Politique sur l’intendance autochtone

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Message du Cercle d’intendance autochtone

Alors que Parcs Canada entreprend des efforts pour soutenir l’intendance autochtone, nous, en tant que Cercle d’intendance autochtone, sommes interpellés et nous soulignons l’importance de mettre l’accent sur la compréhension autochtone de la réciprocité afin d’assurer la mise en œuvre appropriée et respectueuse de cette politique.

Pour les cultures autochtones, les êtres humains sont inextricablement liés au monde naturel. Cette vision holistique et réciproque du monde comprend que tous les êtres et toutes les formes d’énergie sont interconnectés, égaux et liés. Il est reconnu que les actions d’une personne ont un effet sur elle et sur les autres. Cette relation avec les autres est souvent décrite par le concept de « toutes mes relations ». Il en découle le devoir et la responsabilité de vivre en équilibre avec toutes les autres entités et de respecter en prenant soin des terres, des eaux et des glaces de nos territoires respectifs et partagés. Cette relation réciproque, qui constitue le point de vue autochtone sur l’intendance, permet de comprendre que si nous bénéficions des bienfaits du monde naturel, nous avons le devoir d’équilibrer et de protéger ces bienfaits.

Lors de la mise en œuvre de cette politique et de l’élaboration des plans d’intendance et des stratégies d’intendance, il est important que nous assumions nos responsabilités en matière de réciprocité, d’équilibre et de respect.

Le Cercle d'intendance autochtone

La politique d'intendance autochtone a été élaborée par le Cercle d'intendance autochtone Footnote 1 et Parcs Canada.

Préambule sur l’intendance autochtone

Ce préambule est rédigé à la première personne du point de vue d'une personne autochtone. Le but de cette section est de présenter la politique comme l'expression de deux visions du monde – une vision du monde autochtone et occidentale – qui s'appuient et se soutiennent mutuellement. Nous reconnaissons qu'une politique représente une pratique et un processus occidentaux, cette politique est fondée et construite sur la perspective d'une vision du monde autochtone.

D’aussi loin que je me souvienne, mon identité en tant qu’autochtone a toujours été centrée sur mes relations avec mon environnement et le milieu naturel, avec ma famille, ma communauté et mes ancêtres. On m’a appris à reconnaître et à honorer ces relations, à honorer les plantes et les animaux qui se donnent à moi pour que je puisse être nourri et avoir de la force, à honorer les eaux qui entretiennent la vie et assurent la purification et la guérison. Il est essentiel de reconnaître et d’honorer ces relations et d’autres encore, car ce sont elles qui me nourrissent, me soutiennent et m’appuient. Elles font de moi ce que je suis.

Ces relations s’accompagnent de responsabilités. On m’a appris que j’avais la responsabilité d’être en relation avec toutes les choses qui donnent et maintiennent la vie, et qui me soutiennent et me guident. J’ai la responsabilité de respecter ces choses, de les remercier et, en retour, de faire ce que je peux pour prendre soin des choses qui prennent soin de moi. J’honore ainsi les enseignements, la sagesse et les lois de ma famille, de ma communauté, de ma nation et de mes ancêtres, ainsi que les enseignements des plantes et des animaux eux-mêmes. C’est ainsi que je maintiens et honore ces relations réciproques.

Mon identité en tant qu’autochtone est définie par ces relations et ces responsabilités, ainsi que par les expériences que j’en ai faites. Au niveau individuel, la pratique consistant à honorer et à maintenir ces relations et ces responsabilités résume en grande partie ce que l’on entend par intendance autochtone.

Cependant, ma capacité à assumer mes responsabilités et à maintenir des relations durables avec l’environnement naturel a été interrompue par un ensemble de lois, de politiques, de pratiques et de perspectives. Certaines lois et politiques m’ont séparé de mes territoires traditionnels, de mes terres visées par un traité et de mes terres ancestrales, et ont limité ma capacité à utiliser ces lieux et à y accéder. D’autres m’ont empêché, ainsi que mon peuple, d’avoir mon mot à dire sur la manière dont les terres, les eaux, les glaces, les animaux et les plantes, ainsi que d’autres entités vivantes et non vivantes, sont traités, honorés et soignés.

Les pratiques et les perspectives coloniales ont constitué des obstacles supplémentaires, compliquant ma capacité à m’exprimer et empêchant mes perspectives et ma voix, ou celles des familles et des communautés, d’être entendues. Ces pratiques et perspectives ont également réduit au silence les voix et la sagesse des ancêtres, des plantes, des animaux et d’autres entités dans ces discussions.

Toutes ces lois, politiques, pratiques et perspectives ont laissé dans leur sillage une cascade d’effets. Je ne suis pas en mesure de me réaliser pleinement dans mon identité d’autochtone et d’intendante. Ma famille et moi-même, ainsi que ma communauté et d’innombrables autres peuples autochtones, n’avons pas été en mesure de remplir nos obligations de vivre en réciprocité avec nos environnements, ou de participer à la prise en charge de ces lieux. En fait, nous ne pouvons pas nous acquitter de nos responsabilités en tant que peuples autochtones d'une manière qui nous permet de nous aligner sur nos enseignements sur qui nous sommes. Cette situation continue d’avoir des conséquences en temps réel pour les peuples autochtones, l’environnement et moi-même. Imaginez que vous soyez déconnectés de tous les éléments dont dépendent votre langue, votre culture et votre identité, et que l’on vous dise que votre contribution à la protection de ces éléments n’est pas appréciée ni nécessaire.

Une politique d’intendance autochtone peut aider les peuples autochtones à exercer leurs responsabilités individuelles et communautaires en tant qu’intendants autochtones par le biais de différentes formes de gestion coopérative et de gouvernance partagée. Ce cadre offre un forum pour l’inclusion des connaissances autochtones dans la prise de décision et l’expression du leadership et de la gouvernance autochtones. Il permet d’exprimer les valeurs et les priorités autochtones en matière de gestion des terres, des eaux et des glaces, qui sont compatibles avec les modes de vie autochtones et qui promeuvent et protègent les pratiques autochtones. La continuité de ces pratiques garantit que les connaissances autochtones sont vécues, que les lois autochtones sont respectées, que nos responsabilités sont assumées et que nos relations avec le monde naturel, les familles et les communautés sont maintenues.

Dans la philosophie aborigène, l’existence est faite d’énergie. Toutes les choses sont animées, imprégnées d’esprit et en mouvement constant. Dans ce domaine de l’énergie et de l’esprit, les relations entre toutes les entités sont d’une importance capitale, et l’espace est un référent plus important que le temps.

1. Date d’entrée en vigueur

Cette politique prend effet une fois qu'elle est approuvée lors de la cérémonie de la politique d'intendance autochtone.

2. Objet

L’objet de cette politique est de jeter les bases, au moyen d’une approche fondée sur la distinction Footnote 2, d’une intendance plus équitable, plus efficace et plus collaborative, aujourd’hui et à l’avenir, entre les communautés autochtones et Parcs Canada. Elle doit être considérée comme un élément d’un effort plus large entrepris par Parcs Canada pour mettre en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (« Déclaration des Nations Unies »). Il guidera la mise en œuvre du Cadre d'intendance autochtone et de toutes les mesures du plan d'action impliquant Parcs Canada dans la mise en œuvre de la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones par l'élaboration conjointe de plans d'intendance à chaque Lieu Footnote 3 et de stratégies d’intendance à chaque direction générale du Bureau national.

Parcs Canada a créé et géré des Lieux sans tenir compte des peuples autochtones ni de leur gestion. Ces dernières années, de nouvelles aires protégées ont été créées en partenariat avec les peuples autochtones, dans d’autres contextes par contre, les aires protégées ont été préjudiciables aux peuples autochtones en favorisant la déconnexion entre les peuples autochtones et leurs territoires. Cette politique soutiendra et honorera la reconnexion et la guérison. Elle reconnaît que l’intendance autochtone est essentielle à la réussite en matière de conservation et à l’atteinte de résultats qui permettent une plus grande biodiversité et offrent de riches opportunités de connexion, d’apprentissage et de compréhension.

Cette politique a été élaborée en collaboration avec le Cercle d’Intendance autochtone et vise à susciter la compréhension et le respect mutuels en incarnant l’espace éthique dans sa présentation.

3. Objectifs de la politique

La politique d’intendance autochtone a deux objectifs principaux :

Premièrement, la politique guide l’application du cadre d’intendance autochtone (voir section 5) dans tous les Lieux et au sein des directions générales du Bureau national.

Deuxièmement, la politique crée des conditions favorables à la continuité culturelle, la sécurité culturelle et la guérison. Pour ce faire, il sera nécessaire de soutenir, de revitaliser et de célébrer les pratiques, les relations et les liens des peuples autochtones avec les terres, les eaux et la glace, et de respecter les modes de vie, les modes de connaissance, les visions du monde et les ordres juridiques autochtones, y compris la compréhension des lois naturelles.

4. Valeurs et principes directeurs de l’intendance autochtone

Cette politique définit les valeurs et les principes fondamentaux qui servent de base à l’ensemble du travail de Parcs Canada avec les partenaires autochtones. Les valeurs de confiance, de respect et de réciprocité traduisent nos convictions profondes et communiquent ce qui est important pour nous. Ces valeurs nous aident à prendre des décisions conformes à nos convictions et guident nos actions quotidiennes, nos attitudes et les choix que nous faisons. Les principes d’accompagnement visant à honorer les droits, les devoirs et les responsabilités; à favoriser l’espace éthique, à maintenir des relations saines et respectueuses; et à assurer la continuité de la langue et de la culture autochtone contribuent à guider davantage nos actions et nos décisions. Ces principes contribueront à la réalisation de nos valeurs.

Dans l’ensemble, les valeurs et les principes sont suffisamment souples pour s’adapter aux interprétations régionales et locales et aux réalités opérationnelles, tout en fournissant des orientations générales au niveau national. Ils s’inspirent des perspectives communiquées par les peuples autochtones et s’alignent sur les principes et objectifs pertinents communiqués par la Commission de vérité et réconciliation du Canada, l’Enquête nationale sur les femmes, filles autochtones et personnes 2ELGBTQI+ disparues et assassinées, et la Déclaration des Nations Unies.

Valeurs

Confiance

La confiance est au cœur de tout ce que nous faisons. À Parcs Canada, nous apprécions les partenariats autochtones et reconnaissons que la confiance n’est jamais totale, mais qu’elle continue d’évoluer et de se développer au fil du temps. La confiance est vulnérable et exige de l’humilité ; elle doit être gagnée et ne peut être présumée. Elle est à la base de relations respectueuses et sans elle, nous ne pourrons pas travailler dans le partenariat et le respect. La confiance prend du temps et doit être continuellement entretenue en disant la vérité, la responsabilisation et en faisant preuve de transparence.

Réciprocité

La réciprocité découle de la compréhension du fait que tous les êtres sont interconnectés. Nous sommes interdépendants et nous reconnaissons que nos actions ont un impact sur les autres. Nous avons la responsabilité d’honorer nos relations mutuelles et le devoir de prendre soin de tous les êtres et de vivre en équilibre avec eux. Nous bénéficions grandement de nos partenaires et des terres, des eaux et de la glace dont nous avons la charge. Nous pratiquerons la réciprocité en honorant ces liens.

Respect

Le respect consiste à traiter toute la création avec équité, dignité, empathie, sensibilité et gentillesse. Il contribue à créer un environnement sain et accueillant pour les partenaires autochtones avec lesquels nous travaillons et pour le public que nous servons. Il garantit la sécurité et le bien-être des partenaires autochtones, des employés et de tous les êtres que nous soutenons, tout en favorisant la collaboration, l’ouverture et la transparence.

Principes

Respecter les droits, les devoirs et les responsabilités

Parcs Canada respectera le fait que les peuples autochtones ont le droit inhérent à l’auto-détermination et à pratiquer la continuité de leurs cultures, de leurs langues et de leurs modes de vie. Nous soutiendrons les peuples autochtones dans l’exercice de leurs droits et de leurs responsabilités en matière d’intendance des terres, de l’eau et de la glace. Nous nous appuierons sur l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982, sur les traités (modernes et historiques) et sur les autres accords conclus entre les peuples autochtones et la Couronne, ainsi que sur la déclaration des Nations unies dans son intégralité, en accordant une attention particulière aux articles 1 à 5, 25 à 26 et 29.

Favoriser l’espace éthique

Parcs Canada s’engage à travailler avec les partenaires autochtones dans un espace éthique afin d’établir et de maintenir des relations respectueuses. Nous travaillerons ensemble pour soutenir l’intendance fondée sur les connaissances et les visions du monde autochtones, en plus des connaissances occidentales qui ont dominé ces dernières années. Tous les membres de l’équipe de Parcs Canada s’efforceront de maintenir des espaces culturellement sûrs pour les peuples autochtones et s’appuieront sur un cadre organisationnel de compétences culturelles. Pour créer cet espace éthique et des espaces culturellement sûrs, nous nous engageons à reconnaître les faits, à présenter des excuses, à dire la vérité et à prendre des mesures de réconciliation fondées sur des approches autochtones. En travaillant avec et aux côtés des systèmes de connaissances autochtones, Parcs Canada respectera les principes de souveraineté des données autochtones fondés sur les distinctions ou axés sur la communauté, selon le cas.

Favoriser des relations saines et respectueuses

Parcs Canada s’engage à maintenir des relations saines qui aident les peuples autochtones à exercer leurs droits, à mener leurs activités traditionnelles et à s’acquitter de leurs responsabilités en matière d’intendance. À cette fin, nous nous efforcerons d’entretenir des relations positives avec tous les gouvernements et les communautés autochtones et d’élaborer et de mettre en œuvre, avec nos partenaires, des approches de l’intendance autochtone qui élimine les obstacles et facilite l’accès aux Lieux. Nous nous engageons à respecter les protocoles, les processus, les ordres juridiques autochtones et les lois naturelles. À la base, cela implique de reconnaître les différentes capacités et les différents intérêts des gouvernements autochtones, de les rencontrer là où ils sont et là où ils vont, et de veiller à ce que le renforcement des capacités soit soutenu, le cas échéant et selon les demandes. Nous reconnaissons que ces relations évolueront et s’adapteront au fil du temps, et nous nous engageons à les suivre.

Nous reconnaissons également que l’héritage colonial a, dans certains endroits, érodé les systèmes et les protocoles autochtones d’engagement mutuel et contribué à la complexité des relations historiques et continues entre les gouvernements autochtones. Dans les cas où les gouvernements autochtones sont en conflit au sujet des responsabilités d’intendance, nous adopterons, s’il y a lieu, une approche fondée sur la reconnaissance des responsabilités de chaque communauté, tout en reconnaissant que les responsabilités historiques et continues à l’égard d’un lieu ne sont pas nécessairement les mêmes. Parcs Canada abordera ces situations avec ouverture, invitera au dialogue au moyen de processus et de protocoles autochtones, s’il y a lieu. En maintenant des relations solides et respectueuses, nous nous efforcerons de favoriser des espaces qui permettent à la fois l’accord et le désaccord.

Assurer la continuité de la culture et de la langue autochtones

Parcs Canada reconnaît que l’intendance autochtone est fondée sur le lieu et est distincte. Nous reconnaissons que les approches élaborées conjointement pour opérationnaliser l’intendance autochtone seront façonnées par le contexte local qui met l’accent sur les systèmes de connaissances, les protocoles et les approches autochtones. Nous respecterons l’histoire, les lois, la gouvernance, les cultures, les visions du monde et les modes de connaissance des peuples autochtones et, dans la mesure du possible, nous appuierons la transmission intergénérationnelle des connaissances et des possibilités d’apprentissage afin de contribuer à la continuité de la culture et de la langue.

5. Intendance autochtone

Parcs Canada s’est engagé dans un processus de renouvellement, centré sur une vision de la gestion et de la gouvernance des Lieux qui est respectueusement alignée sur les méthodes autochtones d’intendance des terres, de l’eau et de la glace. L’objectif de ce travail est de faire progresser la réconciliation et de soutenir la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies au moyen d’une approche fondée sur la distinction qui garantit que les droits, les intérêts et la situation unique des Premières Nations, des Métis et des Inuits sont respectés. La compréhension actuelle de Parcs Canada du travail à accomplir est représentée dans le Cadre d’intendance autochtone. Ce cadre reflète le point de vue des Autochtones sur ce qui est nécessaire pour soutenir leur (re) connexion avec les terres, les eaux et la glace dans les territoires traditionnels, les terres visées par un traité et les terres ancestrales. Il comprend sept éléments interreliés qui peuvent guider et appuyer la façon dont les objectifs de conservation des Premières Nations, des Métis et des Inuits et le mandat de Parcs Canada peuvent être réalisés ensemble.

Pour soutenir avec succès l’intendance autochtone, Parcs Canada doit créer les conditions nécessaires à la réussite. Ces conditions nécessiteront des changements dans la culture de Parcs Canada, ainsi qu’une compréhension et une sensibilisation accrues des rôles et responsabilités permanents des peuples autochtones en tant qu’intendants, tant à l’interne que parmi les visiteurs des Lieux. Il y a trois éléments qui abordent les fondements nécessaires à l’intendance autochtone et devront être continuellement entretenus pour assurer le succès de la mise en œuvre des changements dans leur ensemble :

Reconnaissances, excuses et réparation — comprend un engagement à poursuivre des processus et à faire de l’espace pour dire et entendre la vérité sur les injustices passées et présentes, et travailler ensemble pour y remédier tout en aidant les partenaires autochtones à partager des histoires et des récits qui ont été étouffés ou intentionnellement réduits au silence.

Relations — comprend un engagement permanent en faveur de relations à long terme avec les partenaires autochtones, qui évoluent et se développent au fil du temps en s’appuyant sur un principe d’égalité dans les relations plutôt que sur la domination de l’un sur l’autre.

Apprentissage et compréhension — englobe les efforts que Parcs Canada s’engage à déployer pour développer et améliorer les compétences culturelles des membres de l’équipe, ainsi que les efforts pour continuer avec les partenaires autochtones à sensibiliser les membres de l’équipe et les visiteurs aux relations historiques et contemporaines entre les peuples autochtones et non autochtones, y compris les relations distinctives et particulières que les Premières Nations, les Métis et les Inuits ont avec les terres, l’eau et la glace.

C’est à partir de cette base que Parcs Canada peut aider les partenaires autochtones à exercer leurs responsabilités en matière d’intendance.

Les autres éléments du cadre de gestion autochtone sont les suivants :

Gouvernance partagée — fait référence aux rôles des peuples autochtones dans la prise de décisions. La gouvernance partagée implique un passage des modèles actuels de gestion collaborative à des arrangements qui reflètent plus pleinement le droit naturel, les ordres juridiques autochtones ainsi que les droits et responsabilités à l’égard des terres, des eaux et des glaces que les peuples autochtones ont gérées depuis des millénaires.

Continuité culturelle — englobe la manière dont les peuples autochtones maintiennent et revitalisent les relations et les liens actifs avec les territoires traditionnels, les terres visées par un traité et les terres ancestrales, par le biais de leurs lois, la langue, de la culture et des pratiques d’intendance qui soutiennent et expriment les droits et les responsabilités des autochtones.

L’exercice de la continuité culturelle dans les Lieux comprend souvent :

  • des cérémonies,
  • le partage de la langue,
  • l’apprentissage sur le terrain et le partage des connaissances entre les anciens, les jeunes, les gardiens du savoir et les membres de la communauté,
  • ainsi que la récolte à des fins d’alimentation, médicinal et d’autres fins.

Possibilités économiques — met l’accent sur les nombreuses façons dont les activités de Parcs Canada peuvent offrir des avantages tangibles au bien-être social et économique des peuples autochtones. Les moyens de subsistance et les économies autochtones sont antérieurs à l’établissement des Lieux dans lesquels Parcs Canada a un rôle dans l’administration, et le restauration et le renforcement des possibilités économiques est un moyen important de reconnaître les relations continues avec les territoires traditionnels, les terres visées par un traité et les terres ancestrales, et de faire respecter les droits et les responsabilités autochtones.

Systèmes de connaissances autochtones — comprend les connaissances et les systèmes de connaissances autochtones. Le maintien des systèmes de connaissances et de savoirs autochtones dépend de la possibilité d’assurer la continuité culturelle et la santé des terres, des eaux et de la glace.

Proposition de cadre de gestion autochtone, version texte suit
Image 1 : Les sept éléments interconnectés du cadre de l’intendance autochtone
Description de l'image

Éléments verts : ces quatre éléments connexes sont considérés comme des éléments centraux de la gestion autochtone. Il s'agit des savoirs et des systèmes de savoirs autochtones, de la gouvernance partagée, la continuité culturelle, et des possibilités économiques.

Éléments bleus : ces trois éléments sont considérés comme les bases de l'intendance autochtone. Ils comprennent : des efforts plus étendus pour établir et maintenir des relations solides entre les peuples autochtones et Parcs Canada ; la volonté de collaborer avec les peuples autochtones pour examiner le rôle joué par Parcs Canada dans le passé, reconnaître les actions qui ont eu un impact sur les peuples autochtones, présenter des excuses à cet égard et réparer les dommages subis; et l’apprentissage et une meilleure compréhension, parmi les employés de Parcs Canada et les visiteurs, des droits, des rôles et des responsabilités des peuples autochtones dans l'intendance des terres, des eaux et de la glace.

La présente politique reconnaît que l’intendance autochtone se fait déjà de diverses façons dans les Lieux où Parcs Canada exerce ses activités. Elle reconnaît que les approches visant à mettre en œuvre cette politique seront adaptées aux Lieux uniques et aux partenaires concernés.

6. Application et résultats attendus

6.1. Cette politique s’applique à :

6.1.1. Tous les Lieux dans l’administration desquels Parcs Canada a un rôle.

6.1.2. Toutes les directions générales du Bureau national de Parcs Canada Footnote 4.

6.2. Les objectifs de cette politique sont de fournir des orientations sur la mise en œuvre du Cadre d’intendance autochtone et de créer des conditions qui favorisent la continuité culturelle des peuples autochtones conformément aux valeurs et aux principes énoncés dans les sections ci-dessus.

6.3. Cette politique vise à compléter et à améliorer les accords existants et à orienter les relations, les accords et les ententes mutuelles futurs.

6.4. Les résultats attendus de cette politique sont les suivants :

6.4.1. Les parties responsables et les représentants identifiés par des communautés autochtones élaboreront ensemble un plan d’intendance évolutif à chaque Lieu.

6.4.2. Le processus et l’approche pour l’élaboration conjointe des plans d’intendance seront déterminés localement avec les partenaires autochtones.

6.4.3. Les plans mettront en œuvre le Cadre d’intendance autochtone et les priorités de chaque plan seront définies par les partenaires autochtones et les membres de l’équipe de Parcs Canada. Ils peuvent tenir compte des éléments de l’intendance autochtone (l’apprentissage et la compréhension; la reconnaissance, les excuses et la réparation; les relations; les possibilités économiques, la continuité culturelle, les systèmes de connaissances autochtones, la gouvernance partagée) et d’autres priorités interreliées définies par les partenaires (p. ex. les aires protégées et conservées autochtones, etc.).

6.4.4. Les plans d’intendance prendront en compte et refléteront les priorités ou les plans communautaires existants ou émergents.

6.4.5. Dans les Lieux où Parcs Canada travaille avec plusieurs partenaires autochtones, Parcs Canada se tournera vers les partenaires pour déterminer s’il faut élaborer des plans bilatéraux ou un plan d’intendance qui englobe plusieurs partenaires autochtones.

6.4.6. Les directions générales du Bureau national élaboreront des stratégies décrivant la mise en œuvre du Cadre d’intendance autochtone avec la collaboration et l’examen de la Direction des affaires autochtones et du Cercle d’intendance autochtone.

6.4.7. Tous les plans et les stratégies auront un cycle de vie déterminé conjointement et feront l’objet d’une révision.

6.5. Les approches en matière de rapports annuels pour les plans d’intendance seront déterminées conjointement avec les partenaires autochtones et seront alignées sur les exigences en matière de rapports de la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et d’autres processus de rapports de Parcs Canada, s’il y a lieu.

6.6. Les protocoles d’établissement de rapports à l’intention des communautés autochtones seront élaborés et déterminés conjointement par les partenaires autochtones.

7. Autorités

7.1. Cette politique appuie l’article 5 Footnote 5 de la Loi sur la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et aura préséance sur les politiques, les lignes directrices et les directives existantes lorsqu’elles ne sont pas conformes à la Loi.

7.2. La présente politique appuie le rôle permanent du Cercle d’intendance autochtone, qui est de superviser et de guider Parcs Canada dans la mise en œuvre de l’intendance autochtone et de la présente politique.

7.3. Cette politique s’applique aux membres de l’équipe de Parcs Canada et ne doit pas être interprétée comme un transfert de responsabilité aux communautés, gouvernements et organisations autochtones.

7.4. Cette politique doit être lue et appliquée conjointement avec la législation, la réglementation, les instruments de politiques et les accords pertinents conclus par le gouvernement du Canada et d’autres gouvernements de la Couronne, y compris les traités modernes et historiques, et d’autres accords constructifs.

7.5. Cette politique doit être lue conjointement avec la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, la Politique sur l’Inuit Nunangat et la Politique collaborative de mise en œuvre des traités modernes.

7.6. Cette politique doit respecter les autorités autochtones dans sa mise en œuvre.

8. Rôles et responsabilités

Parcs Canada et les partenaires autochtones ont chacun des rôles et des responsabilités dans la mise en œuvre de cette politique. Les partenaires autochtones définiront leurs rôles et responsabilités. La présente section porte sur l'approche de Parcs Canada.

8.1. Le ministre responsable de Parcs Canada a la responsabilité de :

8.1.1. Respecter les objectifs de cette politique, en appuyant toutes les mesures du plan d'action impliquant Parcs Canada dans la mise en œuvre de la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et en faisant progresser la reconnaissance des rôles et des responsabilités d'intendance des Autochtones dans l'ensemble du gouvernement

8.1.2. Approuver cette politique, en consultation et coopération avec le Cercle d’intendance autochtone.

8.2. Le président-directeur général, en consultation et coopération avec le Cercle d’intendance autochtone, doit veiller à ce que les objectifs de l’intendance autochtone soient atteints.

8.3. Le Cercle d’intendance autochtone, en collaboration avec le président-directeur général, est responsable du renouvellement cérémoniel de la politique.

8.4. Le Vice-président des affaires autochtones et du patrimoine culturel (AAPC) et le Vice-président principal des Opérations doivent collaborer avec le Cercle d’intendance autochtone afin d’examiner les efforts déployés pour mettre en œuvre l’intendance autochtone dans l’ensemble de Parcs Canada et de fournir des mises à jour annuelles sur les progrès réalisés.

8.5. Le Vice-président de l’AAPC, en consultation et coopération avec le Cercle d’intendance autochtone, doit s’assurer que les objectifs de la politique d’intendance autochtone sont atteints, et il est responsable de ce qui suit :

8.5.1. Assurer un leadership fonctionnel dans l’avancement des initiatives législatives et politiques liées à la mise en œuvre de la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

8.5.2 Fournir des conseils stratégiques, une expertise et un soutien aux autres directions générales dans l’avancement de leurs approches de la mise en œuvre de la politique, y compris l’élaboration de stratégies d’intendance.

8.5.3. Veiller à ce que tous les membres de l’équipe de Parcs Canada reçoivent une formation appropriée sur l’intendance autochtone et la présente politique.

8.6. Le Vice-président principal des opérations, en consultation et coopération avec le Cercle d’intendance autochtone, est responsable de ce qui suit :

8.6.1. Veiller à ce que les plans d’intendance soient élaborés conjointement par Parcs Canada et les partenaires autochtones dans chaque Lieu.

8.6.2. Veiller à ce que les plans d’intendance soient mis en œuvre et fassent l’objet de rapports selon une méthode et un calendrier qui répondent aux objectifs des partenaires autochtones et de Parcs Canada.

8.7. Le Vice-président chargé des ressources humaines et du bien-être des employés, en collaboration avec le Vice-président de l’AAPC, et en consultation et coopération avec le Cercle d’intendance autochtone, est chargé d’élaborer des orientations sur les éléments de compétence culturelle lors de l’embauche et sur les programmes d’apprentissage en matière de compétence culturelle.

8.8. Le Vice-président chargé de la politique stratégique, des affaires et des services numériques et le Vice-président de l’AAPC, en consultation et coopération avec le Cercle d’intendance autochtone, est responsable de l’élaboration d’un indicateur de gestion des performances pour la mise en œuvre de la présente politique.

8.9. Tous les vice-présidents de l’Agence Parcs Canada sont responsables de ce qui suit :

8.9.1. Élaborer une stratégie d’intendance décrivant la mise en œuvre de cette politique par la direction générale.

8.9.2. Veiller à ce que la stratégie d’intendance de leur direction générale soit examinée et confirmée par le Cercle d’intendance autochtone.

9. Période de révision

Cette politique sera réexaminée tous les cinq ans.

La politique ainsi que les plans d’intendance et les stratégies d'intendance connexes s'adapteront et répondront aux besoins changeants et changeants des partenaires autochtones.

10. Définitions

Continuité culturelle
Ce concept englobe la manière dont les peuples autochtones maintiennent et revitalisent les relations et les liens actifs avec les territoires traditionnels, les terres visées par un traité et les terres ancestrales, par le biais de la langue, de la culture et des pratiques d’intendance qui soutiennent et expriment les droits et les responsabilités des autochtones. L’exercice de la continuité culturelle dans les Lieux comprend la création d’espaces culturellement sécuritaires pour des cérémonies, le partage de la langue, l’apprentissage sur le terrain et le partage des connaissances entre les anciens, les jeunes, les gardiens du savoir et les membres de la communauté, ainsi que la récolte pour l’alimentation, médicinal et d’autres fins.
Compétence culturelle
Il n'existe pas de définition universellement acceptée du concept de compétence culturelle, et cela n'a pas encore été défini pour Parcs Canada dans le contexte de cette politique. Des travaux sont en cours avec le Cercle d'intendance autochtone pour définir ce terme.

Entre-temps, la présente politique met en évidence les définitions existantes, y compris la définition élaborée par l'Université de Toronto qui définit la compétence culturelle comme la capacité « de travailler efficacement avec les partenaires autochtones et dans des contextes interculturels avec les peuples autochtones en milieu de travail ». Il y a souvent des compréhensions au niveau organisationnel et au niveau individuel de ce concept. Cette définition est un espace réservé et sera remplacée par la définition élaborée par le Cercle d'intendance autochtone.
Espace éthique
L’espace éthique crée un cadre qui respecte l’intégrité de tous les systèmes de connaissance et d’autres valeurs et principes fondamentaux. Il permet l’application d’une compréhension holistique et d’un travail interculturel à travers les visions du monde, qui sont souvent exprimées dans des termes différents et culturellement spécifiques à travers le pays. En s'engageant à créer un espace éthique, un lieu de collaboration peut être établi où des personnes de divers systèmes et perspectives de connaissances peuvent travailler ensemble sur une base de reconnaissance et de respect mutuels. L'espace éthique n'est pas statique et doit être nourri et il doit être fondé sur des principes convenus. Le concept d'espace éthique a été appuyé par des chercheurs et des aînés autochtones, le Dr Willie Ermine et le Dr Reg Crowshoe.
Lieu(x)
Il s’agit d’un terme inclusif qui désigne toutes les terres, les terres submergées, les glaces et les eaux administrées conjointement que Parcs Canada a un rôle dans l’administration y compris dans un lieu historique national, un parc national et une réserve de parc, une aire marine nationale de conservation et une réserve, et plus encore.
Gouvernance partagée
La gouvernance partagée fait référence au partage de l’autorité par la prise de décision collective. Il s’agit d’un terme général qui englobe de nombreux types d’arrangements qui se distinguent par le degré de partage des pouvoirs et des responsabilités. Dans le passé, Parcs Canada a utilisé les termes « coopératif » et « gestion collaborative » pour décrire cette approche. D’autres ministères ont utilisé le terme « cogestion ».
Consultation et coopération
Ce concept est décrit dans la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones qui fait référence à l’obligation statutaire de consulter les peuples autochtones et de coopérer avec eux. Cette formulation est tirée des articles 18 et 19 de la Déclaration des Nations unies et, dans le contexte des mesures liées à la DNUDPA et doit être comprise comme devant être entreprise avec des institutions représentatives choisies par les peuples autochtones « afin d’obtenir leur consentement libre, préalable et éclairé avant d’adopter et de mettre en œuvre des mesures législatives ou administratives susceptibles de les concerner ». La consultation et la coopération sont un processus continu qui ne se limite pas à une seule étape de la collaboration. Il ne fait pas référence à l'obligation du gouvernement du Canada de consulter et d'accommodement des répercussions sur les droits ancestraux ou issus de traités, établis ou potentiels ou établis, ni ne les remplace.

11. Références

Les références suivantes ont éclairé notre réflexion, y compris en reconnaissant les documents d'où nous devons apprendre pour aller de l'avant.

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