Pour la semaine du 15 avril 2024.
Le 20 avril 2009, le gouvernement du Canada désigne Dorothy Dworkin personnage historique national. À Toronto, en Ontario, elle joue un rôle important au sein de la communauté juive, organisant des collectes de fonds, facilitant la réinstallation de nouveaux arrivants en provenance de l’Europe de l’Est, et offrant des services médicaux et sociaux essentiels du début au milieu du XXe siècle.
Née en Lettonie vers 1890, Dora (ou Dvora) Goldstick, comme elle s’appelle à l’époque, émigre au Canada avec sa famille en 1904. C’est à Toronto que la famille s’installe, et Goldstick devient une membre active de la communauté juive de la ville. Dévouée au service d’autrui, elle suit une formation d’aide générale dans un dispensaire privé fondé entre autres par le médecin S. J. Kaufman, originaire de Cleveland, en Ohio. Le dispensaire offre des soins de santé à peu de frais et des services en yiddish. Elle finit par quitter Toronto pour aller étudier en soins infirmiers ainsi que la profession de sage-femme à l’hôpital Mount Sinai de Cleveland. En octobre 1909, elle obtient son brevet du Medical State Board of Ohio.
À son retour, elle devient ainsi la première infirmière et sage-femme professionnelle au sein de la communauté juive de Toronto. Elle est recrutée pour diriger le Jewish Dispensary, un dispensaire fondé par Ida Siegel et son frère Abe Lewis en 1909 sur la rue Elizabeth où l’on offre des services gratuits. Là, elle prodigue des soins infirmiers et des soins de maternité à un grand nombre de patients juifs, tant pendant la journée qu’après les heures d’ouverture. Elle travaille en étroite collaboration avec Siegel à la fondation d’un orphelinat pour les enfants juifs, à l’œuvre de la Hebrew Ladies’ Maternity Aid and Child Welfare Society, et à l’organisation d’un auxiliaire féminin au dispensaire, où l’on distribue du lait pasteurisé et des fournitures médicales à faible coût. Dorothy quitte le dispensaire peu de temps après avoir épousé Henry (Harry) Dworkin en 1911; le couple aura une fille, appelée Ellen (Honey).
Dorothy Dworkin continue de participer activement à la construction d’une infrastructure de soins de santé au sein de la communauté juive de Toronto. En 1922, elle dirige l’Ezras Noshim Society, une société de secours mutuel, qui amasse des fonds pour la construction d’un nouvel hôpital juif au 100, avenue Yorkville. L’hôpital de 20 lits, appelé Maternity and Convalescent Hospital, ouvre ses portes un peu plus tard la même année sous la direction de Dworkin. En peu de temps, les services qui y sont offerts dépassent le cadre des soins de maternité et l’hôpital est renommé Mount Sinai en 1923. Dworkin est membre du conseil d’administration jusqu’en 1954 et fonde le Ladies’ Auxiliary, qui soutient l’élargissement et l’amélioration des soins aux patients au moyen de programmes de bénévolat et d’activités de collecte de fonds.
Après le décès de son époux en 1928, Dworkin aide à diriger l’entreprise familiale de navires à vapeur, située sur la rue Dundas Ouest, grâce à laquelle des centaines de personnes juives de la Pologne, de la Roumanie et de la Lettonie arrivent au Canada pendant les années 1920 et 1930. En 1935, elle fonde la Dworkin’s News Agency sur la rue Elizabeth, qui devient le plus grand distributeur canadien de publications en yiddish et l’éditeur du journal Kanader Naies/Canadian News jusqu’en 1955. Dorothy Dworkin continue de participer activement à la vie communautaire jusqu’à son décès, en 1976.