Le manteau mackinaw : une invention canadienne

Lieu historique national du Fort-St. Joseph

Chaque manteau Mackinaw est fait d’une seule couverture à trois points et demi. Chaque manteau Mackinaw est fait d’une seule couverture à trois points et demi.
© Parcs Canada

par Mariette Mongrain

C’était le 20 novembre 1811. Le capitaine Charles Roberts, commandant des troupes britanniques au fort St. Joseph, rédigeait une lettre au capitaine Evans, adjudant général à Québec, pour lui expliquer ce qu’il s’apprêtait à faire, c’est-à-dire désobéir aux règles.

Voici un extrait de cette lettre : « Ayant complètement perdu espoir de voir arriver la goélette Hunter ou tout autre navire de Amherstburg avec les vêtements destinés aux hommes du détachement, je compte recevoir aujourd’hui, par suite d’une commande faite au magasinier du département des Indiens, un lot de couvertures épaisses, afin qu’on en fasse des manteaux, mesure imposée par le climat rigoureux et que, je l’espère, le commandant des forces ne désapprouvera pas quand il saura qu’il ne reste plus aucun des manteaux envoyés aux membres du détachement en 1807, et que ces derniers n’ont rien reçu depuis. »

Au cours de la même journée, le capitaine Roberts se rend à la boutique de John Askin Jr. , un Métis responsable des magasins du roi, qui lui souhaite la bienvenue depuis le comptoir : « Bonjour capitaine Roberts.

Il semble bien que la température glaciale ne permettra pas au Hunter de se rendre jusqu’ici avec les provisions supplémentaires ».

« J’en suis arrivé à la même conclusion, John », répond le capitaine Roberts. « J’ai donc une proposition d’affaires pour vous. »

« Je vous écoute. »

Les femmes autochtones au fort St. Joseph confectionnent les manteaux Mackinaw à partir de couvertures. Les femmes autochtones au fort St. Joseph confectionnent les manteaux Mackinaw à partir de couvertures.
© Parcs Canada

« Vous et moi savons très bien comment les hivers peuvent être rudes ici sur la frontière ouest », commence le capitaine Roberts. « Puisque nous n’avons pas reçu les manteaux destinés à mon détachement, je souhaite faire confectionner quarante manteaux à partir de couvertures à points. La dernière chose que nous souhaitons, en cette période où la guerre menace d’exploser à tout moment, est que nos troupes prennent froid sur la colline fouettée par les vents du fort St. Joseph. »

« Les couvertures à trois points et demi devraient faire d’excellents manteaux d’hiver. Je demanderai à ma femme Madelaine et aux autres femmes autochtones de confectionner ces manteaux pour vos hommes », lui répond John. « Donnez-moi environ quinze jours, et vos manteaux seront prêts. »

John Askin Jr. et les femmes vaillantes du fort St. Joseph surpassent toutes les attentes : avant même que les deux semaines ne se soient écoulées, ils présenteront 40 manteaux de laine chauds au capitaine Roberts et à ses hommes. L’été suivant, au début de la guerre de 1812, Roberts, avec l’aide d’Askin et de leurs alliés autochtones, allaient occuper le fort américain Michilimackinac, au Michigan.

L’hiver suivant, Roberts commandera encore une fois ces manteaux confectionnés à partir de couvertures à points. Ce manteau court à double boutonnage sera plus tard connu sous le nom de manteau « Mackinaw ».

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