Plan de gestion du feu Des parcs nationaux banff, kootenay et yoho
Parc national Banff
Sommarie
Le présent document porte sur la planification de la gestion du feu pour les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho. Il comprend des politiques à jour, des orientations stratégiques et des mesures à prendre sur le terrain pour atteindre des résultats positifs sur le plan écologique et responsables sur le plan social. Il se fonde sur les principes de l’Agence Parcs Canada (APC) qui mettent l’accent sur la durabilité à long terme, une mise en œuvre interfonctionnelle et une approche uniforme à l’échelle nationale en matière de gestion du feu.
Le premier plan de gestion du feu du parc national Banff (White, 1984) a ouvert la voie à une gestion du feu progressiste et fondée sur la science pour compenser les effets négatifs de la suppression des incendies sur les terres de Parcs Canada dans les parcs des montagnes. Plus de trente ans plus tard, les travaux de recherche et de surveillance ont permis de déterminer qu’une action ciblée est requise pour : 1) protéger le public et les infrastructures le cas échéant; 2) permettre au feu de forêt de jouer son rôle écologique avec un minimum d’intervention lorsque c’est possible; et 3) faire des brûlages dirigés pour compenser les effets négatifs de la suppression des incendies.
Le présent plan vise principalement à protéger le public et les infrastructures contre les effets néfastes des feux de forêt. Pour ce faire, il prévoit des niveaux de ressources minimum clairement définis, des lignes directrices sur la préparation et l’établissement de zones de feu de végétation. De plus, les lignes directrices relatives à la gestion du combustible portent sur le maintien ou l’amélioration des aires actuelles de gestion du combustible en milieu périurbain et sur la création de coupe-feu dans le paysage pour contribuer à l’utilisation sécuritaire de brûlages dirigés dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho.
Malgré les efforts de restauration des 30 dernières années, Parcs Canada a observé que la santé des écosystèmes de ces parcs continue de se détériorer en raison des politiques de suppression des feux autrefois en vigueur, lesquelles ont mené à de graves déficits dans le cycle du feu. L’accent qui est encore mis sur la suppression des incendies continue d’accroître la vulnérabilité socioéconomique à long terme compte tenu de l’absence de mesures de gestion visant à corriger ces effets négatifs. L’approche de l’Agence Parcs Canada concernant les zones de feu de végétation, qui met l’accent sur un paysage tolérant autant de zones de gestion intermédiaire et extensive que possible, est un pas vers un paysage qui résiste mieux aux feux. Au cours des dernières années, l’application de la Loi sur les espèces en péril, une loi fédérale, a limité le recours au feu. Les gestionnaires fonciers comprennent que des activités naturelles comme la prédation sont manifestement exclues de la Loi; toutefois, la législation peut compliquer l’exécution des processus naturels comme le feu, les inondations et les avalanches puisque ceux-ci peuvent entraîner la destruction d’habitats essentiels. Cependant, comme ces processus naturels sont souvent gérés (dans les limites de la variabilité naturelle) pour protéger, de façon stratégique, le public et l’infrastructure du parc, ils doivent être officiellement autorisés (au moyen d’une autorisation en vertu de la Loi sur les espèces en péril) si nous voulons préserver cette diversité de structures et la biodiversité qui en découle qui est si essentielle à la viabilité de nombreuses espèces en péril.
L’acceptation socioculturelle du feu comme processus essentiel à la préservation de la structure, de la fonction et de la diversité biologiques est nécessaire pour que le programme de gestion du feu de Parcs Canada soit une réussite. Il est nécessaire d’accepter le concept et la pratique de la cohabitation avec le feu et d’en atténuer les effets si l’on veut renverser ces tendances et protéger les écosystèmes de nos parcs. La section sur les communications, la mobilisation du public et l’expérience du visiteur porte sur l’exécution intégrée du programme de gestion du feu afin d’aider le public à bien comprendre le rôle important que joue le feu dans les écosystèmes des parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho.
Introduction
Portée et contexte
Le présent Plan intégré de gestion du feu est un plan détaillé portant sur la protection contre les incendies et le rétablissement du feu dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho. Outre les parcs nationaux, le plan vise les lieux historiques nationaux Cave and Basin, Rocky Mountain House et Kootenae House, ainsi que le ranch Ya Ha Tinda.
Les mesures de gestion découlent d’une orientation stratégique claire, de consultations rigoureuses et de mesures de rendement établies (voir la section 8.0) et reposent sur une prise de décisions fondées sur la science. En préparation à la rédaction du plan, on a consulté des gestionnaires de l’Agence Parcs Canada (APC), les peuples autochtones, des intervenants et les gestionnaires des terres adjacentes au sujet d’occasions et de difficultés communes et de stratégies de gestion mutuellement avantageuses.
Cadre juridique et administratif
Le cadre juridique et administratif qui guide les activités de gestion du feu dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho est composé des éléments ci-dessous.
Loi sur les parcs nationaux du Canada
Les grands principes qui sous-tendent la gestion des feux de végétation à Parcs Canada découlent principalement de la Loi sur les parcs nationaux du Canada, qui précise ce qui suit :
Les parcs sont créés à l’intention du peuple canadien pour son bienfait, son agrément et l’enrichissement de ses connaissances, sous réserve de la présente loi et des règlements; ils doivent être entretenus et utilisés de façon à rester intacts pour les générations futures.
La préservation ou le rétablissement de l’intégrité écologique par la protection des ressources naturelles et des processus écologiques sont la première priorité de la ministre pour tous les aspects de la gestion des parcs.
Intégrité écologique
Selon le paragraphe 2(1) de la Loi sur les parcs nationaux du Canada, l’intégrité écologique se définit comme « l’état d’un parc jugé caractéristique de la région naturelle dont il fait partie et qui sera vraisemblablement maintenu, notamment les éléments abiotiques, la composition et l’abondance des espèces indigènes et des communautés biologiques ainsi que le rythme des changements et le maintien des processus écologiques. » Ce terme fournit une orientation pour une gestion axée sur les écosystèmes qui va au-delà des limites des parcs afin d’inclure la coopération et la consultation d’une grande variété de groupes de clients internes et externes.
Selon ce concept, les écosystèmes sont des entités dynamiques et auto-organisées, et ce qui peut avoir été naturel dans le passé peut ne pas être l’état naturel aujourd’hui. Par conséquent, une difficulté pour les gestionnaires de parc consiste à déterminer le seuil de référence pour la planification de la gestion des feux de végétation en fonction de l’état actuel de l’écosystème.
Directive sur la gestion des feux de végétation
La Directive nationale sur la gestion du feu (Parcs Canada, 2017) fournit des directives concernant les exigences en matière de capacités éprouvées de contrôle des incendies avant d’avoir recours aux brûlages dirigés. On y souligne qu’il doit y avoir un équilibre entre les critères écologiques, sociaux et économiques qui est adapté au paysage du parc dans son ensemble. La sécurité opérationnelle, la qualité de l’air, les préoccupations des intervenants, les coûts, et d’autres variables, doivent être pris en considération dans le processus de planification de la gestion du feu.
Des lignes directrices propres à la gestion du feu dans les documents précisent ce qui suit :
Les écosystèmes des parcs nationaux doivent recevoir le plus haut degré de protection pour assurer la perpétuation de milieux naturels relativement peu dégradés par l’activité humaine.
Les écosystèmes des parcs nationaux seront gérés de façon à perturber le moins possible les processus naturels. Cependant, une gestion active peut être autorisée lorsque la structure ou la fonction d’un écosystème a subi une détérioration grave et qu’une intervention est la seule solution possible pour restaurer l’intégrité écologique.
Lorsqu’une intervention est nécessaire, elle sera fondée sur la recherche scientifique, utilisera des techniques reproduisant autant que possible les processus naturels et sera surveillée attentivement.
Les gestionnaires des écosystèmes et les responsables de la gestion des feux de végétation doivent ajouter ce qui suit à leurs responsabilités respectives :
- Connaître et comprendre le rôle du feu dans le développement des écosystèmes avant l’exécution d’un programme de recours au feu.
- Reproduire tous les aspects possibles du régime du feu lors de la réalisation d’un brûlage dirigé dans un parc.
La Directive sur la gestion des feux de végétation (Parcs Canada, 2017) fournit des directives sur le contrôle et l’utilisation de feux de végétation dans les parcs nationaux et lieux historiques nationaux du Canada. Elle précise que les activités de gestion du feu dans un parc national doivent être décrites en détail dans un plan de gestion du feu. Ce plan doit être élaboré en consultation avec les intervenants dans les collectivités, les administrations voisines et les spécialistes de la gestion du feu. Les plans de gestion du feu sont préparés pour orienter le contrôle et l’utilisation du feu en vue d’atteindre des objectifs précis.
Dans la directive, « gestion du feu » se définit comme suit :
- Activités rattachées à la protection des personnes, des propriétés et des paysages contre les incendies, de même que l’utilisation de brûlages dirigés pour atteindre les objectifs de gestion des terres.
Les procédures opérationnelles normalisées (PON) nationales sur la planification en gestion des feux de végétation (Parcs Canada, version préliminaire, 2018), une fois terminée, serviront à guider et à appuyer la planification de la gestion du feu dans les unités de gestion. Ces PON décrivent en détail les exigences en matière de planification et les procédures d’examen et d’approbation des plans de gestion du feu, des plans de brûlages dirigés et des plans de réduction des risques de feux de forêt.
Loi sur les espèces en péril
La planification, les mesures et la surveillance liées à la gestion du feu doivent s’inscrire pleinement dans les exigences prévues par la Loi sur les espèces en péril (LEP). Les critères ci-dessous ont été adoptés, en vertu de cette loi, pour toutes les activités, y compris la gestion du feu, qui pourraient éventuellement avoir des conséquences négatives sur une espèce en péril inscrite à l’annexe 1 de l Loi comme espèce disparue du pays, en voie de disparition ou menacée :
- Toutes les solutions de rechange raisonnables à l’activité doivent avoir être envisagées et la meilleure solution doit être retenue.
- Toutes les mesures réalisables visant à minimiser les conséquences de l’activité pour l’espèce, son habitat essentiel ou la résidence de ses individus doivent être recensées.
- Il faut démontrer que l’activité ne menacera pas la survie ou le rétablissement de l’espèce.
Le présent plan de gestion du feu incorpore les plans d’action régionaux pour le rétablissement d’espèces visées par la LEP et leurs objectifs, ainsi que les plans d’action visant des espèces multiples pour les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho (Parcs Canada, 2017).
La Loi sur les espèces en péril (LEP) assure la protection des espèces en péril inscrites au Canada, comme le caribou des bois, le pin à écorce blanche et d’autres espèces figurant à l’annexe 1 que l’on trouve dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho. La Loi prévoit la conservation et la protection de la diversité biologique du Canada. Elle répond à un engagement clé pris en vertu de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique. L’ensemble des terres fédérales, y compris les parcs nationaux, est assujetti aux règlements et aux interdictions de la LEP depuis le 1er juin 20004. La planification de la gestion des feux de végétation, la suppression des feux de végétation, les brûlages dirigés, les mesures de gestion du combustible et la surveillance doivent respecter les interdictions prévues à la LEP et les considérations relatives aux espèces en péril. L’évaluation des impacts sur l’environnement (EIE) des plans de brûlage dirigé et de modification du combustible contiendront les autorisations et les considérations applicables en vertu de la LEP, telles qu’elles sont décrites dans une étude d’impact conforme à la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale (LCEE, 2012).
La seule exemption aux interdictions de la LEP vise la suppression d’urgence d’un feu de végétation, à l’exception de la planification préalable pour les plans de gestion du feu du parc et des plans de gestion de la végétation connexes. Bien que les activités de suppression des incendies soient exclues de la LEP, toutes les mesures raisonnables seront prises pour tenir compte des espèces en péril et réduire les incidences sur celles-ci durant ces activités.
Plans directeurs des parcs nationaux
Conformément à la loi, les plans directeurs des parcs doivent satisfaire à des objectifs de rétablissement des écosystèmes et, conformément aux exigences stratégiques, les parcs doivent avoir un plan de gestion du feu à jour pour prendre des mesures liées à la gestion du feu. Grâce au plan directeur du parc, on veille à ce qu’il y ait un investissement stratégique des ressources pour optimiser les avantages écologiques du feu tout en en réduisant les effets socioculturels et économiques. On s’assure par ailleurs que les activités de gestion du feu appuient et renforcent les priorités de l’unité de gestion, notamment en ce qui concerne les plans de rétablissement des espèces en péril, les projets de conservation et de restauration (CoRe), et les initiatives liées à l’expérience du visiteur et aux relations externes proposées aux mêmes périodes.
Le plan directeur de chacun des trois parcs nationaux (2010) contient des buts et des objectifs précis en ce qui a trait à la gestion du feu. Les tableaux 1, 2 et 3 ci-dessous présentent les principaux buts et objectifs de ces plans qui guident les activités de gestion du feu dans le parc en question.
Point 5.3.3.8 du plan directeur : Là où la structure de la végétation a été rétablie, utiliser les brûlages dirigés de façon répétée pour entretenir les prairies et les savanes à conifères. |
Point 5.3.3.9 du plan directeur : Par les brûlages dirigés et les incendies naturels, veiller à ce que le cycle du feu à long terme soit rétabli à 50 % dans tous les secteurs du parc. |
Point 5.3.3.1 du plan directeur : Collaborer avec des chercheurs, des membres de la collectivité, des citoyens de la science et des visiteurs du parc pour mettre à l’essai des mesures de gestion adaptative permettant de comprendre et de rétablir les principaux processus écologiques (prédation, feu, herbivorie et dispersion) à l’œuvre dans les écosystèmes montagnards du parc. |
Tableau 1 : Plan directeur du parc national Banff - Buts du programme de gestion du feu
Point 4.1.3 du plan directeur : Concevoir et mettre en place des mesures de conservation telles que les brûlages dirigés, la restauration de bâtiments historiques, l’archéologie d’urgence et le déplacement de sentiers; donner aux visiteurs l’occasion d’être témoins de leur mise en œuvre et de se renseigner sur leur raison d’être. |
Point 4.4.1 du plan directeur : Avec la municipalité de Golden et d’autres collectivités de la vallée du Columbia, conclure des accords de partenariat qui améliorent les programmes de diffusion externe et d’éducation sur les projets de remise en état et de conservation dans les parcs des montagnes, notamment ceux qui ont trait à l’écologie du feu, à la santé des milieux aquatiques, aux espèces en péril et à l’atténuation des impacts des routes sur la faune. |
Point 4.6.1 du plan directeur : Rétablir le feu dans le paysage par des brûlages dirigés et des incendies naturels soigneusement gérés afin de recréer 50 % du cycle du feu à long terme et de rétablir les caractéristiques de la végétation naturelle dans tous les écosystèmes, comme l’explique en détail le plan de gestion du feu de l’Unité de gestion. |
Point 4.6.2 du plan directeur : Préserver de vastes étendues naturelles qui soutiennent des populations de grizzlis en santé et y offrir des possibilités de loisirs en milieu sauvage. |
Tableau 2 : Plan directeur du parc national Yoho – Principales stratégies et mesures du programme de gestion du feu
Point 4.1.3 du plan directeur : Concevoir et mettre en place des mesures de conservation telles que les brûlages dirigés, l’archéologie d’urgence ainsi que la conception et le déplacement de sentiers; offrir aux visiteurs et aux intervenants la possibilité d’être témoins de leur mise en œuvre et de se renseigner sur leur raison d’être. |
Point 4.2.2 du plan directeur : Exploiter les thèmes de la présence historique et continue du feu ainsi que de la régénération des forêts sur toute la longueur du parc comme moyen de démarquer cette aire protégée des autres parcs des montagnes. |
Point 4.4.1 du plan directeur : Conclure, avec la municipalité de Radium Hot Springs et d’autres collectivités de la vallée du Columbia, des accords de partenariat qui améliorent les programmes de diffusion externe et d’éducation sur les projets de remise en état et de conservation dans les parcs des montagnes, notamment ceux qui ont trait à l’écologie du feu, à la remise en état du secteur Redstreak, à la santé des milieux aquatiques, aux espèces en péril et aux efforts d’atténuation des impacts de la route 93 Sud. |
Point 4.6.1 du plan directeur :
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Point 4.6.3 du plan directeur : Concevoir des produits de communications et les actualiser périodiquement au fil des changements observés dans les profils du feu et de la forêt, afin de sensibiliser le public à la dynamique du feu et de la végétation. |
Point 5.1.3 du plan directeur : Recourir aux brûlages dirigés pour rétablir les communautés des prés de la vallée de la Kootenay. |
Point 5.3.4 du plan directeur : Appliquer les mesures prioritaires restantes dans le cadre du projet de remise en état du secteur Redstreak, notamment procéder au retrait de l’infrastructure du côté ouest de la route et sur la terrasse Redstreak, et effectuer les coupes d’éclaircie et les brûlages dirigés prévus. Procéder à des brûlages dirigés de faible intensité afin de préserver l’écosystème de la forêt ouverte et de la prairie. |
Description des lieux
Contexte géographique
Avec le parc national Jasper, les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho forment un réseau d’aires protégées adjacentes à trois parcs provinciaux de la Colombie-Britannique (Mont-Robson, Mont-Assiniboine et Hamber). Ensemble, ces aires protégées contiguës forment le site du patrimoine mondial des parcs des montagnes Rocheuses canadiennes, désigné en 1983 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Par ailleurs, cette aire de 2,3 millions d’hectares contigus est bordée par trois réserves écologiques provinciales (Wilmore, Ghost et Siffleur) et plusieurs autres parcs provinciaux (Spray Lakes, Peter Lougheed, Bow Valley, Elbow-Sheep River, Height of the Rockies, Kakwa, Elk Lakes, et Top of the World) en Colombie-Britannique et en Alberta, lesquels totalisent 500 000 hectares. La superficie de 28 000 kilomètres carrés ainsi formée est l’une des plus vastes aires terrestres protégées en Amérique du Nord, un paysage qui compte sur le feu comme facteur déterminant de la biodiversité et de la santé des écosystèmes.
Trois parcs nationaux chevauchent la ligne de partage des eaux, le long des Rocheuses, les parcs Kootenay et Yoho à l’ouest et le parc Banff à l’est (figure 1). La chaîne de montagnes est caractérisée par des crêtes de failles de chevauchement qui forment généralement un alignement du sud-est au nord-ouest. Cette topographie a été considérablement modifiée par l’activité glaciaire, ce qui a façonné de complexes plaines inondables en terrasses, des reliefs à forte pente et des cônes alluviaux. Dans les parcs, des suites de vallées fluviales créent des chemins favorisent la propagation du feu. Par exemple, dans le parc national Banff, la vallée de la rivière Bow facilite une propagation nord-sud du feu dans l’ouest du parc et une propagation est-ouest dans l’est du parc. D’autres vallées fluviales dans ce parc, comme celles des rivières Clearwater, Red Deer, Saskatchewan Nord et Panther, créent des chemins qui favorisent une propagation est-ouest. Dans le parc national Yoho, la vallée de la Kicking Horse facilite une propagation de l’est vers l’ouest, et dans le parc national Kootenay, les rivières Vermilion et Kootenay facilitent une propagation nord-sud.
Dans ces vallées, ce sont les versants sud qui semblent avoir la plus grande influence sur le comportement du feu, et ce en raison des effets de l’insolation sur les combustibles forestiers et de l’angle d’ensoleillement incident. Conjuguée à alignement avec la direction des vents dans la région, cette situation peut causer des feux de forêts vastes et intenses.
Situé à 134 km de Calgary, le parc national Banff occupe 6 641 km2 des chaînons frontaux des Rocheuses. L’Unité de gestion Banff est un sous-ensemble administratif qui s’occupe de la gestion de 3 741 km2 du parc national Banff ainsi que de celle du ranch Ya Ha Tinda (39,45 km2) et des lieux historiques nationaux Cave and Basin et Rocky Mountain House (figure 1). Le reste du parc national Banff (2 900 km2) relève de l’Unité de gestion du secteur de Lake Louise et des parcs nationaux Yoho et Kootenay, laquelle comprend le parc national Kootenay (1 406 km2) et le parc national Yoho (1 313 km2). Le lieu historique national Kootenae House relève aussi de cette unité de gestion.
Figure 1. Contexte régional des parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho
Services et infrastructures
On trouve dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho trois collectivités qui sont des éléments clés du fonctionnement des parcs. Dans le secteur est du parc national Banff se trouve la ville de Banff, dans la vallée de la Bow. Il s’agit d’une localité touristique qui compte quelque 9 500 résidents (Ville de Banff, 2014), 1 300 entreprises et hôtels (3 800 chambres d’hôtel) qui fournissent des services essentiels aux touristes. Dans le parc national Banff se trouve également le hameau de Lake Louise. Situé dans le district en voie d’organisation no 9, lequel comprend l’ensemble du parc national Banff à l’exception de la ville de Banff, Lake Louise compte une population de 1 175 habitants (Recensement de 2011). La ville de Field est située en Colombie-Britannique, à l’intérieur du parc national Yoho, et compte une population de 169 habitants (Recensement de 2011).
L’infrastructure de transport est un élément important des parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho. La Transcanadienne (la route no 1) ainsi que la voie ferrée du Canadien Pacifique passent au centre des parcs nationaux Yoho et Banff. De plus, deux routes secondaires traversent le parc national Banff, soit la promenade de la Vallée-de-la-Bow (route 1A) et la route 93 Nord. Quant au parc national Kootenay, il est divisé par une route secondaire (route 93 Sud) qui est achalandée pendant l’été.
Voici d’autres infrastructures à l’extérieur des limites du lotissement urbain de Banff :
- Expérience du visiteur : 5 terrains de camping dans l’avant-pays pour un total de 2 500 emplacements accessibles par véhicule. Le terrain de camping du Mont-Tunnel accueille plus de 4 000 visiteurs par nuit pendant les périodes de pointe.
- Hébergement et services aux visiteurs périphériques : 3 autres hôtels, 3 entreprises de location de chalets dans l’avant-pays, 1 marina, 2 auberges de jeunesse, 3 auberges commerciales dans l’arrière-pays, 1 pourvoyeur de services équestres dans l’arrière-pays, 2 refuges publics dans l’arrière-pays, 2 stations de ski et 1 exploitant de téléphérique.
- Services publics : Une ligne électrique importante (Altalink) et d’autres petites lignes de distribution (Fortis), le barrage Minnewanka et les ouvrages connexes (TransAlta), des gazoducs enfouis et des lignes de communication interprovinciales essentielles.
Voici d’autres infrastructures à l’extérieur des collectivités de Lake Louise et de Field :
- Expérience du visiteur : 14 terrains de camping dans l’avant-pays, 58 aires de fréquentation diurne et 3 centres d’accueil.
- Hébergement périphérique : 8 hôtels, 4 auberges de jeunesse, 3 auberges commerciales dans l’arrière-pays, 10 chalets du Club alpin du Canada, 1 pourvoyeur de services équestres dans l’arrière-pays, 1 station de ski avec service de téléphérique.
- Services publics : Une ligne électrique importante (BC Hydro) et d’autres petites lignes de distribution, et des lignes de communication interprovinciales essentielles.
Attributs socioéconomiques de la région
Le parc national Banff est le parc national le plus fréquenté au Canada : plus de 4,2 millions de personnes y sont allés en 2017-2018, soit le plus grand nombre de visiteurs depuis 2000. Les retombées économiques qu’ont les visiteurs au parc Banff sont à la fois régionales et fédérales. Les centres économiques et sociaux de la vallée de la Bow comprennent les villes de Banff, de Canmore, le village de Lake Louise, les hameaux d’Exshaw, d’Harvie Heights, de Dead Man’s Flats et du Lac Des Arcs, ainsi que le district municipal de Bighorn et le district en voie d’organisation no 9.
Les parcs nationaux Kootenay et Yoho accueillent moins de visiteurs que le parc Banff, soit 531 000 et 712 000 respectivement en 2017-2018. À l’instar du parc national Banff, les parcs nationaux Kootenay et Yoho entretiennent d’étroites relations avec les collectivités enclavées et voisines, dont Golden, Radium Hot Springs et Field.
Les habitants des collectivités qui se trouvent dans les parcs nationaux, ou juste à côté, sont bien informés et mobilisés, ont adopté les concepts du programme Intelli-feu et participent à d’autres activités pertinentes de réduction des risques de feu de forêt destinées aux collectivités dans des écosystèmes sains. L’Agence Parcs Canada est résolue à consulter les administrations, collectivités et entreprises voisines et à collaborer étroitement avec elle sur tous les aspects de la gestion du feu.
Parcs Canada maintient des partenariats solides avec ses voisins provinciaux : le gouvernement de l’Alberta (ministère de l’Agriculture et des Forêts et ministère de l’Environnement et des Parcs) et le gouvernement de la Colombie-Britannique (Service de lutte contre les incendies de forêt et Service des parcs). Au fil des ans, l’Agence a réalisé plusieurs brûlages dirigés interorganismes et géré des opérations de lutte contre les feux de forêt avec ces deux partenaires provinciaux. L’une des priorités du plan est de renforcer les partenariats interorganismes avec l’ensemble des organismes voisins, tirant ainsi parti des gains écologiques considérables et de l’efficacité opérationnelle qui découlent d’une cogestion des feux.
Climat et météo
Selon la classification climatique de Köppen, le climat des parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho est subarctique (Dfc), où les hivers sont froids et neigeux et les étés sont doux. L’altitude influence le climat, les températures basses se faisant ressentir en altitude. La période où le risque d’incendie est le plus élevé est à la fin juillet et au début d’août, lorsque la température maximale moyenne est supérieure à 20 °C. Le terrain montagneux et l’altitude élevée, des températures estivales modérées et la subsidence de l’air froid déclenchent à l’occasion des conditions d’inversion qui peuvent avoir un effet sur le comportement du feu, la qualité de l’air, la visibilité et la sécurité routière pendant les opérations de lutte contre les incendies.
Il existe un gradient d’humidité ouest-est, puisque les grands systèmes météorologiques se déplacent vers l’intérieur des terres à partir de l’océan Pacifique. Situé du côté est de la ligne de partage des eaux, le parc national Banff reçoit 472 mm de précipitations par année, soit beaucoup moins que les parcs nationaux Yoho et Kootenay, situés du côté ouest, en Colombie-Britannique, qui en reçoivent respectivement 884 mm et 655 mm. Subissant l’influence de l’altitude, les précipitations sont par ailleurs plus importantes en haute altitude.
Les vents dominants sont principalement de l’ouest et du sud-ouest pendant la saison des feux, mais réagissent avec la topographie pour produire des vents de surface qui soufflent parallèlement à l’orientation de la vallée. Les vents sont généralement plus forts en haute altitude et dans le secteur de la transition de montagne à contrefort. Les vents secs de chinook se produisent généralement à l’est de la ligne de partage des eaux, où l’humidité relative peut atteindre des valeurs inférieures à 15 % au milieu de l’hiver, ce qui réduit ainsi considérablement les accumulations de neige par sublimation. Les épisodes de chinook peuvent contribuer à une sécheresse printanière et créent souvent des conditions idéales à la réalisation de brûlages dirigés sur les versants sud et ouest alors qu’il reste de la neige sur les versants nord et est.
La distribution et la densité des éclairs dans les parcs sont grandement influencées par la ligne de partage des eaux et le soulèvement orographique des masses d’air à mesure que les systèmes dépressionnaires se déplacent de la Colombie-Britannique à l’Alberta. Il existe une zone « sans éclairs » distincte où la densité des éclairs chute à l’est de la ligne de partage des eaux avant de reprendre en intensité dans les contreforts. Comme le montre la figure 2, la plupart des feux causés par la foudre dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho sont survenus à l’ouest de la ligne de partage des eaux, dans la vallée de la Kicking Horse (parc national Yoho) et dans les vallées de la Kootenay et de la Vermilion (parc national Kootenay). Dans le parc national Banff, 31 % des feux de forêt sont causés par la foudre (1985-2017), mais ceux-ci ne comptent que pour 10 % de la superficie totale brûlée. Dans le parc national Yoho, ces chiffres sont de 58 % et 3 % respectivement. Habituellement, c’est dans le parc national Kootenay que l’on enregistre le plus grand nombre de feux de forêt déclenchés par la foudre (71 %), et ceux-ci compte pour 90 % de toute la superficie brûlée.
Figure 2 : Feux causés par la foudre dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho (1980 – 2017) (source : Parcs Canada)
Dans les trois parcs nationaux, l’été s’étend de la mi-juin à la mi-septembre. Dans la ville de Banff, une station météorologique située à un endroit central fournit des données à long terme. À Banff, la température moyenne est de 14 °C et la température maximale moyenne de 21,6 °C (figure 3). La température maximale enregistrée était de 34 °C en 1934. Pour les trois parcs, juin est le mois le plus humide en moyenne; le parc national Banff reçoit 62 mm de précipitations (figure 4).
Figure 3 : Températures maximales mensuelles moyennes dans le parc national Banff. Les profils saisonniers des parcs nationaux Yoho et Kootenay sont semblables, les températures étant plus froides ou plus chaudes de quelques degrés, selon l’endroit.
Figure 4 : Précipitations moyennes dans le parc national Banff. Les profils saisonniers des parcs nationaux Yoho et Kootenay, juin étant le mois où les précipitations sont les plus abondantes.
Les températures saisonnières dans le parc national Yoho sont semblables à celles dans le parc national Banff (figure3). La température moyenne estivale est de 12,5 °C, et la température maximale moyenne est de 20 °C. En raison du gradient d’humidité ouest-est, les précipitations annuelles sont plus abondantes dans l’est du parc Yoho que dans l’ouest.
Au parc national Kootenay, les profils de températures et de précipitations sont très variés, comme l’illustre l’énoncé du thème d’interprétation du parc : « Du cactus au glacier ». Le camping Redstreak, situé près de Radium Hot Springs, dans le sud du parc reçoit beaucoup moins de précipitations que la vallée Vermilion, dans le nord; et il y fait aussi de 2 à 6 °C plus chaud (figure 5). La saison des feux est donc plus longue dans le sud du parc, car la fonte de la neige commence dès le début mars. Les températures et les précipitations dans le nord du parc sont semblables à celles du parc national Banff puisqu’on se rapproche de la ligne de partage des eaux. Le mois le plus humide dans le parc national Kootenay est celui de juin, au cours duquel il tombe 75 mm de pluie.
Afin d’illustrer la variation de températures et de précipitations dans les trois parcs pendant la saison des feux, les températures quotidiennes maximales et minimales moyennes et les précipitations mensuelles totales pour le mois de juillet sont présentées à la figure 5. En juillet, les températures se rafraîchissent généralement lorsqu’on se rapproche de ligne de partage des eaux, laquelle représente la limite entre le parc national Banff et les parcs nationaux Yoho et Kootenay (ligne verte au centre de la carte). Par ailleurs, les précipitations sont généralement plus abondantes près de la ligne de partage des eaux, et le parc national Yoho est habituellement le plus humide des trois parcs (figure 5).
Figure 5 : Précipitations et températures maximales et minimales moyennes en juillet aux stations météorologiques des parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho. La figure illustre des températures enregistrées plus fraîches aux stations situées en haute altitude et un gradient d’humidité ouest-est.
Description biophysique
Les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho se trouvent tous dans l’écozone de la Cordillière montagnarde (figure 6). Cette écozone s’étend des montagnes côtières à l’ouest jusqu’aux contreforts de l’Alberta à l’est. Elle est principalement composée d’écosystèmes subalpins et alpins caractérisés par des forêts mixtes de pins tordus latifoliés, d’épinettes blanches, d’épinettes d’Engelmann et de sapins subalpins. On trouve des peuplements de douglas verts, de peupliers faux-trembles et de peupliers baumiers dans les endroits les plus chauds et les plus secs des extrémités est dans les principaux systèmes de vallées des zones montagnardes de faible altitude.
Figure 6 : Écozones terrestres du Canada (source : Ressources naturelles Canada)
Les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho comptent principalement trois écorégions (figure 7) : 1) l’écorégion montagnarde, 2) l’écorégion subalpine et 3) l’écorégion alpine (Holland et Coen, 1982). L’écorégion montagnarde se trouve à une basse altitude (de 1350 à 1650 mètres) et occupe moins de 3 % du parc. Par contre, on y trouve la biodiversité la plus élevée et la fréquence historique de feux la plus élevée (de 30 à 50 ans). La suppression des incendies au cours du XXe siècle a entraîné le plus important déclin en ce qui a trait à la santé de l’écosystème et à la diversité des espèces dans cette région, particulièrement dans les écosites de prairie à douglas verts et à trembles.
L’écorégion subalpine se trouve entre l’écorégion montagnarde et l’écorégion alpine sans arbres. Elle est divisée en régions subalpines inférieure (jusqu’à 2 000 m) et supérieure. La région subalpine inférieure couvre environ 27 % des trois parcs et est dominée par des forêts denses de pins tordus latifoliés, d’épinettes d’Engelmann et de sapins subalpins. La région subalpine supérieure forme 24 % des trois parcs et se caractérise par des épinettes d’Engelmann et des sapins subalpins matures, entrecoupés de prés à arbustes nains et de communautés caractéristiques des couloirs d’avalanche.
De 1 800 à 2 100 m d’altitude, on trouve des peuplements ouverts de pins à écorce blanche, de pins flexibles et de mélèzes. En raison de la suppression des incendies, des changements climatiques et de la mortalité attribuable à la rouille vésiculeuse du pin blanc, le pin à écorce blanche et le pin flexible risquent de disparaître des trois parcs. En 2012, le pin à écorce blanche a été déclaré espèce en voie de disparition et ajouté à l’annexe I de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a déterminé que le pin flexible était une espèce en voie de disparition, mais il doit encore être inscrit à l’annexe 1 de la LEP. Toutefois, il a été désigné espèce en voie de disparition en vertu de la Wildlife Act (2009) de l’Alberta.
L’écorégion alpine (de 2 100 à 3 400 m) couvre 38 % de la superficie des trois parcs, 35 % étant des rochers, des talus, des moraines et des glaciers. Cette région constitue généralement une barrière à la propagation du feu et offre des possibilités de confinement indirect des feux de forêt gérés afin d’en optimiser les avantages écologiques.
Figure 7 : Écorégions des parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho.
Régime des feux de végétation
Comme on peut le voir dans la figure 8, la fréquence historique des feux varie de 20 à 50 ans dans les forêts montagnardes, tandis que l’intervalle dans les forêts situées à une altitude légèrement plus élevée (région subalpine inférieure) était plus long, soit de 50 à 100 ans sur les versants sud et ouest et de 100 à 150 ans sur les versants nord et est. Les plus longs intervalles de récurrence des feux (400 ans) se trouvent dans les forêts anciennes de la région subalpine supérieure, où le climat et le manteau neigeux ont probablement un effet sur l’humidité et l’inflammation du combustible.
Dans les parcs nationaux Kootenay et Yoho, on définit des zones de référence de régime des feux à l’aide des groupements végétaux climaciques (figure 8), déterminées au moyen du système de classification biogéoclimatique des écosystèmes (Pojar et al. 1987). On utilise les recherches sur l’histoire du feu à l’intérieur des zones biogéoclimatiques pour déterminer le cycle de référence du feu.
Dans le parc national Banff, sur le versant est des Rocheuses canadiennes, les éclairs et les feux causés par la foudre sont peu fréquents; cependant, des études sur l’histoire du feu révèlent qu’il y avait souvent des incendies dans nombre de forêts montagnardes et subalpines de ce secteur avant les années 1880 et le début de la colonisation par les Européens et de la construction du chemin de fer. En outre, la majorité de ces incendies se sont produits pendant des périodes d’éclairs peu fréquents et avant la saison habituelle des importants orages d’été. Selon les hypothèses, cette incongruité entre la fréquence des feux et la saison des incendies serait attribuable à des activités de brûlage anthropique, les peuples autochtones de la région attirant les espèces de gibier dans le fond des vallées afin de les chasser (Pengelly, 1993). Le lien étroit entre la réduction du cycle du feu et les activités de brûlage anthropique est par ailleurs apparent dans les cycles du feu courts (25 ans) observés dans le sud de la vallée de la Kootenay et dans la vallée du Columbia, dans le parc national Kootenay (Gray et al., 2004).
L’altitude peut influencer, outre la fréquence des incendies, leur taille, leur intensité et leur gravité. Dans le fond des vallées, les feux étaient souvent plus petits, moins intenses et moins violents qu’en haute altitude; le brûlage anthropique au printemps pour créer un habitat pour les espèces de gibier peut avoir contribué à ces caractéristiques. Dans les régions subalpines inférieure et supérieure, les feux ne se sont probablement produits que les années où les conditions météorologiques et l’état du combustible favorisaient de vastes feux entraînant le remplacement des peuplements.
Habituellement, les incendies entraînant le remplacement des peuplements détruisent toute trace des feux d’intensité faible à moyenne antérieurs qui se sont produits dans le secteur. On peut utiliser les données historiques à partir de 1891 pour trouver les petits incendies (tableau 4). En raison de la suppression des feux, certains incendies peuvent avoir été plus petits que s’ils s’étaient produits naturellement; on peut toutefois utiliser ces données comme indication d’un début d’incendie dans le parc. Dans les Rocheuses canadiennes, 3 % des feux causés par la foudre comptent pour 95 % de la superficie brûlée (Johnson et Wowchuk, 1993). Selon les données historiques recueillies depuis 1891, 95 % de la superficie brûlée est attribuable à 5 % des feux de forêt survenus dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho au cours des 120 dernières années.
Taille de feu | ≤ 1,0 ha | 1,1-10 ha | 10-100 ha | 100-1000 ha | ≥ 1000 ha |
Nombre total de feux | 460 | 52 | 77 | 90 | 35 |
Des études ont montré qu’en raison de décennies de suppression des incendies et des changements climatiques, le régime naturel du feu a été modifié, passant de feux fréquents et d’intensité faible à moyenne à des feux peu fréquents mais d’intensité élevée. Par exemple, le feu de 2003 dans le secteur Verendrye du parc national Kootenay a incendié environ 16 000 ha, dont 41 % à un degré de gravité élevé.
Figure 8 : Secteurs de référence du régime du feu aux parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho.
Restauration des écosystèmes et recours au feu
Bien que la cible nationale de Parcs Canada associée à la CEZB soit le rétablissement de 20 % du cycle historique du feu, les plans directeurs des parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho fixent une cible beaucoup plus ambitieuse : l’atteinte de 50 % du cycle à long terme du feu.
Les évaluations de la CEZB sont pondérées par secteur, ce qui signifie que les défis liés au rétablissement du feu dans de grandes étendues de forêt où les cycles du feu sont longs influent différemment sur la note globale du parc, masquant ainsi le travail important de rétablissement du feu réalisé dans ces parcs des montagnes depuis le lancement du programme des brûlages dirigés, en 1983 (figure 9). L’écart actuel par rapport à la superficie brûlée au parc national Banff (2017) se situe à 82 % (tableau 5), et l’état des zones brûlées est jugé MAUVAIS. L’écart actuel par rapport à la superficie brûlée au parc national Yoho (2017) se situe à 90 % (tableau 6), et l’état des zones brûlées est jugé MAUVAIS. L’écart actuel par rapport à la superficie brûlée au parc national Kootenay (2017) se situe à 62 % (tableau 7), et l’état des zones brûlées est jugé PASSABLE.
Région de référence du régime du feu | Cycle du feu de référence (années) | Écart par rapport à la superficie brûlée (%) | Catégorie d’état des zones brûlées |
Subalpine inférieure | 150 | -87 | MAUVAIS |
Montagnarde | 50 | -66 | PASSABLE |
Ancienne forêt | 400 | -27 | BON |
Subalpine (pin tordu latifolié) | 100 | -79 | MAUVAIS |
Subalpine supérieure | 200 | -85 | MAUVAIS |
Résultat global pour le parc Banff | 82 | MAUVAIS |
Région de référence du régime du feu | Cycle du feu de référence (années) | Écart par rapport à la superficie brûlée (%) | Catégorie d’état des zones brûlées |
Zone montagnarde à épinette | 50 | -94 | MAUVAIS |
Zone subalpine à épinette d’Engelmann et à sapin subalpin | 150 | -89 | MAUVAIS |
Résultat global pour le parc Yoho | 90 | MAUVAIS |
Tableau 6 : Écart par rapport aux cycles historiques du feu en fonction de la classification biogéoclimatique des écosystèmes en 2017 – parc national Yoho
Région de référence du régime du feu | Cycle du feu de référence (années) | Écart par rapport à la superficie brûlée (%) | Catégorie d’état des zones brûlées |
Zone intérieure à douglas vert | 20 | -58 | PASSABLE |
Zone montagnarde à épinette | 50 | -81 | MAUVAIS |
Zone subalpine à épinette d’Engelmann et à sapin subalpin | 150 | -54 | PASSABLE |
Résultat global pour le parc Kootenay | 62 | PASSABLE |
Tableau 7 : Écart par rapport aux cycles historiques du feu en fonction des aires de gestion du feu en 2017 – parc national Kootenay
Figure 9 : Brûlages dirigés réalisés – parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho, 1983-2016
Outre la CEBZ, qui est la mesure à long terme du rétablissement du feu, Parcs Canada a récemment mis au point une mesure à moyen terme de la superficie brûlée pour évaluer l’efficacité de la gestion active au cours des deux dernières décennies. La figure 10 illustre à quel point le recours aux brûlages a augmenté la superficie brûlée après quatre décennies d’absence quasi totale de feux. Au cours des dernières années, il y a eu moins de brûlages dirigés comparativement à la superficie totale brûlée dans les parcs nationaux Kootenay et Yoho par rapport au parc national Banff en raison d’une superficie beaucoup plus grande brûlée par les feux de forêt (figure 11).
Le taux de rétablissement du feu en 20 ans pour le parc national Banff est de 45 %, ce qui se rapproche de la cible de 50 % établie dans le plan directeur du parc. La valeur de l’efficacité de la gestion sur 20 ans pour le parc Kootenay atteint 40 % et celle du parc Yoho, 6 %.
Les résultats de ces analyses sont importants pour déterminer les priorités d’intervention en matière de rétablissement et de gestion du feu, ainsi que pour rendre compte de l’efficacité globale des mesures et des politiques de gestion du feu adoptées à ce jour.
Figure 10 : Superficie brûlée par les feux de forêt (FF) et par les brûlages dirigés (BD) au parc national Banff par année, de 1910 à 2017
Figure 11 : Superficie brûlée par les feux de forêt (FF) et par les brûlages dirigés (BD) aux parcs nationaux Yoho et Kootenay par année, de 1902 à 2017
Planification du programme de travail
Pour les projets de brûlage dirigé et de gestion du combustible, il faut assurer la planification et établir un calendrier à l’avance pour s’assurer que tous les éléments nécessaires sont pris en considération. La section qui suit décrit en détail les plans de brûlage dirigé et de gestion du combustible (réalisés et conceptuels) pour les 5 à 10 prochaines années. Le nombre de brûlages dirigés prévus mentionnés dans le présent plan de gestion du feu dépasse le nombre d’aires de brûlage dirigé qui pourraient être visées au cours des 5 à 10 prochaines années. Cependant, en élaborant des plans pour un grand nombre de brûlages dirigés, les gestionnaires de parc peuvent établir les priorités et réaliser des brûlages dirigés en fonction d’objectifs multiples et profiter de conditions météorologiques favorables et de l’état du combustible adéquat au fil du temps. Le fait d’avoir de nombreux plans en cours d’élaboration ou achevés augmente la probabilité que les responsables de la gestion du feu puissent mettre en œuvre les plans et maintenir une souplesse opérationnelle si les priorités ou les ressources changent.
Les priorités en matière de brûlage dirigé sont fondées sur les directives que l’on trouve dans les plans directeurs des parcs nationaux. Les brûlages dirigés servent à atteindre de multiples objectifs, qu’ils soient de nature écologique (p. ex. amélioration de l’habitat) ou opérationnelle (p. ex. réduction des risques de feux de forêt). Ils sont planifiés de manière très minutieuse grâce aux méthodes éprouvées de prévision du comportement du feu et à l’expérience des spécialistes de la gestion du feu.
On considère que le processus de planification prend environ deux ans. Une fois que le brûlage dirigé a été retenu comme outil principal pour la restauration écologique ou la réduction des risques de feux de forêt, les responsables de la gestion du feu élaborent un plan conceptuel qui sera approuvé par la Division nationale de la gestion du feu. Si les principes et les objectifs du brûlage dirigé ne posent pas de problèmes majeurs, on élabore un plan détaillé comprenant la description des lieux, l’historique des incendies, la prescription, les opérations, les plans d’urgence et les communications. Ce plan complet doit être présenté aux équipes de gestion du parc national, recommandé par la Division nationale de la gestion du feu et le gestionnaire de la Conservation des ressources, puis approuvé par le directeur de l’unité de gestion. Parallèlement à l’élaboration du plan de brûlage dirigé, on prépare une évaluation d’impact de base. Ce document comprend les incidences environnementales et socioéconomiques ainsi que les mesures d’atténuation subséquentes qui sont nécessaires pendant la réalisation du brûlage dirigé. Pour la plupart des brûlages dirigés, une évaluation d’impact de base est suffisante; cependant, compte tenu du paysage politique complexe dans lequel se trouvent les trois parcs nationaux, des évaluations détaillées sont réalisées pour les brûlages dirigés qui sont susceptibles d’avoir des effets socioéconomiques ou écologiques importants. Pendant le processus de planification, le public, les nations autochtones, et les intervenants sont consultés pour s’assurer que l’on tient compte des préoccupations importantes.
Pour chaque brûlage dirigé, la prescription impose des conditions précises relativement au feu et au combustible qui doivent être respectées pour qu’un brûlage dirigé ait lieu. La Méthode canadienne d’évaluation des dangers d’incendie de forêt et la Méthode canadienne de prévision du comportement des incendies de forêt sont les principaux outils utilisés pour établir les prescriptions, lesquelles servent à définir les conditions nécessaires pour obtenir le comportement souhaité du feu afin d’atteindre les objectifs du brûlage dirigé.
En plus de la prescription, les plans de brûlage dirigé précisent comment le feu sera contenu dans les limites définies. Dans la mesure du possible, on utilise des barrières naturelles pour empêcher la propagation du feu; toutefois, dans certaines circonstances, il est nécessaire de modifier le combustible en ayant recours à des équipes au sol ou à de l’équipement. Le plan comprend toujours un plan d’urgence qui énonce les mesures de gestion à prendre si le feu se propage au-delà des limites définies.
Un plan opérationnel complet comprenant les besoins en ressources, les coûts, les stratégies et les tactiques fait également partie du plan. Les ressources pour l’allumage et le contrôle doivent être prises en considération dans le plan opérationnel.
Enfin, chaque plan de brûlage dirigé contient un plan de communication détaillé comprenant la liste des intervenants, les produits et les résultats escomptés.
Les brûlages dirigés sont réalisés par des équipes spécialisées en gestion du feu, dont les membres ont suivi une formation en allumage et en extinction des incendies. On ne procède à l’allumage qu’après avoir rempli un formulaire d’autorisation/interruption, lequel prévoit une rencontre avec le directeur de l’unité de gestion et la consultation de l’agent national de gestion du feu afin de s’assurer que toutes les mesures nécessaires ont été prises et que toutes les ressources sont en place.
Priorités pour la réalisation d’un brûlage dirigé
L’établissement des priorités en matière de brûlage dirigé est fondé sur un certain nombre de facteurs, dont les suivants : préparation contre les feux de forêt et protection des valeurs à risque (p. ex. brûlages dirigés en milieu périurbain ou pour servir de coupe-feu dans le paysage); objectifs et priorités écologiques (p. ex. restauration des prairies ou de l’habitat d’espèces fauniques); objectifs de rétablissement du feu dans le paysage (objectifs de rétablissement du cycle du feu de 50 %); gestion des terres aux limites du parc (p. ex. zones tampons de protection adjacentes aux terres provinciales).
À l’heure actuelle, plusieurs plans de brûlage dirigé sont terminés et approuvés ou en sont à l’étape de la conception (figures 12, 13 et 14; tableaux 8, 9 et 10).
Figure 12 : Brûlages dirigés prévus au parc national Banff de 2019 à 2029
Figure 13 : Brûlages dirigés prévus au parc national Yoho de 2019 à 2029
Figure 14 : Brûlages dirigés prévus au parc national Kootenay de 2019 à 2029
Tableau 8 : Priorités en matière de brûlage dirigé de 2019 à 2029 au parc national Banff
Tableau 9 : Priorités en matière de brûlages dirigés de 2019 à 2029 au parc national Yoho
Tableau 10 : Priorités en matière de brûlages dirigés de 2019 à 2029 au parc national Kootenay
Préparation aux feux de forêt et intervention
Protéger le public, l’infrastructure des parcs et les terres voisines contre les feux de forêt est la grande priorité du programme de gestion du feu de Parcs Canada.
Préparation aux feux de végétation
Analyse des risques de feu de végétation
Dans une évaluation nationale récente des risques d’incendie et des conséquences possibles, on a classé les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho dans la catégorie la plus élevée (risque de niveau 1 et conséquences de niveau 5) d’après la probabilité qu’un feu se produise et les conséquences éventuelles en ce qui a trait à la sécurité du public, aux pertes possibles d’infrastructures et à l’interruption des services essentiels. Les conséquences de niveau 5 sont définies comme suit : Probabilité importante de pertes de vies; blessures graves avec effets à long terme. Déplacement important de personnes pour une durée prolongée. Dommages substantiels aux propriétés (>10 maisons) dans la zone touchée. Dommages importants aux infrastructures causant des interruptions importantes de services essentiels pour une période prolongée. Répercussions importantes à long terme sur l’environnement.
On a recours à ce processus d’évaluation des risques pour déterminer le nombre et le type de ressources affectées à la gestion des capacités du parc pour l’intervention en cas de feu de forêt, les brûlages dirigés et la gestion du combustible forestier. Pour toutes les mesures de gestion du feu, Parcs Canada utilise le Système de commandement des interventions (SCI) pour déterminer le modèle organisationnel et les ressources qui conviennent à la complexité des incendies possibles. Selon l’évaluation des risques, les ressources à la ligne de feu de l’Unité de gestion Banff et de l’Unité de gestion du secteur de Lake Louise et des parcs nationaux Yoho et Kootenay doivent comprendre une organisation de type 3 du SCI appuyée par une équipe de quatre personnes qui se consacrent à lutte contre les incendies de type I et au moins 8 pompiers de type II et d’autres ressources associées à un poste du SCI (figure 15).
Figure 15 : Configuration du SCI d’une intervention typique lors d’un incident de type III – Des ressources sont requises de l’Unité de gestion Banff et de l’Unité de gestion du secteur de Lake Louise et des parcs nationaux Yoho et Kootenay, comme on l’aura déterminé dans le cadre d’un exercice national d’évaluation des risques.
Lorsque la complexité d’un incendie approche de la capacité d’une unité de gestion, des ressources à la ligne de feu peuvent être demandées par l’entremise de l’agent de service national et fournies à même les ressources de Parcs Canada ou les ressources interorganismes. L’Accord d’aide mutuelle en cas d’incendie de forêt et le Centre interservices des feux de forêt du Canada facilitent les échanges de personnel et d’équipement entre les organismes, tant à l’échelle nationale qu’internationale.
Zones de gestion du feu
Afin de garantir une intervention appropriée sur les plans social et écologique en cas de feu de forêt et une utilisation efficace des brûlages dirigés pour la gestion des feux de végétation à l’échelle du paysage, les trois parcs sont divisés en trois zones de gestion du feu, chacune ayant des objectifs de gestion distincts (figure 16). Ces zones sont délimitées en fonction des valeurs à risque, du comportement possible du feu et des caractéristiques défendables du paysage comme les coupe-feu, les rivières, les lacs et les crêtes rocheuses. Des protocoles particuliers pour la détection et le contrôle des feux sont établis pour chaque zone, sans oublier l’ensemble des tactiques à la ligne d’arrêt qui seront prises en considération. Les limites des zones sont mises à jour au besoin, en fonction des dernières mesures de gestion prises comme les brûlages dirigés et la construction de coupe-feu et les feux de forêt qui réduisent le risque général d’incendie et la nécessité d’adopter un éventail complet de tactiques de suppression.
Figure 16 : Zones de gestion du feu – parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho
Pour déterminer si un incendie sera un feu de forêt à intervention modifiée (c.-à-d. pas un feu à intervention complète qui est sujet à une suppression immédiate) dans les zones de gestion extensive ou intermédiaire, il faut tenir compte des éléments ci-dessous :
- conditions météorologiques propices aux incendies actuelles et prévues;
- conditions météorologiques actuelles et prévisions;
- niveaux de ressources locales, régionales et nationales.
Priorités locales, régionales et nationales
Zone de gestion intensive du feu (rouge)
Les zones de gestion intensives contiennent des collectivités, des infrastructures, des terres avoisinantes et d’autres valeurs qui pourraient être compromises par un feu de forêt. Dans ces zones, les feux de forêt sont gérés de façon prioritaire afin d’en limiter la propagation grâce à une gamme complète de tactiques. Des brûlages dirigés qui réduisent les risques d’incendie de forêt et les projets de réduction des combustibles peuvent être planifiés et réalisés au moyen de tactiques intensives pour atteindre des objectifs précis de gestion des risques et des objectifs écologiques. Les mesures de gestion visent à réduire les risques d’incendie et à limiter la propagation de l’incendie à un périmètre très limité.
Tactiques : détection rapide et attaque initiale. On peut utiliser des avions-citernes pour déverser de la mousse et des retardants à long terme. L’utilisation de bouteurs, de débusqueuses, de déchiqueteuses et d’autres équipements lourds est acceptable. Une gestion extensive du combustible sera effectuée dans cette zone. On peut laisser brûler les secteurs de faible priorité des grands incendies pour ancrer les lignes de confinement aux barrières naturelles.
Zone de gestion intermédiaire du feu (jaune)
Les zones de gestion intermédiaires sont adjacentes aux zones de gestion intensive et peuvent contenir un petit nombre d’installations ou d’infrastructures, pour lesquelles un examen attentif est nécessaire pour définir les activités de suppression modifiées. Dans ces zones, les incendies de forêt sont gérés de façon à limiter la propagation du feu à un périmètre défini, avec la possibilité d’atteindre des objectifs écologiques. Les brûlages dirigés sont planifiés et réalisés au moyen de tactiques qui respectent les objectifs de gestion des risques et les objectifs écologiques. Les périmètres d’incendie acceptables sont définis en fonction des barrières naturelles et artificielles et des considérations opérationnelles.
Tactiques : Une attaque indirecte est l’intervention privilégiée, à moins qu’il ne soit nécessaire, compte tenu du fardeau d’intervention régional, des prévisions météorologiques et des conditions d’humidité du combustible, de procéder à une suppression complète, comme on l’aura déterminé au cours du processus d’analyse du feu. Il pourrait y avoir des activités mécaniques de réduction du combustible dans de secteurs de petite et moyenne taille, autour des installations périphériques et le long des limites du parc.
Zone de gestion extensive du feu (vert)
Dans les zones de gestion extensive, les feux de forêt sont gérés avec un minimum d’intervention. Ces zones sont situées dans l’arrière-pays et sont inaccessibles en véhicule. L’infrastructure y est limitée et la fréquentation des secteurs par les visiteurs est faible.
Les brûlages dirigés sont planifiés et réalisés au moyen de tactiques qui respectent les objectifs écologiques et les objectifs de gestion des risques. Un plan de brûlage dirigé contenant une gamme limitée de tactiques est élaboré. Les mesures de gestion visent à contenir la propagation du feu dans la zone d’incendie.
Tactiques : La zone de gestion extensive est celle où les feux de forêt sont gérés en fonction de leurs avantages écologiques. Cette zone compte le plus de restrictions en ce qui concerne les tactiques de contrôle du feu, notamment le confinement indirect et un nettoyage limité. Le recours limité au déversement de réservoirs d’eau héliportés est acceptable, mais le recours aux avions-citernes est déconseillé. L’infrastructure périphérique sera protégée au moyen de tuyaux d’incendie, de systèmes de gicleurs et d’opérations de brûlage, dans la mesure du possible. La gestion du combustible sera limitée à de petits secteurs près des chalets dans l’arrière-pays.
Prévision des incendies de forêt et du comportement du feu
Aux fins de la prévision du comportement du feu, le couvert végétal des parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho a été classé selon un système national de types de combustibles forestiers conçu précisément pour prédire le comportement du feu (Taylor et al., 1997).
Tout au long de la saison des incendies, le personnel de la gestion du feu calcule l’indice forêt-météo à l’aide de la Méthode canadienne d’évaluation des dangers d’incendie de forêt (Taylor et al., 1997). Cet indice sert à mesurer l’humidité du combustible en fonction des conditions météorologiques (p. ex. humidité relative, température, vent et précipitation). Une fois cet indice calculé, il est possible de déterminer le danger d’incendie dans l’unité de gestion.
Des prévisions sont établies pour chaque type de combustibles à l’aide de modèles de simulation qui calculent la vitesse de propagation à la tête, la consommation de combustible, l’intensité du feu, la fraction consumée des cimes et la croissance éventuelle de l’incendie. Ces renseignements servent à déterminer le danger d’incendie et le risque d’incendie, à formuler des tactiques d’intervention, à élaborer des prescriptions pour les brûlages dirigés et à déterminer des stratégies de gestion du feu à l’échelle du paysage.
Les principaux types de combustibles que l’on trouve dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho sont les suivants (figure 17) :
- C2 – Pessière boréale
- C3 – Pins tordus à maturité
- C7 – Douglas verts
- D – Trembles
- O1 – Herbes
Cependant, on trouve aussi d’autres complexes de combustibles, dont C4 (pins immatures), et des combustibles du groupe des rémanents.
Figure 17 : Types de combustibles utilisés pour la prévision du comportement des feux de forêt – parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho
Danger d’incendie quotidien dans l’unité de gestion
Le danger d’incendie est déterminé à l’aide d’une matrice qui tient compte des éléments suivants :
- Saison (printemps/automne [herbes séchées] c. été)
- Combustible léger (à l’aide de l’indice du combustible léger – ICL)
- Quantité de combustible à brûler (à l’aide de l’indice du combustible disponible – ICD)
- Vitesse du vent
Les tableaux 11 à 14 présentent les matrices utilisées pour déterminer le danger d’incendie dans l’Unité de gestion Banff.
Tableau 11. Matrice du danger d’incendie au printemps et à l’automne (avant la feuillaison printanière, avec C7 – combustible de type douglas vert pour tenir compte des herbes séchées). Vents <15 km/h.
Tableau 12. Matrice du danger d’incendie au printemps et à l’automne (avant la feuillaison printanière, avec C7 – combustible de type douglas vert pour tenir compte des herbes séchées). Vents 16-30 km/h.
Tableau 13. Matrice du danger d’incendie en été (avec C3 – combustible de type pin tordu latifolié mature). Vents <15 km/h.
Tableau 14. Matrice du danger d’incendie en été (avec C3 – combustible de type pin tordu latifolié mature). Vents 16-30 km/h.
Lignes directrices sur la préparation
- nombre d’heures en service et en disponibilité pour le personnel de lutte contre les incendies de forêt (agent de gestion du feu, équipes de lutte contre les incendies et autres ressources de soutien);
- temps d’intervention minimum;
- niveaux de ressources minimum;
- aéronef et autres facteurs relatifs aux ressources;
- responsabilités en matière de signalement.
Le Service de répartition du parc national Banff recueille les signalements d’incendie et communique avec l’agent de gestion du feu (AGF), qui coordonne toutes les activités/opérations liées au feu : Service de répartition du parc national Banff : 403-762-4506 AGF (UG Banff) : 403-763-8025 AGF (UG LLYK) : 250-342-1059 |
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PRÉPARATION NIVEAU DE DANGER |
LIGNES DIRECTRICES SUR LA PRÉPARATION |
I FAIBLE |
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II MODÉRÉ |
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III ÉLEVÉ |
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IV TRÈS ÉLEVÉ |
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V EXTRÊME |
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V INCENDIE EN COURS |
Les ressources requises sont déterminées pour l’incendie (s’il se prolonge au-delà d’une période opérationnelle) au moyen de l’analyse du feu de Parcs Canada
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Prevention et detection
Les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho mettent l’accent sur l’éducation et la sensibilisation du public, la réduction des risques et le signalement/l’application pour réduire le risque d’effets négatifs des feux de végétation. La sensibilisation et l’éducation du public seront abordées dans la section sur les communications, la mobilisation du public et l’offre d’expériences aux visiteurs du plan. La présente section porte sur la réduction des risques de feu de végétation, les signalements et les questions liées à l’application.
Le tableau 16 présente les seuils des conditions météorologiques propices aux feux qui pourraient donner lieu à l’émission, par le directeur de l’unité de gestion, d’une ordonnance visant une interdiction de faire des feux, conformément à la Loi sur les parcs nationaux du Canada. Dans certaines circonstances, en fonction du danger d’incendie, du fardeau d’intervention régional et des considérations liées aux ressources, on peut envisager d’imposer une interdiction de faire des feux. L’annexe I présente une liste des appareils dont l’utilisation est autorisée pendant une interdiction de faire des feux.
Detection
Tout au long de la saison des incendies, le personnel de gestion du feu utilise une infrastructure et des logiciels de détection de la foudre pour surveiller la possibilité que des feux de forêt se déclenchent après des événements ayant donné lieu à des éclairs. Si les conditions liées au danger d’incendie sont propices au déclenchement de nouveaux incendies, des équipes de lutte contre les incendies seront déployées à bord d’un aéronef à voilure tournante ou fixe dans le cadre de vols de détection. Afin d’accroître la probabilité de détecter un feu allumé par des humains, il y a des patrouilles aériennes pour repérer la présence de fumée pendant les périodes où le danger d’incendie est élevé ou extrême.
Réduction des risques de feux de forêt
Depuis 1983, les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho travaillent en étroite collaboration avec les villes de Banff et de Canmore, les hameaux de Lake Louise et de Harvie Heights, le district municipal de Bighorn, les villages de Field et de Radium Hot Springs, les entreprises locales et les gouvernements de l’Alberta et de la Colombie-Britannique pour promouvoir tous les aspects de la protection des collectivités grâce au programme Intelli-feu (Partners in Protection, 2003) et ainsi réduire les risques que posent les feux de forêt aux collectivités et aux installations à l’intérieur et à proximité des trois parcs nationaux. Les efforts comprennent la gestion du combustible forestier (réduction du combustible), des plans d’intervention tactique, des lignes directrices sur les éléments d’architecture résistants au feu et des normes en matière d’aménagement paysager, de la formation interorganismes et des essais de compatibilité de l’équipement, de l’aide mutuelle pour intervenir en cas de feu, l’éducation du public et la communication.
En 2018, on avait réalisé des activités mécaniques de réduction du combustible forestier sur une superficie totale de 1 500 ha dans l’Unité de gestion Banff (Parcs Canada, 2017), soit 545 ha en milieu périurbain et 955 ha dans des coupe-feu placés stratégiquement dans le paysage (Parcs Canada, 2017). Aux deux lieux historiques nationaux de l’Unité de gestion Banff (Cave and Basin et Rocky Mountain House), on a recours à la gestion du combustible et aux brûlages dirigés pour aider à réduire les risques de feux de forêt. On a réalisé des activités de réduction du combustible près du lieu historique national Cave and Basin, et des brûlages dirigés ont été prévus ou réalisés au lieu historique national Rocky Mountain House (2016 et 2017).
Au parc national Yoho, on a procédé à la réduction mécanique du combustible forestier sur 241 ha (Parcs Canada, 2017), soit 44 ha en milieu périurbain et 198 ha dans des coupe-feu placés stratégiquement dans le paysage. Dans le parc national Kootenay, ce sont 15 ha en milieu périurbain et 273 ha de coupe-feu qui ont fait l’objet d’activités de réduction du combustible. Un résumé des projets Intelli-feu de réduction du combustible, achevés et proposés, à proximité des lotissements urbains des parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho est présenté aux figures 18, 19 et 20. Les travaux du programme Intelli-feu devraient s’étendre aux collectivités de Lake Louise et Field dès 2017-2018; cependant, les aires n’ont pas encore été planifiées en détail.
Les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho continueront de mettre au point d’importantes mesures proactives d’atténuation des risques d’incendie de forêt, notamment des plans d’intervention tactique, des lignes directrices sur les éléments d’architecture résistants au feu et des normes en matière d’aménagement paysager, de la formation interorganismes et des essais de compatibilité de l’équipement, de l’aide mutuelle pour intervenir en cas de feu, l’éducation du public et la communication, et des activités de réduction du combustible.
L’utilisation sécuritaire des brûlages dirigés et le confinement indirect des feux de forêt gérés au moyen de coupe-feu sont essentiels à la réduction du combustible et à l’atténuation des risques d’incendie, et seront utilisés dans certains secteurs. Lorsque le recours au brûlage dirigé entraîne des risques ou des effets inacceptables pour le public ou les valeurs à risque, les projets de gestion du combustible seront le principal outil de gestion du risque d’incendie de forêt.
Pour veiller à l’efficacité des aires de gestion du combustible, il sera nécessaire de mener des activités régulières de surveillance et d’entretien. La surveillance des aires qui ont été achevées devra comprendre l’évaluation de la quantité de débris ligneux grossiers et fins, des chablis et de la végétation qui se régénère. Si l’accumulation de combustible est telle que l’efficacité de l’aire est compromise, des activités d’entretien doivent être menées. Si l’entretien du combustible n’est pas adéquat (débroussaillage, empilage/brûlage des débris, brûlage extensif), les zones de réduction du combustible pourraient, en fait, devenir des zones qui augmentent le risque d’incendie de forêt pour une collectivité.
Étant donné le grand nombre d’activités de gestion du combustible qui ont été réalisées dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho, la priorité sera l’inventaire, l’évaluation et la surveillance des zones de gestion du combustible existantes, ainsi que le repérage et la priorisation de nouvelles zones où sont nécessaires des activités de réduction des risques d’incendie de forêt. Les priorités de mise en œuvre dans les trois parcs, en ce qui concerne le présent plan de gestion du feu, sont indiquées à l’annexe II.
Figure 18 : Aires de gestion du combustible achevées et prévues à proximité du lotissement urbain de Banff.
Figure 19 : Aires de gestion du combustible achevées et prévues à proximité de la collectivité de Lake Louise.
Figure 20 : Aires de gestion du combustible achevées et prévues à proximité de la collectivité de Field, en Colombie-Britannique.
Signalements et conformité (application)
Il est essentiel d’avoir un système efficace pour signaler les feux de forêt au moment où ils se déclarent afin de prévenir leur propagation. Les trois parcs disposent d’un système fiable pour acheminer les signalements de feux de forêt à l’agent de gestion du feu en service, ce qui suppose une étroite collaboration entre Parcs Canada et les systèmes provinciaux de signalement des feux de forêt et des urgences.
Intervention tactique en cas d’incendie de forêt
L’intervention tactique en cas de feu de végétation dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho est déterminée en fonction d’objectifs de gestion du feu comme la sécurité des personnes, l’intégrité écologique, les coûts économiques, la protection des installations, et le comportement prévu du feu (évalué par l’analyse des prévisions météorologiques, les types de combustibles, la topographie, etc.). Les conversations entre l’agent de gestion du feu et l’agent national de gestion du feu permettront de déterminer si une analyse du feu officielle est nécessaire. Une telle analyse définit la zone dans laquelle le feu sera contenu, les stratégies et les tactiques pour surveiller et contrôler le feu, et les points de déclenchement qui pourraient entraîner une modification de la stratégie ou une analyse poussée. L’analyse du feu tient compte de la zone de gestion du feu dans laquelle s’est déclenché l’incendie et, dans le cas de l’Unité de gestion du secteur de Lake Louise et des parcs nationaux Yoho et Kootenay, des valeurs actuelles de l’ICD et de la prescription. Cette analyse doit être approuvée par le directeur de l’unité de gestion avant que des mesures ne soient prises.
L’agent de gestion du feu de l’unité de gestion utilisera l’information tirée des observations des conditions météorologiques propices aux feux les plus récentes et les prévisions du comportement du feu pour déterminer le potentiel d’incendie de forêt et les stratégies et tactiques précises à utiliser. Les observations des conditions météorologiques propices aux feux proviendront de multiples stations météorologiques situées dans l’unité de gestion. À l’heure actuelle, l’Unité de gestion Banff compte trois stations permanentes et une station météorologique mobile à déploiement rapide (figure 21). L’Unité de gestion du secteur de Lake Louise et des parcs nationaux Yoho et Kootenay compte six stations permanentes et trois stations mobiles à déploiement rapide (figure 22). Ces stations météorologiques fournissent des renseignements à jour sur les conditions météorologiques et servent à calculer les indices forêt-météo pendant la saison des feux, conformément aux spécifications de la Méthode canadienne d’évaluation des dangers d’incendie de forêt (Turner et Lawson, 1978). Lorsque les feux de forêt ou les aires de brûlage dirigés ne sont pas à proximité d’une station fixe, ou que la station n’est pas représentative, une station à déploiement rapide sera installée sur le site pour fournir des renseignements exacts sur les conditions météorologiques et des indices forêt-météo propres à l’endroit.
L’ensemble des données météorologiques seront archivées dans une base de données sur les conditions météorologiques propices aux feux à des fins d’élaboration de prescriptions pour les brûlages dirigés et à des fins de recherche et de surveillance.
Figure 21 : Stations de météorologie forestière dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho.
Un agent de gestion du feu sera en service pendant la saison entière des feux, soit du 1er avril au 31 octobre (ou plus tard si les précipitations d’automne ne sont pas encore abondantes). Les équipes de lutte contre les incendies de type I seront fonctionnelles du 1er avril au 30 septembre chaque année. Du 30 septembre au 31 octobre, les interventions de type I seront limitées. Toute ressource de type I requise après le 30 septembre sera obtenue par l’importation de ressources. La figure 22 montre le calendrier type des activités de gestion du feu et la disponibilité des ressources pendant l’année.
Figure 22 : Calendrier type des activités et de la disponibilité des ressources aux parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho.
Des plans d’intervention tactique pour des scénarios de feu de forêt particuliers ont été élaborés pour protéger les collectivités, d’autres installations et les terres voisines. Le plan d’intervention tactique de la Ville de Banff (Ville de Banff, 2007), le plan des opérations de lutte contre les feux de forêt de Field (2009) et le plan des opérations de lutte contre les feux de forêt de Lake Louise (2007) présentent chacun des tactiques précises pour la protection des valeurs dans les limites de la ville et désignent des aires de rassemblement, des centres d’accueil et des voies d’évacuation.
Il existe par ailleurs des plans d’évacuation en cas de feu de végétation pour tous les terrains de camping et les installations commerciales périphériques dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho. Leur mise en œuvre sera recommandée par l’agent de gestion du feu de l’unité de gestion si un incendie de forêt risque d’atteindre une installation ou un lieu. La mise en œuvre des procédures d’évacuation dans les secteurs éloignés (p. ex. terrains de camping dans l’arrière-pays) sera dirigée par l’équipe de la sécurité des visiteurs de Parcs Canada. Dans la ville de Banff, l’évacuation sera dirigée par le service d’incendie de la Ville de Banff, tandis que dans le hameau de Lake Louise, elle sera dirigée par Parcs Canada et la Gendarmerie royale du Canada (GRC). L’évacuation des installations commerciales périphériques est dirigée par le propriétaire/l’exploitant de l’installation (p. ex. téléphérique de Banff) avec le soutien de Parcs Canada (p. ex. via ferrata, domaines à bail des stations de ski, chalets dans l’arrière-pays). Toutes les recommandations d’évacuation seront approuvées par le directeur de l’unité de gestion (ou son remplaçant) et seront exécutées au moyen de communications avec l’agent de gestion du feu et le commandant d’intervention affecté à l’incident.
Ressources en personnel
Les équipes nationales de gestion des incidents (ENGI) sont principalement chargées d’intervenir en cas de feu de végétation et de réaliser les brûlages dirigés, mais elles peuvent aussi être déployées lors d’incidents ou d’événements d’envergure nationale (p. ex. en cas d’inondation). En plus des responsabilités propres à une unité de gestion, l’Unité de gestion Banff et l’Unité de gestion du secteur de Lake Louise et des parcs nationaux Yoho et Kootenay doivent chacune affecter au moins six personnes au programme des ENGI. Même si la responsabilité première liée à la gestion du feu incombe à la Conservation des ressources, l’unité de gestion doit contribuer au programme intégré des ENGI en affectant du personnel de diverses fonctions.
Au sein des programmes de gestion du feu de l’Unité de gestion Banff et de l’Unité de gestion du secteur de Lake Louise et des parcs nationaux Yoho et Kootenay, les postes ci-dessous contribueront directement au programme des ENGI.
- PC-03 – Spécialiste du feu et de la végétation
- EG-05 – Agent/agente de la gestion des incendies
- EG-04 – Spécialiste du rétablissement de la végétation
- EG-03 – Technicien/technicienne du feu
Outre ces quatre employés faisant partie de l’équipe de lutte contre les incendies, deux autres employés sont nécessaires pour satisfaire aux exigences en matière de soutien de chaque unité de gestion à l’égard du programme des ENGI. Dans le passé, des agents d’information sur les incendies des fonctions Relations externes ou Expérience du visiteur ont fait partie d’une ENGI. L’équipe de direction de l’unité de gestion s’assurera que les contributions minimales au programme des ENGI sont satisfaites chaque année. Les personnes désignées comme ressource d’une ENGI doivent être disponibles pour des quarts de travail pendant la saison des feux, au cours de laquelle elles peuvent être déployées jusqu’à 14 jours à la fois (sans compter le déplacement).
Les équipes de lutte contre les incendies de type I sont en mesure d’intervenir efficacement et en toute sécurité, peu importe le type de feu de végétation. L’Unité de gestion Banff aura une équipe de type I (4 personnes) et l’Unité de gestion du secteur de Lake Louise et des parcs nationaux Yoho et Kootenay en comptera deux (8 personnes au total).
Les équipes de lutte contre les incendies de type II sont en mesure d’intervenir efficacement et en toute sécurité lors de feux de faible intensité (catégories d’intensité 1 et 2). L’Unité de gestion Banff l’Unité de gestion du secteur de Lake Louise et des parcs nationaux Yoho et Kootenay veilleront à avoir chacune au moins 20 membres de l’équipe de type II disponibles pour intervenir en cas d’incendie.
Accords d’aide mutuelle
Bien que Parcs Canada conserve les responsabilités et les pouvoirs relatifs à la gestion des feux de forêt à l’intérieur des parcs nationaux Banff, Yoho et Kootenay, des secteurs relevant des provinces de l’Alberta et de la Colombie-Britannique sont situés près des limites de ces parcs. Ainsi, il est nécessaire d’avoir des accords d’aide mutuelle pour préciser la gestion des feux de végétation dans ces secteurs.
Des protocoles d’entente entre Parcs Canada et les provinces de l’Alberta et de la Colombie-Britannique concernant la gestion des feux de végétation dans la zone située aux limites du parc national et des terres provinciales (APC-AB, 2009; APC-CB, 2005) sont en vigueur et sont révisés chaque année. Ces documents décrivent les approches de coopération pour la gestion des incendies relativement à ce qui suit :
- signalement/découverte d’un feu;
- responsabilités;
- responsabilité relative à la compétence simple et double;
- prelations financières et conditions de remboursement;
- presponsabilité;
- planification de la gestion du feu et de la végétation;
- planification de la prévention des incendies.
Les protocoles d’entente actuels ne comprennent pas le lieu historique national Rocky Mountain House, mais Parcs Canada travaille avec le gouvernement de l’Alberta pour veiller à ce qu’il y ait une intervention rapide en cas de feu de forêt au lieu historique grâce aux services régionaux et provinciaux de lutte contre les incendies de forêt.
Formation
Parcs Canada est membre du Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC), qui établit les normes nationales de certification et de formation en matière de lutte contre les feux de forêt. L’Agence souscrit aux efforts nationaux de certification, de normalisation et d’éducation conformément aux directives du CIFFC et suit les normes de formation du CIFFC lorsqu’elle fournit ou demande de l’aide pour des feux de forêt nécessitant d’importants efforts de gestion. La Division nationale de gestion du feu de Parcs Canada a préparé un manuel de qualification (procédure opérationnelle normalisée) et les exigences minimales en matière de formation et d’expérience énoncées dans ce manuel s’appliqueront à tout le personnel de lutte contre les incendies, y compris aux membres des équipes de gestion des incidents.
Les membres des équipes de lutte contre les incendies de type I recevront la formation et les certifications ci-dessous :
- Cours à l’intention des membres d’une équipe de lutte contre les incendies du CIFFC (S-130 si la formation est donnée par l’APC)
- SCI 100
- Attestation de formation à la sortie en vol stationnaire
- Entraînement physique intensif de Parcs Canada (WFX-Fit)
- Examen médical de catégorie II – lieu de travail
- Transport de marchandises dangereuses et Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail
- Secourisme en milieu sauvage (minimum de 40 heures)
Les responsables d’équipe de lutte contre les incendies de type I suivront aussi le cours SCI 200 et le cours de responsable d’équipe du CIFFC (Formation de niveau intermédiaire sur la gestion des feux de forêt). Pour permettre aux deux unités de gestion de satisfaire aux exigences nationales pour les ENGI et le personnel de gestion du feu de type III (pour gérer une intervention de type III), des occasions de formation et de certification seront régulièrement offertes à divers employés de différentes fonctions. La section de la gestion du feu et de la végétation tient une base de données de tout le personnel de type III prêt à intervenir et de tous les membres éventuels d’une ENGI dans l’unité de gestion; cette base de données est mise à jour annuellement. Les membres des équipes de lutte contre les incendies de type II recevront la formation et les certifications ci-dessous :
- Examen médical de catégorie III – lieu de travail
- Test de condition physique (niveau modéré) de Parcs Canada
- Cours à l’intention des membres d’une équipe de lutte contre les incendies du CIFFC (Formation de base en gestion des feux de forêt)
- SCI 100
- Transport de marchandises dangereuses et Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail
Dans la mesure du possible, le programme de gestion du feu paiera la formation suivie par les membres des ENGI et des équipes de type II afin d’accroître le nombre de ressources disponibles.
En plus de ces exigences minimales, les unités de gestion appuieront les possibilités de perfectionnement professionnel (non obligatoires) des personnes dont les gestionnaires approuvent la participation additionnelle à l’équipe nationale de gestion des incidents ou d’autres rôles spécialisés pour contribuer au programme de gestion du feu. Ces possibilités de formation supplémentaire comprennent, sans s’y limiter, ce qui suit :
- SCI 200, 300 et 400
- Formation de niveau intermédiaire sur la gestion des feux de forêt
- Cours avancé sur le comportement des incendies de forêt
- pécialiste du comportement des feux de végétation
- Formation à l’intention des agents d’information sur les incendies
- Formation SCI propre au poste
- Formation à l’intention des spécialistes de l’allumage
Recherche écologique et surveillance des effets des incendies
Parcs Canada administre un programme de gestion du feu à volets multiples et fondé sur la science. Le programme de recherche et de surveillance aide les responsables de la gestion du feu à évaluer la santé des écosystèmes ainsi que les effets des mesures de gestion sur les composantes des écosystèmes. Bien que certains éléments du programme soient fondés sur des exigences nationales en matière de rapports généralement appliquées pour la base de données du Centre d’information sur les écosystèmes (CIE), d’autres sont conçus pour répondre à des questions précises concernant des défis environnementaux ou pour corriger un manque de connaissances en sciences des incendies. Certains projets de recherche plus spécifiques réalisés dans les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho portaient sur des sujets comme :
- les effets du feu sur la qualité de l’habitat du grizzli;
- les effets des brûlages dirigés, des feux de forêt et du broutage par les bisons sur les invertébrés aquatiques, la qualité de l’eau et l’habitat des poissons;
- les effets du feu et de diverses méthodes de contrôle sur la propagation de l’épervière orange;
- les effets du feu sur la dynamique des populations de dendroctones du pin ponderosa;
- les effets de deux méthodes d’exploitation forestière et de brûlages dirigés sur le comportement du feu et le rétablissement de la végétation indigène;
- les effets du feu et du broutage sur l’habitat d’alimentation du wapiti.
La collaboration avec les universités, d’autres organismes gouvernementaux, des groupes environnementaux et des programmes de bénévoles en science citoyenne joue un rôle central dans le programme de recherche. L’information ainsi obtenue est essentielle à la prise de décisions éclairées, à la gestion adaptative et à la présentation en temps opportun de rapports au public canadien sur l’état écologique des parcs nationaux.
Mobilisation des Autochtones
Comme l’a déclaré la ministre de l’Environnement et des Changements climatiques en 2017, « Les peuples autochtones sont les premiers gardiens de l’eau, de l’air et des terres, et nous devons travailler en collaboration afin de protéger notre environnement. » À la suite de cette déclaration et de l’engagement du gouvernement à l’égard de la réconciliation, Parcs Canada continuera de chercher des occasions de mobiliser activement les nations autochtones intéressées dans le cadre de programmes de gestion du feu dans les trois parcs nationaux. D’après les documents historiques, il est bien connu que les peuples autochtones de nombreuses régions de l’Amérique du Nord utilisaient couramment le feu comme outil pour attirer la faune dans les vallées afin de faciliter la chasse et de maintenir les prairies ouvertes. Il est essentiel d’offrir aux Autochtones la possibilité de participer au programme de gestion du feu pour assurer le succès d’un programme qui respecte non seulement ce lien historique, culturel et écologique à la gestion du feu, mais aussi leurs liens généraux avec le paysage dans son ensemble.
La mobilisation des Autochtones et leur participation au programme de gestion du feu seront fondées sur les intérêts de chaque nation autochtone. La détermination de ces intérêts et de la façon dont ils s’intégreraient dans la planification et la mise en œuvre du programme de gestion du feu constitueront un élément clé du programme de mobilisation des Autochtones.
Public | Interests |
Canadiens dans les marchés cibles (vallée de la Bow, vallée du Columbia,
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Visiteurs des parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho
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Résidents, collectivités, entreprises locales Ville de Banff, Hameau d’Harvie Heights, Ville de Canmore, DM de Bighorn, Hameau de Lake Louise, district en voie d’organisation no 9, localité de Field, Village de Radium Hot Springs, Ville de Golden, entreprises de la vallée du Columbia et exploitants commerciaux touristiques périphériques |
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Stakeholders and Partners
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Jeunes et établissements d’enseignement
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Personnel de Parcs Canada
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Autochtones
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Buts, objectifs et stratégies – Relations externes et Expérience du visiteur
But : Informer
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Objectifs |
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Public | Canadiens, visiteurs des parcs, intervenants | |
Stratégies | Relations externes |
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Expérience du visiteur |
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But : Mobiliser
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Objectifs |
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Public | Intervenants/partenaires, nations autochtones, résidents/collectivités et entreprises locales, jeunes et établissements d’enseignement |
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Strategies | Relations externes |
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Expérience du visiteur |
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But : Améliorer les communications et processus internes |
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Objectifs |
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Audience | Parks Canada staff in Yoho, Kootenay and Banff national parks |
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Strategies | Relations externes |
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Messages clés
- Grâce à son programme de gestion du feu, l’Agence Parcs Canada s’est engagée à assurer la sécurité du public et à réduire les risques de feux de forêt. La sécurité des personnes et des installations est une priorité absolue, et nous centrons nos efforts de suppression sur les incendies où des valeurs sont à risque.
- Parcs Canada est un chef de file dans le domaine de la gestion du feu : nos travaux de gestion, de protection des installations et de restauration des écosystèmes reposent sur des décennies d’expérience et de recherche.
- Le Programme de gestion du feu réduit les risques que posent les feux de forêt pour les personnes et les infrastructures grâce à la planification et à la mise en œuvre minutieuses de projets de réduction du combustible et de brûlages dirigés.
- Les spécialistes du feu et de la végétation de Parcs Canada sont des professionnels chevronnés dont l’expertise en gestion du feu est recherchée par d’autres organismes et ministères, à l’échelle provinciale, nationale et internationale.
- Le feu est une composante d’un écosystème sain - Il renouvelle la forêt et les prairies en réduisant le combustible, en libérant des nutriments et en favorisant la création d’une mosaïque d’écosystèmes qui soutiennent la faune et la végétation des parcs nationaux des Rocheuses.
Références citées
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Kafka, V. et D. Perrakis. 2003. Area Burned by Condition Class (ABCC) Compendium. Ottawa (Ontario). Agence Parcs Canada. 32 p.
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Parcs Canada. 2017. National Fire Management Communications Strategy 2017-2018. Agence Parcs Canada. 9 p.
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Partners in Protection. 2003. FireSmart: Protecting your Community from Wildfire. Edmonton (Alberta). Partners in Protection.
White, C. 1985. Banff Field Unit Fire Management Plan. Banff (Alberta). Agence Parcs Canada.
Annexe I : Appareils dont l’utilisation est autorisée pendant une interdiction de faire des feux
Une interdiction totale de faire des feux vise TOUS les feux à ciel ouvert, À L’EXCEPTION de l’utilisation de ce qui suit, pourvu que ces appareils ne soient jamais laissés sans surveillance et qu’ils soient certifiés par l’Association canadienne de normalisation (Groupe CSA) ou par Underwriters Laboratories (UL) :
- foyers portatifs au propane;
- barbecues et réchauds au gaz ou au propane conçus pour cuire ou réchauffer les aliments;
- lampes alimentées au gaz ou au propane (flamme protégée);
- appareils de chauffage pour terrasse (au propane, à catalyse ou à infrarouge/rayonnement).
Annexe II : Zones de gestion du combustible proposées pour les parcs nationaux Banff, Kootenay et Yoho
Banff
Kootenay
Yoho
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