Les quatre citadelles
Lieu historique national de la Citadelle-d'Halifax
Il y a tant de choses à raconter au sujet de la citadelle d’Halifax. Certains récits nous font découvrir le quotidien des soldats qui y ont vécu. D’autres nous permettent de saisir l’importance de ce lieu dans l’histoire du Canada.
La première citadelle
© Parcs Canada/K. E. Grant
Le 21 juin 1749, Edward Cornwallis arrive au port de Chebucto, en compagnie de 2 576 colons de Grande Bretagne. Ils amorcent immédiatement le déboisement des terres destinées à accueillir le nouvel établissement, qui sera baptisé en l’honneur de leur mécène, le comte de Halifax, président de la Board of Trade and Plantations. Peu de temps après, une série de fortifications est érigée, dont une garnison en bois construite au sommet d’une haute colline qui surplombe le port. Il s’agit de la première citadelle d’Halifax.
La protection du nouvel établissement
Cette nouvelle communauté fortifiée fait partie de la série d’établissements anglais qui voient le jour en Nouvelle Écosse à partir de 1748. Les Français ayant repris le contrôle de Louisbourg, sur l’île du Cap Breton, les Britanniques craignent qu’ils attaquent le continent. Avec son port profond, dont les eaux ne gèlent jamais, Halifax constitue un lieu idéal pour contrer une offensive française. La colline sur laquelle est érigée la première citadelle d’Halifax offre un point d’observation privilégié pour assurer la protection de la ville.
Le 11 septembre 1749, les troupes britanniques terminent la construction de la première citadelle. Celle ci est faite de bois, contrairement au fort en pierre qui se dresse au même endroit aujourd’hui. En fin de compte, ce sera le climat, et non les Français, qui représentera la plus grande menace pour la garnison. Le brouillard, la pluie et les hivers rigoureux, de même que la négligence, vont contribuer à son délabrement.
Entre temps, Halifax poursuit sa croissance. Elle devient la capitale de la Nouvelle Écosse lorsque la colonie obtient le droit d’établir un gouvernement représentatif, en 1758. Cependant, la ville doit bientôt affronter une nouvelle menace. En effet, à la suite du déclenchement de la Révolution américaine, en 1776, les Britanniques craignent de nouveau que cette base navale essentielle soit la cible d’attaques. Le moment est venu de construire une nouvelle citadelle.
La deuxième citadelle
En 1761, la première citadelle d’Halifax n’a toujours pas subi d’attaque. Elle se trouve néanmoins en ruines après des années de négligence et d’assauts du climat néo écossais. S’amorce donc la construction d’un nouveau fort qui ne sera pas achevée avant plusieurs années en raison de multiples contretemps.
Une construction reportée
© Parcs Canada/K.E. Grant
Selon les plans de la nouvelle citadelle, il faut réduire la hauteur de la colline de 12 mètres (40 pi). Toutefois, on manque de main d’œuvre pour faire ce travail, car il y a peu de soldats stationnés à Halifax à ce moment là. En 1761, 1 000 soldats arrivent du Massachusetts pour participer aux travaux, mais à la fin de l’été, peu de progrès ont été accomplis. La reprise des travaux est prévue pour l’été suivant, mais l’offensive des Français à St. John’s, Terre Neuve, vient de nouveau contrecarrer les plans. En prévision de possibles attaques françaises, les Britanniques se voient plutôt forcés de consolider les moyens de défense du port sur l’île Georges et sur les côtes d’Halifax et de Dartmouth.
À la suite du déclenchement de la Révolution américaine, dans les années 1770, les Britanniques concentrent de nouveau leurs efforts sur leurs défenses terrestres à Halifax et sur la citadelle. À cette époque, plusieurs résidants d’Halifax sont originaires de Nouvelle Angleterre et appuient les révolutionnaires. Craignant que les Américains déclenchent une offensive terrestre, les troupes britanniques, dirigées par le capitaine William Spry, construisent un nouveau fort à partir d’une version élargie des plans de 1761. Le point central de cet ouvrage est une tour octogonale qui servira de caserne pour 100 soldats.
Comme sa prédécesseure, cette deuxième citadelle ne sera jamais attaquée et finira délabrée. En 1784, le bâtiment se trouve en ruines en raison de la négligence et du climat néo écossais. Il faudra attendre une reprise des hostilités entre les Britanniques et les Français pour que soit envisagée la construction d’un troisième fort au sommet de la colline de la citadelle.
La troisième citadelle
En 1794, lorsque le prince Édouard, duc de Kent, arrive à Halifax à titre de commandant en chef des forces britanniques de la Nouvelle Écosse, la guerre fait rage entre la Grande Bretagne et la France. Bien que les combats se déroulent dans des terres lointaines, les Britanniques ont des raisons de croire que les Français pourraient attaquer leur base navale stratégique à Halifax. Comme les moyens de défense de la ville sont en mauvais état, le prince Édouard amorce une campagne visant à les renforcer et à ériger de nouvelles fortifications. Les travaux comprennent la construction d’une troisième citadelle d’Halifax, baptisée en l’honneur du père d’Édouard, le roi George III.
La première citadelle érigée directement sur le sommet
© Parcs Canada/K. E. Grant
Même si les plans de la nouvelle citadelle d’Halifax sont approuvés en 1795, la construction ne pourra commencer véritablement avant 1796 en raison d’une pénurie de main d’œuvre et de matériaux. À ce moment là, l’ancien fort a été détruit et la hauteur de la colline a été réduite de 4,5 mètres (15 pi).
Il faudra quatre ans pour construire ce nouveau fort, qui sera le premier érigé directement sur le sommet de la colline. Plus petit que ses prédécesseurs, il s’apparente à la citadelle actuelle sur le plan de la taille et la forme. Fait principalement de terre et de bois d’œuvre, il ne renferme que trois bâtiments principaux : une caserne, un magasin de provisions et une poudrière.
Comme ses prédécesseurs, ce troisième fort n’essuiera jamais le feu de l’ennemi. En dépit des multiples réparations effectuées au fil des ans, dont des travaux de remise en état réalisés durant la guerre de 1812, la troisième citadelle n’est plus que ruines en 1825. Bientôt, on commence à planifier la construction d’un quatrième fort, plus permanent.
La citadelle actuelle
© Parcs Canada/K. E. Grant
Dans les années 1820, les tensions entre la Grande Bretagne et les États Unis atteignent des sommets. À un point tel que les Britanniques croient que, si une guerre se déclenche, les forces américaines vont tenter de s’emparer d’Halifax, possiblement par voie terrestre. Une fois de plus, ils entreprennent de consolider les moyens de défense de la ville, mais en adoptant une approche différente. Cette fois ci, ils décident de construire un fort permanent qui assurera la protection de leur base navale essentielle pendant plusieurs générations. Ainsi, en août 1828, les travaux de construction de la quatrième citadelle d’Halifax commencent.
Des erreurs de conception qui retardent l’achèvement des travaux
Conçue par le colonel Gustavus Nicolls, des Royal Engineers, la nouvelle forteresse aura une forme d’étoile et sa construction ne devrait durer que six ans. Cependant, des erreurs de conception retardent les travaux et la citadelle d’Halifax n’est achevée qu’en 1856. Comme les trois citadelles précédentes, elle ne sera jamais attaquée, et, bientôt, les progrès de l’armement la rendront désuète.
Une nouvelle vie pour la citadelle
En 1906, les Britanniques cèdent la citadelle d’Halifax au ministère de la Milice et de la Défense du gouvernement du Canada. Durant la Première Guerre mondiale, elle sert de caserne et de centre de commandement pour les forces de défense du port d’Halifax. Lors de la Deuxième Guerre mondiale, elle sert de caserne temporaire pour les troupes, qui lors de leur départ outremer, peuvent jeter un dernier regard sur elle en guise d’au revoir au Canada.
Aujourd’hui, la citadelle d’Halifax est l’un des sites historiques les plus importants et les plus appréciés au pays. Exploitée par Parcs Canada, elle a fait l’objet d’une restauration soigneuse pour lui redonner sa grandeur victorienne. Son passé, immortalisé grâce à des expositions et à un programme d’histoire vivante, constitue une trame essentielle de l’histoire de la ville d’Halifax et du pays.
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