que des faucons pèlerins sont photographiés en train de se nourrir de goélands argentés morts dans cette région! Ces recherches nous aident à comprendre le déclin des goélands argentés dans le parc national de Pukaskwa et témoignent de l’importance de la surveillance à long terme des espèces indicatrices.

 

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