Projet de remise en état du ruisseau Cascade

Parc national Banff

Au cœur du parc national Banff coule le ruisseau Cascade, un petit cours d’eau au centre d’un vaste projet de remise en état qui dure depuis presque une décennie. Redonner à ce ruisseau sa gloire d’antan est le fruit d’une collaboration permanente entre Parcs Canada, Trans-Alta, la Ville de Banff et le ministère des Pêches et des Océans. La remise en état du ruisseau Cascade est l’une des étapes du rétablissement des populations de poissons indigènes dans les écosystèmes aquatiques de Banff.

Vue aérienne du ruisseau Cascade.
Vue aérienne du ruisseau Cascade.

Petit ruisseau, grande mission

Le ruisseau Cascade faisait autrefois partie de la rivière Cascade, et il a été créé lorsque le tronçon de 9 km du cours inférieur de la rivière Cascade a été réduit à un filet d’eau par la construction du barrage du lac Minnewanka en 1941. Cette réduction radicale du débit a complètement modifié l’écosystème aquatique en aval. Le nouveau ruisseau Cascade s’est asséché à mi-chemin de l’endroit où il se jetait dans la rivière Bow. En raison de la diminution du débit d’eau, les sédiments fins de la rivière ont commencé à s’accumuler. En conséquence, les sédiments ont recouvert le lit autrefois rocheux du cours d’eau, empêchant les espèces de truites indigènes telles que la truite fardée versant de l’ouest et l’omble à tête plate de frayer dans le lit désormais boueux du cours d’eau.

Redresser le cap

Parfois, même les meilleures intentions peuvent avoir des effets négatifs à long terme sur l’environnement. Les populations de poissons non indigènes envahissantes étaient déjà établies dans le ruisseau Cascade en raison de l’intervention humaine avant la construction du barrage du lac Minnewanka en 1941. L’empoissonnement, faisait autrefois partie de l’histoire du parc national Banff, mais ces pratiques ont cessé après la construction du barrage.

En raison de l’accumulation non naturelle de sédiments dans le lit de la rivière, les populations de poissons indigènes ont souffert de la perte croissante de leur habitat, qui a été exacerbée par la compétition avec les espèces de poissons non indigènes présentes dans le parc national. N’ayant plus accès aux eaux propres, froides et reliées des rivières Bow et Cascade dont elles dépendaient autrefois, les truites indigènes ont été lentement chassées de leur habitat par l’omble de fontaine non indigène, qui prospère dans les eaux riches en sédiments.

Les effets du barrage étaient évidents pour les scientifiques observateurs, mais les efforts de remise en état se heurtaient encore à de nombreux obstacles. Les sédiments fins qui rendent les eaux boueuses peuvent être éliminés grâce à un débit d’eau plus élevé, mais il n’était tout simplement pas possible de ramener le débit de la rivière à ses niveaux historiques. La voie à suivre était aussi trouble que les eaux du ruisseau Cascade…

La nature trouve toujours son chemin

Dans son Plan directeur du parc national Banff de 2010, Parcs Canada a décidé d’étudier les moyens d’améliorer l’intégrité écologique du ruisseau Cascade grâce à la remise en état du milieu aquatique. Des travaux ont été entrepris pour remettre en état soigneusement le cours d’eau, mais, en 2013, dame Nature est intervenue pour accélérer ces travaux! Lors d’une inondation historique dans le sud de l’Alberta, le déversoir du barrage du lac Minnewanka a été ouvert pour la toute première fois afin d’empêcher l’inondation de ce dernier. Les eaux du lac se sont alors déversées dans le ruisseau Cascade. Ce puissant torrent s’est engouffré dans le ruisseau, balayant les sédiments fins qui obstruaient ses eaux!

2 images montrent des employés de Parcs Canada debout dans le ruisseau Cascade avant et après l'inondation pour démontrer l'augmentation du débit d'eau.
Chenal du ruisseau Cascade avant (à gauche) et après (à droite) l'inondation historique de 2013.

 

Bien que destructeur pour le chenal du cours d’eau en soi, cet événement a été un catalyseur pour la remise en état du ruisseau Cascade. Après l’inondation, les anciens ponceaux sous-dimensionnés ont été remplacés par des ponceaux plus grands qui permettent le passage du poisson. En collaboration avec les partenaires du projet, l’infrastructure du barrage a été améliorée pour permettre un débit légèrement plus élevé dans le ruisseau. L’augmentation du débit et les efforts de remise en état ont permis à la couche aquifère de se recharger et de reconnecter le ruisseau Cascade à la rivière Bow!

Conduite d’évacuation améliorée de TransAlta au barrage Minnewanka et le nouveau ponceau à dalot de la route Minnewanka
Conduite d’évacuation améliorée de TransAlta au barrage Minnewanka (à gauche) et le nouveau ponceau à dalot de la route Minnewanka (à droite).

Recréer un habitat pour la truite fardée versant de l’ouest dans le ruisseau Cascade

Les principaux obstacles à la remise en état ayant été emportés par les eaux de crue, Parcs Canada est passé à l’action. L’objectif était de restaurer le chenal du ruisseau Cascade et de permettre à la truite fardée versant de l’ouest d’y retourner. Bob Newbury (Ph. D.), expert renommé de la remise en état de cours d’eau, a été chargé de concevoir un chenal avec des seuils, des mouilles et des sections rocheuses afin de créer des milieux capables de soutenir tous les stades du cycle biologique de la truite fardée versant de l’ouest. Une excavatrice a été utilisée pour restaurer le chenal selon les spécifications de Bob Newbury. Au total, trois sections rocheuses et 14 combinaisons de seuils et de mouilles ont été aménagées sur une portion de 4 km du ruisseau Cascade.

Une petite excavatrice est utilisée sur le côté de Cascade Creek.
Création d'un seuil.
Vue du ruisseau Cascade avec des rapides visibles dans l'eau claire.
Séquence complète d'un riffle et d'une mouille dans le ruisseau Cascade.
Vue d'une barrière rocheuse à l'extrémité aval du ruisseau Cascade.
Barrière à poissons à l'extrémité aval du ruisseau Cascade.

Les mouilles et les seuils offrent maintenant aux truites une variété de types d’habitats, leur permettant de se nourrir, de se reposer et de pondre des œufs. Les rochers placés le long du chenal créent une structure et un endroit où la truite fardée versant de l’ouest peut se cacher des prédateurs. Grâce au réaménagement du lit du ruisseau et à l’augmentation du débit, l’eau du ruisseau Cascade est froide et reliée aux autres sections d’habitat. Enfin, une chute abrupte a été construite à l’extrémité aval du cours d’eau afin d’empêcher les poissons non indigènes de remonter le courant et d’envahir cet habitat nouvellement remis en état.

Inspection de l’habitat

Avant de pouvoir réintroduire la truite fardée versant de l’ouest dans son habitat fraîchement remis en état, Parcs Canada doit s’assurer que l’écosystème du ruisseau Cascade est « conforme aux normes » et capable de l’accueillir à long terme.

Voici quelques-uns des moyens mis en œuvre par les scientifiques de Parcs Canada pour assurer le succès de la truite fardée versant de l’ouest dans son habitat nouvellement rétabli :

  • Élimination de l’omble de fontaine envahissant du ruisseau Cascade par la pêche électrique. Cette opération a été suivie de relevés en apnée et d’une pêche électrique continue pour s’assurer que les ombles de fontaine non indigènes avaient été complètement éliminés.
  • La surveillance des invertébrés benthiques (les minuscules organismes qui vivent dans les galets au fond des rivières) peut nous en apprendre beaucoup sur la santé d’un plan d’eau. Comme la truite fardée versant de l’ouest se nourrit d’insectes, le fait de trouver une population d’invertébrés en bonne santé dans le ruisseau Cascade nous permet de nous assurer qu’elle aura de la nourriture en abondance et que le ruisseau est en bon état.
  • La qualité de l’eau est importante pour les poissons! L’analyse de l’eau a montré que la chimie de l’eau du ruisseau était adaptée à la réintroduction de poissons indigènes. La surveillance continue permet à Parcs Canada d’être à l’affût des problèmes possibles liés à la santé des cours d’eau.
  • La santé des cours d’eau va loin… loin sous terre!La relation entre l’eau de surface du ruisseau et les puits d’eau souterraine est réciproque; l’eau circule entre les deux dans un cycle complexe. Nous avons constaté que cette relation est fluide dans le ruisseau Cascade; les eaux souterraines alimentent le ruisseau à certains endroits et lui permettent de s’écouler à d’autres. Cela permet de réguler la température du cours d’eau et de maintenir la connectivité en cas de faible débit.
  • Les scientifiques de Parcs Canada mènent plusieurs activités de surveillance dans une série de 3 images.
    Exemples de méthodes de surveillance pour l'inspection de l'habitat du ruisseau Cascade, y compris les enquêtes par pêche électrique (à gauche), les enquêtes par plongée en apnée effectuées la nuit (au milieu) et les filets de pêche pour échantillonner les invertébrés benthiques (à droite).
  • La surveillance de la température du ruisseau permet de s’assurer qu’elle est adaptée à la truite fardée versant de l’ouest tout au long de son cycle biologique, soit que la température est optimale pour le frai et que la saison de croissance est suffisamment longue pour les jeunes truites. La température de l’eau du ruisseau Cascade répond à ses besoins, avec une certaine marge de manœuvre pour tenir compte des fluctuations des températures estivales des cours d’eau liées au changement climatique.
  • La complexité de l’habitat (le degré d’interaction entre les truites et leur nouvel environnement) est déterminée par de nombreux facteurs. Pour s’assurer que tout est parfait pour la truite fardée versant de l’ouest du ruisseau Cascade, on a vérifié chacun de ces facteurs.
  • Le débit est l’un des derniers éléments de l’inspection de l’habitat. L’eau doit circuler en quantité suffisante dans le ruisseau pour que les sédiments fins restent en mouvement. Parcs Canada a recueilli des données pour déterminer la façon dont les sédiments sont transportés le long du ruisseau. Bien que le débit d’eau froide actuel puisse répondre aux besoins de la truite fardée versant de l’ouest, la surveillance continue et l’analyse du débit montreront si des modifications seront nécessaires une fois que la truite fardée versant de l’ouest aura été réintroduite. La présence de truites dans le cours d’eau permettra aux scientifiques de voir comment les truites réagissent aux changements du débit et de procéder à des modifications en fonction de l’évolution de la population de poissons.

Semer les graines d’un ruisseau sain

Des mains gantées plantent un petit arbuste dans un sol rocailleux.
Restauration de la zone riveraine du ruisseau Cascade.

La remise en état des rives est un effort qui se poursuit depuis les inondations de 2013 qui ont dévasté les berges des cours d’eau. Des arbustes, des arbres, des graminées et d’autres plantes à fleurs indigènes sont plantés sur les berges afin de fournir un abri supplémentaire aux poissons, de stabiliser les berges nouvellement aménagées et de contribuer à réguler la température du cours d’eau. Les efforts des spécialistes des milieux aquatiques de Parcs Canada et des bénévoles passionnés ont permis de réaliser des progrès étonnants en éliminant la végétation non indigène et en plantant des espèces indigènes afin de favoriser une zone riveraine saine dans les années à venir!

 
Vue sur le cours supérieur du ruisseau Stoney.
Vue sur le cours supérieur du ruisseau Stoney.

Approvisionnement en truites fardées versant de l’ouest pour le ruisseau Cascade

Le prochain défi pour le retour de la truite fardée versant de l’ouest dans le ruisseau Cascade a été de trouver d’où elle proviendrait! La truite fardée versant de l’ouest de cette région a évolué pendant des milliers d’années pour s’adapter parfaitement aux conditions difficiles de son habitat montagnard. Cependant, les pratiques antérieures d’empoissonnement dans le parc ont conduit à l’hybridation avec d’autres espèces de truites, ce qui a entraîné une diminution importante des populations de truites fardées du versant de l’ouest génétiquement pures dans le parc national Banff.

Parcs Canada a analysé les poissons sur le plan génétique afin de trouver des populations candidates adéquates pour rétablir une population saine dans le ruisseau Cascade. Mais comment effectuer l’analyse génétique d’un poisson? Pour analyser la génétique des poissons, un petit échantillon de tissu a été prélevé sur la nageoire anale et envoyé à un laboratoire à la fine pointe de la technologie spécialisé en génétique des truites, à l’Université du Montana. Cette analyse génétique nous a permis de confirmer que la population de truites fardées versant de l’ouest introduite dans le ruisseau est génétiquement pure et a une correspondance ancestrale avec la population du cours supérieur de la rivière Bow, ce qui garantira que cette population s’adapte aux conditions rencontrées dans le ruisseau Cascade.

En fonction de cette analyse, Parcs Canada a retenu deux populations de donneurs qui répondent aux critères génétiques :

  1. Cours supérieur du ruisseau Stoney
  2. Lac Marvel
2 Des scientifiques de Parcs Canada prélèvent des truites fardées versant de l’ouest en vue d'un échantillonnage génétique.
Échantillonnage de la truite fardée versant de l'ouest pour la génétique dans le ruisseau Stoney.

 

Les spécialistes des milieux aquatiques de Parcs Canada ont également analysé ces deux populations pour détecter les agents pathogènes à risque élevé afin d’éviter de transmettre des maladies causées par les poissons à de nouveaux plans d’eau. Cela permet également de donner aux poissons les meilleures chances de survie lorsqu’ils sont déplacés dans le ruisseau Cascade. Les échantillons ont été envoyés au laboratoire de pathologie des poissons de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard pour y être soigneusement analysés. Les deux populations se sont révélées exemptes de tout pathogène préoccupant, y compris l'agent parasitaire du tournis des truites (Myxobolus cerabralis)..

Après avoir constaté que ces populations sont exemptes de maladies et qu’elles sont adaptées aux caractéristiques génétiques locales du cours supérieur de la rivière Bow, il est maintenant temps de procéder à la réintroduction dans le ruisseau Cascade!

Quelle est la prochaine étape du projet de remise en état du ruisseau Cascade?

Une truite fardée du versant ouest se repose sur le lit de la rivière sous l'eau.
Une truite fardée versant de l'ouest de la population du ruisseau Stoney, relâchée après l'échantillonnage génétique.

Une livraison spéciale pour le ruisseau Cascade

Pour ramener la truite fardée versant de l’ouest dans le ruisseau Cascade, Parcs Canada prélèvera des gamètes (œufs et laitance) des poissons des populations de donneurs ayant fait l’objet d’analyses génétiques. Pour garantir les meilleures chances de survie de la population de poissons nouvellement introduite, Parcs Canada adoptera une approche de réintroduction sur trois ans. Au cours de cette réintroduction, des gamètes seront prélevés dans la population du lac Marvel la première et la troisième année, et dans la population du ruisseau Stoney la deuxième année. Les spécialistes des milieux aquatiques de Parcs Canada pourraient être sur le terrain pour commencer ce travail scientifique dès le printemps 2024!

Vous souhaitez participer au projet de réintroduction de la truite indigène?

  • Suivez le parc national Banff sur Facebook pour obtenir des mises à jour sur le projet et pour suivre l’évolution des travaux!
  • Pour participer, envoyez un courriel à l’adresse courriel benevolebanff-banffvolunteer@pc.gc.ca pour vous renseigner sur les possibilités de bénévolat dans le cadre de ce projet, comme la remise en état des rives et le nettoyage des déchets le long des cours d’eau.

Tout en restaurant le ruisseau Cascade, Parcs Canada a également travaillé au rétablissement des populations de truites fardées versant de l’ouest dans l’ensemble du parc national Banff. Poursuivez votre lecture pour découvrir comment Parcs Canada travaille au rétablissement de la truite fardée versant de l’ouest, ainsi qu’à d’autres projets de remise en état des milieux aquatiques!

Renseignements :

Dan Struthers | gestionnaire de projet
dan.struthers@pc.gc.ca

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