Culture et histoire

Lieu historique national de Skmaqn–Port-la-Joye–Fort-Amherst

L’ajout du mot « Skmaqn » au nom du lieu historique national de Port-la-Joye-Fort-Amherst

Les collaborations entre Parcs Canada et les partenaires autochtones au lieu historique national Skmaqn—Port-la-Joye—Fort-Amherst.

Une des premières colonies européennes permanentes de l’île – désignée Epekwitk par les Mi’kmaq à l'époque ou Isle Saint-Jean par les Français — s'est établie ici en 1720. Ce paysage portuaire a occupé une place prépondérante dans l'histoire de la colonisation européenne à l'Île-du-Prince-Édouard, d'abord comme siège du gouvernement jusqu'en 1768, comme port d'entrée pour la colonisation, puis comme avant-poste de colonie dans le cadre des affrontements franco-britanniques pour la possession du territoire nord-américain. Les quatre cultures – mi’kmaq, française, acadienne et britannique – qui ont convergé en ce lieu et en ont fait leur patrie, ainsi que les amitiés, les conflits et les alliances forgées au cours du 18e siècle, ont jeté les fondations de ce qui est devenu l'Île-du-Prince-Édouard.

Port-la-Joye

En 1720, trois navires appartenant à la Compagnie de l’Isle Saint-Jean quittent Rochefort, France et arrivent à l'île. Ils ont à leur bord 300 colons. Le havre constitue un lieu idéal de défense stratégique pour un petit avant-poste de colonie. Certains nouveaux arrivants commencent la construction de Port-la-Joye, tandis que d'autres préfèrent s'installer ailleurs dans l'île.

Michel Haché dit Gallant et sa famille arrivent à Port-la-Joye en provenance de Beaubassin. Ils deviennent ainsi l'une des premières familles acadiennes connues à s'établir à l'Isle Saint-Jean. Ils s'installent entre le poste français et le ruisseau s’écoulant dans l’anse, un endroit qui devient rapidement le centre des activités communautaires de Port-la-Joye. On veut faire de cette colonie une communauté agricole florissante, capable de fournir des denrées aux troupes et aux civils du bastion de Louisbourg. Les colons construisent des structures à Port-la-Joye dans le but d'accommoder la petite garnison de la Compagnie Franche de la Marine ainsi que les autorités civiles. Ces structure incluent une chapelle, un magasin, une boulangerie, une forge, une poudrière, une caserne et les quartiers du commandant. L'avenir de la colonie semble prometteur, si bien qu'en 1721, Louis Denys de la Ronde, un officier de marine français, s'exclame que Port-la-Joye est « l'un des plus beaux havres que l'on puisse voir! »

Suivant le cours naturel de la rivière, certains colons établissent des fermes le long de la Rivière-du-Nord-Est (maintenant la rivière Hillsborough, une rivière faisant partie du Réseau des rivières du patrimoine canadien) aussi loin que Havre-Saint-Pierre ansi que d’etablir des colonies de pêche en cherchant les stocks les plus lucratifs.

Les Mi’kmaq : des voisins et des alliés

Les Mi’kmaq se déplacent selon les saisons à travers le Mi’kma’ki, qui s'étend de l'île du Cap-Breton actuelle à la péninsule gaspésienne, incluant l'Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, une grande partie du Nouveau-Brunswick, des parties de Terre-Neuve et une partie de l'état du Maine. Les Mi’kmaq aident les colons français à s'adapter à leur nouvel environnement, développent des relations étroites avec les colons et une alliance avec les autorités françaises. Certains Mi’kmaq construisent un village permanent à Malpeque, une région déjà bien connue des Mi’kmaq depuis des millénaires. Sous l'influence du grand chef mi’kmaq Henri Membertou, qui est baptisé à la colonie française de Port-Royal en 1610, la majorité d'entre eux adhèrent au catholicisme romain. Chaque année durant le régime français, un important rassemblement de Mi’kmaq et de Français a lieu à Port-la- Joye. Les chefs et les aînés viennent des diverses régions du Mi’kma’ki pour renouveler leur alliance avec les Français.

En reconnaissance de l'aide que leur fournissent les Mi’kmaq, les fonction naires est toute un mot français viennent de la forteresse de Louisbourg pour assister aux rassemblements, qui comprennent des discours, des banquets et des remises de cadeaux aux Mi’kmaq. Il existe encore une communauté mi’kmaq près de Rocky Point qui fait partie de la Première nation Abegweit.

La lutte franco-britannique

Avec la chute de la forteresse de Louisbourg en 1745, des troupes britanniques de la Nouvelle-Angleterre se déplace pour prendre possession de l'Isle Saint-Jean, incendiant les colonies à Port-la-Joye et Trois-Rivières (aujourd'hui Brudenell Point). En ce temps, l'Acadie est sous le régime britannique depuis plus de trente ans. Après la signature du Traité d'Aix-la-Chapelle en 1748, l'île redevient une possession française. Compte tenu des tensions croissantes dans l'Acadie sous l’emprise britannique, l'Isle Saint-Jean reçoit une affluence de réfugiés acadiens provenant de l'Acadie continentale, grossissant ainsi la population de l'île à environ 2 246 habitants. En 1755, la majorité des Acadiens de l'Acadie continentale sont déportés vers treize colonies anglaises au cours du Grand Dérangement. L'Odyssée acadienne qui s'ensuit entraîne des migrations subséquentes de la Virginie à l'Angleterre, un retour pour certains en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, ainsi que des migrations vers le Québec et même vers la Louisiane sous la gouverne espagnole en 1764.

La Déportation

En 1758, les Britanniques prennent possession finale de l'Isle Saint-Jean et ordonnent la déportation massive de la population française et acadienne. Le colonel lord Andrew Rollo énonce les termes de la prise en charge au commandant français et déploie un contingent de ses troupes pour rassembler les quelques 4 100 Français et Acadiens vivant à l'Isle Saint-Jean. Tandis qu'environ 3 000 personnes sont réunies à Port-la-Joye pour être déportées en France, un nombre important de personnes habitant à Malpeque échappent. Les Mi’kmaq les auraient aidés à fuir les Britanniques. D'autres s’évadent dans leurs propres bateaux. Plus de la moitié des déportés périssent en route, un grand nombre meurent noyés lorsque trois des treize navires les transportant coulent et d'autres meurent de déshydratation et de malnutrition à bord des vaisseaux surpeuplés et sous-approvisionnés ou peu après leur arrivée aux ports français.

Le fort Amherst

Un contingent des forces de Rollo entreprend la construction d'un nouveau fort, en s’en servant des matériaux de l’ancien fort français et le nomme fort Amherst. Bien qu'il soit moins grand que la plupart des forts britanniques, le fort Amherst est défendu par 18 canons, entouré d'un fossé sec et accessible par un pont-levis. Lorsque Charlottetown devient la capitale des colonies de l'Isle Saint-Jean en 1768, la garnison est installée au fort Edward, de l’autre côté du port. Le fort Amherst est abandonné. Seules les terrassements sont maintenant visibles.

L'arpentage de Samuel Holland

Le capitaine Samuel Johannes Holland est nommé arpenteur en chef de l'Amérique du Nord britannique et son premier projet consiste à arpenter l'Isle Saint-Jean. À l'aide d'instruments novateurs – tels que l'horloge et la lunette astronomiques – il arpente et cartographie l'ensemble de l'île, la divisant en lots et en paroisses. Il commence l'arpentage à partir de sa propre habitation non loin du fort Amherst, à Observation Cove (aujourd'hui Holland Cove) en octobre 1764, et termine en 1766. On lui cède le Lot 28 (région de Tryon) à titre de paiement, lors de l'allocation des terres en 1767. Holland s'assure que les terres sont habitées par des fermiers et d'anciens soldats, puis il quitte pour aller poursuivre d'autres missions, gérant le lot à titre de propriétaire absentéiste. En date de 1798, le lot comptait 136 locataires.

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