L'hivernage de 1535-1536

Lieu historique national Cartier-Brébeuf

Le scorbut fait des ravages parmi les hommes de Cartier. Marins malades du scorbut
© Parcs Canada / CD-3913-70

À leur retour d'Hochelaga, à la mi-octobre, Cartier et ses hommes commencent peu à peu à subir les rigueurs du climat canadien. Le froid intense gèle les aliments et les boissons à l'intérieur des navires qui servent d'abris pour la saison hivernale. Affaiblis par le froid et par une mauvaise alimentation, les Français résistent mal à la maladie. Les 110 marins consomment surtout des viandes séchées ou salées. Aucun fruit ou légume n'entre dans leur régime. À cause du manque de vitamine C, le scorbut, une maladie dont on ne connaît pas encore les causes à cette époque, fait des ravages. Vers la mi-février, presque tous les hommes en souffrent. Leurs jambes et leurs bras enflent, leurs gencives sont rongées par la pourriture et leurs dents tombent. Finalement, les Amérindiens fournissent aux malades un remède inespéré, alors que Cartier a déjà employé mille ruses pour dissimuler le mauvais état des gens de son équipage.

Préparation de l'annedda Soldats préparant le thé (annedda)
© Parcs Canada / CD-3913-71

À la demande de Cartier, Domagaya fait préparer le remède par deux Amérindiennes. Cette tisane nommée annedda est faite à partir de l'écorce et des rameaux d'un conifère canadien que l'on croit être le cèdre blanc. Écrasés puis bouillis, ces ingrédients fournissent un liquide que le malade doit boire. Les résidus, eux, sont appliqués sur les membres. Durant ce pénible hiver, 25 marins décèdent du scorbut. Les autres sont sauvés in extrémis grâce à l'intervention de Domagaya.

Outre le climat et la maladie, les relations avec les Amérindiens s'enveniment, ce qui rend l'hivernage encore plus difficile. La présence des palissades érigées autour des navires durant le voyage de Cartier à Hochelaga ne suffit plus à rassurer les Français. Dès la fin de l'automne, Domagaya et Taignoagny tentent de dissuader les leurs de troquer avec les marins, dénonçant la faible valeur de leurs présents. Le 5 novembre, on organise cependant une grande fête de réconciliation. Le capitaine demeure toutefois méfiant. En février, le chef Donnacona et les hommes du village partent en expédition de chasse. Lorsqu'ils reviennent deux mois plus tard, ils sont accompagnés de plusieurs personnes inconnues de Cartier. La tension monte. Les Français craignent une attaque. Au début de mai, le capitaine passe à l'action. Il fait enlever Donnacona, Domagaya, Taignoagny ainsi que d'autres habitants de Stadaconé. Ces Amérindiens assurent sa sécurité et ils pourront décrire à François 1er les grandes merveilles du Canada. Cartier lève l'ancre le 5 mai 1536.

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