Cours supérieur du fleuve
Lieu historique national S.S. Klondike
Long de 3 185 km, le fleuve Yukon est le cinquième cours d'eau en importance en Amérique du Nord. Sur toute sa longueur, le fleuve ne présentait pas d'importants obstacles à la navigation sauf aux rapides du canyon Miles et aux rapides
Même s'il n'était pas sans obstacles à la navigation, le cours supérieur du fleuve Yukon, qui s'étend de Whitehorse à Dawson City, était vu comme relativement facile à parcourir – le type de dangers qu'on y trouvait étaient de ceux qui se posaient sur la plupart des cours d'eau qu'empruntaient les bateaux à roue arrière. Chargé de marchandises et de quelques passagers, le S.S. Klondike pouvait descendre le fleuve de Whitehorse à Dawson City – une distance de quelque 740 kilomètres – en environ 36 heures, et il faisait un ou deux arrêts pour faire provision de bois. Pour le barreur, qui était généralement le capitaine ou le pilote, le trajet en aval exigeait le plus d'efforts étant donné que le navire, qui se déplaçait dans le sens du courant, avançait plus rapidement. Les pilotes devaient savoir lire l'eau et manœuvrer le bateau afin de rester dans le chenal principal du fleuve. Il leur arrivait souvent d'inverser la rotation de la roue à aubes pour ralentir la course du navire et aider à la navigation. Il était particulièrement difficile de négocier une courbe serrée quand le bateau descendait le fleuve. À l'approche d'une courbe, le pilote inversait la rotation de la roue à aubes et positionnait le bateau de sorte que la puissance du courant le transporte dans la courbe. Une fois la courbe passée, le pilote remettait les moteurs en avant toute pour compléter la manœuvre; le bateau dérivait en quelque sorte dans la courbe. Chaque fois qu'un gros navire sillonne une rivière peu profonde, il court le risque de s'échouer. Il y avait quatre manières de dégager un bateau coincé dans une barre sablonneuse ou de petits fonds : on mettait à profit l'action de la roue à aubes pour débarrasser la coque du sable ou du gravier, on déchargeait des marchandises pour alléger le tirant d'eau, on fixait un câble sur la rive pour tirer le navire, ou on se servait d'espars. La méthode retenue dépendait des circonstances, mais la plus spectaculaire était celle des espars. Les espars étaient deux grands mâts dotés d'un système de pouliage. Quand ils ne servaient pas, ils étaient fixés de part et d'autre du mât principal, sur le pont avant. Quand on en avait besoin, on les retirait du pontage avant et on les plaçait sur les côtés du bateau en les faisant glisser dans un collier de chaîne jusqu'au fond de l'eau. On pouvait se servir d'un ou des deux espars et on les plaçait en angle selon la direction dans laquelle le navire devait être déplacé. Au moyen du pouliage rattaché au treuil, on pouvait soulever l'étrave du bateau et ainsi déplacer ce dernier, qui faisait des embardées de deux à trois pieds à la fois. On répétait la manœuvre jusqu'à ce que le bateau soit dégagé. En début de saison, un petit bateau de travail descendait le fleuve pour marquer le chenal principal, dont certains tronçons pouvaient changer d'année en année. Certains pilotes tenaient des cartes détaillées du fleuve, qu'ils devaient sans cesse mettre à jour pour tenir compte de l'évolution du fleuve. D'autres préféraient se fier à leur mémoire et à leur aptitude à lire l'eau. Dans un cas comme dans l'autre, si l'on doutait de la profondeur de l'eau, un homme se plaçait d'un côté ou de l'autre du pont avant (ou sur le devant de la barge, s'il y en avait une) pour sonder la profondeur de l'eau au moyen de perches de sondage annelées de noir et de blanc. Plusieurs navires s'échouèrent dans un secteur que l'on appelait
Au retour, le Klondike s'arrêtait d'abord à
Quand il montait le fleuve, le navire avançait presque deux fois plus lentement qu'à la descente, ce qui donnait au barreur amplement de temps pour choisir un chenal et organiser une manœuvre. Pour le chauffeur de chaudière qui se trouvait dans la chaufferie, le trajet en amont était une autre paire de manches, car il lui fallait répondre aux besoins accrus du bateau et alimenter la chaudière à un rythme de plus d'une corde à l'heure. Dans les gros rapides – U.S. Bend, Hells Gate, Domville Bar, Rink et Five Finger – des câbles d'acier étaient fixés en permanence sur la rive pour hâler les bateaux au moyen d'un treuil à vapeur fixé sur le pont avant. La manœuvre prenait généralement moins d'une demi-heure, mais elle nécessitait une corde de bois. Aux rapides Five Finger, où quatre affleurements rocheux massifs divisaient le fleuve en cinq canaux, on avait recours à des explosifs pour élargir l'étroit canal, à l'est, et y faciliter la navigation. Cette méthode était également employée ailleurs le long du fleuve. Le système de transport fluvial présentait une importante contrainte, à savoir la courte durée de la saison de navigation. Les froids hivers nordiques faisaient en sorte que le fleuve était emprisonné par les glaces pendant au moins sept mois de l'année. Au printemps, on effectuait l'entretien et la réparation des bateaux avant de les mettre à l'eau pour une autre saison. On pouvait remplacer des planches de la coque et appliquer une autre couche de peinture. Il fallait deux jours ou plus pour retirer un bateau de son calage et le mettre à l'eau. Au printemps, le lac Laberge restait prisonnier des glaces plusieurs semaines après l'ouverture du fleuve. On laissait souvent un bateau à roue arrière plus petit, comme le S.S. Keno , pendant tout l'hiver dans un bourbier en aval du lac Laberge; il pouvait ainsi transporter une cargaison en début de saison vers le bas du fleuve, les fournitures ayant été acheminées sur le lac englacé. Ce bateau montait ensuite la rivière Stewart pour y prendre des sacs de minerai, qui avaient été empilés à Mayo pendant l'hiver, et les amener jusqu'à
On déployait beaucoup d'efforts pour tenter de briser la glace sur le lac Laberge au printemps afin de prolonger la saison de navigation de quelques précieuses semaines. Un mélange de noir de fumée et d'huile moteur de carter usée était souvent répandu sur la glace pour absorber la chaleur du soleil et favoriser la fonte. Pour que cette technique réussisse, le soleil devait cependant briller pendant quelque temps; elle échouait s'il devait neiger en fin de saison. Quoi qu'il en soit, une fois que la glace s'était suffisamment désintégrée, un bateau à roue arrière poussant une barge en acier permettait d'ouvrir un chenal. Dans les années 1920, un barrage fut construit en amont de Whitehorse, au point de décharge du lac Marsh. L'eau qui s'y était accumulée l'été précédent était libérée au printemps, ce qui permettait de faire monter le niveau du lac Laberge et ainsi briser plus rapidement la glace. À la mi-septembre, les embruns de la roue à aubes commençaient à geler sur l'arrière des bateaux alors qu'ils entreprenaient leurs dernières navettes de la saison. À la mi-octobre, le lac Laberge se couvrait de glace. Les bateaux étaient vidés et nettoyés. On les sortait ensuite de l'eau, et on les soulevait pour les déposer sur des calages de bois pour l'hiver. Quand des routes furent construites dans la région dans les années 1940, il fut possible d'assurer le transport par voie terrestre à l'année, sonnant le glas de la fin prochaine du bateau à roue arrière. Quand la route de Mayo à Dawson fut achevée, dans les années 1950, le sort des bateaux à roue arrière fut scellé, et les routes remplacèrent le fleuve comme pivot du système de transport au Yukon.Vers l'aval
À la dérive dans une courbe
Les petits fonds et les barres sablonneuses
Vers l'amont
Des rapides à franchir
Contraintes saisonnières
Mise à l'eau printanière
Glace au printemps sur lac Laberge
À l'automne
Du transport fluvial au transport routier
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