Alcidés

Réserve de parc national de l'Archipel-de-Mingan

Découvrir des aires d’alimentation à vol d’oiseau

Guillemot marmette
Guillemot marmette avec une prise dans son bec

Certaines espèces aviaires de la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan sont particulièrement vulnérables aux déversements d’hydrocarbures, puisqu’ils s’alimentent dans les eaux où le trafic maritime est important.

En 2019, le Service canadien de la faune et des étudiants de l’Université McGill se sont intéressés de près à ces espèces plus à risques. L’un des objectifs de leur projet consistait à cartographier les aires d’alimentation du petit pingouin (Alca torda), du macareux moine (Fratercula arctica), du guillemot marmette (Uria aalge) et de la mouette tridactyle (Rissa tridactyla). En comparant les zones d’alimentation de ces espèces, le Service canadien de la faune pouvait ensuite identifier des aires d’alimentation communes. En cas d’urgence environnementale, la protection de ces zones névralgiques devient alors une priorité.

Des données récoltées à vol d’oiseau

Émetteur attaché sur le dos d’un oiseau
Figure 1 : Émetteur attaché sur le dos d’un oiseau pour suivre ses déplacements sur plusieurs jours

Des individus de chacune des quatre espèces ont été capturés sur l’île à Calculot des Betchouanes et l’île de la Maison. Les individus capturés se sont vus apposer un consignateur de donnée (figure 1). Les appareils installés ont enregistré les déplacements des oiseaux pendant plusieurs jours. Au total des données télémétriques ont été récoltées sur trois macareux moines, cinq petits pingouins, six mouettes tridactyles et douze guillemots marmettes.

Des comportements uniques

Certains comportements d’alimentation diffèrent d’une espèce à l’autre (figure 2). Par exemple, la distance moyenne parcourue lors d’un voyage n’est pas la même pour tous :

  • Mouette Tridactyle : 56,7 ± 0,54 km
  • Guillemot Marmette : 30,7 ± 0,63 km
  • Petit Pingouin: 7,22 ± 0,10 km
  • Macareux Moine: données insuffisantes

Étonnante observation : la plus grande distance parcourue revient à un guillemot marmette qui aura voyagé presque 115 km afin de s’alimenter!

Des zones névralgiques identifiées

Bien que chacune des espèces semble parfois adopter des comportements d’alimentation uniques, les données recueillies ont révélé la localisation d’aires d’alimentation communes (figure 2) dans les secteurs à proximité de :

  • Les rivières Romaine, Mingan et Saint-Jean : des zones où l’eau douce se mélange à l’eau salée ;
  • l’île à Calculot des Betchouanes : une zone à proximité des colonies d’oiseaux marins.

Ces résultats sont importants pour la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan. En plus d’identifier des aires à protéger en cas de déversement pétrolier, cette étude démontre toute l’importance de conserver le grand écosystème marin entourant les îles de l’archipel de Mingan. Le Service canadien de la faune et les étudiants de l’Université McGill seront de retour en 2020 afin de poursuivre leurs recherches. Tout comme pour les alcidés et les mouettes tridactyles, nous attendons avec impatience leur retour printanier et espérons les revoir sillonner les eaux du golfe sous peu!

Figure 2 : Les zones d’alimentation

  1. Macareux Moine
  2. Mouette Tridactyle
  3. Guillemot Marmette
  4. Petit Pingouin

Les teintes de gris représentent la distribution des points GPS recueillis à l’intérieur d’une zone. Les zones les plus pâles incluent 95 % des points GPS alors que les plus foncées incluent 25 % des points GPS.

Carte de l’utilisation des macareux moines
Figure 2a : Zones d’alimentation des Macareux Moines dans le grand écosystème marin entourant les îles de l’archipel de Mingan
Carte de l’utilisation des mouettes tridactyles
Figure 2b : Zones d’alimentation des Mouettes Tridactyles dans le grand écosystème marin entourant les îles de l’archipel de Mingan
Carte de l’utilisation des Guillemots marmette
Figure 2c : Zones d’alimentation des Guillemots Marmette dans le grand écosystème marin entourant les îles de l’archipel de Mingan
Carte de l’utilisation des petits pingouins
Figure 2d : Zones d’alimentation des Petits Pingouins dans le grand écosystème marin entourant les îles de l’archipel de Mingan

Auteurs

  • Christina Petalas, étudiante, Université McGill
  • Thomas Lazarus, étudiant, Université McGill
  • Kyle Elliott, professeur adjoint, Université McGill
  • Mélanie Guigueno, professeure adjointe, Université McGill
  • Raphaël Lavoie, biologiste, Service canadien de la faune
  • Marie-Claude Roy, chef d’équipe écologiste, Parcs Canada

Références

  • Petalas, C., Lazarus, T, Lavoie, R. A., Elliott, K. H. et Guigueno, M. F. 2021. Foraging niche partitioning in sympatric seabird populations. Scientific Reports 11: 2493, https://doi.org/10.1038/s41598-021-81583-z

Citation

  • Roy, M.C., Petalas, C., Lavoie, R. Elliot, K., Guigueno, M., Lazarus, T. 2020. Découvrir des zones d’alimentation à vol d’oiseau. - Le suivi télémétrique des alcidés et de la Mouette Tridactyle nichant dans l’Archipel de Mingan. Les Chroniques de la Conservation. Réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan. Qc, Canada. Juillet 2020

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