Pour la semaine du 1er avril 2024
Le 6 avril 1973, Kathleen « Kay » Livingstone dirige l’organisation du premier Congrès national des femmes noires du Canada à Toronto, en Ontario. Tout au long de sa vie, elle est une figure marquante et une source d’inspiration pour les Canadiennes d’ascendance africaine.
Née en 1918 à London, en Ontario, Kathleen Jenkins est la fille de James et Christina Jenkins, fondateurs du journal The Dawn of Tomorrow (1923). Ses parents lui apprennent la valeur du service à la communauté afro-canadienne. Jeune femme, elle étudie les arts de la scène au Royal Conservatory of Music, à Toronto, et au Ottawa College of Music. Après avoir obtenu son diplôme, elle poursuit une carrière de productrice et d’actrice au théâtre, à la radio, à la télévision et au cinéma. En 1942, elle épouse George Livingstone et le couple déménage à Toronto. Ils y élèvent leurs enfants, trois garçons et deux filles. À cette même époque, elle anime plusieurs émissions de radio, dont le Kay Livingstone Show sur les ondes de la Canadian Broadcasting Corporation. On y parle entre autres de poésie, de musique et des cultures de la diaspora africaine à travers le monde.
Dans les années 1950, Kathleen Livingstone joue un rôle important dans la défense des intérêts des femmes d’ascendance africaine au Canada. Elle transforme un club social de Toronto appelé les Dilettantes en une organisation militante. Dirigé par Livingstone de 1951 à 1953, le groupe défend les intérêts des Canadiennes d’ascendance africaine, plaide pour la reconnaissance de l’histoire des Noirs, accorde des bourses d’études et amasse des fonds pour soutenir la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. Elle devient ensuite présidente régionale pour le patrimoine ontarien dans la Coalition nationale des Noirs du Canada en 1969.
En 1973, Livingstone écrit une page d’histoire en dirigeant l’organisation du premier Congrès national des femmes noires du Canada. Du 6 au 8 avril, quelque 200 représentantes d’organisations noires de tout le pays se réunissent à Toronto. Elles discutent de questions qui touchent la vie des femmes noires, notamment l’éducation, l’immigration et la représentation des personnes d’ascendance africaine dans les médias. Ces conversations contribuent à la naissance d’un nouveau mouvement féministe noir au Canada. Six autres congrès ont lieu de 1974 à 1987 dans d’autres villes canadiennes. Le Congrès des femmes noires du Canada s’est depuis étendu, ouvrant des bureaux régionaux qui continuent à soutenir les communautés aujourd’hui.
En 1975, Livingstone est embauchée à titre de consultante pour le Conseil privé. Dans le cadre de son travail, elle parcourt le pays pour réaliser des recherches en vue de l’organisation d’une conférence sur les communautés racisées au Canada. C’est à cette époque qu’elle aurait inventé le terme « minorités visibles ». Malheureusement, Livingstone ne verra pas le fruit de ses efforts. Elle décède subitement à Toronto le 24 juillet 1975.