Cultiver l’espoir : Restauration du pin à écorce blanche dans le parc national Jasper

Parc national Jasper

En juillet 2024, les forêts du parc national Jasper ont été ravagées par de puissants feux de forêt, laissant derrière eux des arbres noircis et un sol dénudé. Cependant, même parmi les cendres, subsiste l’espoir d’une guérison de la nature. La régénération prend du temps et peut transformer l’apparence du paysage, mais les jeunes pousses de trembles et les graminées témoignent déjà du début de ce processus. Malgré cela, certains habitats et espèces nécessitent un coup de pouce supplémentaire, tout comme le pin à écorce blanche. Cette espèce rare et en péril est non seulement essentielle à la biodiversité du parc, mais elle représente également un symbole de renouveau.

Une espèce clé en difficulté

Le pin à écorce blanche pousse sur les crêtes élevées et venteuses des zones subalpines. Il s’agit d’une espèce en péril qui joue un rôle clé dans son écosystème. Ses graines sont riches en nutriments et nourrissent des animaux sauvages comme le grizzli, l’écureuil et le cassenoix d’Amérique. Le cassenoix d’Amérique, un oiseau au bec acéré, joue un rôle crucial en récoltant et en emmagasinant ses graines à travers les montagnes, et les graines oubliées donnent souvent naissance à de nouveaux arbres.

Malgré son importance pour l'écosystème, le pin à écorce blanche décline rapidement dans les parcs des montagnes du Canada. Il est menacé par la rouille vésiculeuse du pin blanc, le dendroctone du pin, les activités de suppression du feu et les changements climatiques. Comme Parcs Canada est conscient de sa valeur, les efforts de conservation sont désormais une priorité.

Ironiquement, le feu de forêt, une force qui façonne le paysage depuis des siècles, a créé de nouvelles opportunités. Les feux de 2024 ont laissé un sol ouvert et riche en nutriments, parfait pour la croissance des semis de pin à écorce blanche.

Faire de la destruction une opportunité

Les incendies de forêt de cet été ont causé de nombreux dommages, mais ils ont également créé de nombreuses opportunités de plantation

Nicholas Lai, agent de gestion des ressources, impliqué dans la restauration du pin à écorce blanche dans le parc national Jasper
Évaluation de la pertinence du site de plantation sur les pentes brûlées du mont Gargoyle, après l’incendie de Chetamon.

Les zones brûlées près des monts Signal et Hardisty sont particulièrement prometteuses. Avec moins de plantes concurrentes, les semis plantés ont maintenant plus de chances de croître.

Le pin à écorce blanche est aussi une « espèce fondatrice ». Elle prospère dans des conditions difficiles, comme les pentes rocheuses, et contribue à la survie d’autres plantes et animaux en leur fournissant abri et nourriture.

L’équipe de restauration du parc a de grands objectifs : planter 20 000 semis de pin à écorce blanche chaque année, visant 150 000 d’ici 2031. Une grande partie de ce travail repose sur les leçons tirées des efforts de restauration après le feu de forêt de Chetamon en 2022 et l’incendie de Moab en 2003.

De la graine au semis

La restauration du pin à écorce blanche commence plusieurs années avant la plantation. Les travailleurs grimpent aux arbres pour récolter les cônes des arbres qui ont survécu à la rouille vésiculeuse. Ces cônes contiennent les semences nécessaires à la restauration. La collecte des graines est un travail qui requiert temps et minutie.

Nous cassons les cônes à la main, en extrayant les graines de la sève collante et des écailles des cônes, une par une,

Nicholas Lai, agent de gestion des ressources, impliqué dans la restauration du pin à écorce blanche dans le parc national Jasper

Une fois nettoyées, les graines sont envoyées dans des pépinières où elles sont cultivées en jeunes arbres résistants à la rouille vésiculeuse. Après plusieurs années, les semis sont prêts à être plantés dans les paysages sauvages de Jasper.

Récolte de cônes.
Prélèvement de graines.
Semis cultivés en pépinière avant d’être replantés dans le parc.

Planter en pleine nature

Planter des semis de pin à écorce blanche en région éloignée dans le parc est une tâche ardue. Des hélicoptères livrent souvent des milliers de semis dans les endroits difficilement accessibles. Dans les zones plus accessibles, les équipes utilisent des véhicules et parcourent les sentiers à pied pour transporter les jeunes arbres.

Les équipes choisissent soigneusement les sites de plantation. Elles recherchent des zones ensoleillées, un sol fertile et une altitude adéquate. Les souches et troncs brûlés aident à protéger les semis, tandis que les pentes dégagées leur offrent de l’espace pour croître. Le processus de plantation imite la manière dont les arbres poussent naturellement. Les semis sont plantés individuellement ou en petits groupes, ce qui leur permet de conserver l’humidité tout en se protégeant du vent et du soleil.

Les zones brûlées procurent une toile vierge parfaite pour la restauration du pin à écorce blanche. Avec peu de végétation environnante, les semis peuvent croître rapidement dans un sol riche en nutriments.

Nicholas Lai, agent de gestion des ressources, impliqué dans la restauration du pin à écorce blanche dans le parc national Jasper
Transport par hélicoptère des semis vers le col McLaren.
Plantation manuelle des semis.

Restaurer un écosystème

La restauration du pin à écorce blanche ne se limite pas à sauver une espèce, mais vise à soutenir l’ensemble de l’écosystème. Ces arbres ralentissent la fonte des neiges, ce qui peut prévenir les inondations printanières, et leur ombre aide d’autres plantes et animaux à prospérer.

La relation d’entraide entre le pin à écorce blanche et le cassenoix d’Amérique illustre de façon remarquable l’interdépendance entre les espèces. Les incendies, comme ceux de 2024, ouvrent davantage d’espaces où le cassenoix d’Amérique peut entreposer des graines, favorisant ainsi la propagation du pin à écorce blanche à travers le territoire. En favorisant le rétablissement du pin à écorce blanche, nous protégeons cette relation spéciale et assurons la survie de l’espèce pour les générations futures.

Des semences d’espoir

À mesure que le paysage de Jasper commence à guérir, la restauration du pin à écorce blanche apporte de l’espoir pour l’avenir. À l’automne 2025, des milliers de semis seront plantés sur les pentes des monts Signal et Roche Bonhomme, et dans d’autres zones récemment dégagées.

Ces arbres sont un symbole de résilience », a précisé Lai. « En les plantant maintenant, nous ne restaurons pas seulement ce qui a été perdu, nous construisons un écosystème plus fort et plus diversifié pour les générations futures.

Nicholas Lai, agent de gestion des ressources, impliqué dans la restauration du pin à écorce blanche dans le parc national Jasper

Les visiteurs parcourant les sentiers de Jasper pourront observer les jeunes semis de pin à écorce blanche qui poussent parmi les cendres. Chacun d’eux témoigne de l’incroyable capacité de la nature à se régénérer, et du rôle crucial de Parcs Canada dans la protection et la conservation de ces grandes étendues sauvages.

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