Événement historique national du programme de recrutement de domestiques antillaises, 1955-1967

Photo en noir et blanc d'un groupe de personnes à l'intérieur
Les étudiants antillais de Montréal ont célébré l'anniversaire de la Fédération des Antilles avec des expositions de danses limbo, vaudou et calypso au Centre communautaire nègre, Montréal, Québec, vers 1958-1960
© Ministère canadien de la Main-d'œuvre et de l'Immigration / Bibliothèque et Archives Canada / C-045104

Le programme de recrutement de domestiques antillaises (1955-1967), a été désigné comme un événement historique national en 2020.

Importance historique : programme d’immigration ciblant les femmes caribéennes tandis que les politiques gouvernementales restreignaient l’entrée de non blancs.

Plaque commémorative : sera installée à la station de métro Bathurst, 819, rue Bathurst, Toronto, OntarioFootnote 1

Le programme de recrutement de domestiques antillaises, 1955-1967

À une époque où l’immigration non-blanche au Canada est limitée, quelque 3 000 femmes des Antilles arrivent au Canada comme domestiques grâce à ce programme. En le créant, le gouvernement fédéral veut améliorer ses relations diplomatiques et économiques avec les Antilles anglophones. Engagées d’abord pour un an, ces femmes subissent de la discrimination raciale et sont moins bien rémunérées que les domestiques blanches. Établies surtout à Toronto et Montréal, elles sont nombreuses à faire venir leurs familles, puis à se démarquer avec brio dans diverses professions, favorisant l’essor de la culture antillaise au pays.

La Commission des lieux et monuments historiques du Canada
Inscription de plaque en français

Le programme de recrutement de domestiques antillaises, 1955-1967

Le programme de recrutement de domestiques antillaises est un programme d’immigration ciblé qui a permis à environ 3 000 femmes des Antilles de venir au Canada pour travailler comme domestiques. Bien qu’encore très restrictif, le programme accroît l’immigration noire au Canada après la Seconde Guerre mondiale, alors que les politiques d’immigration discriminatoires du pays limitent l’entrée des immigrants non blancs. Le programme combine la politique d’immigration et la diplomatie canadienne afin d’appuyer l’évolution des relations économiques du Canada avec les pays des Antilles anglophones. Nombre de ces femmes font venir leurs familles, puis se démarquent avec brio dans diverses professions, favorisant l’essor de la culture antillaise au Canada, particulièrement à Montréal et Toronto.

Plaque commémorative pour l'événement historique national du programme de recrutement de domestiques antillaises, 1955-1967
Plaque commémorative de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada pour l'événement historique national du programme de recrutement de domestiques antillaises, 1955-1967

Le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration met en œuvre le programme de recrutement en 1955 afin de faire face à la demande de travailleuses domestique. Durant la première année du programme, le nombre d’entrées au pays est limité à 100 femmes, mais vu son énorme succès, les quotas augmentent pendant les années 1960. Pour être admissibles, les femmes devaient être célibataires, avoir entre 18 et 35 ans, posséder au moins huit ans de scolarité et réussir un examen médical réalisé par des responsables de l’immigration du Canada. À travers ce processus, elles étaient soumises à un niveau d’enquête « morale » qui était unique par rapport aux autres programmes d’immigration. Les femmes sont encouragées à s’établir partout au pays, mais lorsqu’elles sont admises dans le programme, la plupart d’entre elles choisissent Toronto ou Montréal puisqu’elles préfèrent les possibilités sociales et économiques qu’offrent les grands centres urbains.

Les femmes qui sont venues au Canada dans le cadre du programme étaient payées moins qu’elles ne l’avaient prévu tout en étant obligées de travailler plus longtemps. Après une année de travail en tant que domestique, les participantes obtiennent le statut d’immigrant reçu et sont autorisées à entreprendre des études ou à chercher un emploi dans d’autres domaines. Elles peuvent aussi parrainer les membres de leurs familles qui souhaitent obtenir la résidence permanente au Canada, ce que le gouvernement tente de limiter en acceptant seulement les femmes célibataires. Après cinq ans au pays, peu importe le domaine de travail où elles ont œuvré, elles deviennent admissibles à la citoyenneté canadienne.

 

Photo en noir et blanc de deux personnes assises à une table
Photographie de Donald Moore conseillant une nouvelle immigrante, date inconnue
© The City of Toronto Archives
Photo en noir et blanc d'un groupe de personnes qui tiennent la pose
Un événement organisé au Donavalon Centre, un centre récréatif pour la communauté antillaise, vers 1953-1960
© The City of Toronto Archives
 

 

À leur arrivée au Canada, ces femmes font face à la discrimination raciale et à l’hostilité. Plusieurs comptent changer de domaine de travail après leur première année au pays, certaines ayant précédemment suivi une formation en soins infirmiers, en enseignement ou dans d’autres domaines. C’est notamment le cas de Jean Augustine, une enseignante qualifiée qui émigre de la Grenade au Canada en 1960. Après avoir terminé son année de travail en tant que domestique, elle s’inscrit à l’Université de Toronto où elle obtient un baccalauréat ès arts et une maîtrise en éducation, avant de devenir directrice d’école et de s’impliquer dans l’activisme communautaire. En 1993, elle devient la première femme noire canadienne élue à la Chambre des communes puis nommée au Cabinet en 2002.

 

Photo en noir et blanc d'un groupe de personnes posant à l'extérieur
La première réception de thé offerte par la Negro Citizenship Association, on peut voir Donald Moore debout au dernier rang, 1954
© The City of Toronto Archives
Photo sépia de sept personnes qui tiennent la pose debout
Owen Rowe, ancien combattant noir canadien (BCV), lors d'une réunion domestique à Dorval, au Québec, avec un représentant d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, vers 1960
© Photo d'une gracieuseté de Kathy Grant, Historienne
 

 

Malgré le succès du programme, qui réussit à attirer des Antillaises au Canada, et malgré la demande presque illimitée pour des domestiques, le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration accepte avec réticence d’augmenter le nombre de femmes admises annuellement. En 1967, alors que le Canada s’apprête à adopter un système de points pour la sélection de ses immigrants, il est annoncé que le programme sera abandonné en janvier 1968.

La présente fiche d’information a été rédigée au moment du dévoilement de plaque en 2025.

Le Programme national de commémoration historique repose sur la participation des Canadiens afin d’identifier les lieux, les événements et les personnages d’importance historique nationale. Tous les membres du public peuvent proposer un sujet afin qu’il soit étudié par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.

Obtenir plus d'informations sur la façon de participer à ce processus

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