Orignal - Maintenir l'équilibre de la forêt

Parc national Forillon

L’orignal fascine. Sa stature impose. Il est le plus grand de sa famille : les cervidés. Il est possible d’observer un orignal au parc national Forillon avec un peu de chance, des connaissances sur ses habitudes, de la patience et une bonne dose de discrétion.

Bien que discrets, les orignaux sont nombreux au parc. Leur nombre dépasse ce qu’une forêt saine et équilibrée peut habituellement supporter.

L’équipe de la Conservation des ressources naturelles a fait ce constat grâce

  • aux suivis réguliers de la population d’orignaux du parc; 
  • aux suivis de leur habitat;
  • aux résultats de recherches scientifiques obtenus depuis environ 15 ans.

Proactive, la direction a adopté un plan de gestion de 5 ans en 2023. Ce plan vise à protéger la forêt du parc national Forillon et l’ensemble des espèces animales qui en dépendent pour s’abriter, se nourrir et se reproduire.

Les prochaines étapes importantes sont de réaliser l’inventaire aérien (hiver 2025) et d’analyser les données qui s’y rattachent (printemps 2025).

Le plan de gestion fait le point sur l’état de la population d’orignaux et celui de l’intégrité écologique du parc. Il renferme des recommandations et des mesures qui découlent des résultats scientifiques obtenus et des consultations publiques.

En savoir plus sur les consultations publiques

En savoir plus sur le plan de gestion de la population surabondante d'orignaux (2023-2027)

 

Combien y a-t-il d'orignaux maintenant?

Les premières estimations réalisées après la création du parc dénombraient environ 50 orignaux. Par la suite, la population s'est maintenue entre 100 et 150 individus jusqu'à ce qu'une augmentation importante soit décelée en 2009. En 2017, plus de 840 individus peuplaient le parc, soit environ 35 orignaux/10 km2.

Données de suivi, inventaire aérien : 1997, 2009, 2017, 2020 et 2023 (Gouvernement ouvert)

Selon les données de l’inventaire aérien de 2023, la population d’orignaux du parc national Forillon comptait environ 530 individus soit 22 bêtes/10 km2.

Avec les variations du nombre d’orignaux, Parcs Canada augmente la fréquence des collectes de données pour suivre à la fois les orignaux et leurs impacts sur la forêt du parc national Forillon.

Pourquoi cette diminution du nombre d’orignaux

Toutes les populations d’animaux sauvages sont susceptibles de connaître des baisses et des hausses de leur niveau à différents moments de leur existence.

Les variations font partie des phénomènes naturels.

Pour le moment, il n’y a pas de certitude sur ce qui a provoqué la diminution d’orignaux observée.

La priorité est d’identifier, à l’aide de notre programme de recherche, la tendance à moyen terme et les multiples causes probables des variations du nombre d’orignaux dans le temps.

Les orignaux sont-ils trop nombreux?

Des recherches antérieures ont estimé que, pour maintenir son équilibre à long terme, un milieu comme le parc national Forillon devrait compter entre 10 et 20 orignaux/10 km2.

Avec 22 orignaux/10 km2, la population d’orignaux demeure élevée, mais se rapproche du niveau d’abondance qui permettrait de maintenir l’équilibre de la forêt.

Beaucoup d’orignaux, est-ce un problème?

L’orignal est un grand herbivore qui mange entre 10 et 30 kg de végétation par jour. Il est capable de bouleverser la composition et l’abondance des espèces qu’il consomme. Présent en grande densité, il peut altérer la végétation au point de modifier la dynamique de régénération des forêts. Il peut transformer de jeunes forêts en prairies sans possibilité de retour vers un habitat boisé à court terme.

À ce stade, la survie de certaines espèces animales peut également être affectée comme

  • la grive de Bicknell, une espèce en péril; 
  • la martre d’Amérique qui dépend de la présence de forêts matures;
  • le lynx du Canada.

Avec son impact sur la régénération et la biodiversité forestières, une surpopulation d’orignaux peut menacer l’intégrité de tout un écosystème.

Pourquoi tant d’orignaux?

Dans le parc, les orignaux sont très abondants essentiellement à cause de l’absence de facteurs régulateurs de leur population. 

  • Le loup, son principal prédateur, a disparu de la région depuis plus de 100 ans.
  • Les ours et les coyotes ne constituent généralement pas des prédateurs susceptibles d'influencer significativement l'abondance de la population d'orignaux.
  • La chasse y est interdite.
  • Les maladies et les parasites y sont peu influents.
  • La dernière épidémie de tordeuses de bourgeons de l’épinette a rajeuni les peuplements forestiers, les rendant plus productifs en nourriture pour l’orignal.

Les orignaux du parc vivent en toute quiétude et sans problème pour s’alimenter.

Qu’est-ce qu’un plan de gestion?

Lorsqu’une population est évaluée « surabondante », comme c’est le cas pour l’orignal au parc national Forillon, Parcs Canada met en place un plan de gestion pour maintenir la santé des écosystèmes.

Dans le cadre du projet « Maintenir l’équilibre de la forêt », le Plan de gestion de la population surabondante d'orignaux (2023-2027) se divise en 2 principaux volets :

  1. l’acquisition de connaissances;
  2. les mesures de contrôle.
Un programme de recherche d’envergure

Le parc national Forillon a mis en place un programme de recherche d’envergure afin d’acquérir de nouvelles connaissances sur l’orignal.

Avec les variations du nombre d’orignaux, Parcs Canada augmente la fréquence des collectes de données pour suivre à la fois les orignaux et leurs impacts sur la forêt du parc national Forillon.

Un programme de recherche en 4 volets sert de guide pour prendre des décisions éclairées.

1. Étudier la dynamique de la population d’orignaux du parc national Forillon

Une personne installant une caméra
Pierre Etcheverry, coordonnateur du projet « Maintenir l’équilibre de la forêt », pose une caméra utilisée pour l’inventaire d’orignaux.

Avec l’Université du Québec à Rimouski, Parcs Canada élabore un outil mathématique qui permet de prédire la façon dont la population d’orignaux varie au cours du temps en fonction de paramètres qui influencent

  • les mortalités,
  • les naissances,
  • les entrées et les sorties d’orignaux du parc.
Fécondité des femelles, natalité et survie des veaux

Avec l'Université Laval, Parcs Canada étudie la fécondité, la natalité, la survie estivale des veaux et évalue l’importance de la prédation par l’ours noir

Suivi d'abondance

Les inventaires sont une méthode très efficace pour suivre l’évolution de la population d’orignaux. Les derniers ont eu lieu en 2023.

Ils nous permettent d’estimer :

  • la population;
  • le nombre d’orignaux/km2;
  • le nombre de mâles, de femelles et de veaux, etc.

Au parc national Forillon, ils s’effectuent de deux façons :

  • par hélicoptère;
  • par caméra.

L’inventaire par hélicoptère est la façon la plus «  traditionnelle  ». L’inventaire par caméra est complémentaire et s’effectue les deux pieds sur terre. Il est utilisé à la fois pour l’ours noir et l’orignal.

2. Étudier l’influence de la tique d’hiver sur l’état de santé du roi de nos forêts

Un orignal
Veau avec un collier émetteur.

La tique d'hiver est minuscule. Elle est pourtant capable d'affecter de façon significative une population d'orignaux en diminuant la survie des individus les plus affectés. Pour cette raison, elle nécessite un volet de recherche bien à elle.

L’Université Laval (professeur Jean-Pierre Tremblay), le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et leurs différents partenaires, dont Parcs Canada, ont mis sur pied un projet de recherche et développement coopératif sur le rôle de la tique d’hiver dans l’écologie des populations d’orignaux dans l’Est du Canada.

Depuis 2020, 60 colliers émetteurs ont été posés : 29 sur des femelles adultes et 31 sur des veaux. L’hiver 2023 était le dernier hiver de pose de colliers émetteurs.

Les colliers émetteurs tombent automatiquement au sol grâce à un mécanisme programmable.

  • Pour les veaux, ils vont tomber en novembre de l’année de la pose. La survie des veaux est étudiée. Ils sont donc suivis jusqu’à la fin de leur période de jeunesse.
  • Pour les femelles adultes, ils vont tomber 3 ans après la pose. Cette partie du projet porte sur la survie et les déplacements des femelles au cours de leur vie.
  • Ils sont retrouvés grâce à leur émetteur et sont récupérés une fois tombés au sol.

    Les données transmises par les colliers émetteurs informent sur :

    • les déplacements des orignaux;
    • les milieux qu’ils fréquentent;
    • leur survie;
    • les causes de mortalité de façon indirecte.

    3. Détecter les impacts des orignaux sur les écosystèmes

    Une vue aérienne d'un l'orignal dans une forêt
    Impacts des orignaux sur les sommets.

    Les résultats des recherches menées depuis le précédent plan de gestion de l'orignal (2013) démontrent que les orignaux affectent la régénération de la forêt. L’impact est différent selon les endroits. Les sommets de montagnes semblent plus affectés que le reste du territoire (2019).

    Pour détecter les impacts, Parcs Canada combine des données d'images satellites à celles tirées de colliers émetteurs. Les résultats de cette étude pourraient faire ressortir une vue d'ensemble des impacts des orignaux dans le parc et permettraient d’identifier les zones les plus à risque de bouleversement.

    4. Comprendre les impacts des orignaux sur l’écosystème

    Une
    Inventaire de végétation dans un ravage.

    Au contraire d’un enclos, les huit exclos, de 400 m2 chacun, situés dans le parc gardent les orignaux à l’extérieur de la surface clôturée et les empêchent d’y manger la végétation.

    Un exercice de dénombrement des branches d’arbres et d’arbustes broutées ou non par espèce se nomme un inventaire de brout. Il informe sur la quantité et sur la qualité de la nourriture disponible pour l’orignal.

    La comparaison entre les exclos et les témoins (territoires délimités de même grandeur et où la végétation demeure accessible) permet d’évaluer les impacts de l’orignal sur la végétation.

    Arbustes dans une forêt.
    Arbres broutés à répétition.

    Des inventaires de brout sont aussi effectués dans des ravages, une zone dans laquelle les cervidés se confinent l’hiver.

    Des inventaires de brout se sont déroulés dans les exclos et les ravages en 2023.

    Une situation unique?

    Certains parcs nationaux de l’est du Canada sont aussi aux prises avec ce même phénomène et certains depuis plus de 25 ans. Tous ont pris des mesures de contrôle des populations d’orignaux et de protection ou de restauration des forêts.

    Le projet de recherche du parc national Forillon s’inspire des meilleures pratiques développées dans des projets similaires réalisés dans les parcs nationaux des Hautes-Terres-du-Cap-Breton, Gros-Morne et Terra-Nova.

    Vous avez des questions ou des commentaires sur le sujet?

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