Personnage historique national de Chloe Cooley
Chloe Cooley a été désignée comme un personnage historique national en 2022.
Importance historique : exemple précoce d'une femme d’ascendance africaine soumise à l’esclavage qui résista à l'esclavage.
Plaque commémorative : point de vue panoramique du sentier récréatif pavé de la Rivière Niagara, Parc Queenston Heights, OntarioFootnote 1
Chloe Cooley
En mars 1793, cette femme asservie d’ascendance africaine vivant à Queenston, est violemment attrapée, ligotée et transportée contre son gré de l’autre côté de la rivière Niagara pour être vendue dans l’État de New York. Malgré ses cris et sa résistance, elle ne peut se libérer. Témoin de la capture, le loyaliste noir Peter Martin en raconte les horreurs au Conseil exécutif du Haut-Canada. Son témoignage convainc le lieutenant-gouverneur Simcoe d’adopter une loi restreignant l’esclavage, faisant ainsi du Haut-Canada un refuge pour les Afro-Américains en quête de liberté. Le courage de Cooley illustre la résistance des femmes asservies.
Chloe Cooley
Chloe Cooley était une femme d’ascendance africaine, soumise à l’esclavage, qui vivait à Queenston, dans le Haut-Canada. La vie de Cooley est peu connue, mais sa résistance courageuse contre sa capture violente et son transport vers l’État de New York en 1793 pour y être vendue est devenue un exemple bien connu des actes de résistance quotidiens des femmes soumises à l’esclavage. Bien que Cooley n’ait pas réussi à s’échapper, le loyaliste noir Peter Martin a été témoin de cet incident et en a attesté à une réunion du Conseil exécutif du Haut-Canada. Le témoignage de Martin décrivant le traitement infligé à Cooley par l’esclavagiste loyaliste Adam Vrooman poussa le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe à faire adopter une loi limitant l’esclavage, faisant ainsi du Haut-Canada un refuge pour les Afro-Américains en quête de liberté.
En mars 1793, Adam Vrooman avait pris des dispositions pour vendre Cooley à un Américain. Puisque Cooley criait et se débattait, Vrooman l’a ligotée avec de la corde pour l’empêcher de fuir et l’a bâillonnée pour faire taire ses cris. Aidé de son frère Isaac Vrooman et d’un des fils du loyaliste McGregory Van Every, Adam Vrooman a usé de violence pour forcer Cooley à monter à bord d’un petit bateau et lui faire traverser la rivière Niagara. Une fois sur la côte américaine, Cooley hurlait et tentait de se défaire de ses liens, sans toutefois réussir à s’enfuir.
Bien que la résistance dont a fait preuve Cooley ne lui ait pas rendu sa liberté, la scène a marqué profondément Peter Martin, un homme libre d’ascendance africaine et vétéran de la guerre révolutionnaire américaine, et William Grisley (Crisley), un employé blanc de Vrooman. Environ une semaine plus tard, le 21 mars, les deux témoins ont relaté la capture au lieutenant-gouverneur Simcoe et à deux membres du Comité exécutif. Le procureur général John White a reçu l’ordre d’intenter des poursuites contre Vrooman, mais ce dernier n’a fait l’objet d’aucune accusation, car il avait agi dans la limite de ses droits légaux en vendant Cooley. Toutefois, l’affaire a incité Simcoe à ordonner au procureur général de rédiger un projet de loi imposant des limites à l’esclavage dans le Haut-Canada. Présenté en juin 1793, ce projet de loi a suscité une vive opposition puisque plusieurs députés de l’Assemblée législative et du Conseil législatif étaient eux-mêmes des esclavagistes.
© Niagara-on-the-Lake Museum Collection
Finalement, la loi visant à interdire l’entrée de personnes soumises à l’esclavage au Haut-Canada et à établir des limites dans la durée des contrats de servitude a été adoptée; il s’agissait de la première en son genre dans l’Empire britannique. La loi ne mettait pas fin à l’esclavage dans le Haut-Canada et ne libérait pas ceux qui y étaient déjà soumis. En fait, elle obligeait les esclavagistes ayant libéré une personne soumise à l’esclavage à verser une caution afin d’éviter de créer un fardeau financier pour la province. Toutefois, la loi imposait des limites à la servitude (contrat de travail) et stipulait que les enfants de personnes soumises à l’esclavage nés après le 3 juillet 1793 seraient affranchis à l’âge de 25 ans et que leurs enfants seraient libres à la naissance. La loi interdisait également l’importation de nouvelles personnes soumises à l’esclavage dans la province, ce qui a incité les Afro-Américains en quête de liberté à se déplacer vers le nord, au Haut-Canada. En 1819, le procureur général John Beverley Robinson a émis un avis juridique dans lequel il a déclaré que toute personne d’ascendance africaine qui arrive au Haut-Canada jouira d’une liberté garantie, même si cette personne est soumise à l’esclavage dans un autre pays. Ces précédents juridiques, ainsi que l’abolition de l’esclavage dans les territoires britanniques en 1834, ont contribué à étendre le chemin de fer clandestin au Haut-Canada.
« Je suis heureuse que Chloe Cooley soit honorée en tant que personne d’importance historique nationale. En tant que femme noire soumise à l’esclavage, la voix de Chloe Cooley ne pouvait être réduite au silence et le succès de son action en faveur de la liberté résonne encore aujourd’hui. En découvrant son histoire, les Canadiens et Canadiennes peuvent mieux comprendre la diversité de notre histoire et comment grâce à elle notre avenir continuera à se construire. »
« La désignation de Chloe Cooley comme personne d’importance historique nationale met en lumière certaines des injustices et des difficultés qu’ont connues les Canadiens noirs. J’encourage l’ensemble de la population canadienne à en apprendre davantage sur les désignations qui reflètent les importantes contributions des Canadiens noirs au patrimoine du Canada. En partageant ces histoires, nous reconnaissons la façon dont les personnes de couleur continuent d’unir, d’influencer et de façonner notre pays, et surtout, notre avenir. »
Cette fiche d’information a été préparée au moment du dévoilement de la plaque en 2024.
Le Programme national de commémoration historique repose sur la participation des Canadiens afin d’identifier les lieux, les événements et les personnages d’importance historique nationale. Tous les membres du public peuvent proposer un sujet afin qu’il soit étudié par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.
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