Histoire

Lieu historique national du NCSM Haida

Le NCSM Haida a rejoint la Marine royale canadienne en 1943 pour participer à la Seconde Guerre mondiale, à deux affectations dans la guerre de Corée, et à la guerre froide. En vingt années de services, seuls deux hommes ont perdu la vie sur ce navire de guerre.

Le dernier destroyer de classe Tribal

Certains navires ont acquis leur renommée par une seule bataille : le HMS Victory. D'autres par une seule perte tragique : le USS Arizona. D'autres encore par toute une carrière de loyaux services : le NCSM Haida, le « navire le plus belliqueux » et le navire amiral cérémonial de la Marine royale canadienne.

Quand la Commission des lieux et monuments historiques du Canada a accordé au NCSM Haida une valeur historique en 1984, elle a fourni deux raisons : son rôle dans les combats navals et le fait que le Haida est le dernier destroyer de classe Tribal.

Vers la fin des années trente, la guerre pointait à l'horizon et la Marine royale du Canada (MRC) avait besoin de nouveaux bateaux. Elle avait décidé d'acquérir des destroyers de classe « Tribal », une construction britannique novatrice. Vingt-sept navires ont alors été construits pour trois nations : la Grande-Bretagne, l'Australie et le Canada. Treize d'entre eux ont été coulés durant la Seconde Guerre mondiale et treize autres ont été envoyés à la ferraille. Le NCSM Haida reste donc le seul navire de sa classe au monde.

Le NCSM Haida à la guerre

Mais, quel rôle a joué le NCSM Haida? Il a fait tout ce qu'on attendait de lui, et plus encore.

Le NCSM Haida était un navire de combat et faisait face à tout ce qui se présentait : destroyers, chalutiers armés, sous-marins et même trains. Ses équipages et lui se sont distingués en temps de guerre comme en temps de paix. Ils avaient un but, toujours le même – défendre le Canada et bien le représenter. C'était un navire heureux et chanceux, car seuls deux hommes ont perdu la vie pendant les vingt ans de service du navire, un canon ayant explosé au cours d’une bataille.

Le NCSM Haida a été mis en service par la MRC le 30 août 1943. Il a amorcé sa carrière en escortant des convois d'approvisionnement à Mourmansk, en Russie, au-delà du cercle polaire. Ces convois voyageaient l'hiver, dans la noirceur quasi permanente, afin d'éviter d'être repérés par la Lufftwaffe allemande et ensuite attaqués par ses meutes de sous-marins. Le NCSM Haida et ses hommes ont reçu leur premier honneur de guerre (une distinction honorifique reconnaissant la participation active à une bataille) à la suite de cette mission dans l’Arctique, au cours de laquelle le croiseur de bataille allemand Scharnhorst a été coulé.

En janvier 1944, le NCSM Haida et des membres de la famille destroyer de la classe Tribal, le NCSM Athabaskan et le NCSM Huron ont été affectés à Plymouth pour exécuter des manœuvres dans les eaux de la Manche. Les préparatifs pour le jour J allaient bon train et le 10e destroyer Flotilla qu'ils devaient rejoindrent s'activait à chasser les navires ennemis. Les quelques mois suivants comptent parmi les plus illustres, une tragédie les a cependant assombris..

À la rescousse des survivants du NCSM Athabaskan

Fin avril, lors d’une patrouille de nuit dans la Manche, le NCSM Haida a coulé un destroyer allemand. Quelques nuits plus tard, le 29 avril, la 10e Flottille de destroyers a croisé deux autres destroyers allemands au large des côtes françaises. Le NCSM Haida et le NCSM Athabaskan les ont pris en chasse. Malheureusement, une torpille a frappé le NCSM Athabaskan; il y a eu une énorme explosion et le navire s’est mis à couler. Le NCSM Haida a continué la poursuite, conduisant l’un des destroyers à foncer sur la côte et forçant l’autre à prendre la fuite. Le Haida est ensuite retourné sur les lieux du naufrage du NCSM Athabaskan.Le capitaine du NCSM Haida, Harry DeWolf a alors ordonné la mise à l'eau de toutes les chaloupes dans l'espoir de rescaper le plus grand nombre possible de naufragés. On a jeté de lourds filets de sauvetage sur les côtés du bateau et les marins du NCSM Haida ont commencé à monter à bord les hommes épuisés et couverts d'huile du NCSM Athabaskan.

DeWolf a annoncé : « encore 15 minutes »... le compteur martelait les tics-tacs.

À quatorze minutes: Le capitaine du NCSM Athabaskan, John Stubbs, un homme très courageux s'est mis à crier du milieu des eaux : « Sauvez-vous Haida, dégagez! »

À quinze minutes:  L'aube se levait.

À seize minutes: Les chaloupes mises à l'eau devaient être vides, mais trois hommes du NCSM Haida ont sauté dans le patrouilleur motorisé espérant tirer d'autres hommes de l'eau.

À dix-sept minutes: Un voyage périlleux attendait les trois marins, un voyage au grand jour, sur la Manche, pour fuir le danger, alors qu’ils avaient été laissés à eux-mêmes.

Finalement, DeWolf est resté dix-huit minutes et quand le NCSM Haida a lentement commencé à prendre de la vitesse, abandonnant le NCSM Athabaskan, il avait 47 rescapés à son bord. Le patrouilleur motorisé en a sauvé six de plus. L'entrée du NCSM Haida dans Plymouth s'est faite sous les acclamations joyeuses de toute la flotte. La marine canadienne venait d'atteindre sa majorité.

Le NCSM Haida est reparti pour aller venger le naufrage de son navire-parent. Il s'est distingué en participant aux événements du jour J et par la suite en réussissant à bloquer les Allemands dans le golfe de Gascogne. Il s'est mérité les honneurs de guerre à la Manche, en Normandie et dans le golfe de Gascogne avant de regagner Halifax, en septembre 1944, pour profiter d'un repos bien mérité et se faire radouber. La guerre s'est terminée sensiblement comme elle avait commencé : escorte de convois à Mourmansk et participation à la libération de la Norvège à la fin des hostilités.

Le service après la Seconde Guerre mondiale

Après la guerre, le NCSM Haida a été converti en destroyer d'escorte (DDE) auquel on a accordé le numéro de fanion 215. Il a effectué deux périodes de service en dans la guerre de Corée. Au sein des forces des Nations Unies, il a coopéré avec des navires d'autres nations en bloquant des routes d'approvisionnement, en protégeant des porte-avions et en effectuant des « bousillages de trains », c.-à-d., en faisant exploser les trains d'approvisionnement communistes lorsqu'ils roulaient sur une voie couverte.

Les dernières années de la carrière du NCSM Haida ont vu la violence céder la place à la variété. En 1949, il a sauvé l'équipage d'un bombardier US B-29. Durant les années cinquante, il a participé à de nombreuses missions d'entraînement en compagnie de vaisseaux partenaires de l'OTAN. Représentant le Canada au cours de missions de bons offices, il a visité beaucoup de villes, y compris son ancien port d'attache, Plymouth.

Au secours du NCSM Haida

En octobre 1963, la marine a mis le NCSM Haida hors service; il était obsolète. Le kilométrage et les années l'avaient rattrapé – en 20 ans, il a fait plus 688 534,25 milles marins, l'équivalent de 27 fois le tour du monde.

Contrairement à bien d'autres destroyers de la classe Tribal, grâce aux efforts d'une entreprise privée, HAIDA Inc., qui l'a acheté pour en faire un musée, il a échappé au parc à ferraille. C'est en 1970 que le gouvernement de l'Ontario en a fait l'acquisition. Le destroyer a reçu de nombreux visiteurs alors qu'il était amarré à la Place Ontario, à Toronto. La province l'a cédé à Parcs Canada en 2002.

Ensuite, afin d'assurer la conservation à long terme du navire, il a fallu neuf mois de réparations. C'était un travail délicat. On a dû le haler du point d'eau de la Place Ontario jusqu'au lac Ontario. À Port Weller, on l'a mis en cale sèche où on a remplacé plus de quatre tonnes de plaques d'acier de la coque. Sa superstructure a aussi été réparée. La remise à neuf terminée, on l'a déménagé à Hamilton, en Ontario.

En juin 2004, Parcs Canada l'a ouvert au public en tant que lieu historique national. Il est amarré au port de Hamilton. Le NCSM Haida nous rappelle le courage, l'esprit de sacrifice et la ténacité de la Marine royale du Canada.

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