Lichens
Réserve de parc national de l'Archipel-de-Mingan
Plus de 190 espèces de lichens ont été répertoriées dans la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan, mais il reste encore plusieurs espèces à inventorier. Ils sont particulièrement abondants dans les landes à lichens et dans les zones de transition forêt boréale-toundra forestière maritime et lande-littoral, formant des pessières à lichens caractérisées par des conifères et arbustes dispersés et des tapis épais de lichens au sol.
Les lichens sont formés de champignons vivant en symbiose avec des algues vertes et/ou des cyanobactéries (photobiontes). Les photobiontes partagent avec les champignons les sucres produits pendant la photosynthèse et les champignons en retour partagent les sels minéraux et l’humidité prélevés dans l’air environnant. Puisque les lichens n’ont pas de racines, ils sont très dépendants des conditions de l’air ambiant et des particules qui s’y trouvent, ce qui les rend très sensibles à la pollution atmosphérique.
Forêt boréale
L’une des manifestations les plus évidentes du climat boréal maritime dans l’archipel de Mingan est l'abondance de lichens corticoles suspendus aux branches des conifères se trouvant sur les îles. Parmi ceux-ci, on retrouve plusieurs espèces de lichens fruticuleux comme les cheveux de sorcières, formant des grands filaments épiphytes distinctifs des forêts boréales matures. La présence de ces lichens est un bon indicateur d’air pur, plusieurs animaux l’utilisent aussi dans la construction de leurs nids ou abris. D’autres lichens fruticuleux et foliacés comme la Cladonie géante et la Peltigère aphteuse peuvent être aperçus au sol parmi les mousses.
Les lichens sont des organismes pionniers à croissance lente, capables d’accumuler de bonne quantité d’eau en périodes d’abondance et de résister à la dessiccation en périodes plus sèches. Cette adaptation combinée à une grande capacité à survivre aux variations de température importantes leur permettent de prédominer plusieurs milieux boréal et subarctique. Ils sont d’ailleurs une source de nourriture importante pour plusieurs espèces d’animaux vivants dans les régions nordiques, dont le caribou, l’ours noir et l’orignal.
Landes
Tout comme les bryophytes, les lichens ont un rôle écologique important dans la création du sol. Leur colonisation et altération de la roche permet l’accumulation de matière organique. Les lichens de la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan sont d’ailleurs particulièrement susceptibles d’être affectés par les changements climatiques et la perte d’habitat causée par l’envahissement d’espèces de plantes vasculaires plus compétitives.
Les landes à lichens, les toundras forestières maritimes et les tourbières ombrotrophes des îles de la réserve de parc comportent surtout du « lichen des caribous », un terme général utilisé pour désigner plusieurs espèces de lichens fruticuleux tapissant le sol telles la Cladine étoilée et la Cladine rangifère. Il est en fait très intéressant de suivre les successions des peuplements de lichens dans les landes. Les lichens incrustants colonisent d’abord les roches calcaires de la lande à cailloutis, ils sont ensuite substitués par de petits lichens foliacés, qui à leur tour sont délogés par des lichens fruticuleux.
Littoral
Plus près de la mer, il est possible d’observer des lichens foliacés comme la Xanthorie élégante poussant en rosettes orangées sur les sommets exposés des monolithes et les roches du haut littoral. C’est une espèce très résistante capable de faire de la photosynthèse jusqu’à -24°C (-11.2°F) et d’obtenir ses nutriments à partir du guano d’oiseaux marins. La Verrucaire vert foncé est un lichen incrustant qui se retrouve également dans ce milieu, formant des couches minces sur les falaises exposées aux embruns.
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