Conservation du caribou
Parc national Wapusk
Le caribou, un animal indispensable aux communautés nordiques, joue un rôle essentiel dans l’écosystème du nord du Manitoba. Il fait partie intégrante de la culture autochtone et c’est pourquoi il revêt de l’importance sur le plan des valeurs autochtones et favorise la subsistance. Le caribou entre dans la fabrication de nourriture, de vêtements, d’outils et de bien d’autres choses. Cependant, dans une grande partie du Canada, les populations de caribous sont en baisse. Le parc national Wapusk et des membres de la communauté régionale s’affairent à l’élaboration conjointe de stratégies en vue du maintien de troupeaux de caribous en santé dans la région.
Troupeaux du Manitoba
Les caribous de Wapusk appartiennent à l’une de deux unités désignables (UD), ou populations, soit la population de caribous de la toundra (UD 3) et la population de caribous migrateurs de l’Est (UD 4). Au sein de la population de caribous migrateurs de l’Est, le troupeau du cap Churchill constitue le type de caribou le plus courant du parc national Wapusk. Quant à la population de caribous de la toundra, le troupeau de Qamanirjuaq migre dans le nord du Manitoba, bien qu’il se retrouve parfois plus au sud, dans le parc.
Troupeau du cap Churchill
Selon les données relatives au troupeau du cap Churchill, le nombre de bêtes a fait l’objet de fluctuations constantes ces 25 dernières années, soit entre 1 000 et 3 000. Le troupeau du cap Churchill représente un écotype unique forêt-toundra dont une grande partie du parcours se trouve dans le parc national Wapusk. Le troupeau passe ses hivers dans la forêt boréale du parc national Wapusk, dans la partie sud-ouest du parc, afin de s’abriter du rude climat hivernal subarctique. Pendant les mois d’été, ces caribous migrent vers leurs aires de mise bas de la toundra, à près de 200 kilomètres de distance, à proximité des rives nord du parc, au cap Churchill.
Troupeau de Qamanirjuaq
Le troupeau de Qamanirjuaq est un plus grand troupeau dont la population était évaluée à 288 000 caribous en 2017. Même si ce troupeau donne l’apparence d’avoir une population en santé, il enregistre un déclin stable et considérable depuis plus de trois décennies, car elle était estimée à plus de 500 000 bêtes en 1994. Ce troupeau évolue sur un vaste territoire réparti au Manitoba, au Nunavut, en Saskatchewan et dans les Territoires du Nord-Ouest. L’aire de mise bas de ce troupeau se situe dans les environs du lac Qamanirjuaq, au Nunavut.
Menaces auxquelles les caribous font face
Changement climatique
Même si les caribous sont résilients et qu’ils se sont adaptés aux dures conditions climatiques, ils ne sont pas à l’épreuve des problèmes engendrés par le changement climatique. Les changements climatiques sont souvent considérés comme l’une des principales menaces à l’avenir des caribous. Certains changements se sont déjà manifestés, comme la fonte des neiges plus hâtive, les débuts d’hiver plus tardifs et l’adoucissement des températures. Au cours des décennies qui viennent, le changement climatique continuera de constituer une menace pour les populations de caribous à bien des égards. Par exemple, les températures à la hausse sont susceptibles de prolonger la période du harcèlement par les insectes. Lorsque les insectes dérangent les caribous, ils ont tendance à former de plus grands groupes ou à essayer de fuir les insectes en se réfugiant dans des lieux venteux. Cela a un effet négatif parce que les caribous consacrent plus de temps à éviter le harcèlement par les insectes qu’à se nourrir.
Le changement climatique est également susceptible de déclencher plus de feux irréprimés. Ces feux peuvent faire beaucoup de tort aux troupeaux parce qu’ils ont pour effet d’éliminer le couvert arboré des régions d’hivernage et la principale source de nourriture du caribou sur la toundra : les lichens. Selon certaines études, il faut près de 75 ans aux lichens pour se remettre d’un feu.
Récolte
La récolte du caribou est essentielle au maintien des communautés nordiques et de la culture autochtone. Toutefois, la récolte est empreinte de défis, dont la durabilité des récoltes et le respect de bonnes pratiques par les chasseurs. Nul ne connaît l’impact exact des récoltes. Cependant, d’après les scientifiques et les connaissances autochtones, il est évident que réduire la pression liée à la récolte peut aider les troupeaux à récupérer.
Prédateurs
Au Canada, le loup est le principal prédateur du caribou. À Wapusk, l’ours polaire, le grizzli, l’ours noir, le lynx et le carcajou tuent les caribous ou dévorent les caribous tués par d’autres facteurs.
Perte d’habitat
La perte d’habitat serait l’un des principaux facteurs du déclin des populations de caribous. Les perturbations de l’habitat du caribou attribuables aux activités humaines, comme l’exploitation minière, l’exploitation forestière, la mise en valeur pétrolière et gazière, les lignes électriques, les peuplements, les chalets, les routes et les sentiers peuvent avoir de grandes conséquences sur les caribous. D’après certaines études, les caribous évitent ces divers types de perturbations sur une distance pouvant atteindre 23 kilomètres. Les structures et les caractéristiques humaines se trouvant dans le paysage peuvent perturber les voies migratoires, intensifier les taux de déplacement ou retarder la traversée des structures anthropiques linéaires comme les routes, les sentiers et les lignes électriques, ce qui risque de faire en sorte que les caribous dépensent plus d’énergie ou diminuent le temps passé dans un habitat convenable. Les caribous sont particulièrement sensibles aux perturbations humaines entraînant la perte d’habitat faisant partie du paysage, au point où leurs effets cumulatifs auraient peut-être contribué au déclin général des populations de caribous au Canada.
Efforts de conservation
Protection de l’habitat
Le parc national Wapusk protège une zone contre le développement commercial et limite les perturbations humaines. Grâce à la protection d’une superficie de plus de 11 475 kilomètres carrés, le parc favorise la protection des aires de mise bas du troupeau de caribous du cap Churchill, de leurs voies migratoires et de certaines parties de leur habitat d’hivernage. Par ailleurs, le parc national Wapusk soutient l’établissement d’autres zones protégées dans le nord du Manitoba, comme les propositions de protection et de conservation autochtones par l’intermédiaire du Patrimoine naturel du Canada et du Fonds de la nature du Canada. En collaboration avec les Canadiens, nous conserverons le quart de nos terres et le quart de nos océans d’ici 2025.
Recherche et surveillance
Parcs Canada continue ses travaux de surveillance afin d’en apprendre davantage sur le caribou du parc national Wapusk. Grâce à un partenariat avec des membres de la communauté, des collectivités autochtones et des chercheurs, un projet de caméras de sentiers a été mis en œuvre afin de faire de la surveillance, tant locale que régionale. Par ailleurs, cette collaboration avec nos partenaires facilite nos travaux de recherche dans le parc, dont les levés aériens, le repérage des aires de mise bas et les inventaires de la végétation. Les travaux de recherche et de surveillance se poursuivent au moyen de diverses méthodes de recherche terrestre, ce qui donne lieu à la recommandation d’un certain nombre d’activités de gestion. Ces données aident également les chercheurs à mieux comprendre la dynamique des populations de caribous qui évoluent dans le parc national Wapusk.
Parmi les autres efforts de surveillance, notons l’installation de caméras de sentiers afin d’aider à déterminer la répartition des caribous et de la faune en général. Ce projet est le fruit de la collaboration de Parcs Canada, de l’Université de la Saskatchewan et de la Fédération Métisse du Manitoba. En 2021, une équipe composée de représentants de trois organisations a déployé dans le parc 92 caméras de sentiers dans divers habitats distincts du parc.
Atelier sur les caribous
Au sujet des ateliers
Pour donner lieu à la conservation réussie du caribou, les divers partenaires et les communautés doivent travaillent en collaboration, dans le cadre d’efforts coordonnés. Parcs Canada organise une série d’ateliers permettant de rassembler des partenaires autochtones (Cris, Dénés, Inuits et Métis), des intervenants du gouvernement (Environnement et Changement climatique Canada, Parcs Canada, des représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux), des chercheurs universitaires et des membres de la communauté locale en vue de faciliter le partage des connaissances autochtones et locales et des perspectives de la science occidentale concernant les caribous du parc national Wapusk et de l’écosystème du grand Wapusk. Le premier atelier a eu lieu en personne en février 2020, tandis que le deuxième s’est tenu virtuellement en février 2021.
L’objectif de ces ateliers consiste à nouer de nouveaux liens et à renforcer d’anciennes relations, à soulever les inquiétudes ainsi qu’à déterminer l’écart des connaissances et les mesures prioritaires menant à la surveillance et à la gestion efficaces des caribous.
Les systèmes de connaissances et les points de vue autochtones ont été intégrés à l’atelier, ce qui permet de présenter divers thèmes en vue de déterminer les priorités en matière de conservation. Les participants à l’atelier ont noté diverses façons de soutenir des méthodes de conservation biologiques et culturellement appropriées ainsi que des moyens de faire avancer la réconciliation par le biais d’efforts de conservation. Le parc national Wapusk est anxieux de continuer à perfectionner ce cadre de référence avec ses partenaires. Parcs Canada s’engage à faire de la planification en collaboration au niveau du paysage, à respecter les droits et les systèmes de connaissances des Autochtones, et à créer des occasions de gérance autochtone.
Participants à l’atelier
Ces anciens ont accueilli des participants des communautés et organisations suivantes :
- La Société pour la nature et les parcs du Canada – Section du Manitoba
- Environnement et Changement climatique Canada
- Première Nation crie de Fox Lake
- Gouvernement du Manitoba
- Gouvernement du Nunavut
- Association des Inuit de Kivalliq
- Fédération Métisse du Manitoba
- Première Nation Northlands Denesuline
- Nunavut Tunngavik Incorporated
- Parcs Canada
- Première Nation Sayisi Dene
- Gestion de la harde de caribous de Beverly et Qamanirjuaq
- Ville de Churchill
- Université de la Saskatchewan
- Première Nation de York Factory
Résultats de l’atelier
Les discussions de l’atelier ont porté sur la formulation de solutions et de mesures prises en collaboration afin d’assurer la protection des troupeaux de caribous du cap Churchill et de Qamanirjuaq. Cinq grands thèmes revêtant une importance primordiale pour la conservation réussie du caribou sont ressortis de l’atelier de 2021, soit :
- mobiliser les jeunes et les sensibiliser à ce sujet;
- obtenir un engagement réel de la part des gouvernements;
- favoriser la sensibilisation culturelle vis-à-vis des efforts déployés par les Autochtones;
- protéger l’habitat du caribou;
- faire de la surveillance et de la gestion en collaboration.
Diapositives infographiques 2020
Diapositives infographiques 2021
Liens connexes
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