3.0 Détermination des taux de fréquentation appropriés

Les taux de fréquentation doivent respecter les lois, les ententes et les politiques en vigueur, et plus particulièrement la Loi sur les parcs nationaux du Canada, la Loi sur la gestion des ressources de la vallée du Mackenzie, le Règlement sur l’exploitation de commerces dans les parcs nationaux du Canada, l’Entente sur la revendication territoriale globale des Dénés et Métis du Sahtu, le Plan des répercussions et des avantages de la réserve de parc national Nááts’įhch’oh ainsi que l’Entente provisoire relativement à la gestion de la réserve du parc national Nahanni. Les répercussions possibles sur les ressources naturelles et les ressources culturelles demeurent le principal aspect pris en considération dans la gestion de la fréquentation. De plus, la gestion des réserves de parc se fera de concert avec l’Équipe du consensus Nahʔą Dehé et le Comité de gestion de Nááts’įhch’oh de manière à préserver la qualité de l’expérience du milieu sauvage. Les Principes directeurs et politiques de gestion de Parcs Canada définissent ainsi le milieu sauvage.

« Une aire naturelle suffisamment grande pour protéger des écosystèmes intacts et qui peuvent servir de source de mieux-être, tant physique que spirituel. C’est une aire où il n’y a pas ou peu de traces évidentes d’activités humaines permettant ainsi la continuité de l’évolution des écosystèmes. »

Les réserves de parc national Nááts’įhch’oh et Nahanni, et nos partenaires autochtones de gestion participative, reconnaissent qu’un milieu sauvage n’équivaut pas à l’absence de gens. Un milieu sauvage en tant que lieu où les gens peuvent établir des liens avec la nature vierge est un concept important pour les Canadiens, Parcs Canada et nos partenaires dénés et métis. L’établissement de taux de fréquentation appropriés devrait contribuer à équilibrer notre mandat en ce qui concerne la mise en valeur et la protection.

3.1 Gestion de l’expérience du visiteur

Les réserves de parc national Nááts’įhch’oh et Nahanni, et nos partenaires autochtones de gestion participative, souhaitent offrir aux visiteurs des occasions de nouer des liens personnels avec les gens et les lieux qui s’y trouvent. Il s’agit de susciter et de renforcer les liens personnels avec la terre et les Dénés qui y vivent, tout en favorisant le respect, la compréhension et l’intendance de ces lieux particuliers pour les générations actuelles et futures.

Nái̖li̖cho est l’une des principales expériences emblématiques offertes aux visiteurs dans la réserve de parc national Nahanni. L’endroit offre des vues imprenables sur des chutes spectaculaires, le tout mis en valeur par des activités d’interprétation autochtone. C’est là aussi que l’affluence est la plus élevée dans le parc. La réserve de parc national Nahanni gère les installations de Nái̖li̖cho et l’accès des visiteurs pour assurer la qualité de l’expérience qu’ils y vivent. La capacité y est limitée par les infrastructures en place. La qualité de l’expérience du visiteur, la gestion des répercussions et les limites des installations sont des aspects importants de la gestion de la fréquentation à Náįlįcho, et les présentes lignes directrices en tiennent dûment compte.

3.1.1 Nahʔą Dehé/Tehjeh Deé

    La rivière Nahanni Sud (Nahʔą Dehé/Nahanni Deh) est l’endroit le plus fréquenté des deux parcs. Après l’agrandissement de la réserve de parc national Nahanni et la création de la réserve de parc national Nááts’įhch’oh, des affluents comme Pı̨́ı̨́p'enéh łéetǫ́ǫ́ Deé (rivière Broken Skull) et Łáhtanįlį Deé (Petite rivière Nahanni) ont connu une hausse de leur taux fréquentation. Les tendances sont restées stables dans le secteur des marais Moose/Rock Garden de la rivière Nahanni Sud, dans la réserve de parc national Nááts’įhch’oh. Il est possible d’accroître l’affluence en amont, mais il faut gérer le nombre de visiteurs pour pouvoir bien gérer les répercussions possibles le long de la rivière Nahanni Sud.

    La réserve de parc national Nahanni se donne comme objectif d’espacer les activités sur ses rivières de manière à réduire le risque de chevauchement important entre les grands groupes. Un système d’inscription a été établi à cette fin pour les deux parcs. Au parc Nahanni, les groupes peuvent s’attendre à devoir partager les emplacements de camping très fréquentés avec d’autres groupes et à croiser tout au plus deux ou trois grands groupes par jour lors de leurs excursions en rivière. La réserve de parc national recueillera la rétroaction des visiteurs; si des groupes déclarent systématiquement croiser plus de trois grands groupes par jour pendant leurs excursions, ou s’il y a des répercussions importantes sur les ressources et les installations du parc, les taux de fréquentation pourront être revus.

    La réserve de parc national Nááts’įhch’oh espace les groupes de visiteurs en limitant les réservations d’arrivées aux principaux lacs de sorte à éviter les chevauchements; elle peut parfois décaler les réservations de sorte à bien espacer les groupes, et autorise habituellement l’arrivée d’un groupe par jour. Il peut tout de même y avoir des chevauchements en raison des retards dus à de mauvaises conditions météorologiques, à la vitesse des déplacements en rivière, etc. Toutefois, la perturbation générale du caractère sauvage de l’endroit causée par l’arrivée des vols est réduite.

3.1.2 Nááts’įhch’oh Tué (marais Moose)

    Nááts’įhch’oh Tué (marais Moose) est le point de départ des pagayeurs qui parcourent la section des Rock Gardens de la rivière Nahanni Sud. S’y trouve le mont Nááts’įhch’oh, puissant lieu sacré pour les Shúhtaot’ine. Cette montagne est désignée secteur de zone 1, et les visiteurs n’y ont pas accès. Une plaque commémorative de Parcs Canada se trouve à l’extrémité nord du lac, en face de la montagne; il y a aussi une aire pour les tentes et un espace cuisine à proximité. Environ 30 visiteurs par année commencent leur excursion à Nááts’įhch’oh Tué.

3.1.3 Ǫtaa Tué Fehto (lac Divide)

    Ǫtaa Tué Fehto (lac Divide) est le point de départ de la plupart de pagayeurs qui parcourent Pı̨́ı̨́p'enéh łéetǫ́ǫ́ Deé (rivière Broken Skull). En 2018, l’endroit a accueilli environ 65 visiteurs. À la suite d’un voyage de reconnaissance effectué en 2015, cette rivière a connu une hausse de la fréquentation, tant des groupes guidés que des groupes non guidés. C’est le seul endroit de la réserve de parc Nááts’įhch’oh où l’on trouve des infrastructures. On trouve au lac une cabane rustique, qui peut servir d’abri d’urgence, ainsi qu’une toilette sèche. La plupart des pagayeurs ont tendance à camper sur les rives du lac, près de l’aire d’amerrissage des hydravions.

3.1.4 Lac Glacier et Cirque of the Unclimbables

    Le lac Glacier est l’aire de rassemblement des visiteurs qui vont au Cirque of Unclimbables, un lieu d’escalade de renommée mondiale. Ce secteur connaît actuellement le deuxième taux de fréquentation en importance de la réserve de parc national Nahanni. Le Cirque accueille en moyenne 35 grimpeurs, pour un total de 442 journées-visiteurs par année. En moyenne, 86 visiteurs prévoient une randonnée complémentaire au Cirque dans leur excursion de canotage sur la rivière Nahanni Sud, soit une moyenne de 258 journées-visiteurs. Le nombre total moyen de journées-visiteurs enregistrées au Cirque s’élève à 700. Le lac Glacier connaît une moyenne annuelle de 274 visiteurs effectuant des excursions aériennes d’une journée; le nombre total moyen de journées-visiteurs y est de 522. Des installations rustiques pour les visiteurs ont été aménagées en 2015, à savoir des toilettes sèches, un casier à provisions et un abri, et des sentiers ont été retracés. La réserve de parc national Nahanni continue d’en apprendre davantage sur cette région et s’engage à surveiller les tendances futures en matière de fréquentation.

3.1.5 Gahnįhthah Mįe

    ahnįhthah Mįe est un point d’accès et une aire de camping très fréquenté. Contrairement au lac Glacier et à Nái̖li̖cho, Gahnįhthah Mįe n’est pas un lieu d’atterrissage pour les visiteurs en excursion aérienne d’une journée. On y enregistre en moyenne 440 nuitées-visiteurs par année. Des installations rustiques de camping et des quais d’accostage se trouvent depuis longtemps à cet endroit. Au plus fort de la saison des baies, la fréquentation est parfois limitée pour réduire les risques de conflit ours-humains.

3.1.6 Nái̖li̖cho

    Nái̖li̖cho connaît le taux de fréquentation le plus important de la réserve de parc national Nahanni. L’endroit enregistre une moyenne annuelle de 900 nuitées-visiteurs, et 370 visiteurs par année y viennent en excursion aérienne d’une journée. Le total de journées-visiteurs à cet endroit s’élève en moyenne à 1 270 par année, ce qui comprend les utilisateurs de la rivière et les visiteurs d’un jour. Les visiteurs qui séjournent à Nái̖li̖cho y passent en moyenne deux nuits lorsqu’ils effectuent leur portage. Une infrastructure de base a été mise en place pour gérer les répercussions et répondre aux besoins des visiteurs. Les terrains de camping peuvent accueillir 54 personnes. Bien que la capacité soit rarement atteinte, les visiteurs sentent qu’il y a une trop grande affluence lorsque la fréquentation est presque à son maximum. La réserve de parc national Nahanni s’en préoccupe et gérera la fréquentation de manière à éviter que plus de 54 visiteurs se trouvent en même temps à Nái̖li̖cho.

3.2 Valeurs et points de vue autochtones

3.2.1 Équipe du consensus Nahʔą Dehé

L’Entente provisoire relativement à la gestion du parc a été signée en 2003 par le ministre fédéral du Patrimoine canadien, le grand chef des Premières Nations du Dehcho et le chef de la bande des Dénés Nahʔą Dehé. Elle établit la composition de l’Équipe du consensus Nahʔą Dehé et les enjeux qui doivent être traités par celle-ci. L’Équipe se réunit sept ou huit fois par an.

L’Équipe du consensus Naha Dehé donne des conseils au directeur sur la gestion de la réserve de parc national Nahanni. Les demandeurs de permis sont invités à communiquer avec les collectivités et les organisations autochtones lorsqu’ils préparent leurs demandes. La réserve de parc national Nahanni et les partenaires autochtones de gestion participative peuvent examiner les nouvelles demandes conformément au cadre figurant à l’annexe B.

3.2.2 Comité de gestion de Nááts’įhch’oh

Le Comité de gestion de Nááts’įhch’oh conseille le directeur au sujet de la gestion de la réserve de parc national Nááts’įhch’oh. Il se compose de représentants du Conseil des ressources renouvelables de Tulita, du Conseil des ressources renouvelables de Norman Wells, du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et de Parcs Canada. Les demandeurs sont invités à se présenter au Comité de gestion et à entrer en communication avec les collectivités locales de Tulita et de Norman Wells, ainsi qu’avec la Tulita Land Corporation, la Norman Wells Land Corporation et la Fort Norman Métis Land Corporation. La réserve de parc national Nááts’įhch’oh et les partenaires autochtones de gestion participative peuvent examiner les nouvelles demandes conformément au cadre figurant à l’annexe B.

3.3 Taille des groupes, seuils et espacement

La taille des groupes est limitée à 12 personnes (groupes non guidés) ou à 15 personnes, guides compris (groupes guidés). L’objectif est de gérer les répercussions potentielles aux emplacements de camping très fréquentés et de préserver le caractère sauvage de la rivière. À la rivière Nahanni Sud, la fréquentation est limitée par l’infrastructure de Nái̖li̖cho, qui peut accueillir un maximum de 54 personnes par nuit. La réserve de parc national Nahanni gère la fréquentation à Nái̖li̖cho en répartissant les arrivées quotidiennes entre les groupes guidés et les groupes non guidés. La capacité d’hébergement est de 30 personnes pour les groupes guidés et de 24 personnes pour les groupes non guidés. Exception faite des visiteurs d’un jour, les arrivées à Nái̖li̖cho sont limitées à 12 membres de groupes non guidés et à 15 membres de groupes guidés. La durée maximale d’un séjour à Nái̖li̖cho est de deux nuitées. En principe, il ne doit pas y avoir plus de 12 membres de groupes non guidés et 15 membres de groupes guidés qui partent de Nái̖li̖cho chaque jour.

Il incombe aux utilisateurs de la rivière de communiquer entre eux afin de réduire les chevauchements aux emplacements de camping très fréquentés au fur et à mesure qu’ils descendent la rivière. À l’heure actuelle, la réserve de parc national Nahanni ne voit pas la nécessité d’intégrer au système de réservation les emplacements de camping aménagés le long de la rivière. Toutefois, il se peut qu’elle doive adopter des pratiques exemplaires en matière de gestion, fermer des secteurs ou imposer des restrictions pour gérer les emplacements les plus fréquentés.

La réserve de parc national surveillera les tendances en matière de fréquentation aux fins de durabilité et gérera les répercussions possibles sur les ressources du parc, l’expérience du visiteur, les installations et les services afin de prendre les mesures qui s’imposent.

3.4 Quotas pour l’octroi de permis d’exploitation

Pour bien gérer les ressources naturelles et les ressources culturelles de la réserve de parc national Nahanni, ses installations, sa fréquentation et son caractère sauvage, il est recommandé que le directeur de la réserve ne délivre pas plus de cinq (5) permis, dont un pour un commerce du Dehcho. Voir l’annexe A pour obtenir plus de renseignements sur les permis. La réserve de parc national Nááts’įhch’oh s’efforce d’accroître ses taux de fréquentation, ses produits touristiques et ses partenaires; elle n’impose donc pas de quota sur les permis. S’il en faut un, le nombre de permis délivrés aux pourvoyeurs commerciaux offrant des excursions en rivière sera déterminé en consultation avec le Comité de gestion de Nááts’įhch’oh. À l’heure actuelle, le directeur de la réserve de parc national Nááts’įhch’oh délivre trois (3) permis.

Le directeur doit tenir compte du paragraphe 5(1) du Règlement pour déterminer s’il peut ou non délivrer un permis. Il peut aussi à cette fin se reporter à la section 3.0, Détermination des taux de fréquentation appropriés, des présentes lignes directrices.

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