Forêts boréales

Parc national du Gros-Morne

Les forêts abritent une grande partie de la biodiversité mondiale. Arbres, arbustes, fleurs, mousses, lichens et champignons créent la structure complexe de la forêt. Mammifères, oiseaux, insectes et innombrables organismes microscopiques trouvent nourriture et abri dans les habitats forestiers. Tous ces éléments interagissent les uns avec les autres et créent ensemble l’écosystème complexe dans lequel ils habitent.

La forêt boréale, ou taïga, est dominée par des conifères et constitue le plus grand biome terrestre de la Terre. Elle entoure l'hémisphère nord, couvrant une vaste zone au sud de la limite forestière. Elle se caractérise par des étés courts et des hivers longs et froids avec de la neige persistante. C'est un écosystème défini par le changement qui nécessite des perturbations périodiques pour maintenir sa santé. La forêt boréale couvre plus de la moitié du Canada. Elle s'étend du Yukon et du nord de la Colombie-Britannique jusqu'à Terre-Neuve-et-Labrador, et elle comprend les latitudes septentrionales de la plupart des provinces.

Écorégions de la forêt boréale du Gros-Morne

La brume plane sur les pentes des montagnes couvertes de sapins, d'épicéas et de bouleaux.

Près de la moitié du parc national du Gros-Morne (44 %) abrite de la forêt boréale. En raison de l'interaction entre le golfe du Saint-Laurent et les monts Long Range, le climat de Gros-Morne est frais et humide, et les incendies de forêt sont rares. Ce sont plutôt les épidémies d'insectes et les vents puissants qui renversent les arbres qui sont les principaux agents de régénération de la forêt. 

Ces perturbations créent des ouvertures dans la forêt et permettent à la lumière du soleil d'atteindre le sol, ce qui stimule la croissance rapide des plantes qui aiment le soleil. Les jeunes arbres qui attendaient patiemment dans l’ombre comblent ainsi rapidement ces ouvertures, créant une jeune et dense forêt qui fournit abri et nourriture à de nombreuses espèces sauvages.

Les arbres morts, tombés ou debout, abritent également de nombreuses espèces spécialisées, notamment des insectes et des champignons consommateurs de bois, ainsi que des pic-bois et d'autres utilisateurs des cavités des arbres. Ces cycles de perturbation et de renouvellement affectent généralement les peuplements forestiers à des intervalles de 80 à 140 ans et ils façonnent ainsi la forêt de l'ouest de Terre-Neuve depuis des millénaires. Par conséquent, l'écosystème boréal du Gros-Morne est dynamique, et est constitué d’un paysage diversifié caractérisé par une tapisserie de parcelles de forêt jeunes et anciennes.

La majeure partie de la forêt du parc national du Gros-Morne est dominée par des conifères, et le climat frais et humide offre des conditions idéales pour la croissance du sapin baumier en particulier, ce qui explique la prévalence de cette espèce d'arbre dans une grande partie du parc. L'épinette noire et l'épinette blanche sont également communes et même dominantes sur certains sites. Le bouleau blanc, également connu sous le nom de « bouleau à papier », est l'arbre à feuilles caduques le plus abondant et le plus répandu, et on le trouve en faibles quantités dans la plupart des peuplements dominés par les conifères. Cependant, le bouleau blanc, le peuplier faux-tremble et le mélèze de l'Est peuvent également former des peuplements mixtes avec des sapins et des épinettes, ou même être dominants sur certains sites. 

Malgré la prédominance d'un petit nombre d'espèces d'arbres, le climat et les sols varient considérablement et trois écorégions forestières distinctes sont représentées dans le parc national du Gros-Morne.

1. Écorégion de la forêt de l'ouest de Terre-Neuve

Des érables aux feuilles rouges et jaunes surplombent un sentier où un randonneur promène son chien.

L'écorégion de la forêt de l'ouest de Terre-Neuve englobe la partie sud des basses terres du parc autour de la baie de « Bonne Bay ». Cette écorégion se caractérise par un climat humide, une saison de croissance relativement longue et des sols riches en nutriments. La forêt productive de cette écorégion, dominée par le sapin, connaît une régénération vigoureuse, et elle supportait autrefois une grande scierie située à Lomond.

Plusieurs arbres de la forêt boréale du sud atteignent leur limite nord dans cette écorégion, notamment le bouleau jaune, l'érable rouge, le cerisier de Pennsylvanie, le frêne noir et le pin blanc, mais ils sont tous relativement rares et abondants seulement que localement. Les sentiers de Lomond, de Stanleyville et de Stuckless Pond offrent de bonnes opportunités de découvrir la forêt riche et diversifiée de cette écorégion.

2. Écorégion de la forêt de la péninsule du Nord

Une forêt de conifères avec des fougères couvrant le sol et la lumière du soleil visible à travers la canopée.

L'écorégion de la forêt de la péninsule du Nord comprend les basses terres côtières du nord de la baie de « Bonne Bay » et s'étend jusqu'au pied des monts Long Range. Cette écorégion se caractérise par une saison de croissance plus courte. Ses terres se composent d’une matrice de vastes tourbières et de forêts de buissons entrecoupées de forêts plus productives situées sur des crêtes mieux drainées.

Comme dans l'écorégion de l'ouest de Terre-Neuve, le sapin baumier est l'espèce d'arbre dominante, et l'épinette noire et le mélèze de l'Est sont également communs, surtout sur les sols humides. Le sentier de Western Brook Pond offre une excellente occasion de découvrir cette écorégion.

3. Écorégion des monts Long Range

Une zone peu boisée avec des taches de conifères et d'arbustes près d'un lac de montagne.

L'écorégion des monts Long Range occupe la moitié Est du parc et se limite aux hautes terres des monts Long Range, à des altitudes supérieures à 400 mètres. Une grande partie de cette région se situe au-dessus de la limite des arbres.

Le climat y est frais et venteux, avec une couverture neigeuse épaisse et persistante, et une courte saison de croissance. Le couvert forestier dominant est constitué de buissons façonnés par le vent (Krummholz) composés de sapins et d'épinettes noires, et connus localement sous le nom de « tuckamore ». Une forêt de sapins plus productive se trouve dans les vallées abritées, et devient plus commune vers la limite Est du parc.

Contrairement à la situation typique observée dans les basses terres du parc national du Gros-Morne, dans ces forêts de haute altitude, le climat rigoureux a empêché les infestations d'insectes. Cela a conduit au développement de forêts anciennes et mixtes comptant des sapins âgés de plus de 250 ans, ainsi que des communautés fauniques distinctes. Bien que la randonnée en arrière-pays de la traversée des monts Long Range soit la meilleure façon de découvrir cette écorégion, elle peut également être appréciée le long des parties supérieures du sentier du Mont Gros-Morne et du sentier du Lookout.

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