Quand la pierre vous parle du passé
Réserve de parc national de l'Archipel-de-Mingan
Quand la pierre vous parle du passé
© Parcs Canada / M. Boulianne / O 01 38 09, 1988
Les paysages de l'archipel de Mingan ont, depuis longtemps, charmé l'imaginaire. Et pour cause: sur les plages des îles se dressent de grands baigneurs, les monolithes, qui exhibent fièrement leur silhouette de calcaire. D'autres, plus pudiques, se couvrent d'un manteau végétal et se cachent dans la forêt boréale des îles.
Le Frère Marie-Victorin, célèbre botaniste, parle ainsi des îles Mingan : « ...la Minganie est fille de l'eau : les îles qui la composent sont des fragments, des miettes d'une terre ancienne lentement déposée au fond des mers... ». Pour comprendre l'origine des paysages fascinants de la Minganie, le visiteur doit effectuer un voyage dans le temps et remonter bien avant les dinosaures.
© Parcs Canada / É. Le Bel / A 02 136, 1996
La formation des îles
Témoin d'une époque de feu et de volcans, le Bouclier canadien de la Côte-Nord a traversé le temps grâce à sa roche très dure. On estime à près d'un milliard d'années, l'âge des roches de la Côte-Nord. Et puis, il y a eu la vie. Les premiers organismes marins vivaient dans une mer ancienne en bordure du Bouclier canadien. D'importantes rivières sillonnaient et érodaient déjà le Bouclier en transportant des particules de roche jusqu'à la mer. Ces sédiments, combinés aux restes d'organismes marins, allaient lentement former, au fond de l'eau, un lit de roche fait de strates de calcaire.
C'est à force de grands mouvements de l'écorce terrestre que ce lit de calcaire émerge sous la forme d'un grand plateau. À partir de ce moment, l'érosion fait son œuvre et travaille le calcaire friable de ce grand plateau, rempli de failles et de fractures. Les rivières du Bouclier ont profité de ces corridors naturels pour se rendre à la mer. Chemin faisant, elles ont isolé des parties du plateau, créant ainsi les îles de Mingan. Au fil du temps, la nature avec ses outils d'érosion a sculpté le littoral des îles pour en faire de véritables chefs-d'œuvre.
Ce calcaire gris, âgé de plus de 450 millions d'années, dissimule encore bien des secrets. Son origine marine, qui remonte au début de la vie et sa composition qui allie le monde minéral au monde vivant, permet d'y retrouver des traces précieuses : les fossiles. Ce phénomène confère à l'archipel une grande importance scientifique.
Les monolithes
© Parcs Canada / P. Saint-Jacques / D 02 04 295, 1989
Situons-nous pendant la dernière grande glaciation, il y a de cela 20 000 ans. Le refroidissement climatique planétaire entraîne une progression des glaces sur presque la totalité du continent nord-américain. L'archipel de Mingan n'y échappe pas: 2,5 kilomètres de glace le recouvre. Il en résulte un affaissement du continent, sous le poids de cette glace.
Puis, un réchauffement s'installe, entraînant la fonte du glacier. Deux conséquences en découlent : l'augmentation remarquable du niveau des océans et le relèvement lent et progressif du continent. En effet, il y a 10 000 ans, environ 85 mètres d'eau recouvrait l'archipel.
Enfin, après 2 800 ans de remontée : le sommet des îles émerge. La nature commence alors son lent processus d'érosion. Grâce aux vagues, aux variations du niveau marin, aux vents ainsi qu'au phénomène du gel et du dégel, le calcaire s'effrite et apparaissent les premiers monolithes.
Pendant des siècles, les îles continuent de sortir de l'eau, offrant à la mer de nouvelles parois à travailler. Aujourd'hui encore, le continent se redresse, l'œuvre se continue. Ces blocs d'une roche friable, vieille de plus de 450 millions d'années, subissent toujours l'attaque de nombreux agents d'érosion, sculptant et transformant toujours un peu plus les monolithes. Ces sculptures de calcaire pointant dans ce décor insulaire composent la plus grande concentration de monolithes du Canada.
Lors de votre visite dans l'archipel, d'autres chefs-d'œuvre attireront votre attention. Grottes, arches, profils étranges, fossiles et falaises auront aussi des siècles à raconter.
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