Pour la semaine du 8 juillet 2024.
Le 10 juillet 1896, Thérèse Casgrain naît à Montréal, au Québec. Elle est la fille de Blanche MacDonald et de sir Rodolphe Forget, un riche avocat, financier et politicien. Après avoir épousé l’avocat et politicien Pierre-François Casgrain, en 1916, elle intègre la vie publique et s’illustre rapidement comme une leader du mouvement réclamant le droit de vote pour les femmes au Québec.
Au Québec, ce sont le Conseil des femmes de Montréal (1893), la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (1907) et la Montreal Suffrage Association (1913) qui mènent le mouvement en faveur du suffrage féminin. Ces organismes rencontrent une vive opposition, particulièrement de la part de l’Église catholique, qui use de son influence au sein de la société franco-canadienne pour s’élever contre la participation des femmes à la vie publique. Ce mouvement des suffragistes ne réussit pas à faire changer les choses au Québec, même si des gains sont réalisés ailleurs au Canada. Toutes les autres provinces et le gouvernement fédéral accordent le droit de vote aux femmes entre 1916 et 1922. Ainsi, la plupart des Québécoises ont le droit de voter lors d’élections fédérales après 1920, mais pas au niveau provincial. De plus, au niveau fédéral, il faudra encore plusieurs années avant que ce droit fondamental soit accordé à leurs concitoyens d’origine asiatique (1948), aux Inuit (1950) et aux femmes des Premières Nations (1960).
En 1922, Thérèse Casgrain devient la première vice-présidente du Comité provincial pour le suffrage féminin. Elle en est élue présidente en 1928, tout juste avant la réorganisation du Comité qui devient la Ligue des droits de la femme. Sous sa direction, la Ligue comptera plus de 400 membres. Thérèse Casgrain relaie son message féministe à encore plus de gens grâce à Fémina, une émission de radio bilingue qu’elle anime de 1935 à 1943 et qui cherche à conscientiser le public aux affaires courantes et aux questions liées aux droits des femmes. À cette époque, elle gagne en influence politique grâce à son époux, lequel gravit les échelons du Parti libéral et devient président de la Chambre des communes (1936–1940), puis secrétaire d’État du Canada (1940–1941). En 1938, elle use de son influence pour que soit invitée une délégation d’environ 40 femmes au congrès du Parti libéral provincial. Elle mène le groupe à titre de vice-présidente du Club des femmes libérales de Montréal et réussit à faire appuyer la proposition du Club, soit l’inscription du droit de vote des femmes au programme du Parti libéral du Québec, par des membres puissants du parti; leur proposition est acceptée. Le Parti libéral forme le gouvernement en 1940 et ne tarde pas à tenir sa promesse en faisant adopter, peu après, une loi accordant à la plupart des femmes le droit de voter et de se présenter comme candidates lors d’élections provinciales.
Dans les années qui suivent, Casgrain continue de lutter pour les droits des femmes et participe à la fondation de la Fédération des femmes du Québec en 1966. Elle lutte également pour la justice sociale et les libertés civiles entre autres par son engagement en politique active avec la Fédération du Commonwealth Coopératif de 1946 à 1963 et sa participation à la Ligue des droits de l’Homme de 1963 à 1970.
Thérèse Casgrain est désignée personnage historique national en 2022. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada (CLMHC) conseille le gouvernement du Canada sur la commémoration des personnages d’importance historique nationale – des personnes qui ont contribué de manière exceptionnelle et durable à l’histoire du Canada.
Le Programme national de commémoration historique compte sur la participation de la population pour la mise en candidature de lieux, d’événements et de personnages d’importance historique nationale. Tous les membres du public peuvent soumettre un sujet à l’examen de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.Voyez comment participer à ce processus.