Personnage historique national du Dr Dominique François Gaspard (1884-1938)

Portrait du Dr Dominique François Gaspard, un médecin d’ascendance africaine au Canada, lors de sa graduation au Séminaire de Saint-Hyacinthe
Photo de finissant de Dominique Francois Gaspard au Séminaire de Saint-Hyacinthe, vers 1911
© Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe / Fonds CH001 Séminaire de Saint-Hyacinthe

Dr Dominique François Gaspard a été désigné comme un personnage historique national en 2024.

Importance historique : médecin très instruit et d’ascendance africaine qui mène une vie axée sur le service inclusif faisant le pont entre les barrières que sont la race, la langue et la classe au début du XXe siècle au Canada.

Commemorative plaque : pas de plaque installéeFootnote 1

Dr Dominique François Gaspard (1884-1938)

Avis sur l’utilisation de termes historiques : le texte suivant contient un langage et un contenu historiques, y compris des termes couramment utilisés au Canada aux XIXe et XXe siècles pour désigner les personnes d’ascendance africaine, que certains pourraient trouver offensants et qui sont aujourd’hui largement considérés comme dénigrants.

L’histoire hors du commun du Dr Dominique François Gaspard met en lumière la diversité religieuse, linguistique et ethnoculturelle des personnes d’ascendance africaine au début du XXe siècle au Canada. Contrairement à la plupart des Afro-Américains de l’époque au Québec, Gaspard est né à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, dans une famille afro-française créole. Il mène une vie axée sur le service qui fait le pont entre les barrières que sont l’origine ethnique, la langue et la classe, s’engageant dans le Corps médical de l’armée canadienne pendant la Première Guerre mondiale puis en ouvrant un cabinet médical à Montréal où tout le monde peut recevoir des soins. Il apparaît comme un homme très instruit, bilingue et catholique au sein d’une communauté largement anglophone et ouvrière, ce qui ajoute complexité et nuance à la compréhension de l’histoire des Noirs.

Dominique et son frère jumeau Barthelmi (parfois épelé Barthélémy) sont nés le 22 décembre 1884 à La Nouvelle-Orléans de parents prénommés Esther et John. En 1905, Gaspard quitte La Nouvelle-Orléans pour aller étudier au Séminaire de Saint-Hyacinthe, situé à environ 60 km à l’est de Montréal, au Québec. L’une des premières écoles secondaires du Québec, le séminaire accueille des élèves d’ascendance africaine depuis les années 1860. En 1910, Gaspard publie le récit des expériences des étudiants catholiques afro-américains, un rare témoignage de cette époque. Gaspard obtient son diplôme en 1911 et songe à s’engager dans l’ordre des Dominicains avant de s’inscrire en médecine en 1912 à l’Université Laval à Montréal.

Pendant la Première Guerre mondiale, Gaspard interrompt ses études pour s’enrôler dans le Corps expéditionnaire canadien. De mars 1915 à juillet 1917, il travaille à l’Hôpital fixe no 4 (qui devient l’Hôpital général no 8), lequel relève du Corps de santé de l’Armée canadienne. Il est l’un des 103 membres de l’Hôpital fixe no 4 qui montent à bord du SS Victoria pour se rendre en France en novembre 1915. Ceux-ci s’installent sur l’ancien champ de courses de Saint-Cloud, en périphérie de Paris, et commencent à construire leurs installations, à creuser des tranchées pour les eaux usées et à bâtir des huttes en bois, auxquelles ils donnent le nom de lieux canadiens. Gaspard est promu au rang de caporal, puis de sergent et, en avril 1917, il reçoit la Médaille des épidémies du ministère de la Guerre de la France. Il travaille à l’Hôpital général no 8 jusqu’en juillet 1917, lorsqu’il revient au Canada pour terminer ses études en médecine.

Gaspard obtient son diplôme de l’Université Laval au printemps 1918 et vit le reste de ses jours dans la région de Montréal au sein de la première génération avant-gardiste de médecins d’ascendance africaine. Il joue un rôle actif dans la communauté, se joignant à la congrégation de l’Union United Church et à la section locale de l’Universal Negro Improvement Association en 1920. Il contribue à la fondation du Negro Community Centre avec sa femme Ethel May Lyons en 1927 et à la Coloured War Veterans’ Legion (Quebec no. 50) en 1935. Première et unique filiale de la Légion exclusivement destinée aux anciens combattants canadiens d’ascendance africaine, elle est renommée la filiale 50 Dr. Gaspard de la Légion royale canadienne en son honneur en 1953. Gaspard s’éteint le 6 février 1938 des suites d’une brève maladie.

« Legacy Voices Veterans et les projets de recensement Not Just Numbers (NJN) ont été ravis de collaborer pour étudier la riche histoire canadienne de l'ancien combattant de la Première Guerre mondiale, le Dr Dominique Gaspard. Nous sommes ravis qu'il ait été désigné personne d'importance historique nationale et nous avons hâte que son héritage fasse partie du programme scolaire au Canada. »

Kathy Grant
Fondatrice et historienne de Legacy Voices, récipiendaire de la médaille du jubilé de platine de la Reine, et auteur de la proposition de désignation, et Julissa Perez, chercheuse jeunesse du NJN

« La reconnaissance par le gouvernement du Canada du Dr Dominique Gaspard comme personne d'importance historique mérite d'être soulignée. Dr Gaspard a joué un rôle important au sein de la première communauté noire de Montréal. Il a contribué à la création d'organismes clés pour l'amélioration de la petite communauté noire anglophone de la ville. La langue n'était pas un obstacle, ce qui a permis à cet Afro-Américain parfaitement bilingue de fournir des soins médicaux à tous ceux qui en avaient besoin. Le Dr Gaspard a servi pendant la Première Guerre mondiale et a été décoré pour ses services exceptionnels. Son lien particulier avec les anciens combattants noirs a été reconnu même des années après sa mort prématurée. À leur demande, la Légion locale a renommé la succursale des anciens combattants de couleur (Québec no 50) en succursale Dr Gaspard de la Légion royale canadienne no 50. Sa vie au service de la jeune communauté noire a été unique, et la reconnaissance des premiers leaders de Montréal est la bienvenue. »

Dre Dorothy W. Williams, PhD
Professeure auxiliaire, auteure et fondatrice de Blacbiblio.com Inc.

La présente fiche d’information a été rédigée au moment de l’annonce ministérielle en 2024.

Le Programme national de commémoration historique repose sur la participation des Canadiens afin d’identifier les lieux, les événements et les personnages d’importance historique nationale. Tous les membres du public peuvent proposer un sujet afin qu’il soit étudié par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.

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