Le brûlage dirigé pour restaurer le paysage

Le rapport de Parcs Canada sur la conservation de 2018 à 2023

Section du rapport
La gestion adaptative
Emplacement
Parc national Banff, parc national des Glaciers, parc national Jasper, parc national Kootenay, parc national du Mont-Revelstoke et parc national Yoho en Alberta et Colombie-Britannique

Grâce à des décennies de travail de brûlages dirigés dans les parcs nationaux des montagnes, Parcs Canada renverse les conséquences écologiques négatives découlant de l’élimination du feu sur les terres et restaure le paysage.

Les brûlages dirigés étant un processus complexe, la gestion adaptative est au cœur de l’approche adoptée.

Points saillants du projet

  • 13 brûlages dirigés dans six parcs.
  • 6 336 hectares traitée au moyen de brûlages dirigés.
Une personne vêtue d’une veste de protection observe un brûlage dirigé formant une ligne dans un champ, en direction d’une chaîne de montagnes à l’arrière-plan.

Allumage du brûlage dirigé de prairies (2021) dans le secteur Henry House du parc national Jasper. Photo : Sean Buckle/Parcs Canada

Contexte

Le sol d’une forêt en régénération est couvert de fleurs roses d’épilobe à feuilles étroites qui entourent des troncs d’arbres carbonisés.
Un écosystème forestier sain dans le parc national Kootenay prospère grâce à l’épilobe à feuilles étroites après un brûlage dirigé. Photo : Parcs Canada

Depuis des millénaires, les peuples autochtones façonnent et entretiennent le paysage grâce aux brûlages culturels. Les objectifs et les pratiques de ces brûlages varient d’une collectivité à l’autre, et certains exemples comprennent l’amélioration de l’habitat faunique, la protection des communautés contre les feux incontrôlés, l’amélioration de la santé et de l’abondance des plantes médicinales ainsi que le maintien du lien entre les familles et la terre. Le feu incontrôlé est également un processus naturel et un élément clé du renouvellement de nombreux écosystèmes.

L’approche du feu au début du 20e siècle

Au début du 20e siècle, dans les plus anciens parcs de Parcs Canada, situés dans les montagnes Rocheuses de l’Alberta, le feu a été délibérément supprimé du paysage. À l’époque, le feu, en tant qu’agent de perturbation important et élément essentiel du fonctionnement d’un écosystème sain, était mal compris. Les feux incontrôlés ont été pratiquement éliminés des parcs, et les brûlages culturels pratiqués par les peuples autochtones ont été interdits. Ces premières mesures de conservation ont entraîné la perte d’importantes pratiques culturelles autochtones et eu des conséquences écologiques néfastes. Elles ont créé des charges de combustible anormalement importantes sur les terres, ce qui a augmenté le risque de graves feux de forêt. Ces mesures ont également perturbé d’autres processus naturels, entraînant une perte de biodiversité et d’habitat de la faune, ainsi qu’une sensibilité accrue aux maladies et aux dégâts causés par les insectes.

L’instauration du brûlage dirigé

Il y a 40 ans, Parcs Canada a tiré des leçons des résultats négatifs de l’ancienne approche de conservation qui consistait à éteindre les incendies et adapté ses pratiques de gestion à grande échelle. Cette adaptation a modifié l’approche de conservation grâce au recours à des brûlages dirigés pour réintroduire le feu dans le paysage de manière contrôlée.

Deux techniciens en prévention d’incendies vêtus d’une veste de protection et d’un casque allument à la main un brûlage dirigé dans une prairie enfumée.
Deux pompiers procèdent à des allumages manuels du brûlage dirigé (2021) dans le secteur des prés Flint’s/Stoney du parc national Banff. Photo : Silvie Fojtik/Parcs Canada
Un brûlage dirigé consume une forêt, tandis qu’un hélicoptère survole la fumée avec un réservoir héliporté.
Un hélicoptère déversant de l’eau sur le brûlage dirigé du secteur Sinclair dans le parc national Kootenay (2019). Photo : Chris Whitty/Parcs Canada

Le brûlage dirigé est l’utilisation planifiée du feu pour atteindre des objectifs précis. Grâce à l’utilisation sûre et efficace des brûlages dirigés, Parcs Canada améliore la santé écologique des forêts et des prairies dans les parcs des montagnes et ceux de partout au Canada, tout en réduisant les risques de feux de forêt pour les infrastructures publiques et les terres avoisinantes.

Kristyn Flanagan regarde au loin, au-delà d’une vallée, une chaîne de montagnes obscurcie par la fumée et tient un appareil de mesure des conditions météorologiques.
Kristyn Flanagan, technicienne du feu, surveille les conditions météorologiques sur le brûlage dirigé mené dans le secteur des prés Flint’s/Stoney du parc national Banff. Photo : Alex Jones/Parcs Canada

Chaque brûlage dirigé fait l’objet d’une planification approfondie qui peut prendre des années. Les conséquences éventuelles du plan sont minutieusement évaluées et celui-ci exige la satisfaction de conditions précises avant que l’allumage ait lieu. Étant donné que des conditions météorologiques et un comportement du feu précis sont nécessaires pour atteindre le résultat souhaité, un plan de brûlage dirigé prévoit que les spécialistes du feu devront peut-être adapter leurs mesures tous les jours, voire toutes les heures, en fonction des conditions météorologiques et du comportement du feu réels. Des adaptations, telles que l’interruption du brûlage dirigé, l’adaptation de la manière dont le feu est allumé ou de l’endroit où il est allumé, ainsi que des mesures d’urgence pour réagir à un feu qui menace de sortir de la zone désignée, sont intégrées au plan.

Éclairer les actions futures

Des techniciens en prévention d’incendies vêtus de vestes de protection observent un brûlage dirigé depuis un site d’observation. L’un d’eux montre le feu dans les montagnes.
Dans le parc national Banff, l’équipe de la gestion du feu de Parcs Canada surveille de près le brûlage dirigé mené dans la vallée de la rivière Alexandra (2022) afin d’évaluer les résultats et d’améliorer les efforts futurs. Photo : Kelsey Eade/Parcs Canada

Immédiatement après un brûlage dirigé, les conditions à court terme sont surveillées de près au moyen d’observations en personne, de stations météorologiques fixes à distance et de caméras de télésurveillance, de drones et d’analyseurs thermiques aériens. Après chaque brûlage dirigé, on procède à des bilans qui décrivent ce qui a bien fonctionné, ce qui ne s’est pas déroulé comme prévu et les moyens d’améliorer le brûlage.

La surveillance à long terme des sites de brûlage dirigé permet d’évaluer si les objectifs de création d’habitats faunique, de rétablissement d’espèces végétales et de protection des collectivités voisines ont été atteints. À chaque étape de ce processus, de la planification à l’exécution, en passant par la surveillance à court et à long terme, les enseignements tirés servent à améliorer la prochaine itération de l’approche de conservation.

Résultats de 2018 à 2023

Les 5 dernières années de brûlages dirigés dans les parcs de montagne ont été très bénéfiques pour les peuplements végétaux avec des cycles de feu plus courts, notamment les prairies, les prairies de montagne et les forêts où dominent le tremble et le sapin de Douglas. Les brûlages dirigés ont libéré des nutriments et dégagé les forêts, permettant ainsi la création d’une mosaïque d’écosystèmes qui abritent une grande diversité de plantes et d’animaux sauvages.

Résilience climatique

La réintroduction du feu dans le paysage, au moyen de brûlages dirigés, peut contribuer à améliorer la capacité d’adaptation de l’écosystème au changement climatique en créant des paysages plus diversifiés et plus résistants. Avec le changement climatique, les saisons des incendies devraient s’allonger, ce qui risque de provoquer des feux de forêt plus importants et plus graves. En recourant aux brûlages dirigés pour réduire la quantité de combustible qui s’est accumulée au fil des ans sur le parterre forestier et en aménageant des coupe-feux pour ralentir la propagation des incendies, Parcs Canada veille à ce que les futurs feux de forêt soient moins intenses et plus faciles à maîtriser ou à éteindre.

Soutenir les pratiques de brûlage culturel, d’apprentissage et d’adaptation dirigées par les Autochtones

Le recours au brûlage dirigé en tant qu’approche de conservation est étroitement lié au soutien qu’apporte Parcs Canada au rétablissement des pratiques culturelles de brûlage menées par les Autochtones. Guidé par des partenaires autochtones, Parcs Canada étudie actuellement sous tous ses aspects la manière dont les brûlages culturels menés par des Autochtones et les brûlages dirigés pourraient fonctionner simultanément dans les parcs du pays. En adoptant la sagesse de la pratique de longue date du brûlage culturel, Parcs Canada pourra faire évoluer ses pratiques de gestion du feu et orienter la voie à suivre.

Un grizzli traverse un pré luxuriant dans une vallée. Le paysage est parsemé d’arbres calcinés.
Les brûlages dirigés menés dans le parc national Jasper favorisent la diversité végétale, enrichissant ainsi l’habitat des ours et d’innombrables autres espèces. Photo : Coulter Schmitz/Parcs Canada
Un jeune et un adulte, tous deux vêtus d’une veste de protection et d’un casque, marchent côte à côte dans un pré. Le jeune est supervisé lorsqu’il allume l’herbe.
Un membre de l’équipe de Parcs Canada supervise un jeune Métis dans le cadre d’un petit brûlage dirigé mené au feu de camp culturel du lieu historique national Rocky Mountain House pour les jeunes et les familles métisses, où ces derniers étudient le brûlage dirigé de Parcs Canada et le brûlage culturel des aînés. Photo : Parcs Canada

Parcs Canada est conscient des difficultés rencontrées au cours des dernières années en raison des feux de forêt qui ont touché de nombreuses collectivités, entreprises et personnes dans différentes régions du pays. Des travaux ciblés se poursuivent dans les parcs nationaux partout au pays afin de rendre les paysages et les collectivités voisines plus sûrs face aux feux de forêt.

Portrait de Jane Park en uniforme de Parcs Canada.
« J’aime le fait que le travail que nous faisons a des effets tangibles et visibles sur l’écosystème. Géré de manière appropriée, le feu augmentera toujours la résilience de l’écosystème face à des phénomènes tels que le changement climatique ou les répercussions négatives des feux de forêt. » [Traduction]
—Jane Park, spécialiste feux et de la végétation, Parcs Canada

Vidéo

Regardez comment Parcs Canada utilise les brûlages dirigés pour créer des écosystèmes plus diversifiés et plus résistants

Transcription

[Seth Cherry] La suppression du feu englobe toutes les tactiques employées pour maîtriser ou éteindre un incendie qui s’est déclaré.

La suppression du feu a vraiment engendré une perte de diversité dans nos forêts.

Nous avons des peuplements forestiers qui ont tous le même âge – un grand nombre d’arbres de la même espèce.

Le couvert forestier se referme.

La lumière du soleil ne peut plus se rendre jusqu’au sol.

Alors, nous avons essentiellement affaire à une monoculture.

Après des années de suppression du feu, l’habitat faunique s’est rétréci.

Nous perdons des milieux ouverts où poussent les plantes fourragères qui servent à nourrir différentes espèces animales.

Les brûlages dirigés sont un outil très important qui nous permet d’accroître la diversité de nos forêts.

Nous attendons que les conditions météo soient parfaites pour nos brûlages dirigés.

Nous tenons compte de paramètres comme l’humidité, la température, la vitesse et la direction du vent, et nous nous assurons que toutes les conditions sont réunies pour que nous puissions ouvrir le couvert forestier et favoriser la croissance d’espèces comme des graminées et des plantes à feuilles larges, qui conviennent parfaitement à plusieurs espèces animales.

Nous avons au bout du compte une forêt plus résiliente.

Pour en savoir plus

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