Trois volets de restauration
Parc national de la Mauricie
Le projet de conservation et de restauration des écosystèmes aquatiques du parc national de la Mauricie s’inscrit dans la mission de Parcs Canada de comprendre, de protéger et de restaurer les écosystèmes dans le but de préserver leur intégrité écologique en leur redonnant leur état naturel. Concrètement, ce projet comporte trois volets :
- Retrait des billes de bois échouées sur les rives et au fond des lacs
- Rétablissement du régime hydrique des lacs et des milieux humides en démantelant les anciennes structures de drave
- Restauration des populations d’ombles de fontaine en conservant le patrimoine génétique unique
Retrait des billes de bois
La restauration des écosystèmes aquatiques se concrétise en partie par le retrait des billes de bois échouées sur les rives et au fond des lacs. Les membres de l’équipe les récupèrent une à une directement sur les berges ou à bord d’une embarcation. Ils utilisent d’ailleurs les mêmes outils employés par les draveurs du siècle dernier, soit des gaffes et des crochets à billes.
En quinze années, plus de 100 000 billes de bois ont été retirées de 20 lacs. Ces efforts de restauration contribuent non seulement à la santé des écosystèmes aquatiques, mais ils profitent aussi aux visiteurs qui ont de nouveaux accès aux plages.
Il faut savoir qu’aucune route ne donne accès à l’arrière-pays du parc national de la Mauricie. Ainsi, lorsque les membres de l’équipe y œuvrent, ils sont hébergés dans un camp de travail temporaire, accessible après avoir franchi quatre lacs et parcouru trois kilomètres de sentiers de portage. Ils transportent leur matériel et leur nourriture pour la semaine de travail, tandis que l’équipement volumineux est acheminé en motoneige l’hiver, ou encore en hydravion.
Rétablissement du régime hydrique
Le régime hydrique des lacs, des milieux humides et des cours d’eau est rétabli par le démantèlement des anciennes structures de drave, comme les barrages. On effectue d’abord un relevé archéologique de la structure et du niveau de rehaussement de l’eau pour documenter et mieux comprendre ces vestiges. Par la suite, on démantèle le barrage, ce qui nécessite le retrait d’une grande quantité de matériaux utilisés dans sa construction.
Grâce à ce projet, le régime hydrique de 20 lacs a été restauré. Ces travaux permettent de réduire l’érosion des rives, en plus d’aider plusieurs espèces animales. C’est le cas pour l’omble de fontaine, puisqu’on rétablit le libre passage entre certains lacs.
Le lac Dauphinais est un bon exemple du rétablissement du régime hydrique. Plus de 150 tonnes de roches ont été déplacées du lit du cours d’eau. De plus, le démantèlement a nécessité trois mois de travail et l’utilisation de machinerie.
Restauration des populations d’ombles de fontaine
La restauration des populations d’ombles de fontaine nécessite une analyse environnementale rigoureuse. Tout d’abord, on souhaite connaître l’abondance de chacune des espèces de poissons présentes dans les lacs. Lorsque l’on constate qu’une population d’ombles de fontaine est menacée, on capture les individus restants pour leur permettre de se reproduire en captivité, à l’abri de la compétition et de la prédation. Cette reproduction est effectuée de manière à conserver l’intégrité génétique de la population.
Par la suite, lorsque la population d’ombles de fontaine risque de disparaître, on lui redonne toute sa place dans l’écosystème en éliminant les espèces de poissons exotiques à l’aide d’un agent biologique biodégradable. En plus d’être la seule solution efficace pour y arriver, cet agent se dégrade rapidement dans l’environnement, généralement en moins de 20 jours.
Pour finir, on réintroduit les alevins, issus de la reproduction en captivité, dans le lac maintenant libéré des espèces introduites. De cette façon, ils redeviennent la seule espèce de poisson présente, comme dans la situation originale du lac.
Jusqu’à maintenant, la population d’ombles de fontaine de chaque lac étudié s’est révélée génétiquement distincte de celle des lacs adjacents. En effet, après la dernière glaciation, les étendues d’eau se sont isolées, ce qui a permis aux populations d’ombles d’évoluer distinctement.
En quinze années, 52 600 alevins ont été élevés en pisciculture et remis à l’eau. Au total, 14 lacs ont été restaurés pour l’habitat de l’omble de fontaine.
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