Passages pour animaux et recherche

Parc national Banff

Lorsqu’il est devenu clair que la Transcanadienne devait être élargie à quatre voies dans le parc national Banff, nous avons dû chercher le meilleur moyen de le faire tout en limitant le plus possible les effets sur la faune. Nous espérions aussi réduire le nombre élevé de collisions véhicules-animaux sur la route.

Pour résoudre ce problème, nous avons consulté des planificateurs en transport et des scientifiques qui ont trouvé une solution double :

  • Installation de clôtures de part et d’autre de la route élargie à quatre voies pour empêcher les animaux d’accéder à l’emprise routière. 
  • Construction de passages pour animaux au-dessus et au-dessous de la Transcanadienne, afin de relier les parcelles d’habitat essentiel et de contribuer à la survie et à la santé des populations fauniques.

Nous avons ensuite entrepris de suivre les déplacements des animaux dans les passages nouvellement construits. Ces travaux de surveillance, auxquels nous accordons une importance prioritaire, se poursuivent dans le parc depuis 1996. Aucun autre programme d’étude et de surveillance de la faune n’est exécuté depuis aussi longtemps ailleurs sur la planète.


Recherche et surveillance des passages fauniques

Le parc national Banff compte en tout 44 passages pour animaux (6 passages supérieurs et 38 passages inférieurs) et 82 km de clôtures routières. C’est l’endroit qui réunit la plus forte concentration de ce genre d’ouvrages de protection de la faune dans le monde.

Depuis 1996, Parcs Canada a mené des travaux de recherche et de surveillance continus qui ont permis d’améliorer les passages fauniques tout au long des phases du projet de dédoublement de la Transcanadienne. Grâce à des principes scientifiques éprouvés, et à un grand sens de l’innovation et de la collaboration, Parcs Canada est devenu un chef de file dans l’élaboration de mesures d’atténuation liés à la mortalité faunique sur les routes.

Parcs Canada est fier de s’être récemment associé à l’institut Western Transportation Institute (Montana State University), à l’institut Miistakis Institute of the Rockies et aux fondations Woodcock et Wilburforce, afin de mener des études et des travaux de surveillance sur les passages fauniques.


Foire aux questions

Pourquoi les animaux traversent-ils la route?

Les animaux traversent l’autoroute pour trouver des compagnons, un partenaire, de la nourriture ou un abri. Il leur arrive aussi de le faire pour échapper à des prédateurs.

Les clôtures routières et les passages pour animaux produisent-ils les résultats voulus? Réduisent-ils les collisions routières avec les animaux?

Certaines espèces qui craignent les humains, par exemple le grizzli, ont mis cinq ans à emprunter les passages pour animaux. Cependant, la plupart des espèces les utilisent maintenant pour franchir la Transcanadienne en toute sécurité. Depuis l’installation de ces ouvrages de protection de la faune, les collisions entre véhicules et animaux ont diminué de plus de 80 %.

Les animaux préfèrent-ils les passages supérieurs ou les passages inférieurs?

Les animaux utilisent aussi bien les passages inférieurs que les passages supérieurs. Cependant, chaque espèce semble afficher une préférence lorsqu’elle a le choix entre les deux types d’ouvrages. Les grizzlis, les loups, les wapitis, les orignaux et les chevreuils préfèrent les passages courts, larges et élevés, tandis que les ours noirs et les couguars tendent plutôt à emprunter les passages longs et étroits qui sont aménagés sous la route.

TLe profil d’utilisation des passages pour animaux change-t-il au fil des ans?

Oui. L’effectif des populations fauniques fluctue, et le nombre d’individus d’une espèce donnée qui empruntent les passages pour animaux augmente ou baisse en conséquence. Nous avons aussi appris que certains animaux ont besoin de temps pour s’adapter aux nouveaux ouvrages qui font leur apparition dans leur habitat. Par exemple, la fréquentation des passages supérieurs a progressivement augmenté chez les grizzlis, les couguars et les loups au cours des cinq premières années de surveillance.

L’activité humaine dans les passages pour animaux change-t-elle le profil d’utilisation?

Oui. Lorsque les humains empruntent les passages pour animaux, la faune a moins tendance à en faire usage. L’activité humaine dans les passages supérieurs est interdite dans le parc national Banff.

Comment les petits animaux traversent-ils l’autoroute?

Chez les animaux de petite et de moyenne taille, tels que le lièvre d’Amérique, la martre d’Amérique, le pékan, le porc-épic, l’écureuil et le campagnol, les besoins varient d’une espèce à l’autre. Les travaux de surveillance révèlent que la martre d’Amérique, le lièvre d’Amérique et l’écureuil roux empruntent plus souvent les ponceaux lorsque la circulation est dense. L’inverse est vrai pour les coyotes.

Quelle est la plus grande menace aux populations fauniques en santé?

Les collisions routières ont sur les populations fauniques des effets directs et immédiats qui sont facilement visibles dans un délai équivalant à une ou à deux générations animales. En revanche, il faut parfois plusieurs générations animales pour constater l’effet de barrière complet (c. à d. impossibilité pour les animaux de surmonter un obstacle comme une autoroute) sur une population faunique donnée. L’effet de barrière sur une population de grizzlis peut mettre 50 ans à se faire sentir, mais il peut avoir de graves répercussions sur sa diversité génétique et sa santé globale.

Comment choisissons-nous l’emplacement des passages pour animaux?

Au fil des ans, nous avons recueilli des renseignements sur les endroits où les différentes espèces animales sont le plus susceptibles de traverser l’autoroute. Pour ce faire, nous avons eu recours aux méthodes suivantes :

  • Surveillance par radiotélémesure;
  • Suivi des pistes d’animaux dans la neige;
  • Observation de la faune;
  • Collecte de données sur les endroits où les collisions mortelles sont les plus fréquentes.

À l’aide de logiciels de cartographie, les chercheurs ont mis au point des modèles leur permettant de prédire les endroits où les animaux sont le plus susceptibles de franchir la Transcanadienne, en fonction de données topographiques et de données sur l’habitat de cinq espèces (l’ours noir, le grizzli, le loup, le wapiti et l’orignal). L’emplacement des passages pour animaux a été choisi à la lumière des résultats de ces travaux.

Pourquoi y a-t-il encore des collisions avec des animaux sur l’autoroute?

Il arrive que certains animaux réussissent à gagner l’emprise routière. Des recherches sont en cours afin d’évaluer l’utilité du « tapis électrique » comme élément dissuasif supplémentaire près de certaines ouvertures le long des clôtures. Le tapis électrique envoie une légère décharge électrique à la patte, au sabot ou au museau de tout animal qui y touche. Bien qu’elle soit tout à fait inoffensive, il est à espérer que cette décharge amènera l’animal à choisir un autre chemin à l’écart de l’autoroute.


Dix faits saillants au sujet des passages pour animaux du parc

 

  1. En 1981, en réponse à une augmentation du volume de la circulation, à des préoccupations relatives à la sécurité des automobilistes et au taux de mortalité élevé des animaux sur les routes, Parcs Canada a entrepris l’élargissement à quatre voies de la Transcanadienne dans le parc national Banff – un tronçon de 82 km.
  2. Depuis l’achèvement du projet en janvier 2014, le parc national Banff compte 38 passages inférieurs pour animaux et 6 passages supérieurs entre le poste d’entrée Est et la limite du parc national Yoho. Un passage inférieur a également été construit dans le parc national Yoho.
  3. Les clôtures routières installées dans le parc Banff ont réduit de plus de 80 % les collisions entre véhicules et gros mammifères. Chez le wapiti et le chevreuil, cette réduction est supérieure à 96 %.
  4. Les passages pour animaux sont conçus de manière à relier des habitats vitaux et à permettre aux animaux de traverser en toute sécurité des routes passantes.
  5. Le parc national Banff abrite un plus grand nombre et une plus grande diversité de passages pour animaux que tout autre endroit sur la planète. C’est là qu’est né le tout premier programme de surveillance continue de la faune aux abords des routes. Le parc possède donc le jeu de données le plus vaste sur l’atténuation des impacts des routes sur les animaux sauvages.
  6. En 2012, 11 espèces de gros mammifères avaient emprunté les passages pour animaux plus de 150 000 fois depuis 1996. Ces espèces sont le grizzli, l’ours noir, le loup, le coyote, le couguar, l’orignal, le wapiti, le chevreuil, le mouflon d’Amérique et, plus récemment, le carcajou et le lynx du Canada.
  7. Après la construction des passages pour animaux, chaque espèce suit une « courbe d’apprentissage » particulière. Les animaux qui craignent les humains, comme le grizzli et le loup, peuvent mettre jusqu’à cinq ans avant de se sentir à l’aise dans un passage nouvellement construit. Les wapitis, eux, ont été les premiers gros mammifères à utiliser les passages pour animaux. Ils les empruntaient avant même que les travaux de construction ne soient terminés!
  8. Les recherches révèlent que le grizzli, le wapiti, l’orignal et le chevreuil préfèrent des passages hauts, larges et courts et qu’ils ont tendance à privilégier les passages supérieurs. En revanche, l’ours noir et le couguar semblent préférer les passages longs, bas et étroits.
  9. L’analyse génétique permet d’explorer les bienfaits des passages pour des espèces telles que l’ours et le carcajou. Les chercheurs prélèvent des échantillons de poils dans des « pièges à poils » – des barbelés tendus à travers les passages pour animaux ou placés à d’autres endroits stratégiques.
  10. Parcs Canada est un chef de file mondial du recours à des mesures innovatrices pour atténuer les impacts des routes sur la faune. Ses techniques reposent sur des données scientifiques solides et sur une collaboration avec de grands experts et organismes dans le domaine de l’écologie de la route.

 

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