Pour la semaine du 28 octobre 2024.
Le 29 octobre 1925, Édouard Lacroix est élu député de Beauce à la Chambre des communes. Entrepreneur, industriel et homme politique, il a joué un rôle de premier plan au sein du mouvement nationaliste canadien-français des années 1920 à 1940.
M. Lacroix est né le 6 janvier 1889 à Sainte-Marie de Beauce, au Québec. Fils d’un propriétaire de moulin, il étudie au Collège des Frères des écoles chrétiennes de Sainte Marie et commence à travailler à l’âge de 14 ans comme bûcheron, draveur, mesureur et autres, se familiarisant ainsi avec le fonctionnement de l’industrie forestière. En 1911, il fonde sa propre entreprise de commerce de bois, La Maison Édouard-Lacroix, et achète plusieurs scieries au cours des années suivantes. Il vend principalement du bois à pâte aux usines de papier, mais il récolte et transforme également du bois d’œuvre dans le nord de l’Ontario.
Au début des années 1920, M. Lacroix obtient un important contrat d’une compagnie américaine pour couper du contreplaqué au lac Portage et le livrer dans le Maine. Peu après, il crée la Madawaska Company et s’installe dans le Maine. Il poursuit l’expansion de ses entreprises en achetant d’autres usines, en construisant des infrastructures, puis en rationalisant ses activités. Très vite, il contrôle une part importante de l’industrie forestière le long de la frontière canado-américaine, son empire florissant s’étendant jusqu’au Nouveau Brunswick, à la Nouvelle Écosse, au Maine et au New Hampshire. Il est l’un des rares millionnaires canadiens-français du début du XXe siècle.
M. Lacroix a été élu pour la première fois à la Chambre des communes en 1925 et a été député libéral de la circonscription de Beauce jusqu’en 1944, remportant cinq élections. Il se prononce en faveur de l’instauration d’un salaire minimum pour les travailleurs, notamment les bûcherons, et plaide pour une intervention économique de l’État afin de rétablir l’équité sociale. Parallèlement, il se lance dans la politique provinciale au Québec et participe à l’organisation du nouveau parti Action libérale nationale en 1934. Ce parti contribue à la défaite du gouvernement libéral d’Alexandre Taschereau en soutenant l’Union nationale, dirigée par Maurice Duplessis. Édouard Lacroix devient lieutenant en chef de l’Action libérale nationale en 1936 et 1937. Il vote contre le plébiscite sur la conscription pendant la Seconde Guerre mondiale en 1942. La même année, il participe à la fondation d’un autre parti provincial, le Bloc populaire canadien. En 1944, il devient l’un des quatre députés élus de ce parti à l’Assemblée législative du Québec.
La maladie de Parkinson affaiblit la santé de M. Lacroix, qui doit se retirer de la vie politique en 1945 et du monde des affaires en 1946. Il meurt à Saint-Georges-de-Beauce le 19 janvier 1963, à l’âge de 74 ans.