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Des Canadiens d’origine chinoise et la lutte pour leurs droits civils en Colombie-Britannique

De jeunes conservateurs à l’appui de Jung (Douglas Jung, deuxième à partir de la gauche). © Bibliothèque municipale de Vancouver/ 41618B, 1958
Pour la semaine du lundi 25 avril 2022

Le 29 avril 1898, le journal torontois The Globe relate les débats de la Chambre des communes sur la question de l’admissibilité au droit de vote. La Colombie-Britannique avait été l’une des premières provinces à définir ce critère en s’appuyant en partie sur la race, ce qui avait retiré aux Canadiens d’origine chinoise leur droit de vote en 1872. Il ne s’agit que d’un exemple des nombreuses lois au Canada qui limitent considérablement les droits et les libertés des Chinois à l’époque. La communauté chinoise réagit à ces mesures en mettant sur pied des organisations qui manifestent contre ces législations racistes et plaident en faveur d’une citoyenneté à part entière.

L’immigration des Chinois en Colombie-Britannique commence dans les années 1850. Ce mouvement diminue toutefois de façon importante après l’imposition d’une taxe d’entrée dissuasive en 1885 et l’adoption de la Loi de l’immigration chinoise le 1er juillet 1923, date connue sous le nom de « Jour de l’humiliation » au sein de la communauté chinoise. En effet, cette loi ferme alors la porte à presque tous les immigrants chinois et exige que tous les résidents d’origine chinoise au Canada s’inscrivent pour obtenir une carte d’identité. En raison de ces politiques racistes, des familles sont séparées et beaucoup d’hommes chinois ne peuvent parrainer l’immigration des membres de leur famille, y compris celle de leur femme et de leurs enfants.

À la lumière de ces faits, des organisations communautaires telles que la Chinese Consolidated Benevolent Association de Victoria (fondée en 1884) et la Chinese Benevolent Association de Vancouver (fondée en 1896) prennent une plus grande importance. Elles permettent de renforcer les liens sociaux, de fournir une aide financière et des services de santé, de créer des possibilités de loisirs en plus de venir en aide aux personnes sans emploi. Le besoin est particulièrement criant pendant la Grande Dépression, car les résidents chinois connaissent des taux de chômage plus élevés que les autres habitants de la Colombie-Britannique.

Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, les Canadiens d’origine chinoise se demandent s’ils doivent ou non se joindre aux forces armées, car cela signifierait se battre pour un pays qui ne reconnaît pas leurs droits civils. Finalement, environ 600 hommes et femmes d’origine chinoise portent l’uniforme au service du pays, dont Douglas Jung, né à Victoria en 1924. Jung compte parmi les quelque 150 Canadiens d’origine chinoise à servir dans la Force 136, une division qui mène des opérations spéciales en Asie du Sud-Est, région occupée par les Japonais, pour le compte du service britannique Special Operations Executive. Le service, les sacrifices et les revendications des anciens combattants canadiens d’origine chinoise permettent de faire pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il abroge, en 1947, la Loi de l’immigration chinoise. Peu après, la province de la Colombie-Britannique étend le droit de vote aux Canadiens d’origine chinoise et, en 1948, le gouvernement fédéral abroge les articles de l’Acte des élections fédérales de 1920 qui privaient les membres des communautés racialisées du droit de vote, si ceux-ci avaient été exclus de ce droit par les provinces. En 1957, Jung devient la première personne d’ascendance chinoise de l’histoire du Canada à être élue, en qualité de représentant de Vancouver-Centre, à la Chambre des communes.

Il reste alors beaucoup de travail à faire. Dans les années qui suivent, Wong Foon Sien (Wong Mun Poo), président de la Chinese Benevolent Association de Vancouver de 1948 à 1959, continue de défendre les droits des Canadiens d’origine chinoise. Ce dernier et d’autres défenseurs politiques canadiens d’origine chinoise comme Velma Chen jouent un rôle important, par exemple dans le cadre de campagnes menées pour obtenir le droit de vote aux élections provinciales et municipales ou l’adoption de politiques d’immigration plus libérales qui rendraient possible la réunification familiale pour davantage de Canadiens d’origine chinoise.

Wong Foon Sien (au centre) accepte un prix pour sa contribution à la Chinese Benevolent Association (1952). © Bibliothèque municipale de Vancouver/ William Cunningham / 60589, 1952
Wong Foon Sien a été désigné personnage historique national en 2008. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada conseille le gouvernement du Canada sur la commémoration de personnes historiques nationales – des individus qui ont apporté des contributions uniques et durables à l’histoire du Canada.

Le Programme national de commémoration historique compte sur la participation de la population pour la mise en candidature de lieux, d’événements et de personnes d’importance historique nationale. Tous les membres du public peuvent soumettre un sujet à l’examen de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada. Voyez comment participer à ce processus.

Apprenez-en plus au sujet de l’approche de Parcs Canada sur l’histoire publique en consultant Le cadre pour l’histoire et la commémoration (2019) sur notre site web.
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