Eider à duvet
Réserve de parc national de l'Archipel-de-Mingan
Aimer la Minganie comme l'eider son nid
Les eiders à duvet (Somateria mollissima) nichent par millier dans les landes et les forêts de la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan. Les populations d’eider de l’archipel comptent parmi les plus importantes du golfe du Saint-Laurent. Dans le cadre du Programme de Surveillance de l’Intégrité Écologique, l’état des populations d’eiders est l’une des mesures utilisées pour évaluer la santé des landes de la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan. Deux paramètres sont ainsi mesurés :
- l’abondance des nids,
- le nombre moyen d’œufs/nid.
Le recensement des nids et des œufs d’eiders dans les landes s’effectue tous les 10 ans. Ces inventaires sont réalisés de la fin mai jusqu’au début juin. Les îles sédimentaires dominées par la lande sont parcourues au complet par des recenseurs avançant côte à côte à la recherche de nids.
Des nids à la hausse et des œufs à la baisse
En 2015, 3 090 nids d’eider ont été comptés dans les landes des îles inventoriées (figure 1). La tendance à la hausse observée depuis l’inventaire de 1988 continue de se maintenir. Ces augmentations observées à la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan et dans les autres refuges d’oiseaux migrateurs de la Côte-Nord contrastent avec celles observées le long de la côte nord-est des États-Unis. En effet, cette région de la côte atlantique connait un déclin important de ses populations nicheuses d’eiders en raison de facteurs encore difficilement identifiables.
En contrepartie, la taille moyenne des couvées d’eiders montre une tendance à la baisse dans les landes de la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan. En 2015, une taille moyenne de 2,64 œufs/nid a été estimée. En 1988, elle se situait à 4,20 œufs/nid, ce qui se traduisait par une population saine. De nombreux facteurs peuvent influencer la taille des couvées chez l’eider dont l’âge et le poids de la femelle, l’habitat de nidification, la phénologie de la ponte, les compétitions pour des ressources limitées (nourriture par exemple), la prédation, la cueillette d’œufs, les conditions météorologiques, etc. Il nous faut donc interpréter avec prudence cette baisse observée dans la taille des couvées, car nous disposons actuellement que de peu d’informations complémentaires relatives aux facteurs écologiques qui peuvent l’avoir influencée.
Figure 1 : Nombre de nids et d’œufs d’eider à duvet à la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan entre 1988 et 2015
Un état jugé passable, mais à l’amélioration
En combinant l’abondance de nids et de la taille des couvées, l’état de la population nicheuse d’eiders en 2015 est jugé comme « passable » avec une tendance à « amélioration ».
Le prochain inventaire d’eider en lande aura lieu en 2025. Les résultats sont attendus avec impatience puisqu’ils confirmeront ou infirmeront les tendances observées en 2015. Un inventaire d’eiders en forêt est prévu pour 2021. Ce suivi permettra de comparer les eiders nichant en lande à celles nichant en forêt et de nuancer l’interprétation que l’on se fait des observations de 2015.
D’ici là, espérons que les eiders continueront de venir par milliers faire leur nid dans les landes de l’archipel afin de transmettre à leur descendance leur attachement pour la Minganie!
Auteure
Marie-Claude Roy, Chef d’équipe écologiste, réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan.
Références
Chapdelaine et al. 1986. Les eiders au Canada. Service canadien de la faune.
Christine Lepage, communication personnelle. 2019.
Citation
Roy, M.-C. 2020. Aimer la Minganie comme l’eider son nid : l’état des eiders à duvet dans les landes de la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan en 2015. Les Chroniques de la Conservation. Parcs Canada. Août 2020
Liens connexes
- Date de modification :