Rapport des consultations publiques, juin 2018

Lieu historique national Cartier-Brébeuf

Introduction

L’énoncé de gestion du lieu historique national Cartier-Brébeuf est en cours d’élaboration. Pour cette occasion, l’Agence Parcs Canada a offert au public et aux intervenants du milieu la possibilité de donner leur avis sur l’approche et les objectifs de gestion proposés pour le site au cours des dix prochaines années. Cette consultation publique s’est tenue du 23 avril au 1er juin 2018 (6 semaines).

Le présent document décrit le déroulement de cette consultation et présente un résumé des opinions exprimées par les citoyens, les intervenants du milieu et les représentants régionaux consultés.

Objectifs

La consultation avait plusieurs objectifs :

  • Faire connaître l’approche et les objectifs de gestion qui sont proposés pour l’ébauche de l’énoncé de gestion.
  • Recueillir les points de vue et les commentaires du public et des partenaires afin de permettre à Parcs Canada d’améliorer et d’ajuster l’énoncé de gestion proposé.
  • Favoriser un climat de confiance et de respect mutuel par le suivi d’une démarche constructive valorisant les différents points de vue.
  • Créer des rapports fructueux et durables entre Parcs Canada et les différents partenaires associés au processus.
  • Favoriser l’intégration harmonieuse du lieu historique national à son milieu.

Processus de consultation

L’équipe de planification du lieu historique national a élaboré un « bulletin de consultation publique » qui couvrait les points suivants :

  • l’importance historique du lieu;
  • le fonctionnement du lieu;
  • les principales réalisations depuis l’entrée en vigueur du plan directeur de 2007;
  • les principaux enjeux;
  • la vision pour le lieu;
  • l’approche de gestion proposée pour les dix prochaines années, y compris les objectifs de gestion et les cibles à atteindre.

Ce document, publié en français et en anglais, a été mis en ligne sur le site Web du lieu historique. Le public a été invité à en prendre connaissance et à formuler des commentaires et des suggestions en répondant à un sondage en ligne accessible jusqu’au 1er juin 2018. Pour ce faire, une fiche de commentaires était accessible en ligne pendant la période de consultation. Au total, ce sont 19 fiches de commentaires qui ont été remplies, alors que le sondage a été ouvert par 158 personnes.

La promotion de cette consultation a également été faite sur le compte Facebook du lieu historique national des Fortifications-de-Québec le 23 avril ainsi que les 14 et 28 mai 2018. Elle a touché 3 798 personnes, obtenu 66 mentions « J’aime » et généré 8 partages et 26 clics sur le lien renvoyant à la page Web du lieu historique pour consulter le document. La publication a également été relayée sur les pages Facebook des conseils de quartier de Lairet et du Vieux-Limoilou. De plus, le site www.monlimoilou.com a partagé la consultation et résumé les grandes lignes du document d’orientation dans un article paru le 14 mai 2018.

Une publicité a aussi été diffusée dans les journaux locaux (hebdomadaires régionaux du groupe Transcontinental et hebdomadaire Chronicle Telegraph).

Un lien vers la consultation en ligne a été ajouté sur le site Consultation auprès des Canadiens.

Le 27 avril 2018, des courriels personnalisés, dans lesquels on mentionnait la possibilité d’organiser des rencontres individuelles, ont également été envoyés aux élus ainsi qu’aux partenaires régionaux ciblés. Un courriel de rappel, envoyé le 23 mai 2018, invitait les parties concernées à faire part de leurs commentaires.

Les organismes suivants ont sollicité une rencontre avec Parcs Canada ou ont envoyé leurs commentaires par courriel : les conseils de quartier de Lairet et du Vieux-Limoilou, la Société historique de Limoilou, le Centre communautaire Jean-Guy Drolet, le bureau du député provincial André Drolet et la Ville de Québec. D’autres organismes ont fait part de leur intérêt à participer à la discussion et à échanger sur l’avenir du lieu, mais n’ont pu le faire à l’intérieur de la période de consultation. Des rencontres sont en cours de planification.

Résumé des principaux commentaires reçus lors des consultations

Rapprochement et rencontre des cultures

En général, les répondants voient d’un bon œil l’intention de Parcs Canada de favoriser les rencontres et les rapprochements avec les communautés locales, multiculturelles et autochtones. Des partenariats avec les centres communautaires et les organismes d’accueil des nouveaux arrivants de la Ville de Québec seraient, selon eux, de bons moyens d’y parvenir.

Plusieurs mentionnent qu’il serait intéressant d’aménager des espaces facilitant ces rencontres; on pourrait installer de l’équipement récréatif tel que des barbecues en libre-service, proposer la location d’embarcations nautiques, aménager un kiosque à musique permanent, etc. Une activité ou une offre de camping urbain semblable à celle proposée en bordure du canal Lachine a également été mentionnée pour bonifier l’animation in situ.

En ce qui a trait au bâtiment d’accueil, plusieurs personnes ont dit apprendre que ce dernier était ouvert pendant la haute saison.

« Le pavillon d'interprétation est tellement austère que je n'ai jamais osé y entrer. On dirait que l'immeuble est fermé. Par ailleurs, son traitement architectural n'est ni patrimonial, ni actuel. Il serait bien de profiter de travaux pour l'ouvrir sur la communauté. »
Participant en ligne

L’aménagement d’une salle polyvalente, ouverte sur le parc et accessible au public pour des locations, a été mentionné à quelques reprises.

Les participants ont également proposé que l’on profite de la Journée nationale des Autochtones (21 juin) pour commémorer et rappeler les liens entre les Européens et les Autochtones. Cette journée a été suggérée pour lancer la saison opérationnelle. Toujours dans la foulée de mettre en valeur l’histoire autochtone, il a été suggéré de travailler directement avec Tourisme Wendake pour bonifier l’animation :

« Un site cogéré avec Tourisme Wendake serait une avenue très intéressante. »
Participant en ligne

Plusieurs interventions mentionnent l’importance d’établir de nouveaux liens avec la communauté huronne-wendat.

Communication des valeurs patrimoniales

Plusieurs répondants ont exprimé leur désir, dans la foulée de la Commission de vérité et réconciliation orchestrée par le gouvernement fédéral, de voir le nom du lieu historique être modifié. Le nom de Stadaconé, attribué au village iroquoien situé à l’emplacement du quartier Limoilou dans l’actuelle ville de Québec, a été mentionné à quelques reprises. Le nom du lieu « Cartier-Brébeuf » est perçu comme faisant référence au colonialisme (« la figure de Cartier est très teintée de son caractère colonialiste agressif ») et à l’évangélisation, jugée « d’un autre temps ».

« Il est plus que temps et essentiel de redéfinir les énoncés de commémoration du lieu, considérant qu'aucune preuve archéologique ne vient attester la présence de Cartier sur le site. Le site devrait être beaucoup plus consacré à la présence autochtone de la région. Je suis pour la préservation de cet espace protégé, mais la tutelle de Parcs Canada devrait être moins présente. »
Participant en ligne

Afin de mettre davantage de l’avant la vocation commémorative du parc, les idées suivantes ont été soulignées :

  • Aménager un jardin de la Nouvelle-France.
  • Réintégrer un navire tel que la Grande Hermine pour faciliter les liens avec les thèmes de commémoration et rappeler l’importance de la construction navale sur la rivière St-Charles à une certaine époque.
  • Réintégrer une maison longue amérindienne pour rappeler l’occupation du territoire avant la colonisation ainsi que les échanges intervenus au moment de l’hivernage de Cartier.
  • Augmenter l’animation à l’extérieur du centre d’interprétation, notamment avec des personnages en costumes d’époque, et pourvoir le personnel d’équipements permettant la présentation d’objets aux utilisateurs du site.
  • Intégrer un mobilier urbain distinct à l’intérieur des limites du lieu historique.
  • Renforcer la signalisation du lieu historique, de même que l’affichage ponctuel lié aux événements et aux activités offertes.
  • Rafraîchir les modules et stations d’interprétation jugés vieillissants.

D’autres interventions ont été orientées sur l’idée de mettre à profit l’esprit créatif des habitants du quartier Limoilou pour non seulement renforcer l’appropriation du lieu, mais aussi donner au site une image d’appel propre « à l’image de l’œuvre d’Alice aux pays des merveilles intégrée à Central Park, à New York, que les gens peuvent toucher, utiliser, photographier et s’approprier ». Cette œuvre pourrait avoir un caractère utilitaire pour les usagers, mais devrait également faire référence au passé du lieu, particulièrement à l’histoire locale post-commémoration. Des œuvres et aménagements éphémères ont été évoqués. D’ailleurs, des organismes (notamment la Société historique de Limoilou) ont exprimé leur intérêt à travailler en collaboration avec Parcs Canada pour bonifier l’offre de services et l’animation.

Pour certains, le lieu historique est synonyme des débuts du Canada et de la présence française en Amérique, et ces thèmes devraient être davantage affirmés. Pour d’autres, l’ambiguïté quant à l’emplacement exact de l’hivernage de Cartier et de ses compagnons exigerait une réévaluation de la portée historique du lieu.

Si la plupart des commentaires reconnaissent l’importance patrimoniale du lieu, d’autres soulignent l’importance de cet espace vert au sein d’un des quartiers les plus denses de la ville.

L’accès à un réseau Wi-Fi a été mentionné comme un ajout intéressant pouvant contribuer à l’expérience de visite.

Conservation et protection des ressources du lieu patrimonial

L’entretien de la végétation afin de maintenir et de renforcer les paysages culturels est perçu comme une intention louable, mais il ne devrait pas s’effectuer au détriment de l’usage récréatif. Toutefois, les menaces qui pèsent sur certaines espèces arborescentes, notamment l’agrile du frêne, la maladie hollandaise de l’orme et la brûlure des rameaux Diplodia (pins), suscitent des préoccupations chez les participants. Ils jugent nécessaire que Parcs Canada élabore un plan d’action pour planifier un reboisement « proactif » afin de maintenir cette canopée urbaine et cet espace vert, jugés essentiels dans le contexte urbain.

L’aménagement de meilleurs liens cyclables est fréquemment évoqué au cours des entretiens. En plus de favoriser les déplacements actifs et une meilleure connexion avec le quartier, ces liens cyclables « officiels » contribueraient, pour certains, à lutter contre les nombreuses lignes de désir et nombreux sentiers « pirates » qui défigurent le lieu. Pour d’autres, il serait important de sensibiliser les cyclistes au partage des usages dans cette section du parc linéaire, principalement en exigeant une réduction de la vitesse.

Le stationnement est jugé trop volumineux pour l’usage local, considérant les changements opérationnels du lieu historique. L’ampleur du stationnement, pour certains, contribue également à enclaver le parc en faisant office de « barrière imperméable » entre la rue et l’espace vert. Par contre, en raison de la problématique du stationnement dans le quartier, notamment lors des opérations de déneigement, les résidents du quartier souhaiteraient avoir accès (gratuitement) au stationnement lors de ces périodes. L’idée d’aménager un espace de stationnement réservé aux vélos a été mentionnée à quelques reprises.

Bien que l’intégrité commémorative soit reconnue au cœur du mandat de Parcs Canada dans ce lieu historique, il importe de considérer l’intégrité écologique, également partie prenante du mandat de l’Agence :

«J'aurais aimé que l'aspect protection des espèces et de l'environnement soit plus explicite. »
Participant en ligne

Conclusion

L’exercice de consultation s’est avéré positif. Il permettra à Parcs Canada de bonifier son approche de gestion pour ce lieu historique national ainsi que son travail avec les intervenants. Dans l’ensemble, les participants aux consultations se sont prononcés en faveur de cette approche et ont appuyé les objectifs de gestion proposés par Parcs Canada.

Le plan directeur sera finalisé d’ici la fin de l’année 2018.

Enfin, Parcs Canada tient à remercier tous les participants pour avoir soumis leurs idées et leur vision concernant l’avenir de ce lieu historique national.

Date de modification :