L'histoire à l'Anse Sloop

Lieu historique national Fort Prince-de-Galles

L'anse Sloop présente un intérêt national en raison des inscriptions qu'y ont gravées des hommes ayant vécu au fort et travaillé sur les navires de la Compagnie de la Baie d'Hudson.

L'anse Sloop est un abri naturel situé à environ 3,2 km du fort Prince-de-Galles, du côté ouest de la rivière Churchill. Sloop désigne un type de voilier dont on se servait à l'époque de la traite des fourrures pour l'exploration, les expéditions de chasse à la baleine et les voyages vers le nord dans le but de commercer avec les Inuit. Au cours des années 1700, il y avait 3,2 m d'eau dans l'anse à marée haute, aussi s'agissait-il d'un endroit idéal pour amarrer ces bateaux pour qu'ils passent l'hiver. On peut encore voir aujourd'hui les anneaux de fer vissés dans le rocher pour attacher les bateaux. Ces voiliers servaient à transporter les denrées et le courrier tant attendu par les hommes de la Compagnie de la Baie d'Hudson qui vivaient au fort Prince-de-Galles. Des bateaux venus d'Angleterre ont passé l'hiver dans cette anse dès 1689.

Le côté sud ouvre sur la rivière Churchill à deux endroits, un entre la muraille ouest et une île rocheuse au centre de l'anse et l'autre, entre l'île et un brise-lames construit par les hommes à l'est.

Pendant des années, on a pensé que l'anse aséchée était le fruit d'un " relèvement isostatique ", c'est-à-dire la remontée graduelle des terres lorsqu'elles se libèrent après avoir été écrasées sous le poid des glaciers continentaux pendant des milliers d'années. Le littoral ouest de la baie d'Hudson est considéré comme un des secteurs les plus remarquables de ce phénomène, qui se poursuit encore de nos jours au rythme de un mètre par siècle. Il est particulièrement visible dans les zones plates des basses terres de la côte. Cependant, l'amarrage de navires à l'anse Sloop en 1750 aurait supposé que le niveau quotidien de l'eau atteignait au plus moins de 3 m de plus que celui d'aujourd'hui. Si tel était le cas, l'anse se transformait en un vaste bassin dont la profondeur était d'environ 1 m au centre mais de seulement 50 cm ou moins partout ailleurs, ce qui ne suffisait pas pour amarrer des navires. Par contre, même avec une augmentation de seulement deux mètres, l'anse devenait une cale sèche presque parfaite. À marée haute, il y avait assez d'eau pour tirer facilement le bateau dans la bouche de l'anse et lui faire franchir le brise-lames et l'île naturelle. Ensuite, il pouvait être déplacé par main d'homme dans un bassin peu profond d'eau salée jusqu'à l'endroit désiré. Une fois rendu, il était pratiquement à l'abri de tout dommage causé par la glace ou les tempètes.

La signature gravée de Samuel Hearne, agent de la Compagnie de la Baie d’Hudson et explorateur, à l’anse Sloop
Nom de Samuel Hearne gravé dans la roche.
© Parcs Canada/ Collection FPG

Personne n'a tenté d'analyser à quelles fins les habitants du XVIIIe siècle utilisaient l'anse Sloop, mais plusieurs indices nous aident à comprendre au moins une partie de sa raison d'être. Tout d'abord, il s'agissait d'une anse d'hivernage pour les sloops qui passaient l'hiver dans la baie et d'un endroit idéal où les navires de mer, plus imposants, pouvaient être mis en rade pour subir des réparations. Presque toutes les inscriptions sont des noms de marins ou de charpentiers de navire, de sorte que la région était probablement peu utilisée, sauf pour abriter des navires. On a supposé que les bâtiments flottaient jusqu'à l'anse à une époque où le niveau de l'océan était au moins 2 mètres plus élevé; le nombre d'anneau d'amarrage et leur emplacement laissent croire que les navires étaient tirés au moyen de poulies et de palans jusqu'à une faible dépression au centre de l'anse. La crête de plage à l'avant peut avoir été aménagée chaque saison pour pour faciliter l'opération. Il se peut aussi qu'il y eu un bassin central plus profond, mais il est peu probable qu'un navire ayant un tirant d'un mètre ou plus ait pu flotter dans l'anse Sloop.

Si des réparations devaient se faire au-dessous de la ligne de flottaison ou que des balanes devaient être enlevés, il fallait tirer le bateau vers un côté ou le fond de l'anse pour l'amener hors de l'eau. En l'absence de toute preuve concrète, d'autres explications restent tout aussi acceptables.

Bien que couverts de lichens, les rochers portent, gravés dans la pierre, les noms des hommes de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Il s'agissait de marins, de harponneurs, de menuisiers de navire, de charpentiers, de camarades de bord, de capitaines, de manoeuvres et d'un serviteur. Le nom le plus évocateur pour les visiteurs est sans aucun doute celui de Samuel Hearne.

Portrait en noir et blanc d’un homme portant une chemise à volants et un manteau.
Dessin de Samuel Hearne.
© Parcs Canada/ Collection FPG

Samuel Hearne

Samuel Hearne avait 22 ans lorsqu'il grava son nom à l'anse Sloop. Il était employé par la Compagnie de la Baie d'Hudson comme officier de marine. Il se rendit jusqu'à la rivière Coppermine avec l'aide de Mattonnabbee et de ses femmes. Le voyage dura 18 mois. Mattonnabbee jouissait d'un grand prestige parmi les Chipewyans et les Cris athapascans. Il avait établi et organisé un réseau de déplacement entre les postes de traite sur la côte et l'intérieur. En 1774, Hearne établit Cumberland House, premier poste de traite intérieur; il fut ensuite gouverneur du fort Prince-de-Galles de 1775 à 1782. Après la destruction du fort par les Français, en 1782, Hearne retourna établir le fort Churchill à 8 km en amont du fort Prince-de-Galles. Lisez Samuel Hearne dans ses propres mots : Arctic Dawn : The Journeys of Samuel Hearne (en anglais seulement).

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