L’exposition itinérante : À la découverte de Chignectou

L'exposition itinérante de Parcs Canada, « À la découverte de Chignectou : Les histoires qui s'y trouvent », présente la longue histoire de la région du point de vue des peuples mi’kmaq et acadien, invitant les visiteurs à remettre en question d’anciens récits et à découvrir de nouvelles vérités.

Cet article représente un exemple du travail effectué pour interpréter l’histoire sous de multiples perspectives dans les lieux historiques nationaux. Lisez d’autres histoires et découvrez comment ce travail est guidé par le Cadre pour l’histoire et la commémoration de Parcs Canada.

Un récit divisé

L’isthme de Chignectou est le pont terrestre qui relie le Nouveau-Brunswick à la partie continentale de la Nouvelle-Écosse. C’est une région où l’histoire s’écrit depuis des milliers d’années. Son importance historique réside notamment dans le fait qu’on y trouve 5 lieux historiques nationaux : 

  • Fort-Beauséjour-Fort-Cumberland
  • Beaubassin
  • Fort-Lawrence
  • Île-de-la-Vallière (Tonge’s Island)
  • Fort-Gaspareaux

Jusqu’à tout récemment, les visites d’interprétation et les expositions portant sur Chignectou étaient axées sur son rôle de champ de bataille du XVIIIe siècle où se sont affrontées les forces impériales française et anglaise dans leur lutte pour le contrôle de l’Amérique du Nord. Cependant, des communautés mi’kmaq vivent et font du troc à Chignectou bien avant l’arrivée des Européens. Puis, à compter du XVIIe siècle, des centaines d’Acadiens s’établissent dans la région. Les deux groupes prospèrent à Chignectou et tissent d’importants liens sociaux. Ils vivent dans une coexistence harmonieuse jusqu’à ce que les conflits franco-britanniques des années 1750 mènent les communautés à une crise. Ces conflits impériaux entraîneront le déplacement des communautés mi’kmaq et la déportation des Acadiens.

 Un panneau d'exposition avec des animaux et des personnes à l'intérieur d'un espace d'exposition.

« Chignectou » est une adaptation européenne du mot mi’kmaq Siknikt ou Sikniktuk, qui signifie « lieu de drainage » et désigne en fait une région beaucoup plus grande. Elle comprend des terres au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. L’établissement des frontières coloniales a séparé ce que le peuple mi’kmaq a considéré comme un seul lieu pendant des millénaires.

Les collections archéologiques et historiques sont donc séparées de part et d’autre de ces frontières, ce qui représente un défi pour raconter le récit complet de son passé.

Unir les récits

En 2017, le personnel de Parcs Canada a conçu une exposition itinérante présentant les perspectives mi’kmaq et acadiennes. Dans le cadre de nouvelles recherches, le personnel de Parcs Canada et des organisations autochtones partenaires ont exploré l’histoire des communautés mi’kmaq et acadienne à Chignectou ainsi que leurs réactions aux conflits impériaux.

Une approche novatrice de la mise en valeur de l’histoire

Les fouilles archéologiques ont révélé les interactions entre le savoir autochtone traditionnel et l’utilisation du territoire, d’une part, et les établissements coloniaux et l’utilisation des terres, d’autre part. Les objets utilisés pour la chasse et la transformation des aliments, les articles de troc et les pratiques culturelles témoignent de l’importance de la région pour les interactions culturelles, les échanges commerciaux et l’occupation pendant des millénaires. Les artefacts de différentes époques révèlent par ailleurs la présence régulière de sites autochtones bien avant l’arrivée des Européens et même après. L’analyse de multiples sites, et des objets qui y ont été trouvés, montre que ces sites correspondent à l’aménagement des villages acadiens fondés ultérieurement. Les cartes présentées dans le cadre de l’exposition font le récit de ces changements au fil du temps.

 Une grande table avec une carte et des superpositions dans une salle d'exposition.

Le Mi’kmawey Debert Cultural Centre de la Confederacy of Mainland Mi’kmaq, en Nouvelle-Écosse, et Mi’gmawe’l Tplu’taqnn Inc., au Nouveau-Brunswick, ont contribué aux recherches et participé à l’élaboration collaborative du contenu.

De plus, l’exposition présente les tentatives des Mi’kmaq et des Acadiens de préserver leur communauté et leur mode de vie au milieu des conflits impériaux. Les deux groupes coexistaient dans l'espace et entretenaient des liens sociaux. Ensemble, ils ont créé une région indépendante qui a perduré jusqu'à ce que le conflit franco-britannique des années 1750 provoque une crise au sein des communautés.

« À la découverte de Chignectou » présente les thèmes mobilisateurs que sont les paysages ancestraux, l’environnement, les espaces partagés et les conflits. L’artiste acadien Réjean Roy a créé des œuvres d’art originales pour mettre en valeur le rôle de la région comme un lieu à la fois contesté et partagé. Les visiteurs peuvent découvrir les terres et les gens de Chignectou grâce à l’histoire orale, à l’archéologie, aux cartes et à des documents écrits. Le volet audio de l’exposition est offert en français, en anglais et en mi’kmaq.

La main d'un visiteur interagit avec une roue qui comporte du texte, faisant partie de l'exposition.
Une main qui écrit sur un bloc de papier.

Au moyen des diverses perspectives présentées, on invite les visiteurs à remettre en question d’anciens récits et à voir le récit de Chignectou comme une histoire sans fin à laquelle ils participent.

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