Escale à la Grosse Île
Lieu historique national de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais
- Une terre nouvelle…
- Les premières installations
- 1847, l'année tragique !
- Une île divisée
- Inspection, désinfection et détention
- Un autre contexte
- Changement de vocation
Une terre nouvelle…
© Archives nationales du Canada / Illustrated London News / C-6556
Après 1815, au lendemain des guerres napoléoniennes, un nombre croissant d'émigrants quittent les îles Britanniques, l'Irlande et plus tard l'Europe pour venir s'établir dans les colonies britanniques d'Amérique du Nord. Le déplacement de ces populations survient au moment où de grandes épidémies de maladies infectieuses s'abattent sur toute l'Europe.
L'arrivée de tous ces immigrants au port de Québec fait craindre la transmission de ces maladies. Les autorités coloniales décident d'établir à la Grosse-Île une station de quarantaine. L'île offre des avantages géographiques importants : proximité du port de Québec, éloignement des populations locales et situation le long du couloir de navigation.
Les premières installations
Les premières installations de quarantaine sont aménagées à la hâte dès 1832. Après la construction de l'hôpital du choléra, d'autres abris sont édifiés tout près. La proximité de ces bâtiments abritant les immigrants en santé et ceux où logent les personnes malades, l'improvisation dans l'accueil et le manque de connaissances scientifiques dans le traitement des immigrants malades caractérisent, entre autres, les premières décennies d'existence de la quarantaine à la Grosse-Île.
© Parcs Canada / Dessin de B. Duchesne / 1996
1847, l'année tragique !
© Département des livres rares et des collections spéciales
Bibliothèque McLennan, Université McGill
/ Illustrated London News, 1847
À la suite de plusieurs mauvaises récoltes de pommes de terre, l'Irlande est dévastée par la Grande Famine entre 1845 et 1849, provoquant ainsi l'émigration massive d'une partie importante de sa population. En 1847, un nombre encore jamais vu d'immigrants, très majoritairement irlandais, se dirigent vers Québec. La situation est dramatique ! Ces immigrants, affaiblis par la malnutrition et la famine, arrivent dans un état déplorable et plusieurs sont atteints du typhus. Cette maladie prend rapidement l'ampleur d'une épidémie. La Grosse-Île ne peut répondre aux besoins. Le personnel est débordé…
Des milliers de décès en mer, des milliers de sépultures à la Grosse-Île, des milliers de morts à Québec, Montréal, et Kingston, tel est le triste bilan de cette année noire.
Une île divisée
À la suite du drame de 1847, les autorités modifient la manière d'accueillir les immigrants. La Grosse-Île est désormais divisée en trois secteurs. Les malades sont confinés à l'est, les immigrants dits en santé à l'ouest et l'administration au centre. Barrières, contrôles et sentinelles démarquent ces quartiers. Les immigrants vivent alors les sévères réalités de la quarantaine.
Inspection, désinfection et détention
© Who's who in Canada / édition de 1922
Après la Confédération, le gouvernement canadien élabore une politique d'immigration et de peuplement qui exige un service de quarantaine fiable et efficace. Le docteur Frederick Montizambert, alors médecin-surintendant, réaménage la station en fonction des découvertes médicales dans le domaine de la bactériologie. Il soumet la navigation et l'immigration à des contrôles de santé stricts et efficaces et modernise graduellement les structures d'accueil et d'hébergement des immigrants à la Grosse-Île. Par ses actions, la Grosse-Île répond ainsi aux trois principales fonctions d'une station de quarantaine : l'inspection des navires, la désinfection et la détention des malades et des bien portants.
Un autre contexte
© Archives nationales du Canada / PA-30607
Au début du XXe siècle, la Première Guerre mondiale et, par la suite, la crise économique de 1929 entraînent une baisse considérable de l'immigration qui, jusque-là, avait atteint des sommets inégalés. Par ailleurs, les progrès enregistrés dans le domaine de la microbiologie et dans le traitement des maladies contagieuses rendent progressivement inutiles une station de quarantaine à la Grosse-Île qui ferme ses portes en 1937.
Changement de vocation de la Grosse-Île
En 1942, pendant la Deuxième Guerre mondiale, le ministère de la Défense du Canada y aménage une station de recherches expérimentales pour la guerre bactériologique. En 1956, les installations de la Grosse-Île passent sous le contrôle d'Agriculture Canada qui y installe sa division de pathologie vétérinaire. Plus tard, en 1965, le même ministère y aménage une station de quarantaine animale. Finalement, en 1974, la Grosse-Île est officiellement reconnue lieu historique national.
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