Pour la semaine du 25 mars 2024.
Le 28 mars 2009, le gouvernement du Canada désigne Gabrielle Roy comme un personnage historique national. Cette institutrice, romancière, journaliste se démarque par son art du récit, sa prose limpide et sa profonde humanité.
Née en 1909 à Saint-Boniface, au Manitoba, elle est la benjamine d’une famille de onze enfants. Elle étudie à l’Académie Saint-Joseph à Saint-Boniface ainsi qu’au Winnipeg Normal Institute, avant d’entreprendre une carrière dans l’enseignement. En 1937, elle se rend en Europe, où elle étudie l’art dramatique et publie quelques articles—inspirés par son séjour en Angleterre et en France. À son retour au Canada, en 1939, elle s’installe à Montréal où elle publie des articles de fond, des textes descriptifs et des essais dans divers journaux et revues.
En 1945, elle publie son premier roman Bonheur d’occasion. Elle explore de façon minutieuse la vie quotidienne de la classe ouvrière du quartier Saint-Henri à Montréal. Grâce à ce roman, elle se révèle être une pionnière du réalisme social. Il remporte un succès immédiat auprès du public. Traduit en anglais sous le titre de The Tin Flute, puis en nombreuses autres langues, il fait de Roy une célébrité littéraire.
En 1947, elle remporte le prix Femina pour son roman, devenant ainsi la première canadienne à se voir attribuer un prix littéraire français de cette importance. Elle obtient de plus le prix du Gouverneur général et son roman est choisi comme « livre du mois » par la Literary Guild of America. Toujours en 1947, Gabrielle Roy épouse le Dr Marcel Carbotte. Le couple s’installe à Québec en 1950, après avoir passé quelques années à Paris.
Bonheur d’Occasion sera suivi par d’autres succès tel que La Petite Poule d’Eau (1950), Alexandre Chenevert (1954) et Ces enfants de ma vie (1977), ainsi que deux œuvres autobiographiques publiées après sa mort. Elle reste attachée toute sa vie à sa maison natale—une résidence modeste, bâtie en 1905—où elle habite jusqu'en 1937. Cette maison sera souvent décrite et idéalisée dans ses écrits, notamment dans Rue Deschambault (1955). Elle fait une chronique sensible de son passé en touchant à la fois l’expérience des immigrants et son expérience franco-manitobaine.
Gabrielle Roy s’est vu conférer de nombreux honneurs et prix littéraires, dont deux autres prix du Gouverneur général (1957 et 1978). Première femme admise à la Société royale du Canada (1947), elle est reçue comme Compagnon de l’Ordre du Canada en 1967. L’ensemble de son œuvre lui vaut le prix Duvernay (1956), le prix David (1971), ainsi que le prix Molson (1978).