Rapports d'accidents - mars 2013

Sécurité en montagne

Chute d’un randonneur dans une crevasse, glacier Daly, champ de glace Wapta, parc national Yoho, le 12 mars 2013

Accident d’avalanche mortel dans le col Sifton, parc national des Glaciers, le 24 mars 2013


Chute d’un randonneur dans une crevasse, glacier Daly, champ de glace Wapta, parc national Yoho, le 12 mars 2013

Un groupe de trois skieurs effectuait une randonnée de plusieurs jours du lac Peyto au lac Sherbrooke en passant par la populaire traversée Wapta. En chemin, ils se servaient du système de refuges du Club Alpin du Canada. Le mardi 12 mars, ils ont quitté le refuge Balfour vers 11 h et ont traversé le haut col de Balfour (à environ 3 000 m d’altitude) en début de soirée dans des conditions s’approchant du voile blanc. Après avoir entamé la descente du glacier Daly, les membres du groupe se sont détachés pour skier vers le refuge Scott Duncan, qui se trouvait à 5 km de distance. Vers 19 h 30, un des membres du groupe est tombé dans une crevasse. Un autre membre du groupe s’est rendu au bord de la crevasse avec une corde d’assurance et n’a reçu aucune réponse à son appel. Ils ont aussi reçu un faible signal d’une balise, montrant qu’il y en avait une à 35 m de profondeur dans la crevasse. Ils ont lancé une corde de 60 m dans la crevasse, mais n’ont senti personne tirer dessus. Les deux membres du groupe ont alors décidé qu’ils ne pouvaient rien faire en raison de l'obscurité et des conditions météorologiques. Ils ont laissé leurs skis pour marquer la crevasse, puis se sont dirigés vers un secteur plat en amont pour y creuser une caverne. Ils se trouvaient sur le glacier Daly à environ 2 700 m d’altitude, entre le haut col de Balfour et le refuge Scott Duncan. Ils ont déclenché le signal S.O.S. de leur balise satellite SPOT le 12 mars vers 23 h 30.



Du 13 au 15 mars, les équipes de sauvetage de la Sécurité des visiteurs de Banff et de Lake Louise ont tenté de nombreuses fois de se rendre dans le secteur grâce à des hélicoptères Alpine, mais en ont été incapables en raison des conditions inhabituelles de tempête. Les équipes ont aussi été incapables de se rendre dans le secteur en skis. Le risque d’avalanche était élevé à toutes les altitudes et les conditions étaient trop dangereuses en raison de la visibilité et du terrain.

Le 15 mars, les conditions météorologiques étaient légèrement meilleures et une équipe de Sécurité des visiteurs a réussi à se rendre près de la crevasse par hélicoptère. Elle a ensuite skié jusqu’au lieu de l’incident. L’équipe a repéré une paire de skis près des coordonnées GPS du satellite SPOT. Elle a examiné les skis puis a découvert un trou dans la crevasse. Un membre de l’équipe de sauvetage a jeté un coup d’œil dans la crevasse et n’a rien réussi à voir. Une recherche par détecteur de victimes d’avalanche n’a fourni aucun signal et leurs appels sont restés sans réponse. Alors que l’hélicoptère se préparait à apporter davantage d’équipement en vue d’effectuer une mission de sauvetage dans la crevasse, le pilote a repéré deux personnes qui se trouvaient à une centaine de mètres au-dessus de l’équipe de Sécurité aux visiteurs. L’équipe a immédiatement réévalué ses priorités et a skié jusqu’aux deux survivants afin de les escorter près de l’aire d’atterrissage d’hélicoptères. Les survivants ont été évacués par hélicoptère dans des conditions météorologiques très défavorables. Ils ont été transportés à l’hôpital où ils ont reçu des soins pour des blessures mineures dues au froid. Les conditions météorologiques et avalancheuses ont été très mauvaises pendant quatre autres jours, jusqu’à ce qu’elles s’améliorent le mardi 19 mars. Les équipes ont alors finalement pu avoir accès à la crevasse et récupérer le corps de la victime.


Aperçu du site, montrant l’équipe de Sécurité aux visiteurs près de la crevasse.

Analyse

L’incident s’est produit sur un itinéraire populaire de ski de randonnée souvent utilisé à ce temps-ci de l’année. L’un des facteurs de causalité est que le groupe a décidé de se détacher dans des conditions de voile blanc à la tombée du jour. Il n’est pas rare que des groupes fassent des descentes sur des glaciers sans être attachés, mais ils doivent tenir compte des conditions changeantes ou inconnues, de l’épaisseur du manteau neigeux et de la visibilité avant de le faire. Un autre facteur est que le groupe a emprunté un chemin en direction du refuge Scott Duncan qui est différent de celui habituellement suivi. Il s’est donc retrouvé en terrain raide, près de crevasses. En raison de leur degré d’expérience, de l'obscurité et des conditions de tempête, le groupe a décidé qu’il était trop dangereux de descendre dans la crevasse ou de retourner au refuge Scott Duncan. Dans les circonstances, cette décision était la bonne. Dans ces situations, il peut être possible de descendre dans le trou afin de rejoindre la personne tombée, mais il est en fait très difficile de sortir quelqu’un d’une crevasse étroite. Il s’agit d’un processus technique. Il faut habituellement plus de ressources que ce que l’on trouve au sein d’un groupe.


Le mardi 19 mars : les équipes ont alors finalement pu avoir accès à la crevasse et récupérer le corps de la victime.

Les deux membres du groupe à la surface étaient prêts à bivouaquer pour de nombreuses journées. Ils avaient des sacs de couchage, un réchaud et du gaz, de la nourriture, des vêtements et de l’équipement de navigation. Ils avaient aussi un dispositif satellite SPOT qui était précis et qui leur a permis d’appeler à l’aide. Il convient de souligner que les dispositifs SPOT sont un moyen de communication à sens unique; la Sécurité des visiteurs savait qu’il y avait un appel à l’aide, mais elle ne connaissait pas la nature de l’incident. Il existe de nombreux types d’appareil sur le marché, des téléphones satellites aux appareils de messagerie satellite avec émetteur-récepteur. Si vous en achetez un, vérifiez qui vous devez appeler et comment utiliser l’appareil.

Accident d’avalanche mortel dans le col Sifton, parc national des Glaciers, le 24 mars 2013

Le 24 mars 2013 vers 14 h, un groupe de trois skieurs a entamé la descente d’une pente sud-ouest située en aval du col Sifton. Le temps était doux, le ciel, dégagé, et les vents, légers. Deux des skieurs sont restés au sommet de la pente, tandis que le troisième est descendu jusqu’à du terrain avalancheux. Presque à mi-pente, le skieur a déclenché une avalanche de plaque de taille 2,5 qui l’a renversé avant de l’entraîner vers le bas de la pente. Il a été enseveli sous environ 1,5 m de débris dans un piège naturel.

Les deux autres membres du groupe ont amorcé une opération de sauvetage de compagnon et ont extirpé le skieur des débris. Il était étendu tête en bas et ne réagissait à aucun stimulus. Ses compagnons lui ont tout de suite administré la RCR avant de le déplacer à un endroit où ils seraient moins exposés aux conséquences d’une avalanche éventuelle. L’un des deux skieurs est resté sur place et a poursuivi ses efforts de RCR, tandis que l’autre a regagné à skis le Centre de la découverte du Col Rogers pour signaler l’accident.


Cercle rouge : Endroit où la victime a été déplacée; Cercle jaune : Lieu de l’ensevelissement
Ligne verte : Trace d’entrée; Cercle bleu : Aire d’atterrissage de l’hélicoptère

© Parcs Canada

Résumé du sauvetage :

Les spécialistes de la Sécurité des visiteurs de Parcs Canada ont été informés de l’accident à 15 h 25 et ont immédiatement lancé une opération de sauvetage. Après avoir évalué les risques d’avalanche du haut des airs, ils ont conclu que l’hélicoptère pouvait se poser sans danger sur du terrain plat près des débris de l’avalanche. Deux sauveteurs ont poursuivi la RCR avec un défibrillateur externe automatisé, tandis que le troisième assurait la fonction de guetteur pour le cas où l’activité avalancheuse reprendrait. Le skieur qui était resté sur place a immédiatement été ramené au col Rogers en hélicoptère, et il a été suivi de près par la victime et les sauveteurs.

Analyse :

L’avalanche a probablement été déclenchée dans une couche de neige mince qui reposait sur une pente alpine décapée à orientation sud. Elle a exposé sur le plan de glissement des rochers qui n’étaient pas visibles auparavant. Les zones fragiles de neige mince autour des rochers deviennent souvent des points de déclenchement.

L’avalanche a été déclenchée sur une couche fragile persistante composée de cristaux de givre de surface qui recouvraient une croûte épaisse et résistante. La présence de cette couche fragile dans le manteau neigeux, combinée au rayonnement solaire intense sur la pente au cours de l’après-midi de l’accident, a contribué à accroître la taille de la plaque qui a cédé.

L’avalanche s’est produite bien en amont du point de déclenchement, et la victime a été emportée dans une dépression où les débris se sont accumulés. Il importe d’évaluer soigneusement les pièges naturels de ce genre, car ils amplifient les conséquences des avalanches.

Un seul des skieurs a descendu la pente pour évaluer les conditions, pendant que les deux autres se sont placés à des endroits sûrs pour jouer le rôle de guetteurs. Il s’agissait d’une sage décision. Pendant l’opération de sauvetage de compagnon, les deux skieurs ont fait preuve d’une grande prévoyance en déplaçant la victime à l’écart du terrain avalancheux. La sécurité des sauveteurs est une priorité absolue dans chaque opération de sauvetage.

 
La météo
© Parcs Canada 

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