Personnes d´importance historique

Lieu historique national du Fort-Anne

Détail de la Tapisserie historique du Fort-Anne
Détail de la Tapisserie historique du Fort-Anne

Certaines personnes dont l’histoire est liée au lieu historique national du Fort Anne sont célèbres alors que d’autres sont demeurées dans l’ombre, mais chacune d’entre elles a grandement contribué à l’histoire du Canada.

Cette histoire exceptionnelle commence au début du XVIIe siècle avec la réunion de personnes issues de trois cultures, soit les Premières nations, les Français et les Anglais. Elle s’est par ailleurs terminée à l’issue de la Guerre de l’Indépendance américaine, moment où des milliers de loyalistes se sont établis en Nouvelle-Écosse, la plupart à Annapolis Royal et dans ses environs.

Tout compte fait, l’histoire de ces personnes, et celle de nombreuses autres, ont changé le visage du pays à tout jamais.

Charles de Menou d’Aulnay
Interprète jouant le rôle de Charles de Menou d'Aulnay
Interprète jouant le rôle de Charles de Menou d'Aulnay

En 1632, année où les Français reprennent le pouvoir de Port Royal, le nouveau gouverneur français de l’Acadie/Nouvelle Écosse, Isaac de Razilly, entreprend la création d’un nouvel établissement. Un de ses principaux collaborateurs est le lieutenant Charles de Menou d’Aulnay, son cousin. Au tout début, d’Aulnay transporte fourrures, poisson et bois vers la France, et revient au pays avec des fournitures et des travailleurs qualifiés en vue de la construction d’un fort à LaHave.

Razilly meurt subitement en 1636, laissant son frère, Claude de Razilly, responsable de la colonie acadienne. Forcé de demeurer en France pour s’occuper d’affaires commerciales, Razilly autorise d’Aulnay à prendre la relève du commandement de la colonie. Une des premières décisions que prend d’Aulnay est de relocaliser la colonie à Port-Royal. Depuis le départ des Écossais, Port Royal est utilisé comme poste secondaire pour protéger LaHave. Mais contrairement à LaHave, Port-Royal comporte des terres fertiles propices au développement de l’agriculture. Grâce à l’arrivée de nouveaux colons français, qui comptent des paludiers, on peut commencer la construction de digues sur le territoire.

Bien que la colonie soit en voie de devenir une collectivité agricole, sa principale activité commerciale demeure la traite des fourrures. Pendant des années, les disputes entre d’Aulnay et son rival, l’ancien gouverneur Charles de Saint-Etienne de La Tour, pour le contrôle de la traite en Acadie, absorbent la majeure partie de son énergie et de ses finances. Enfant, La Tour a survécu à la destruction de l’Habitation de Port-Royal et est plus tard parvenu à mettre sur pied un solide poste commercial au cap Sable, et plus tard à l’embouchure de la rivière Saint Jean. D’Aulnay, en tant que nouveau venu ayant des liens avec l’aristocratie et bras droit de Razilly, représente clairement une menace pour La Tour et son commerce. L’étrange système administratif bipartite de la colonie, qui partage les profits générés par la traite des fourrures entre les deux lieutenants et qui leur réserve le droit d’inspecter le territoire de leur rival, ne fait qu’aggraver la situation. Les intérêts économiques concurrents des deux rivaux et leurs différences de caractères contribuent également à faire monter la tension. Avec le temps, la relation acrimonieuse qu’entretiennent les deux hommes se concrétise par une série d’attaques, de représailles, d’embuscades, de blocus, de poursuites d’évasions, d’emprisonnements et de nombreuses tentatives d’appel à l’aide auprès des autorités françaises.

Un changement radical survient en 1643, alors que La Tour attaque Port-Royal. L’attaque est déclenchée suite à une vague d’événements survenus au cours de l’année, notamment le retour de France d’Aulnay avec quatre bateaux chargés de fournitures, événement suivi d’un blocus de cinq mois du fort La Tour situé sur la rivière Saint Jean, à Fort Sainte Marie, et enfin, le retour de La Tour, qui a réussi à s’évader du fort et à aller chercher des renforts au Massachusetts. D’Aulnay s’enfuit alors vers Port Royal avec La Tour à ses trousses. D’Aulnay refuse de confronter son ennemi, ce qui incite La Tour à attaquer la colonie, brûlant un de ses moulins, tuant son bétail et s’emparant d’un bateau chargé de fourrures et de provisions.

La guerre civile déclenchée par les deux belligérants français ne s’arrête pas là. Au début de février 1645, au moment où La Tour est absent de Saint-Jean, d’Aulnay tente d’attaquer Fort Sainte-Marie, sans succès. En avril, apprenant de déserteurs que La Tour est parti pour Boston à la recherche de nourriture et de marchandises d’échange, d’Aulnay tente à nouveau d’attaquer le fort. Il se rend à Saint Jean avec un contingent d’environ 200 soldats. En l’absence de son mari, Françoise-Marie Jacquelin, femme qui ne manque pas de courage, est chargée de veiller sur le fort. Après plusieurs jours de combat, les soldats se livrent un combat corps à corps dans l’enceinte du fort, ce qui entraîne de lourdes pertes dans les deux camps. D’Aulnay demande alors à ses hommes de cesser le combat, et promet d’épargner tous les assiégés à la condition que madame de La Tour capitule. Sa petite garnison étant largement réduite, le fort étant lourdement endommagé, et la réserve de nourriture et de munitions diminuant à vue d’œil, Françoise-Marie Jacquelin ordonne à ses hommes de se rendre. Toutefois, dès que d’Aulnay prend possession du fort, il trahit sa promesse, faisant fi des conditions de la capitulation et ordonnant à ses hommes de prendre tous les survivants de la garnison de La Tour. Les soldats de d’Aulnay construisent une potence; tous les soldats capturés au fort La Tour sont exécutés par pendaison, à l’exception de celui qui s’est porté volontaire comme bourreau. On oblige madame de La Tour, corde au cou, à être témoin de l’agonie de ses hommes. Elle meurt trois semaines plus tard.

Charles de La Tour apprend la mort de sa femme et la destruction de son fort alors qu’il est à Boston en train de rassembler des provisions. Il déménage l’année suivante à Québec, où il est chaleureusement accueilli par le gouverneur français.

Construction des digues
D’Aulnay a fait construire des digues sur les rives de la rivière Annapolis
©  Musée de la Nouvelle-Écosse, A. Vienneau

Avant même que ne soit terminée cette tragique querelle, d’Aulnay, qui se rend compte de la vulnérabilité du fort face aux agresseurs, fait construire un autre ouvrage de fortifications comportant un plus grand nombre de bâtiments et mesurant à peu près la moitié du fort actuel. Ce nouvel ouvrage de terre, de forme rectangulaire, comporte un bastion à chaque angle et un ouvrage extérieur de forme triangulaire appelé « ravelin » face à la rivière. Le fort ressemble à une version réduite du fort actuel.

D’Aulnay travaille en même temps au développement de sa colonie. Selon le témoignage de certains pionniers, d’Aulnay construit « cinq pinasses et plusieurs chaloupes, deux petits bateaux pesant environ 70 tonnes chacun, ainsi que deux fermes ou manoirs et les bâtiments nécessaires… ». Il met également sur pied deux écoles pour les Autochtones. Bien que son nom soit souvent associé à ses batailles avec La Tour, la réalisation la plus importante de d’Aulnay est sans aucun doute l’établissement du peuple acadien à Port Royal.

En 1647, d'Aulnay est nommé gouverneur général et seigneur d’Acadie par proclamation royale. Trois ans plus tard, le canot de d’Aulnay chavire dans le bassin de Port Royal et celui ci, après avoir passé une heure et demie dans l’eau glacée, succombe à une hypothermie. Selon le témoignage de son confesseur, d’Aulnay était sans doute épuisé, ayant travaillé deux jours plus tôt dans la pluie battante à la construction d’une nouvelle digue. Il laisse alors derrière lui sa femme, Jeanne Motin, et huit jeunes enfants, sans compter de lourdes dettes. Son corps est enterré dans l’église de Port Royal. Ironiquement, la veuve de d’Aulnay deviendra plus tard la femme de son ancien rival, La Tour.

Jeanne Motin

Jeanne Motin, pionnière française, est la fille de l’un des associés de la compagnie de traite de Razilly. En 1636, à l’âge de 20 ans, elle part pour l’Acadie avec ses deux sœurs et son beau frère. La même année, elle épouse Charles de Menou d’Aulnay, de douze ans son aîné. Le couple donne naissance à quatre garçons, qui s’engagent dans l’armée et périssent au combat, et à quatre filles, qui deviennent toutes religieuses.

Au moment du décès de d’Aulnay en 1650, Port Royal compte environ 300 résidents français. La capacité de madame d’Aulnay à poursuivre les travaux entrepris par son mari est lourdement compromise par la dette considérable que ce dernier a accumulée de par ses efforts de colonisation et ses batailles l’opposant à Charles de Saint-Étienne de La Tour.

Les créanciers, qui se montrent de plus en plus pressants, insistent pour que madame d'Aulnay rembourse la dette de son mari. Emmanuel LeBorgne de La Rochelle, en France, qui prétend que la famille d’Aulnay lui doit 260 000 livres, est parmi les plus agressifs. Nicolas Denys, propriétaire d’une des plus grandes seigneuries en Acadie, revendique également des créances auprès de madame d'Aulnay. En 1651, LeBorgne envoie un officier à Port Royal pour saisir le fort. Des prêtres capucins tentent d’intervenir, mais le fort est tout de même pillé. La situation se complique au moment où madame d’Aulnay charge son intendant d’aller en France défendre ses intérêts; celui ci conclut une entente non autorisée avec le duc de Vendôme selon laquelle ce dernier assumerait la moitié des dettes de d’Aulnay en échange de la moitié de son patrimoine et d’une part équivalente du commerce des fourrures.

Apprenant la mort de d’Aulnay, La Tour retourne à Paris où on l’absout de tout méfait découlant de son attaque du fort en 1643. Il est nommé gouverneur de l’Acadie et retourne à Port Royal, puis se rend à son ancien fort construit sur le rivage de la rivière Saint Jean. La Tour gagne à nouveau le contrôle de l’Acadie, à l’exception de la seigneurie de Denys.

Le 24 février 1653, La Tour, alors âgé de 57 ans, et la veuve de son ancien rival, Jeanne Motin, se marient. Cinq enfants naissent de cette union.

Le couple s’installe à l’embouchure de la rivière Saint Jean et y vit jusque vers 1656, année à laquelle il déménage au cap Sable. La Tour et Jeanne Motin meurent dans les années 1660. Leurs cinq enfants demeureront en Acadie et joueront à leur tour un rôle important dans l’histoire de Port Royal.

Jean-Paul Mascarene
Représentation du fort en 1745
Représentation du fort en 1745

Huguenot français, ingénieur et militaire, Jean-Paul Mascarene joint les rangs de l’armée britannique en 1706. Quelque temps après, il est promu au grade de lieutenant et, en 1708, alors qu’il se trouve à Portsmouth, reçoit l’ordre de se joindre à une force de la Nouvelle Angleterre que l’on rassemble en vue d’attaquer le Canada. Mascarene participe à cette expédition deux ans plus tard, opération qui se solde par la prise de Port Royal et qui confirme le pouvoir de la Grande-Bretagne sur la Nouvelle Écosse.

Au cours des cinq années suivantes, Mascarene partage son temps entre Boston et Plaisance, à Terre Neuve, où il a le commandement d’une compagnie d’infanterie. En août 1717, il est promu capitaine au sein du 40e régiment du colonel Richard Phillips. En 1720, un an après la nomination du colonel Richard Phillips à titre de gouverneur de la Nouvelle Écosse, Mascarene retourne à Port Royal en tant qu’ingénieur et officier au sein du régiment de Philipps et du Board of Ordnance. Au cours des années à venir, Mascarene tente de récupérer ce qu’il reste du fort de Port Royal (désormais Annapolis Royal) alors dans un état de délabrement, et ce, malgré les réticences du conseil à dépenser de l’argent sur des travaux d’entretien et de réparation. Enfin, en 1733, le conseil ordonne l’exécution d’importants travaux de réparation et de construction.

De nature pragmatique, Mascarene adopte une approche de conciliation auprès des Acadiens, soutenant qu’un serment de neutralité générale est nécessaire pour assurer la protection de la province. Cette attitude est toutefois vivement contestée par ses dirigeants et les membres du Board of Ordnance.

En 1744, Mascarene est nommé lieutenant gouverneur d’Annapolis Royal. En août, le fort subit une attaque d’un mois par le capitaine François du Pont Duvivier de Louisbourg et des guerriers des Premières nations. Prisonnier du fort avec une infanterie au bout de ses forces et de nombreuses familles, Mascarene choisit d’attendre l’arrivée des renforts français avant de se rendre. Toutefois, ces derniers n’arriveront jamais; ce sont plutôt des renforts anglais qui arrivent, le gouverneur du Massachusetts, William Shirley, ayant envoyé une flotte de navires bien avant les Français. Face à cette situation, les attaquants battent en retraite.

En 1749, le gouverneur Edward Cornwallis, qui adopte l’approche contraire à celle de Mascarene, demande à la population acadienne de prêter un serment d’allégeance inconditionnelle à la Couronne britannique. Incapable de convaincre les Acadiens d’obtempérer, Cornwallis abandonne cette idée pour le reste de son mandat comme gouverneur. En 1751, il envoie Mascarene en Nouvelle Angleterre, le chargeant de renouveler le traité conclu en 1726 avec les Premières nations. Bien qu’il continue de correspondre avec des amis d’Annapolis pendant plusieurs années, Mascarene ne retournera jamais en Nouvelle-Écosse.

Francis Nicholson
Détail du fort Anne Panneau de la Tapisserie historique
Détail du fort Anne Panneau de la Tapisserie historique

Francis Nicholson, en tant que commandant en chef d’une expédition visant à reprendre le contrôle de la Nouvelle Écosse et de l’Acadie, quitte Boston en septembre 1710, déterminé à vaincre la garnison de Port Royal. Sa flottille est composée de cinq navires de combat, de trente transports et d’environ 2 000 hommes – des soldats de la Grande-Bretagne et de la Nouvelle Angleterre, 400 soldats de la marine britannique et 1 500 recrues.

Au début du mois d’octobre, la flotte fait son entrée dans le bassin conduisant à Port Royal. Profitant de la protection du feu anglais, l’infanterie de Nicholson débarque dans une zone où elle est hors de portée des tirs français et entreprend un siège qui lui donne bientôt l’avantage. Devant l’écrasante supériorité de ses adversaires, le gouverneur Daniel d’Auger de Subercase capitule la semaine suivante et livre le fort aux Britanniques. Quelques jours plus tard, au moment du transfert final, Subercase donne à Nicholson les clés de la garnison sur le pont menant à l’entrée du fort.

Grâce à cette victoire, les Anglais exercent leur contrôle sur le fort de Port Royal et sur les habitants de la région vivant dans un rayon de cinq kilomètres. Pour célébrer leur victoire, les Anglais rebaptisent la ville « Annapolis Royal » en l’honneur de la reine Anne. Selon certains historiens, le mot « Royal » aurait été ajouté pour distinguer la ville de celle d’« Annapolis » au Maryland, que Nicholson a baptisée alors qu’il était gouverneur du Maryland de 1694 à 1699.

Cette bataille met définitivement fin à l’histoire de Port Royal comme capitale française. Nicholson agit à titre de gouverneur de la Nouvelle Écosse de 1712 à 1714. Il meurt à Londres vers 1728; son corps est enterré dans la paroisse St. George, dans le Hanover Square. 

Rose Fortune

Après la Révolution américaine, plusieurs milliers de loyalistes émigrent en Nouvelle Écosse. Cette vague de réfugiés comprend un contingent d’hommes et de femmes de race noire. Emboîtant le pas de milliers d’individus de race noire vivant dans les Treize colonies pendant la guerre, ces émigrants traversent les frontières et se joignent aux Britanniques en échange de leur liberté. D’autres demeurent les esclaves ou les serviteurs liés par contrat de loyalistes européens. Les émigrants de race noire qui débarquent à Annapolis Royal au cours de cette période constituent un mélange de ces trois groupes. Parmi eux se trouve Rose Fortune.

Bien qu’il soit difficile, faute de documents, de reconstituer le récit exact et détaillé des origines de Rose Fortune, certains historiens réussissent à tirer des renseignements des feuilles d’appel d’Annapolis Royal de 1784. Le journal de bord décrit Rose Fortune comme une enfant de plus de dix ans dont les parents, « Fortune et son épouse », sont classés comme des « Nègres libres ». Difficile de savoir s’il s’agit vraiment de Rose Fortune. En revanche, il est évident que Rose Fortune est devenue une femme d’affaires et l’une des personnes les plus remarquables et les plus respectées d’Annapolis Royal durant la première moitié du XIXe siècle.

Aquarelle représentant Rose Fortune
Rose Fortune
Une aquarelle datant de 1830 est la seule image représentant clairement Rose Fortune. On y voit une femme d’âge moyen portant un pardessus pour homme et un chapeau de paille sous lequel dépasse un bonnet de dentelle attaché solidement sous le menton. La femme transporte un panier de paille et semble être en train de marcher. Cette image reflète bien les témoignages de ceux qui l’ont rencontrée et qui la décrivent comme une femme audacieuse et déterminée. Aux environs de 1852, le lieutenant colonel Sleigh du 77e régiment décrit sa rencontre avec Rose Fortune : « Une étrange vieille femme nègre, plutôt chétive, m’aida à quitter l’auberge abominable [où le colonel logeait alors] …elle portait un manteau pour homme et un chapeau de feutre. Elle tenait un petit bâton dans sa main, qu’elle n’hésitait pas à employer sur quiconque ne s’enlevait pas immédiatement de son chemin. Elle était de toute évidence un personnage unique. »

Au moment où son portrait est peint, Rose Fortune dirige une entreprise lucrative de bagagiste à Annapolis Royal. À l’aide d’une brouette ou d’un chariot, elle transporte des bagages entre les quais des traversiers très occupés et les maisons et les hôtels avoisinants. Elle met également sur pied un service de réveil pour rappeler aux touristes l’heure de départ de leur navire pour Digby ou Saint Jean.

Plus tard, Rose Fortune devient l’agent de police non officiel de la ville, patrouillant la ville et le quai. Elle impose des couvre-feux et discipline les jeunes gens traînant autour des quais. Elle meurt à l’âge d’environ 90 ans.

Après la mort de Rose Fortune, ses descendants prennent la relève de son entreprise qu’ils baptisent « Lewis Transfer ». La compagnie, vendue en 1960, continue d’être exploitée par de nouveaux propriétaires jusqu’en 1980.

En 1984, Daurene Lewis, une descendante de Rose Fortune, devient le premier maire de race noire d’Annapolis Royal et la première femme de race noire mairesse en Canada.

James Whitman Lewis et « Max »
James Whitman Lewis et « Max »
James Lewis Jr. et camion de l’entreprise
James Lewis Jr. et camion de l’entreprise
En 1984, Daurene Lewis est élue mairesse d’Annapolis Royal
Daurene Lewis
 
Mi’kmaq Alliances
Illustration du livre « The Micmac and How Their Ancestors Lived Four Hundred Years Ago »
Illustration du livre « The Micmac and How Their Ancestors Lived Four Hundred Years Ago » 
© Parcs Canada/K. Kaulbach

La vie des Mi’kmaq et des autres peuples autochtones n’a plus jamais été la même après l’arrivée des Européens. Alors que les Français ont généralement entretenu des relations de collaboration avec les Mi’kmaq et leurs alliés, les Abénaquis, les relations entre les Britanniques et les Mi’kmaq ont pour leur part souvent été conflictuelles.

Dès 1605, Port-Royal a été abandonné pour une courte période par les colons français aux mains d’un chef Mi’kmaq qui en a assuré la garde. Avec le temps, et grâce à des mariages unissant les deux peuples, leurs relations s’approfondissent. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les troupes françaises et les guerriers Mi’kmaq joignent leurs forces pour lutter contre l’expansion britannique. Les Britanniques parviennent également à établir des liens militaires avec les peuples autochtones, notamment en leur offrant des cadeaux et en échangeant des biens. Les batailles de Bloody Creek illustrent d’ailleurs clairement ces relations.

Après la victoire des Britanniques à Port-Royal en 1710, le fort, alors délabré, doit à tout prix être réparé pour devenir réutilisable. Des entrepreneurs acadiens vivant en amont de la rivière Annapolis acceptent de fournir du bois pour les réparations des fortifications et à le transporter sur la rivière jusqu’au fort. Cette collaboration a toutefois des conséquences désastreuses. L’opération est freinée par des guerriers autochtones qui libèrent les billots disposés en radeau et s’acharnent sur les Acadiens ayant accepté de prêter main forte aux Anglais. La situation s’aggrave au point où le gouverneur Samuel Vetch décide d’envoyer des soldats sur place pour tenter de calmer la situation.

Le 10 juin 1711, quelque 70 soldats quittent Annapolis Royal à bord d’une baleinière et de deux plates. Lorsqu’ils atteignent la rivière René Forêt, située près de la ville actuelle de Bridgetown, les soldats à bord de la baleinière font face à des Abénaquis, réunis à cet endroit en prévision d’une attaque contre Annapolis Royal. Les Britanniques, beaucoup moins nombreux, sont vite dépassés par les événements. La bataille fait environ 18 morts et 12 blessés. Tous les soldats sont faits prisonniers sauf un. Les Français serviront plus tard des prisonniers pour s’approvisionner en nourriture et en matériel.

À la suite de cette première bataille, le colonel John Livingston, cousin de Samuel Vetch, revient de New York accompagné d’une cinquantaine d’hommes recrutés au sein de la Confédération iroquoise. Leur mission est la suivante : surveiller le fort et empêcher toute attaque des soldats français et de leurs alliés autochtones, les Mi’kmaq. Un fort est construit pour les soldats dans la partie sud d’Annapolis Royal. La compagnie iroquoise est renvoyée au printemps 1713.

En 1755, des Acadiens qui ont réussi à fuir lors de la déportation forment des groupes de résistance dans les forêts, certains d’entre eux s’alliant avec les Mi’kmaq. En décembre 1757, un groupe de travailleurs d’Annapolis Royal en train de couper du bois de chauffage près de l’emplacement de la première bataille tombe dans une embuscade tendue par une troupe d’Acadiens et de Mi’kmaq. Un homme est tué et sept autres sont faits prisonniers. Pour répondre à cette attaque, les Britanniques envoient 130 soldats pour tenter de récupérer les prisonniers.

Le matin du 8 décembre, au moment de traverser le pont sur la rivière René Forêt, les troupes britanniques subissent l’assaut de guerriers Mi’kmaq et acadiens. Après avoir perdu 25 hommes, les Britanniques battent en retraite vers Annapolis Royal. Malgré cette victoire contre les Britanniques, la force mixte ne tente pas d’attaquer Annapolis Royal. La rivière René Forêt sera plus tard rebaptisée « Bloody Creek » (ruisseau Bloody) en l’honneur de ces deux batailles. 

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