La vie de William Lyon Mackenzie King à la maison Laurier

Lieu historique national de la Maison-Laurier

William Lyon Mackenzie King
Portrait du très honorable William L. Mackenzie King, premier ministre du Canada de 1921 à 1926; de 1926 à 1930 et de 1935 à 1948.
Yousuf Karsh / Bibliothèque et Archives Canada / C-027650

King hérite de la maison Laurier

Le foyer de la maison Laurier aujourd'hui
Le foyer de la maison Laurier aujourd'hui
© Parcs Canada / Juan Sanchez

Mackenzie King avait souvent visité la maison Laurier, mais lorsqu'il en est devenu propriétaire, il s'est montré troublé par son apparence : « Je confesse que c'est un endroit nu et lugubre & pas du tout à mon goût dans aucun détail [et] devra être refait au complet. Je n'ai que très peu ou aucun sentiment à son égard. » Il était particulièrement inquiet de ce que la maison était dans un état lamentable, nécessitant à tout le moins un nouveau système de chauffage, une nouvelle tuyauterie, ainsi qu'un nouveau toit, le tout entraînant des dépenses qu'il n'était pas en mesure de faire. Des amis politiques sont venus à son secours, résolus à voir le chef de leur parti logé d'une manière qui convenait à sa charge. Grâce à leur appui, King a pu entreprendre une rénovation majeure de la maison en vue de la réparer et de moderniser ses installations, mais également dans le but de recréer pour lui-même l'environnement de ce qu'il appelait une « demeure seigneuriale du vieux pays » dans laquelle il pourrait vivre.

La générosité des donateurs s'est étendue bien au-delà des rénovations. Avant d'hériter de la maison Laurier, King menait une vie de célibataire dans un édifice à logements d'Ottawa. Il possédait des meubles, mais ceux-ci n'avaient ni la qualité ni la quantité qu'il fallait pour meubler sa nouvelle demeure. Pendant le temps qu'il a fallu pour qu'il soit prêt à emménager dans sa nouvelle demeure, King a été comblé de cadeaux : meubles antiques, tableaux, vaisselle de porcelaine, argenterie - en fait, tout ce dont il avait besoin pour mener une vie confortable dans la maison Laurier. Les donateurs se sont assurés également qu'il n'aurait pas de souci à se faire au sujet du coût pour tenir une si grande maison. Ils ont levé des fonds pour une fiducie, dont l'intérêt était suffisant pour entretenir la maison Laurier, sans que King ne soit obligé d'y consacrer ses propres revenus.

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La vie de King à la maison Laurier

King et son chien Pat devant la maison Laurier en 1939
King et son chien Pat devant la maison Laurier en 1939
© Bibliothèque et Archives Canada / C87858

Les inquiétudes ressenties par King au moment d'hériter de la maison Laurier ont fait place à un profond sentiment de contentement. Il en est venu à considérer cette demeure comme un refuge contre les tempêtes de la vie politique, et il prenait plaisir à mener ses visiteurs de pièce en pièce, montrant les éléments ou les objets dont il était particulièrement fier. Il était également tout à fait conscient de l'avantage politique que lui donnait le fait de vivre dans l'ancienne demeure de sir Wilfrid Laurier, dont la réputation de leadership et d'intégrité était encore toute fraîche dans la mémoire des gens.

Le style de vie de King à la maison Laurier contrastait fortement avec celui des Laurier. King était un célibataire avec peu de parents proches. C'était également un homme solitaire, qui travaillait pendant de longues heures, et qui détestait les mondanités qu'il considérait comme une perte de temps. Lorsqu'il devait recevoir, c'était généralement pour des raisons politiques, et les invitations s'adressaient aux collègues politiques, aux diplomates et aux dignitaires à l'occasion de déjeuners ou de dîners officiels. King gardait un registre détaillé des visiteurs à la maison Laurier; dans son livre d'invités apparaissent des noms aussi distingués que ceux de Winston Churchill, Franklin Delano Roosevelt, Charles de Gaulle, et le roi George VI et la reine Elizabeth. Il prenait très au sérieux ses responsabilités d'hôte, et il s'assurait qu'on servait à ses invités des repas bien préparés accompagnés de vins fins. Il avait une réputation de causeur amusant, mais il considérait les réceptions comme une tâche épuisante qu'il n'accomplissait que par nécessité.

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Les domestiques à la maison Laurier

Même si King vivait seul dans la maison Laurier, recevant peu et n'invitant que rarement quelqu'un à passer la nuit, il avait besoin d'un certain nombre de domestiques pour assurer le bon fonctionnement de la maison. Il subsiste de nombreux documents au sujet des domestiques qui ont travaillé pour King, parmi lesquels on comptait une cuisinière, une aide-cuisinière, deux femmes de chambre, un majordome/valet de chambre et un chauffeur, tous logés et nourris. Les documents révèlent cependant un roulement considérable pendant toute la période de l'occupation de la maison par King. Il ne semble jamais avoir appris comment diriger sa domesticité, et ses exigences constantes et ses attentes élevées ne le rendaient pas populaire auprès de ses employés.

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Le bureau de King

King dans son bureau à la maison Laurier vers 1940
King dans son bureau à la maison Laurier vers 1940
© Bibliothèque et Archives Canada / C75053

La vie de King à la maison Laurier était centrée sur son bureau du troisième étage. Bien plus que Laurier, King dirigeait les affaires du pays de chez lui plutôt que de son bureau sur la colline du Parlement. Quand le Parlement siégeait, son habitude était de travailler dans son bureau au cours de la matinée, avant de se rendre à son bureau du Parlement après le déjeuner. Après son repas du soir, il se retirait dans son bureau, où il continuait de travailler jusqu'à minuit. Entre les sessions parlementaires, ses journées de travail se déroulaient principalement chez lui. Dans le cadre de cette routine de travail, une partie du troisième étage de la maison Laurier était aménagée en bureaux pour son secrétaire et son personnel administratif et pour l'entreposage de ses dossiers publics.

Le bureau de King à la maison Laurier, bien plus que n'importe quelle autre pièce, révèle ses intérêts et sa personnalité. Bien peu de gens étaient invités à pénétrer dans cette pièce, car il s'agissait de sa retraite, son lieu de travail, d'étude et de réflexion privé. Les murs étaient couverts de ses livres : recueils de poésie, biographies, livres d'histoire et de philosophie pour la plus grande part. Le piano, auquel il tenait parce qu'il avait appartenu à sa mère, prenait une large place dans la pièce. King aimait bien la vaste table de réfectoire qu'on lui avait donnée au moment de son installation dans la maison, à cause de l'allure universitaire que cette table donnait à la pièce. Mais surtout, le bureau était dominé par un portrait de la mère de King, Isabel. Devant ce tableau, sur une petite table, King avait placé un lampion à la flamme perpétuelle et un vase avec des fleurs fraîchement coupées, à côté d'une petite boîte décorative renfermant l'alliance de sa mère et une boucle de ses cheveux.

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La retraite de King

King et son chien Pat à Kingsmere
King et son chien Pat à Kingsmere
© Bibliothèque et Archives Canada / C90385

À sa retraite de la politique au cours de l'été 1948, King était âgé de 73 ans, et il était usé par les soucis de la charge de premier ministre qu'il avait détenue pendant tant d'années. À la retraite, il a passé de plus en plus de temps dans son domaine de Kingsmere, qu'il aimait encore plus que la maison Laurier. Il pensait consacrer son temps à organiser sa vaste collection de documents politiques et à rédiger ses mémoires. Il s'intéressait également aux travaux qui se faisaient à Kitchener pour restaurer la maison de son enfance, Woodside. Mais les années de retraite de King ont été brèves : il est décédé à Kingsmere le 22 juillet 1950.

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