Personnage historique national de Rufus Nathaniel Rockhead (vers 1896-1981)
Rufus Nathaniel Rockhead a été désigné comme un personnage historique national en 2024.
Importance historique : personne exceptionnelle qui sert durant la Première Guerre mondiale, entrepreneur noir de la région de Montréal, propriétaire de la célèbre boîte de nuit Rockhead’s Paradise et promoteur de musiciens de jazz, il laisse une marque indélébile.
Plaque commémorative : pas de plaque installéeFootnote 1
Rufus Nathaniel Rockhead (vers 1896-1981)
Après avoir quitté la Jamaïque pour s’installer au Canada en 1916, Rufus Nathaniel Rockhead sert pendant la Première Guerre mondiale, travaille comme porteur pour une compagnie de chemins de fer puis devient entrepreneur. En 1929, il fonde le Rockhead’s Paradise, une célèbre boîte de nuit à Montréal dévouée à la clientèle noire et, au moment de son ouverture, la seule appartenant à une personne d’ascendance africaine. Il contribue considérablement à l’éclosion de la scène jazz au Canada, à la vie nocturne, au talent musical et à la culture grâce au Rockhead’s Paradise, en activité de 1929 à 1980. Il persévère face au racisme et à la corruption, fournit des emplois aux membres de la communauté noire et crée un espace accueillant pour tous. Personne d’exception, il laisse un legs important aux Afro-Canadiens, aux Montréalais et aux amateurs de jazz.
Rockhead naît vers 1896 à Maroon Town, en Jamaïque. En 1916, il s’embarque pour le Canada et s’établit à Montréal, où il travaille dans une usine de munitions. En 1918, il s’enrôle dans le Corps expéditionnaire canadien, sert auprès du Corps forestier canadien en France et est libéré honorablement en mars 1919. Il reçoit la Médaille de guerre britannique et la Médaille de la victoire pour son service. De retour à Montréal, Rockhead travaille comme porteur pour le Chemin de fer Canadien Pacifique jusqu’en 1927, puis met sur pied un commerce de cirage de chaussures et de nettoyage de chapeaux à Verdun. La même année, il épouse Elizabeth « Birdie » Weeks, avec qui il aura trois enfants.
En 1928, Rockhead fait l’acquisition de l’hôtel Mountain, au coin des rues Mountain (aujourd’hui de la Montagne) et Saint-Antoine dans le quartier Saint-Antoine à Montréal, où une bonne partie de la communauté noire vit et travaille. L’établissement de trois étages comprend une taverne et un casse-croûte au premier étage, une salle à manger et une boîte de nuit au deuxième et un hôtel au troisième. La boîte de nuit du deuxième étage devient Rockhead’s Paradise.
En peu de temps, Rockhead’s Paradise devient un lieu incontournable pour les Montréalais et les touristes. Rockhead tire parti de la demande croissante pour de la musique jazz et des cabarets en Amérique du Nord ainsi que du statut de Montréal comme une ville où la vente d’alcool est autorisée au temps de la prohibition. Contrairement à ce qui se fait dans d’autres boîtes à l’époque, Rockhead accueille tous les clients et les artistes, sans distinction. Au fil du temps, des musiciens célèbres comme Oscar Peterson, Oliver Jones, Harold « Steep » Wade, les frères Hugh ainsi que George et Milton Sealey se produisent ou font librement leur apprentissage au Rockhead’s Paradise. Cette boîte de nuit offre un espace essentiel où les musiciens noirs peuvent perfectionner leur talent en s’exerçant et en se produisant avec des artistes de jazz talentueux de Montréal, du reste du Canada et de l’étranger. Fréquenté par des légendes internationales comme Louis Armstrong, Cab Calloway, Ella Fitzgerald et Billie Holiday, le Rockhead’s Paradise contribue à faire de Montréal une halte de choix sur le circuit du jazz.
Hôte affable et charismatique, Rockhead accueille personnellement les clients à la porte tous les soirs. Il devient un membre éminent et respecté de la communauté noire, dont les intérêts lui tiennent profondément à cœur. À deux reprises, il perd pratiquement son permis de débit de boisson en raison de pratiques de discrimination raciale, et est forcé de fermer ses portes de 1953 à 1960. Sa santé déclinant, il transfère la propriété de la boîte de nuit à son fils, Kenneth, qui la vend en 1980. Rufus Rockhead s’éteint à Montréal en 1981.
« L’esprit d’entreprise novateur de Rufus Rockhead, vétéran de la Première Guerre mondiale qui a fondé le Rockhead’s Paradise, a considérablement fait progresser la scène du jazz au Canada et favorisé l’intégration culturelle. Je suis heureuse que son histoire remarquable soit incluse par un jeune étudiant dans le projet « Not Just Numbers » lié à notre recensement canadien. Il faut perpétuer l’héritage de Rufus. »
« Il est incroyable que les contributions des Canadiens noirs soient mises en lumière de manière aussi positive, car les Noirs sont trop souvent dépeints de manière négative dans les médias. Lorsque j’ai lu les histoires dans le cadre de mes recherches et que j’ai vu comment un compatriote canadien d’origine jamaïcaine a prospéré et a contribué au tissu de notre existence, il fallait que je propose sa désignation. Ça fait chaud au cœur et c’est inspirant de savoir que malgré les difficultés extrêmes, on peut y arriver - Rufus Rockhead - un compatriote Yawdee a ouvert la voie. »
La présente fiche d’information a été rédigée au moment de l’annonce ministérielle en 2024.
Le Programme national de commémoration historique repose sur la participation des Canadiens afin d’identifier les lieux, les événements et les personnages d’importance historique nationale. Tous les membres du public peuvent proposer un sujet afin qu’il soit étudié par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.
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