Histoire du site
Lieu historique national d’Obadjiwan–Fort-Témiscamingue
Depuis quelque six millénaires, cet endroit et les environs ont été sporadiquement occupés par des populations nomades exploitant les ressources de la forêt boréale. On a d’ailleurs constitué une collection d’artéfacts archéologiques, comme des outils en pierre de provenance soit locale, soit extérieure à la région, des céramiques, du cuivre et même des grains de maïs. Cela démontre l’existence de vastes réseaux d’échange avec d’autres cultures autochtones établies à l’ouest du lac Supérieur, à la baie James, au lac Saint-Jean, au sud de l’Ontario et ailleurs encore. Ces réseaux étaient essentiels à la survie des sociétés nomades puisqu’ils reliaient les familles et permettaient aussi la circulation de l’information et des objets.
Vers 1680, un premier poste de traite a été construit sur une île à l’embouchure de la rivière Montréal, sise à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de l’actuelle Ville-Marie. Il permettait à la Compagnie du Nord, création canadienne (Nouvelle-France), de concurrencer les établissements anglais de la baie d’Hudson. En riposte à la capture de trois forts anglais de la baie James, en 1686, par le Chevalier de Troyes, ce poste est incendié deux ans plus tard par les membres de la Confédération Iroquoise (Haudenosaunee), ennemis des Anicinabeg (Algonquins). Même si des activités de traite se poursuivent au Témiscamingue, il faut attendre 1720 pour que la Compagnie du Nord reconstruise un poste de traite de fourrures sur le site actuel du lieu historique national d’Obadjiwan–Fort-Témiscamingue. Il sera dirigé par différents marchands montréalais, dont M. Paul Guillet qui en sera la figure dominante jusqu’en 1750. L’activité commerciale canadienne y fut florissante jusqu’à la conquête anglaise en 1760. Par la suite, divers marchands indépendants ont pris le relais. En 1795, la Compagnie du Nord-Ouest obtient le monopole de la traite. La Compagnie de la Baie d’Hudson le détient à son tour à compter de 1821. Mais, son rôle va bientôt se modifier. En 1869, La Compagnie de la Baie d’Hudson se départit des Terres de Rupert, suite à la négociation menée par George-Étienne Cartier. Ce dernier entreprenait alors l’élargissement des frontières du Canada remodelé par la Confédération. Pour lui, la compagnie avait bien traité les « Indiens » et le Canada pourrait compter sur elle pour établir de bonnes relations avec les autochtones.
Après que la Compagnie de la Baie d’Hudson eût quitté définitivement le poste en 1902, la famille Hutchinson l’acquiert et en demeure propriétaire de 1918 à 1948. Par la suite, M. Ovide Gaudet en possède les titres jusqu’en 1955. C’est alors que la communauté des Pères Oblats de Marie-Immaculée achète à son tour l’ancien poste pour le conserver jusqu’en 1970, année de son acquisition par Parcs Canada. Entre-temps, la population locale fréquentait les lieux pour son délassement ou pour des célébrations.
Le fort Témiscamingue est représentatif des postes de traite de la région boréale. Tout au long de son existence, il reste tributaire des activités de trappe maîtrisées par les populations algonquiennes. Par ailleurs, certaines d’entre elles s’initient à l’agriculture au début des années 1830.
À venir : les termes des relations entre les Anishinaabeg et les diverses compagnies de traite du fort Témiscamingue.
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