Blogue sur le bison

Parc national Banff

Réintroduction du bison des plaines dans le parc national Banff

La réintroduction du bison des plaines dans le parc national Banff renverse la cascade des effets écologiques et culturels négatifs causés par sa quasi-extinction en Amérique du Nord il y a plus de 140 ans.

  • 16 bisons des plaines en santé réintroduits en 2017
  • Plus de 130 bisons des plaines sur le territoire en 2024

Le projet a permis de créer un nouveau troupeau en croissance et d’établir une base solide de connaissances et de pratiques exemplaires afin d’inspirer et d’appuyer les alliances pour des réintroductions semblables par les peuples autochtones et les praticiens de la conservation à d’autres endroits.

    Conservation staff on horseback in backcountry
    Les membres de l’équipe de conservation des ressources de Parcs Canada travaillent à cheval dans l’arrière-pays du parc national Banff, en posant des colliers émetteurs au troupeau de bisons à des fins de surveillance.
    Photo : © Karsten Heuer/Parcs Canada
    Bison crossing river
    Trois bisons entreprennent une traversée d’une rivière dans le parc national Banff, un comportement courant dans leur vaste territoire.
    Photo : Dan Rafla/Parcs Canada

    Contexte

    Il y a plus d’un siècle, le bison des plaines a été chassé jusqu’à sa quasi-disparition dans les Grandes Plaines et sur les versants est des Rocheuses, y compris dans la région qui est devenue le parc national Banff. Les conséquences ont été importantes, y compris la réduction de la biodiversité et les répercussions sur les processus naturels dans l’écosystème.

    En tant qu’espèce clé, le bison influence de nombreuses parties de l’écosystème. Leur pâturage et leurs mares bourbeuses créent un habitat pour les plantes et d’autres animaux, en particulier ceux que l’on trouve dans les prairies herbeuses. Le mouvement des troupeaux de bisons redistribue les éléments nutritifs dans tout l’écosystème. Leur disparition a également profondément affecté les peuples autochtones, qui ont des liens culturels vitaux avec le bison.

    Staff monitoring bison in the backcountry
    Les membres de l’équipe de Parcs Canada et leurs partenaires surveillent tandis que les bisons sont relâchés de leurs conteneurs d’expédition dans le pâturage Windy de la vallée Panther, dans le parc national Banff.
    Photo: Dan Rafla/Parcs Canada

    Réintroduction du bison

    En 2017, 16 bisons des plaines en santé ont été transférés du parc national Elk Island au parc national Banff. Depuis des décennies, Parcs Canada contribue à la réintroduction du bison partout au Canada, aux États-Unis et même en Russie, en fournissant des bisons des plaines et des bisons des bois sans maladie provenant du parc national Elk Island. Ce programme de translocation a permis de créer de nombreux nouveaux troupeaux et est important pour la conservation du bison dans le monde.

    Staff monitoring bison in the backcountry
    Un membre de l’équipe de Parcs Canada utilise la radiotélémétrie pour suivre un troupeau de bisons porteurs de colliers émetteurs, ce qui permet de recueillir des données vitales sur le comportement, la santé et la taille de la population.
    Photo: Karsten Heuer/Parcs Canada

    Résultats

    En 2024, alors que les sept premières années du projet de réintroduction du bison étaient terminées, le troupeau du parc national Banff est en bonne santé et a connu une croissance rapide pour atteindre plus de 130 animaux. Fait important, ce nouveau troupeau n’est que la cinquième population en liberté de cette espèce en péril dans le monde, dans l’aire de répartition historique du bison des plaines.

    bison roaming
    Depuis sa réintroduction en 2017, le troupeau de bisons est passé à plus de 130 animaux, qui parcourent maintenant l’arrière-pays du parc national Banff.
    Photo: Karsten Heuer/Parcs Canada

    Travail d’équipe

    Le succès du projet est en grande partie attribuable à l’entrecroisement des cérémonies autochtones et des connaissances culturelles avec la science occidentale. Cet objectif a été atteint grâce à une importante collaboration avec de nombreuses Premières Nations, y compris les nations Stoney Nakoda (Bearspaw, Chiniki et Goodstoney), la nation Siksika, la nation Piikani, la nation Kainai, la nation Tsuut’ina, les bandes Ktunaxa et Shuswap, la nation crie Samson, et le district métis de Rocky View du gouvernement métis d’Otipemisiwak. De nombreux partenaires du milieu universitaire, des municipalités environnantes, du gouvernement provincial et d’organisations non gouvernementales ont également joué un rôle essentiel.

    indigenousadvisorycircle
    Les membres du Cercle consultatif autochtone du parc national Banff en route vers la zone de réintroduction du bison dans le parc national Banff pour une visite du site en juillet 2024.

    Gestion active

    La population de bisons en liberté est gardée à l’intérieur d’une aire de répartition de 1200 km2 dans le parc national en utilisant de courtes sections de clôtures respectueuses de la faune, placées à l’endroit où les bisons pourraient tenter de quitter le parc, et en les ramenant lorsqu’ils quittent les limites du parc.

    bison calves
    Une nouvelle génération commence sa vie, dans le parc national Banff, au sein du troupeau de bisons restauré. À mesure que le troupeau continue de croître, la gestion de la population et de la zone sera importante pour la durabilité future.
    Photo: Karsten Heuer/Parcs Canada

    Prochaines étapes

    Avec l’achèvement des sept premières années du projet, Parcs Canada, les groupes autochtones et les intervenants explorent ce à quoi pourrait ressembler un programme plus vaste sur le bison, y compris les possibilités de partage des compétences et la récolte réglementée de bisons par les Autochtones pour gérer le troupeau en croissance. La collaboration avec des partenaires au-delà des frontières sera essentielle pour accommoder le troupeau en croissance à long terme.

    Karsten Heuer

    « Le bison doit rester sauvage, comme les autres espèces. Ils veulent franchir nos frontières établies par l’humain. La façon dont nous répondons à leur demande, en tant que société, déterminera le succès à long terme de ce projet. »

    Karsten Heuer, gestionnaire du projet de réintroduction du bison, Parcs Canada


    Bison de Banff : Multimédia

    Faites l’expérience de la vie sur le terrain en visionnant des vidéos de moments clés du parcours de réintroduction.

    Regardez le retour historique du bison des plaines au premier parc national du Canada

    Les bisons du parc national Banff : Entièrement sauvages!

    Réintroduction du bison sauvage à parc national Banff

    Parc national Banff - premier pas - veau de bison

    Le bison du Canada : Rétablir un héritage


    Blogues des premiers jours de la réintroduction :

      2021

    • 10 août : Vagabonder en terrain inconnu

      Nous n’avons jamais prétendu que la tâche serait facile. La réintroduction du bison dans le parc national Banff est une entreprise aussi gratifiante que complexe. Ce projet nous a prouvé qu’un ambitieux travail de rétablissement peut produire les résultats souhaités, mais que certains événements peuvent parfois venir compliquer les choses.

      Le printemps a été de bon augure pour les bisons du parc national Banff. La harde a accueilli 16 nouveaux bisonneaux, qui ont porté l’effectif total à 66 bêtes. De plus, quatre bisonnes de la harde originale ont des jeunes de l’année, et de 17 à 20 femelles pourraient être en âge de se reproduire.

      En 2019, trois bisonneaux sont venus s’ajouter à la harde, et, en 2020, l’effectif s’est gonflé de 16 nouveau-nés.

      Au cours d’excursions dans l’arrière-pays, nous avons constaté que les bisons formaient moins souvent une unité cohésive. Nous observons plutôt de petits groupes qui restent dans des parcelles d’habitat distinctes, un comportement courant chez cette espèce, au fur et à mesure que la population augmente. La harde semble être en santé et en bonne condition physique.

      Dans l’ensemble, les bisons se portent bien. La harde fréquente divers secteurs de la zone de réintroduction de 1 200 km2, et les animaux se déplacent rapidement dans leurs pâturages de prédilection. Ils ont passé trois étés consécutifs sur des parcelles de la zone alpine supérieure. Il se peut qu’ils le fassent pour échapper aux insectes et à la chaleur ou pour accéder à du fourrage plus nutritif.

      Mais la possibilité qu’une bête vagabonde en terrain inconnu reste bien réelle.

      En août 2021, un jeune mâle (de trois ans et demi) né dans la zone de réintroduction a erré du côté est, sur une distance de 9 km à l’extérieur du parc.

      Il a probablement été chassé de la harde principale par des mâles plus âgés pendant la période des combats précédant l’accouplement. L’animal a peut-être erré à l’extérieur du parc national à la recherche d’autres possibilités d’accouplement.

      Le comportement de ce jeune mâle était atypique; les bisons s’enfuient généralement dès qu’ils aperçoivent des humains.

      Son attitude pourrait s’expliquer en partie par un niveau élevé d’hormones d’accouplement. Trois groupes distincts de cavaliers ont signalé avoir vu le jeune mâle dans le secteur, et tous l’ont décrit à peu près de la même manière : « insouciant », « docile », « audacieux » et « enjoué ».

      Le bison a franchi la limite du parc et pénétré dans un camping très fréquenté de l’arrière-pays, aux environs de Clearwater. Ce secteur se trouve bien à l’écart de la zone de réintroduction ciblée pour les bisons, et, conformément à l’accord conclu avec le gouvernement de l’Alberta, le personnel de Parcs Canada s’est rendu sur les lieux pour évaluer la situation.

      Après avoir soupesé les options, l’équipe de Parcs Canada a pris la décision difficile d’abattre le jeune mâle sans cruauté.

      Pour arriver à la décision de ne pas capturer le bison afin de le ramener dans le parc, notre personnel a tenu compte des facteurs suivants :

      • l’âge et le sexe de l’animal, le fait que le rut n’était toujours pas terminé chez les bisons et les fortes probabilités d’échec de la transplantation à long terme;
      • la position géographique du bison ainsi que la logistique associée à la capture et au transport sécuritaires et sans cruauté d’un si gros animal dans les conditions météorologiques ambiantes.

      La journée a été difficile pour le personnel de Parcs Canada, qui ne ménage aucun effort pour protéger les bêtes. L’abattage d’un animal représente toujours une solution de dernier recours, et l’équipe s’y résout uniquement lorsque la sécurité des visiteurs ou d’importantes valeurs à protéger sont en péril.

      Les 65 bisons restants continuent de prospérer au cœur de la zone de réintroduction de l’arrière-pays du parc national Banff, où ils donnent naissance à des petits, s’alimentent, dorment et rencontrent pour la première fois d’autres espèces sauvages du parc, dont des ours et des loups.

      La réintroduction du bison des plaines dans le premier parc national du Canada est un processus adaptatif exaltant, mais parfois difficile. Nous implorons la compréhension et la patience du public et de nos intervenants estimés pendant que nous travaillons à une vision à long terme pour le rétablissement du plus gros mammifère terrestre d’Amérique du Nord dans le premier des parcs nationaux du Canada.

    • 4 mars 2021: Rassembler les bisons sans leur causer de stress

      Pour rassembler des bisons sauvages, la meilleure méthode consiste à instaurer une atmosphère de calme.

      Les #BisonsDeBanff errent parfois à la limite de leur zone de réintroduction de 1 200 km2, de sorte que nous devons les ramener doucement vers le cœur de leur territoire en recourant à des méthodes de rassemblement qui leur causent peu de stress. Nous n’avons pas eu à le faire bien souvent – une dizaine de fois en deux ans et demi. La technique employée fait partie de l’arsenal d’outils dont nous disposons pour les aider à s’habituer à leur nouveau domaine vital (lisez notre billet de juin 2018 sur les brûlages dirigés).

      K. Heuer/Parcs Canada

      Les techniques de rassemblement à faible stress misent sur les instincts naturels des bisons et leur permettent de rester calmes pendant que nous dirigeons leurs déplacements. Nous faisons des mouvements simples mais continus dans l’espace situé entre leur zone de pression (la distance à laquelle les bisons sont conscients de notre présence) et leur zone de fuite (la distance à laquelle les bisons commencent à s’éloigner de nous), afin de les amener doucement à aller dans la direction souhaitée. Nous attendons patiemment qu’ils répondent à nos directives à leur rythme, sans leur imposer le nôtre. En clair, nous nous efforçons de faire en sorte que notre idée devienne la leur.

      Il est important de ne pas stresser ou menacer les bisons. Que le rassemblement se fasse à cheval, à pied ou du haut d’un hélicoptère, la technique est toujours la même : nous restons à une distance sûre et nous incitons les bisons à marcher calmement. Cette technique permet aux animaux de songer aux directives que nous leur donnons et d’y répondre, plutôt que de s’emballer et de prendre la fuite.

      K. Heuer/Parcs Canada

      En mai 2018, l’équipe responsable de la réintroduction du bison dans le parc national Banff s’est rendue au Montana pour apprendre les techniques de rassemblement à faible stress. Maintenant que les bisons errent en toute liberté, nous appliquons au parc national Banff les enseignements reçus de nos voisins américains. Chaque fois que nous devons rassembler la harde, nous consignons des données sur les techniques appliquées et sur la réaction des bisons munis d’un collier GPS pendant les 24 heures qui suivent. Jusqu’à présent, nous avons découvert que les méthodes à faible stress sont très utiles pour amener les bisons à se déplacer dans la direction que nous souhaitons. Par contre, la durée de la période pendant laquelle les bisons restent à l’endroit où nous les laissons varie en fonction de différents paramètres, tels que la taille du groupe de bisons et même la direction du vent.

      K. Heuer/Parcs Canada

      Le rassemblement des bisons dans les coins sauvages et reculés de l’arrière-pays du parc national Banff comporte son lot de défis, et nous devons faire preuve de souplesse. Par exemple, il nous arrive d’amorcer le rassemblement en hélicoptère lorsque les animaux errent dans des zones accidentées de haute altitude, puis de poursuivre le travail à pied ou à cheval une fois que la harde se retrouve sur du terrain plus accessible, dans le creux d’une vallée.

      K. Heuer/Parcs Canada

      Quand il faut travailler avec des animaux sauvages, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas! En étant adaptables et respectueux, nous découvrons que le rassemblement à faible stress est un outil précieux qui aide les #BisonsDeBanff à développer des liens avec leur nouveau domaine vital.

      K. Heuer/Parcs Canada


    • 2020

    • 26 Octobre, 2020: Pose de colliers émetteurs au cou de bisons sauvages

      Les bisons font la vie dure aux colliers émetteurs. Ils adorent se frotter et se gratter aux arbres et aux roches, se rouler et se vautrer dans la terre et se chamailler entre eux. Leurs jeux de bataille ont eu pour résultat de faire tomber, au cours des deux dernières années, les 14 colliers émetteurs qui avaient été posés au cou des bisons avant leur mise en liberté.

      Un collier émetteur posé au printemps 2018 a été trouvé sur une crête élevé au cours de l’été 2019 . (K. Heuer/Parcs Canada)

      Nous avons travaillé avec le fabricant pour renforcer les colliers émetteurs et avons trouvé un meilleur moyen de les fixer, mais la grande difficulté consiste maintenant à en munir à nouveau les bisons devenus sauvages aujourd’hui. Il n’était déjà pas évident de poser des colliers au cou des animaux alors que ceux-ci se trouvaient encore dans le pâturage clôturé de mise en liberté progressive (voir le billet d’avril 2018); maintenant, nos bisons errent en liberté loin dans l’arrière-pays du parc depuis deux ans.

      L’hiver dernier, après mûre réflexion, nous avons fait ce que font de nombreux parcs nationaux abritant des bisons : au mois de janvier, nous avons retenu les services d’une équipe spécialisée dans la capture d’animaux sauvages. En moins d’une heure, l’équipe avait survolé la harde à bord d’un petit hélicoptère pour ensuite jeter des filets sur deux des femelles, leur poser rapidement des colliers et les relâcher, indemnes.

      Cette méthode est certes rapide et efficace, mais les déplacements effectués par les bêtes munies d’un collier au cours des deux jours qui ont suivi ont été des plus préoccupants : plutôt que de gagner les prés des basses terres comme ils le font normalement l’hiver, les deux bisons sont montés en altitude en décrivant des mouvements erratiques, au fin fond de la forêt et, étrangement, dans des directions opposées. Il leur a fallu plusieurs jours avant de se calmer et de regagner la harde.

      Cette année, nous voulions vraiment trouver une meilleure façon de procéder. Comme nous devions poser un plus grand nombre de colliers émetteurs pour atteindre notre objectif, soit au moins 10 % des bisons de la harde au cours des premières années du projet, nous avons décidé d’adopter une méthode complètement différente : la tranquillisation des animaux et la pose de colliers à cheval.

      Si vous songez aux toiles peintes par Charlie Russel dans les années 1800 qui représentent des archers galopant follement à cheval aux côtés de bisons en furie, détrompez-vous. Notre démarche est toute autre : nous procédons lentement, sûrement, calmement et de manière mesurée. Si toutes les conditions sont réunies et que nous faisons preuve d’assez de patience, nous pouvons nous approcher et lancer une fléchette depuis notre selle tandis que la plupart des bisons ne bronchent pas.

      Une approche lente et sûre, et un fusil à injection prêt à tirer. (K. Heuer/Parcs Canada)

      Il y a toujours une certaine agitation quand la fléchette atteint sa cible, et il faut voir à éloigner les bisons curieux de l’animal qui s’endort, mais le reste de l’opération se déroule dans le calme. Une fois que nos chevaux sont attachés et que les autres bisons se promènent tranquillement autour de nous, nous nous approchons à pied, nous bandons les yeux de l’animal, nous vérifions ses signes vitaux, nous lui donnons de l’oxygène, nous retirons la fléchette, nous posons un nouveau collier émetteur, nous prélevons des poils et du sang et nous lui injectons des agents antagonistes. Quelques minutes après l’injection, l’animal se relève, retrouve son petit et regagne sa harde.

      Un bison atteint d’une fléchette s’endort alors que le reste du troupeau se promène autour. (K. Heuer/Parcs Canada)

      La bonne nouvelle, c’est ce qui ne se passe pas par la suite. Aucun mouvement erratique. Aucun comportement étrange en solitaire. Parfois, la harde reste quelques jours de plus dans le même pré pour continuer de s’y alimenter.

      L’équipe de capture de Parcs Canada quitte le pré où le bison demeure après avoir été muni d’un collier quelques heures auparavant. (K. Heuer/Parcs Canada)

      L’équipe de Parcs Canada évalue bien les risques et les avantages avant de capturer un animal et de le munir d’un collier, et nous respectons les normes les plus élevées dans les soins que nous prodiguons aux animaux. Nous cherchons aussi à approfondir nos connaissances et à peaufiner nos techniques pour réduire davantage le stress que vivent les animaux. À cet égard, la pose de colliers émetteurs à cheval semble prometteuse!

    • 18 Août 2020 : De loups et de bisons

      C’est bien connu, les bisons des plaines récemment réintroduits dans le parc national Banff sont fascinants. Ce que peu de gens savent, par contre, c’est qu’ils forment l’une des cinq populations d’Amérique du Nord qui coexistent avec leur principal prédateur, le loup.

      Les loups s’attaquent généralement à des animaux malades et affaiblis. Si triste soit-elle pour l’animal ciblé, cette pression exercée par la prédation améliore à la longue la santé des bisons. En effet, c’est cette prédation qui a permis aux bisons de devenir les animaux sauvages robustes, rapides, redoutables et majestueux que nous admirons aujourd’hui.

      Comme l’a si bien dit Aldo Leopold, célèbre défenseur de l’environnement, au sujet de ce ballet entre prédateurs et proies : « Que serait-il advenu du chevreuil sans le loup qui lui a taillé les pattes? »

      Quand le loup commencera-t-il à « tailler les pattes » du bison réintroduit dans le parc national Banff? Nous n’en savons rien, et nous avons pour seul guide ce qui s’est produit ailleurs. Les loups ont mis plus de 20 ans à apprendre à chasser les bisons réintroduits au Yukon. Par contre, il ne s’est écoulé que deux ans avant que les loups réintroduits dans le parc national Yellowstone tuent leur premier bison.

      Dans le parc national Banff, il ne fait aucun doute que les deux espèces se jaugent depuis la remise en liberté de la harde de bisons en juillet 2018, mais nous n’avons encore jamais trouvé de bête tuée par des loups. Sur une carte de localisation produite après la remise en liberté grâce aux données des colliers émetteurs, nous pouvons voir que la harde principale (représentée en bleu) a fréquenté le même pré pendant plus de deux semaines en dépit de multiples approches par un loup portant un collier émetteur (représenté en jaune).

      Nous avons également observé l’inverse : une série d’images récentes prises dans la vallée de la Panther par l’un de nos appareils photo de télésurveillance nous montre un bison adolescent curieux et effronté qui pourchasse deux loups! Une autre séquence d’images prises plus tôt cet hiver en pleine nuit illustre des bisons de la harde principale et des loups qui marchent sur un sentier dans les deux sens à quelques minutes d’intervalle les uns des autres. Cette attitude décontractée est d’autant plus étonnante que ces bisons n’avaient encore jamais vu un loup avant d’être retirés du parc national Elk Island (un territoire d’où cette espèce est absente) il y a trois ans!

      Combien de temps ce reniflement poli durera-t-il avant de céder le pas à des interactions plus sérieuses? Combien de temps reste-t-il avant la reprise du ballet séculaire des prédateurs et des proies?

      Nous surveillerons cette évolution, et nous vous ferons part de ce que nous apprendrons.

    • 14 Février 2020 : Première mort d’un bison sauvage dans le parc national Banff en plus de 140 ans

      Il fallait bien que cela se produise un jour : l’un des bisons du parc national Banff a disparu, et, compte tenu de son jeune âge, nous pensons qu’il est mort de cause naturelle.

      À la fin septembre, un membre de notre personnel a remarqué que l’un des deux bisonneaux nés en juin dernier n’était plus avec sa mère et les autres bêtes de la harde principale. Entre-temps, un bisonneau roux plus petit et plus pelucheux talonnait une autre femelle. De retour au bureau, l’employé a produit son rapport : disparition d’un bisonneau et naissance récente d’un autre petit.

       bébé bison veau

      K Heuer / Parcs Canada

      Il s’est écoulé plus d’un mois avant que le personnel puisse, à l’aide de jumelles, observer la harde de plus en plus insaisissable et corroborer l’observation. Quelques semaines plus tard, des images issues de l’un de nos appareils photo de télésurveillance sont venues confirmer la situation.

      Le personnel de Parcs Canada regarde à travers des jumelles dans l'arrière-pays de Banff

      K Heuer / Parcs Canada

      Qu’est-il advenu du bisonneau disparu? En tant que scientifiques et spécialistes de la conservation chargés de superviser le projet de réintroduction, nous aimerions savoir exactement ce qui s’est produit, mais, en raison de l’immense superficie de la zone de réintroduction (1 200 km2) et du caractère de plus en plus sauvage de la harde (la mère du bisonneau disparu ne porte pas de collier émetteur), nous ne le saurons probablement jamais.

      Ours grizzli brun se bouchent

      K Heuer / Parcs Canada

      Il s’agit simplement d’un exemple de la nature qui suit son cours dans un écosystème en santé. Il se peut que le bisonneau ait été victime d’un prédateur, qu’il ait succombé à des blessures ou qu’il soit mort d’une exposition aux nombreux dangers naturels inhérents à l’environnement hostile des montagnes, notamment les conditions météorologiques extrêmes, le terrain accidenté et les rivières dangereuses à traverser.

      Ce que nous savons, c’est que rien ne se perd dans la nature et que la mort de ce premier bison en plus de 140 ans constituera un gain pour l’écosystème du parc national Banff. Des dizaines de détritivores, dont des martres d’Amérique, des grands corbeaux, des campagnols, des coyotes, des scolytes et peut-être même un carcajou ou un ours ont déjà absorbé cette chair, ces tendons et ces os à la fois nouveaux et anciens pour les convertir en énergie qui renforce leurs muscles et qui, peut-être, permet à un fœtus de se développer. Et, le printemps prochain, à l’endroit où le bison est mort, l’herbe sera un peu plus luxuriante, et les oiseaux, un peu plus actifs, chassant en piqué les insectes encore affairés à débarrasser le sol des restes de la carcasse et récupérant les dernières touffes de poils pour en tapisser leurs nids.

      Bébé bison veau s'éloignant de la caméra

      K Heuer / Parcs Canada

      Bien que triste, cette première mort nous donne une indication du succès du projet de réintroduction; d’entrée de jeu, l’objectif de Parcs Canada était non pas simplement de réintroduire l’animal manquant, mais bien de rétablir les relations et les rôles qui, en l’absence de l’espèce, avaient disparu de l’écosystème.

      De cette perspective, le bisonneau demeure bien vivant.


    • 2019

    • 3 decembre 2019 : Là où convergent haute technologie et nature sauvage – Quatre outils permettant à Parcs Canada d’approfondir ses connaissances sur la harde

      Le retour des bisons dans le parc national Banff est une expérience exaltante qui se déroule dans un gigantesque laboratoire naturel. Pour observer la harde pendant qu’elle réintègre l’écosystème, nos scientifiques ont recours à de la technologie de télésurveillance qui les aide à recueillir des données sans déranger les animaux. Voici quelques-uns des outils que nous utilisons pour surveiller la harde ainsi que les découvertes qu’ils nous ont permis de faire :

      bison laying down in the field

      1 – Suivi de la harde

      Les colliers pourvus d’un émetteur GPS sont un outil essentiel au suivi des bisons. Avant de relâcher la harde dans la nature sauvage, nous avons posé un collier au cou de tous les adultes. Par l’intermédiaire de satellites, ces colliers transmettent des données de positionnement à une plateforme Web à laquelle peut accéder notre équipe à partir du bureau.

      Les données émises par les colliers nous indiquent comment les animaux s’adaptent à leur nouvel environnement et quel type d’habitat ils préfèrent. Nous observons de près quelles bêtes se déplacent ensemble. Pour l’essentiel, les bisons forment un grand groupe dont se détachent occasionnellement quelques animaux aventureux.

      Les colliers nous ouvrent une fenêtre sur les interactions des bisons avec d’autres espèces. Pendant quelques mois, nous avons observé avec curiosité des loups portant des colliers qui sont venus faire leur enquête. Les bisons leur ont tenu tête. Malheureusement, nous n’avons pu observer que quelques interactions avant que les loups ne s’aventurent hors des limites du parc, où ils ont été légalement piégés et tués. De plus, nous avons récemment posé un collier au cou de 10 mouflons d’Amérique dans un secteur faisant partie du « pays des bisons » pour recueillir des données concernant les effets des bisons sur les déplacements des mouflons et leur profil d’occupation de l’habitat.

      Les colliers nous permettent de définir avec précision la position géographique de la harde lorsque nous sommes sur le terrain. Nos scientifiques se servent d’un récepteur de radiotélémesure pour capter le signal particulier de chaque collier. Ils peuvent ensuite s’approcher de la harde tout en restant à une distance sûre pour consigner des données sur le comportement, l’état de santé et le nombre d’animaux.

      Malheureusement, les colliers ont une durée de vie limitée, et bon nombre de ceux qui avaient été posés au cou des bêtes au début du projet sont tombés naturellement. Seuls six des colliers originaux fonctionnent toujours. Nous comptons poser un nouveau collier au cou d’au moins trois bisons cet hiver pour continuer de recueillir des données essentielles sur la harde.

      2 – Appareils photo de télésurveillance

      Les bisons du parc national Banff errent dans un secteur accidenté et difficile d’accès, et ils sont sensibles à la présence humaine. C’est là qu’entre en jeu un autre outil technologique important : l’appareil photo de télésurveillance.

      Nos appareils photo nous dévoilent la vie secrète de la harde. Nous les installons le long des sentiers empruntés par les animaux. Ils sont pourvus de capteurs actionnés par le mouvement et prennent une photo ou une vidéo dès qu’un bison passe à proximité.

      Les images provenant des appareils de télésurveillance nous fournissent des renseignements qu’il serait difficile d’obtenir en personne, par exemple des observations détaillées sur l’état de santé. Les appareils photo de télésurveillance peuvent aussi immortaliser des moments privilégiés qui passeraient inaperçus autrement, comme en témoigne cette image de trois générations sur un même cliché.

      3 – Prélèvement d’échantillons d’excréments

      Tout en se déplaçant, les bisons laissent des bouses dans leur sillage, un indice nauséabond mais important qui nous révèle de quoi ils se nourrissent. Dans le cadre d’un programme de surveillance à long terme, nos scientifiques prélèvent des échantillons d’excréments sur le terrain. Nous les analysons en laboratoire pour identifier les types de plantes que mangent les bisons. Ces données nous aident à mieux connaître leur régime alimentaire et le type d’habitat dont ils ont besoin pour prospérer.

      4 – Surveillance des oiseaux

      Si vous voyez planer un oiseau dans certaines des vallées les plus reculées du parc national Banff, dites-vous qu’un bison a peut-être contribué à sa croissance! Les oiseaux entretiennent des liens particuliers avec les bisons. Certains, comme le vacher à tête brune, ont évolué en symbiose avec les bisons en se nourrissant des insectes qui se trouvent sur leur dos. D’autres, comme le moucherolle à côtés olive, tapissent leur nid de laine pelucheuse provenant de la fourrure des bisons. Précisons aussi que les bisons contribuent à l’agrandissement des prairies, dont profitent diverses espèces d’oiseaux des prés.

      Pour évaluer les effets des bisons sur les oiseaux, nous surveillons les populations d’oiseaux à l’intérieur et à proximité de la zone de réintroduction du bison. En enregistrant les chants d’oiseaux aux mêmes endroits chaque printemps, nous suivons les changements qui surviennent dans la diversité et la répartition des espèces. Cette méthode non invasive nous aide à mieux comprendre la cascade de bienfaits engendrés par le retour d’une espèce clé dans l’écosystème.

       

      Nos recherches dans l’arrière-pays du parc national Banff sont à la fine pointe de la science de la conservation. Les renseignements que nous recueillons sur la harde de bisons du parc national Banff, l’un des huit troupeaux entièrement sauvages d’Amérique du Nord, profitent à toute la communauté de la conservation du bison.

      Pour observer ce travail de conservation, visionnez les cinq émissions de notre websérie YouTube, qui a remporté le prix du contenu touristique de Travel Alberta en 2019 .

    • 2 novembre 2019 – Marcher avec les bisons

      Les peuples autochtones et les bisons sont unis par des liens historiques et culturels qui existent depuis des millénaires. La réintroduction du bison dans le parc national Banff favorise le rétablissement de ces liens, inspire la découverte et crée des possibilités d’intendance et d’apprentissage. Au cours de l’été 2019, un groupe de jeunes cinéastes issus de Premières Nations signataires du Traité no 7 a accompagné Parcs Canada dans la vallée de la Red Deer, un secteur reculé du parc où le bison erre de nouveau en toute liberté. En partenariat avec le Banff Centre, ces cinéastes du Nakoda A/V Club et du Napi Collective ont créé des courts métrages inspirés de leur expérience. Ce billet, signé par Amber Twoyoungmen, du Nakoda A/V Club, nous parle de la création de ces films et de l’importance que revêt pour les Autochtones le retour du bison sur le territoire visé par le Traité no 7.

      Le Nakoda A/V Club est un groupe de jeunes artistes autochtones émergents de la vallée de la Bow. Nous réalisons des films et des animations sur des sujets qui nous tiennent à cœur. Cette concertation nous permet de nous entraider pendant les moments difficiles, et elle crée des possibilités de raconter nos récits.

      À l’automne 2018, nous avons appris que le bison avait été réintroduit dans le parc national Banff. Après avoir visionné les films que Parcs Canada avait réalisés sur le projet, nous nous sommes mis à songer à ce que nous pourrions ajouter à cette histoire.

      Les bisons sont importants pour les Nakodas, parce qu’ils ont toujours fait partie intégrante de ce territoire. Ils y sont chez eux. Dans la vallée de la Bow, leur présence s’inscrit dans l’ordre des choses tout autant que celle des humains. À une certaine époque, le territoire qui forme aujourd’hui le parc national Banff était considéré par mon peuple comme un lieu de rassemblement, d’échanges commerciaux et de guérison. Il a une autre signification de nos jours, mais je suis très enthousiasmée d’y constater un réel souci de tous les êtres de cette vallée et des liens qui les unissent.

      Nous avons demandé à Parcs Canada la permission de raconter le récit du retour des bisons de notre perspective, et, à notre grande joie, notre requête a été favorablement accueillie! Nous avons invité nos voisins siksikas du Napi Collective à nous emboîter le pas, parce qu’ils font eux aussi partie intégrante de ce territoire. Nous nous sommes donc réunis au Banff Centre pour réfléchir aux récits que nous voulions relater et pour nous renseigner sur le bison. Certains de nos membres ont eu la chance de se rendre dans la vallée de la Red Deer, là où vivent les bisons! À leur retour, ils nous ont parlé de leur expérience. Voici leurs commentaires :

      Javan Twoyoungmen : « C’était extraordinaire de découvrir l’arrière-pays des Rocheuses… Ces montagnes sont intimement liées à l’histoire du peuple nakoda, et le fait de suivre les traces de mes ancêtres a été pour moi une expérience que je ne suis pas près d’oublier. »

      Iris Clarke : « Je peux dire en toute honnêteté que c’était la chose la plus difficile que j’aie eu à faire dans ma vie. Je ne croyais pas pouvoir parcourir une telle distance à pied. Mais c’était extrêmement valorisant. »

      Tashina Ear : « Cette randonnée a été très stimulante, mais c’était surtout une excellente occasion d’apprendre aux côtés de l’équipe de Parcs Canada. Ces sentiers que nous avons empruntés étaient ceux que nos ancêtres nakodas ont parcourus; je n’avais jamais réalisé à quel point ils travaillaient fort, à quel point leurs journées devaient être longues. Nos ancêtres étaient tellement forts, et je veux leur ressembler. J’avais déjà fait de petites randonnées simples de deux heures, mais ce n’était rien à comparer à celle-ci! Je suis très reconnaissante d’avoir pu faire cette randonnée avec les membres du Nakoda A/V Club et le personnel de Parcs Canada. »

      Après la randonnée, nous avons tourné un film, en mettant à profit tout ce que nous avions appris et tout ce qui, à notre avis, nous aiderait à raconter notre histoire. Pendant le tournage, nous avons fait du camping ensemble, nous avons marché, et nous nous sommes baignés. De retour à Banff, nous nous sommes attelés au montage de notre film avec le soutien du Banff Centre. Nous pourrons prochainement présenter le fruit de notre travail et les enseignements que nous en avons tirés à l’occasion du festival des films de montagne de Banff.

      Ce projet représentait à nos yeux une chance exceptionnelle. Le bison revêt de l’importance non seulement pour nous, mais aussi pour un grand nombre d’êtres qui peuplent les Rocheuses. Parcs Canada nous a enseigné que les bisons perdent des poils qui servent à la construction de nids d’oiseaux, creusent des dépressions qui deviennent des mares d’eau pleines de vie et contribuent à créer des conditions propices à la croissance des graminées. À une certaine époque, j’aurais peut-être pu faire toutes ces découvertes en observant moi-même les bisons dans la vallée de la Bow. Je suis triste que cela ne soit plus possible, mais je suis ravie que certains de nos membres aient pu le voir de leurs propres yeux en se rendant à pied dans la vallée de la Red Deer! Il s’agit d’un lien avec le peuple que nous étions autrefois et avec celui que nous redeviendrons peut-être un jour. Dans l’avenir, notre récit englobera celui de tous les nouveaux venus dans la vallée, tout comme cette tranche de notre histoire s’entremêle avec le récit de Parcs Canada.

      Quel honneur de pouvoir travailler à un projet de cette importance! Nous avons aimé travailler avec Parcs Canada pour relater le récit du retour des bisons dans le parc national Banff. Comme tous nos récits, il n’a pas vraiment de fin. Il est destiné à être retransmis – et retransmis souvent –, parce que c’est dans la transmission de récits que nous offrons nos présents à la vallée, à l’image du bison qui fait cadeau aux oiseaux de ses touffes de poils.

      Merci à notre invitée, Amber Twoyoungmen, et à tous les cinéastes participants de nous avoir raconté leur récit.

       

    • 1 octobre 2019 – L’automne au pays des bisons : La dynamique de la harde s’échauffe

      L’été est peut-être fini, mais la chaleur monte au pays des bisons. Chez ce grand bovidé, la fin de l’été et le début de l’automne correspondent à la période de l’accouplement, également appelé rut.

      Le rut est une période stimulante dans la société des bisons. Pendant la majeure partie de l’année, les femelles et leurs petits se promènent en hardes maternelles, tandis que les mâles errent généralement seuls ou en petits groupes. Le rut réunit tout ce beau monde, les mâles rejoignant la harde dans l’espoir d’asseoir leur suprématie pour obtenir la faveur des bisonnes.

      Les relations sociales subtiles entre les bisons sont parfois difficiles à observer en milieu sauvage. Grâce à la petite taille de la harde du parc national Banff ainsi qu’aux colliers GPS et aux caméras de télésurveillance qui nous permettent de suivre leurs déplacements, nous pouvons reconstituer certaines de leurs interactions pendant cette période dynamique.

      Les recherches menées jusqu’à présent laissent entrevoir que les bisons nouent des liens d’amitié durables avec d’autres membres de la harde, mais que, lorsque les hormones s’activent pendant le rut, les amitiés entre mâles sont mises en suspens.

      La relation changeante entre les mâles adultes portant les étiquettes d’oreille nos 2 et 3 en est un bon exemple. Depuis leur mise en liberté l’été dernier, ces deux bisons ont erré ensemble dans la zone de réintroduction, à l’intérieur et aux environs de la vallée de la Panther. Mais, après des mois de camaraderie pacifique, nous les avons vus se pourchasser agressivement plus tôt cet été.

      Puis, au début d’août, un membre du public nous a signalé la présence d’un bison à l’extérieur du parc national Banff, près du ranch Ya Ha Tinda. Nous avons vérifié les caméras de télésurveillance installées à la limite de la zone de réintroduction, et, comme de fait, le mâle no 2 se dirigeait vers l’est, hors du parc. Nous y avons dépêché notre équipe de conservation, qui a réussi à le repérer en deux jours. Le bison avait alors parcouru 60 km à l’extérieur du parc national Banff! Il a ensuite été transplanté en toute sécurité à l’intérieur du lieu historique national Rocky Mountain House, où Parcs Canada gère également une petite harde de bisons d’exposition.

      Nous ne le saurons jamais avec certitude, mais nous croyons que le bison no 2 a été chassé par un mâle dominant. Il est normal pour les mâles non dominants de subir des pressions ou de partir volontairement à la recherche d’autres troupeaux où la concurrence est moins forte. Depuis sa remise en liberté dans le lieu historique national Rocky Mountain House, le mâle no 2 semble bien s’intégrer à la nouvelle harde.

      Entre-temps, d’autres hiérarchies ont été marquées par des transformations. Lors d’une récente excursion dans l’arrière-pays, notre personnel a observé la harde principale qui broutait dans la vallée de la Red Deer. Tout paraissait normal… jusqu’à ce que nous constations que le mâle adulte avait changé. Ce n’était plus le bison no 4 (qui accompagnait la harde depuis plus d’un an), mais bien le bison no 18 – le mâle solitaire dont nous vous avions parlé en février 2018! Après un an d’exil volontaire, le bison no 18 se fait de nouveaux amis.

      Chaque saison nous dévoile son lot de secrets au sujet des bisons du parc national Banff. Leur première période de rut complète à l’état sauvage met en lumière les fascinantes luttes de pouvoir qui se livrent au sein de la harde – des luttes qui débouchent sur une nouvelle hiérarchie de domination. Il est à espérer que le rut produira ses fruits et qu’il mènera, le printemps prochain, à la naissance d’un grand nombre de nouveaux petits qui viendront s’ajouter aux deux nouveaux bisonneaux sauvages que nous avons observés jusqu’à présent au cours de l’été.

      Nous connaissons les membres fondateurs de la harde depuis près de trois ans, et c’est avec exaltation que nous suivons l’évolution de leurs relations. Les membres fondateurs sont déjà en train de créer une structure multigénérationnelle au sein de la harde : de nouveaux bébés qui folâtrent, des bisonneaux d’un an qui acquièrent de l’assurance et des jeunes de deux ans qui seront bientôt en âge de se reproduire. Le fait de pouvoir suivre avec autant de précision la dynamique de la harde représente un privilège hors du commun pour la communauté de la conservation. Cette recherche de longue haleine approfondit nos connaissances sur l’évolution des comportements et la dynamique de la harde, et elle facilitera ainsi le rétablissement à long terme du bison dans le parc national Banff.

    • 2 août 2019 – Des bisons sauvages, un an plus tard

      Il y a un an, nous avons ouvert la clôture qui, depuis un an et demi, gardait la harde de bisons en captivité dans un pâturage de l’arrière-pays du parc national Banff. Les bêtes ont alors fait leurs premiers pas à l’état sauvage. Absents du paysage depuis près de 150 ans, les bisons étaient désormais libres d’errer sur les traces de leurs ancêtres, dans une zone de réintroduction de 1 200 km2.

      Un an plus tard, la harde continue de s’agrandir et de prospérer. Notre personnel a récemment aperçu deux bisonneaux nés à l’état sauvage qui marchaient tranquillement dans les prés alpins en compagnie de leur mère. Il s’agit des premiers bisons nés à l’état sauvage et élevés dans l’arrière-pays du parc depuis plus d’un siècle. Ces petits portent l’effectif actuel de la harde à 36 bêtes, et il pourrait s’en ajouter d’autres dans les mois à venir.

      À mesure que la neige fond en altitude, la harde progresse peu à peu vers la zone alpine. Il est impressionnant de voir ces bisons traverser certains des milieux les plus sauvages et difficiles d’accès des versants est du parc!

      Où les bisons erreront-ils au fil des saisons? À compter de cet hiver, nous travaillerons avec des chercheurs de la University of Wyoming pour mieux comprendre le rôle de la mémoire, de l’habitat, des clôtures et de nos efforts occasionnels de rassemblement de la harde dans l’établissement du nouveau domaine vital des bisons.

      Dans le cadre d’un autre projet de collaboration, l’Université de Calgary nous aidera à surveiller les effets du bison sur la végétation. Les animaux broutent tout en errant, agrandissant des prés, créant des mares boueuses et laissant dans leur sillage des bouses riches en nutriments. Chaque jour, nous en apprenons un peu plus sur ces vagabonds sauvages, et nous sommes impatients de voir jusqu’à quel point nous aurons approfondi nos connaissances à la fin du projet pilote, en 2022, au terme de nos projets de recherche et de surveillance.

      Et… si vous voulez un aperçu en coulisse du travail nécessaire pour surveiller la harde dans l’arrière-pays, sachez que nous venons de publier le dernier épisode de notre série de vidéoblogues sur l’arrière-pays. Suivez nos spécialistes de la conservation dans leurs démarches de rétablissement du bison dans le parc national Banff. Vous pouvez visionner la série entière en cinq parties ici.

      La réintroduction du bison dans le parc national Banff a été une aventure complexe, mais gratifiante. Nous avons encore beaucoup à apprendre au sujet de la harde et de ses effets sur le paysage dans les années à venir, à mesure qu’elle réintègre des écosystèmes abritant certains des coins les plus sauvages du parc.

      Pour l’instant, cependant, la population canadienne peut marquer un temps d’arrêt pour célébrer ce jalon important : après une absence de plus de 140 ans, les bisons prospèrent et laissent leur marque dans le premier parc national du Canada!

    • 19 juin 2019: Signes du printemps (et des bisons) au pays des bisons

      Dans le parc national Banff, le printemps est arrivé au pays des bisons. L’air est rempli de la riche odeur de la boue et des nouvelles pousses. Les oiseaux s’affairent à construire leur nid. La lumière s’étire jusque tard en soirée dans le creux des vallées. Tout cela s’ajoute au signe le plus indéniable de l’arrivée du printemps : les anémones des prairies qui fleurissent aux côtés des bouses de bison!

      Il y a quelques mois, la harde principale a quitté la vallée de la Panther pour se diriger vers le nord. Elle a erré jusque dans la vallée de la Red Deer, où elle s’est établie dans des prés de faible altitude pour brouter la nouvelle végétation. En route, le troupeau a croisé l’insaisissable mâle no 18 who had been travelling solo for the past few months.

      Au fur et à mesure que la neige fond, nous voyons les changements apportés par la harde nouvellement réintroduite au cours des 10 mois qui se sont écoulés depuis sa mise en liberté. Les transformations sont si radicales qu’un membre du personnel a comparé ses déplacements dans ce secteur à un retour à l’enfance – l’exploration d’un lieu familier avec des yeux tout neufs.

      Les bisons revitalisent le territoire par leur présence. À certains endroits, les signes de leur présence sont visibles dans toutes les directions. L’air est chargé de leurs riches effluves terreux. Les troncs d’arbres ont été polis par le frottement de leur pelage contre l’écorce. Des touffes de leur fourrure sont suspendues aux branches et seront bientôt happées par les oiseaux de passage. Leurs empreintes sont enfoncées dans la boue.

      En traversant récemment un pré de la vallée de la Red Deer, deux des membres de l’équipe responsable des bisons sont restés muets d’émerveillement. Les spermophiles gazouillaient en filant à toute allure dans l’herbe fraîchement broutée; les bouses de bison grouillaient d’insectes bourdonnants; une mare fraîche avait été creusée dans la boue et, tout près, les bisons avaient brouté l’herbe morte pour mettre à nu une ancienne mare bourbeuse – où des bisons s’étaient vautrés probablement des centaines, voire des milliers d’années plus tôt. Les liens séculaires rompus se tissent de nouveau.

      Malgré les nombreuses traces évidentes qu’ils laissent dans leur sillage, les bisons eux-mêmes ne sont pas toujours faciles à repérer. Ils se fondent dans les touffes de saules bruns et les troncs gris de la forêt brûlée, tout comme les wapitis, les chevreuils, les ours et les autres espèces indigènes avec qui ils partagent ce territoire. En fait, les bisons y sont tellement à leur place qu’ils donnent l’impression de ne jamais être partis. Les traces de leurs ancêtres sont visibles partout. Il devient vite apparent que les nouveaux sentiers, les nouvelles mares bourbeuses et – un jour – les nouveaux os qu’ils laissent derrière eux ne sont pas nouveaux du tout : ils ne forment qu’une mince couche d’un récit profond et ancien qui, grâce à cette réintroduction, peut enfin être de nouveau dévoilé au grand jour.

    • 30 avril 2019 : Ce vieil os – À la découverte du passé du bison de Banff

      Voici l’histoire d’un os. Un os d’un bison ayant vécu il y a plus de 2000 ans et qui nous raconte l’histoire des bisons dans ce qui est aujourd’hui le parc national Banff.

      historic black and white image of bison in Banff

      [Buffalo, Banff Animal Paddock], 1896-1905, Whyte Museum of the Canadian Rockies, Moore family fonds (V439/ps-226)

      Au printemps dernier, les niveaux d’eau ont grimpé rapidement dans le parc national Banff avec la fonte des neiges et la pluie. Deux membres de notre équipe de gestion du bison marchaient le long de la berge d’un ruisseau tumultueux lorsqu’ils ont aperçu quelque chose d’étrange sur un banc de gravier : un gros os.

      L’os de couleur cuivre avait été exposé par le mouvement de l’eau et risquait d’être emporté à nouveau. Les employés de Parcs Canada ont consigné l’emplacement de l’os à l’aide d’un GPS, puis ont soigneusement recueilli le spécimen et l’ont confié aux archéologues terrestres de Parcs Canada. Ce n’était pas juste un vieil os… c’était un vieil os de bison.

      bison bone on river stones

      Laissez le où vous l’avez trouvé. Il est illégal d’enlever des objets culturels ou naturels des parcs nationaux et des lieux historiques nationaux sans permis. Si vous trouvez quelque chose qui pourrait présenter un intérêt, consignez en l’emplacement, prenez une photo et avisez le bureau de Parcs Canada le plus près.

      Une fois l’os en lieu sûr, entre les mains des archéologues à Calgary, ceux-ci avaient du travail à accomplir. Voici ce qu’ils ont fait par la suite pour en savoir plus sur son histoire :

      1. Nettoyer soigneusement le spécimen.
      2. Examiner le spécimen de près à la recherche de signes de modification culturelle, comme des cassures de l’os à l’état frais ou des marques de dépeçage pratiquées avec des outils en pierre ou en métal. Dans ce cas, aucun signe n’a été trouvé, ce qui indique que l’objet n’a pas été modifié par des humains.
      3. Cataloguer le spécimen.
      4. Extraire un petit échantillon et l’envoyer à un laboratoire spécialisé en datation au radiocarbone.
      5. Une fois l’échantillon rendu au laboratoire de datation, les techniciens l’ont enduit de poudre et ont utilisé son collagène pour dater le spécimen.

      scientist inspecting bison bone

      Après quelques semaines de suspense, les résultats ont été annoncés. L’os avait plus de 2100 ans!

      Ce n’est pas le premier os ancien trouvé dans le parc. Il s’ajoute à une banque de données croissante de sites connus où le bison a vécu dans le parc national Banff.

      Certains des plus anciens artéfacts de bisons trouvés proviennent de la région du lac Minnewanka et datent de plus de 10 000 ans. D’autres ont été recueillis en terrain élevé, comme dans le col Elkhorn à plus de 2000 m d’altitude, emplacement situé dans la zone de réintroduction du bison. Les bisons sont présents dans l’ensemble des données archéologiques de Banff, mais jamais en grand nombre comme il s’en trouvait dans les plaines.

      bison bone

      Les os sont aussi la clé pour comprendre la vie des anciens bisons à Banff. Les bisons erraient dans les plaines, mais les contreforts et les vallées des montagnes faisaient également partie de leur aire de répartition historique. Certains auraient migré vers les montagnes ou s’en seraient éloignés, tandis que d’autres auraient vécu la majeure partie de leur vie, voire la totalité, dans les vallées accidentées des Rocheuses. C’est le collagène contenu dans leurs os qui révèle où ils ont passé leur existence.

      historic sepia image of bison

      Outre la datation au radiocarbone, le laboratoire a fait un autre test, appelé analyse isotopique, qui fait la lumière sur l’habitat et la diète du bison.

      En comparant les ratios de carbone et d’azote dans le collagène osseux, nous pouvons estimer la proportion d’herbes des montagnes et d’herbes des prairies que le bison mangeait au cours de sa vie. L’analyse de notre échantillon d’os indique que le bison passait la plupart de son temps à manger (et à vivre) dans les montagnes.

      bison in the back country (winter 2019)

      Les résultats sont conformes aux échantillons modernes et à ceux trouvés plus au nord dans le parc. Cela donne à penser que certains bisons passaient une bonne partie de leur vie dans les montagnes, voire leur vie entière. Notre collection d’os de bisons est petite, et nous continuerons de recueillir et d’analyser des os pour approfondir nos connaissances à mesure qu’ils seront mis au jour.

      Parks Canada staff in the field

      La découverte d’os de bisons augmente nos chances de trouver des sites importants sur le plan culturel, car le bison et l’humain ont toujours été étroitement liés. Ces sites nous aident à comprendre comment le bison et les peuples qui en dépendaient pourraient avoir utilisé le paysage.

      Au cours de l’été 2018, notre équipe d’archéologues a découvert de nouveaux artéfacts durant des fouilles réalisées à la suite d’un brûlage dirigé dans la vallée de la vallée de la Panther. Un fragment d’os de bison ainsi que des outils en pierre, indices de l’occupation préeuropéenne du territoire par les Autochtones, ont été trouvés à moins de 200 m de l’endroit où nos bisons ont été gardés en semi-captivité pendant un an et demi aux fins de leur mise en liberté progressive!

      bison bone sample and artifact

      Le processus rigoureux adopté par l’équipe d’archéologues terrestres de Parcs Canada nous aide à comprendre le parc national Banff et à découvrir son passé. Avec chaque nouvelle découverte, leur travail révèle l’histoire des bisons à Banff et enrichit nos connaissances, ce qui permet de guider les décisions relatives à leur rétablissement.

      Les os anciens nous révèlent une partie de l’histoire. En se roulant dans la poussière, en créant des sentiers et en broutant sur les flancs des montagnes, les bisons peuvent mettre au jour de nouveaux sites archéologiques laissant entrevoir des habitudes de déplacement et des comportements semblables il y a des centaines ou des milliers d’années. Nous sommes impatients de voir comment la vie des bisons modernes de Banff va exposer de nouveaux indices sur l’histoire des Autochtones et des bisons dans ce qui est aujourd’hui le parc national Banff.

      bison laying down in the field

      Merci à Aaron Osicki, Jessica Hill, Meg Stanley et Gwyn Langemann pour leur recherche et leur aide qui ont rendu possible cette publication!

    • 27 février 2019 : Un bison solitaire

      Par une nuit d’été, à la fin de juillet 2018, la harde de bisons a franchi le seuil entre la captivité et la liberté dans les étendues sauvages du parc national Banff. C’était un moment marquant dans l’histoire de la conservation. C’était aussi le début de ce qui allait devenir, pour l’un des bisons de la harde – le mâle no 18 –, une existence solitaire dans l’une des vallées reculées du parc. Le présent billet brosse un tableau de ses allées et venues depuis sa mise en liberté, il y a six mois.

      Les vapeurs de l’aube se dissipent lentement dans la vallée. La harde passe sa première matinée à l’état sauvage, bien haut sur un talus d’éboulis. Le mâle no 18 broute d’abord aux côtés de la harde, mais il ne tarde pas à s’en éloigner et poursuit sa route vers le nord, laissant derrière lui les autres bisons qui s’engagent sur les crêtes de la vallée du ruisseau Snow à la recherche de plantes alpines.

      D’une pente à l’autre, le mâle no 18 se faufile entre les saules et descend lentement un sentier désaffecté jusqu’à la vallée de la Red Deer. Pendant des jours, il explore les prés qui tapissent le fond de cette vallée. Le bison choisit avec soin sa pâture parmi des bouquets de végétation d’une vieille forêt brûlée. Il finit par se diriger vers l’est, comme les deux autres mâles solitaires de la harde. Contrairement à eux, cependant, il se heurte à une section de clôture à la limite du parc et rebrousse chemin vers l’ouest. Il s’agira de son seul contact avec une clôture dans les six mois qui suivront.

      Sur le chemin du retour vers l’ouest, au cœur de la zone de réintroduction, il bifurque vers le nord pour suivre le ruisseau Divide. En route, l’animal fait une sieste près d’un lac alpin avant de traverser péniblement une forêt dense. Il gagne enfin la vallée de la Clearwater au début de septembre. Comme ce secteur du parc se trouve à l’extérieur de la zone de réintroduction, nous y affectons notre personnel, qui, par des manœuvres sans brusquerie, s’efforce de le faire changer de direction. Ces efforts donnent un élan au bison, qui, en l’espace de deux jours, retourne à son territoire de prédilection, le vieux brûlis de la vallée de la Red Deer.

      À la fin de septembre, le mâle no 18 rejoint la harde principale pour une visite surprise dans la vallée de la Panther. Il marche d’un pas cadencé avec les autres bisons pendant quelques jours avant de se séparer d’eux une seconde fois. L’animal regagne d’un pas lourd la vallée de la Red Deer, tout fin seul.

      Voilà maintenant des mois que le mâle no 18 passe la majeure partie de son temps dans la vallée de la Red Deer. D’après nos données GPS, il a croisé plus souvent la meute de loups résidente que les autres bisons. Récemment, l’un de nos employés l’a pris en photo chez lui, sur une crête étroite de la zone alpine. Pouvez-vous le repérer sur la photo qui suit?

      Il est normal pour les mâles de s’éloigner de la harde pendant les mois d’hiver. Ceux qui sont en âge de se reproduire rejoignent généralement les autres bisons pour la période de l’accouplement, à la fin de juillet et en août. Le mâle no 18 présente un intérêt particulier, parce qu’il semble se distinguer des autres mâles à différents égards. À son arrivée dans le parc national Banff, il était le plus âgé de la harde, mais, selon nos observations sur le terrain, il comptait parmi les mâles les moins dominants pendant la phase de remise en liberté progressive. Après la remise en liberté complète, les deux mâles dominants ont quitté la zone de réintroduction et ont été retirés du projet, alors que les autres mâles sont restés avec la harde principale.

      Chaque saison qui passe nous en révèle un peu plus sur les bisons du parc. Les données obtenues sur le mâle no 18 et les autres bêtes grâce aux colliers GPS, aux appareils photos actionnés par le mouvement et aux observations sur le terrain nous aident à comprendre comment ils choisissent leur domaine vital et ce qui influe sur leurs déplacements. Nous attendons avec impatience l’arrivée du printemps et de l’été pour en apprendre davantage sur le comportement du mâle no 18. Rejoindra-t-il la harde pour s’accoupler ou poursuivra-t-il son aventure en solitaire dans les vallées reculées du parc? Restez à l’affût des mises à jour sur les déplacements des bisons dans les mois à venir.

    • 02 février 2019 : Une année haute en couleur

      Cela fait maintenant deux ans que des bisons ont été réintroduits dans l’arrière-pays du parc national Banff dans le cadre d’un projet pilote de cinq ans. Jusqu’à présent, cette aventure passionnante, stimulante et inspirante a permis à la harde de redonner de la couleur au parc. Pour en savoir plus sur la première année du projet, cliquez ici. Voici quelques-uns des faits saillants qui ont marqué la harde cette année.

      Pendant 18 mois, nos agents de conservation des ressources ont pris soin de la harde dans un pâturage clos de la vallée de la Panther, un endroit reculé, afin d’aider les animaux à s’adapter à la vie dans les montagnes.

      Même à l’intérieur du pâturage, nous avons vu les bisons interagir à petite échelle avec d’autres espèces alors qu’en leur qualité d’espèce clé, ils commençaient à modifier le paysage les entourant.

      Avant de relâcher le troupeau, nous avons eu recours à un brûlage dirigé dans le cadre de nos efforts continus visant à restaurer la prairie indigène dans la zone de réintroduction. Nous avons réussi à faire brûler 315 hectares de terres, qui se sont ajoutées aux 800 autres ayant brûlé en 2015, pour créer un nouvel habitat luxuriant regorgeant de fourrage pour les mouflons d’Amérique, les chèvres de montagne, les grizzlis, les oiseaux des prés, les wapitis… et les bisons.

      Dès la fin du printemps, dix bisonneaux sont nés sur un total possible de dix; il s’agit des premiers bisons « fabriqués à Banff » depuis plus de 140 ans. Cela porte à 20 le nombre total de petits bisons nés en deux saisons de mise bas.

      Le 29 juillet 2018, nous avons relâché 31 bisons dans la nature : la harde allait maintenant errer en liberté. Depuis, les animaux ont exploré des terrains inattendus, comme des crêtes de haute altitude et des bassins hydrographiques escarpés, en plus des prairies et des collines herbeuses où nous nous attendions à les trouver. La majorité des bisons sont restés à moins de 15 km du site de mise en liberté, mais deux mâles se sont éloignés hors de la zone de réintroduction dès leurs premiers pas en liberté.

      Nous continuons de surveiller la harde et d’en apprendre davantage sur ces animaux au fur et à mesure qu’ils découvrent leur nouveau domaine vital. Nous avons divers projets de recherche en cours pour surveiller l’impact du bison sur son écosystème au moyen de différentes techniques non invasives, y compris la collecte d’excréments et les appareils actionnés par le mouvement. .

      Un des aspects clés du projet de réintroduction des bisons consiste à raconter celui-ci à la Canadiennes et aux Canadiens. Ce travail passe par la collaboration avec des partenaires, la mobilisation de bénévoles, les récits numériques, des programmes de diffusion externe et des expériences du visiteur. Ainsi, cette année, nous avons diffusé deux épisodes de notre série Web, organisé une cérémonie de bénédiction autochtone dans la vallée de la Panther, interagi avec des visiteurs des zoos de Calgary et de Toronto, et inauguré une nouvelle exposition au musée du parc Banff. Nous vous remercions de votre intérêt, de votre enthousiasme et de votre soutien; ils nous encouragent à continuer de tout faire pour donner une deuxième chance à cette espèce en péril.

      Pour en savoir plus, suivez la harde sur Facebook, sur Twitter et sur ce blogue.

    • 15 Janvier, 2019:  Suivre les sabots de la harde

      Les bisons du parc national Banff errent maintenant en toute liberté depuis plus de cinq mois! Tous les animaux semblent être en santé, et ils s’adaptent bien à leur vie à l’état sauvage. Grâce aux données transmises par les colliers GPS, aux appareils photo actionnés par le mouvement et aux observations sur le terrain, nous suivons les déplacements de la harde dans l’un des secteurs les plus reculés de l’arrière-pays du parc.

      La harde compte actuellement 34 bêtes – c’est une hausse de plus de 50 % par rapport au troupeau de 16 bisons (dix femelles et six mâles) transplanté du parc national Elk Island. Les dix bisonnes ont donné naissance à des petits en 2017 et en 2018, gonflant ainsi la harde de 20 bêtes « conçues dans le parc Banff ».

      Les bisons se déplacent principalement en groupe dans la partie nord-est de la zone de réintroduction. Dans les semaines qui ont suivi leur mise en liberté complète, ils ont passé leur temps dans des secteurs de haute altitude – en bordure de talus d’éboulis et sur les rives de lacs alpins.

      L’automne venu, la harde a quitté les hautes altitudes pour aller brouter dans les prés, sur les pentes herbeuses et dans la forêt récemment brûlée des vallées de la haute Panther et de la Red Deer, qui se trouvent toutes deux dans le parc national Banff.

      Jusqu’à présent, les bisons semblent développer des affinités pour leur territoire, et ils apprennent à trouver de bons pâturages. La carte qui figure ci-dessus montre les allées et venues des 34 bêtes depuis leur mise en liberté (du 29 juillet au 11 décembre 2018). Chaque couleur désigne un animal différent, et la distance entre deux points représente deux heures de déplacements. La ligne de couleur bleu-vert qui s’étend vers le nord montre les déplacements d’un mâle qui passe la majeure partie de son temps en solitaire dans la vallée de la Red Deer. Celle de couleur bleu marine qui va vers l’est illustre le trajet d’une bisonne qui a fait une brève excursion au-delà des limites du parc en octobre.

      Nos travaux de recherche et de surveillance nous permettent de constamment approfondir notre connaissance des bisons, à l’heure où ils réintègrent leur rôle d’espèce clé à l’intérieur de l’écosystème. Nos recherches portent en partie sur l’interaction des bisons avec les prédateurs. Jusqu’ici, nous avons observé des bisons avec des loups et des grizzlis, mais, à notre connaissance, aucune tentative de prédation n’a encore eu lieu.

      Il est extraordinaire de voir ces animaux prospérer à l’état sauvage après une absence de 140 ans – comme sur cette image prise en novembre 2018 dans la vallée de la Panther par un appareil photo actionné par le mouvement. Chaque jour, les bisons continuent de prouver qu’ils ont leur place dans le parc national Banff.


    • 2018

    • 25 octobre 2018 : Sur la piste des bisons – Une vie d’errance pour les intendants des bisons de Parcs Canada

      Comme nous l’avons souligné dans des billets antérieurs, les membres de l’équipe chargée du projet de réintroduction du bison exercent des fonctions très particulières : surveiller la harde de bisons tout au long de son rétablissement dans le parc national Banff. Nous leur donnons le nom d’intendants des bisons.

      La vie des intendants a radicalement changé depuis la remise en liberté des animaux en juillet. Au lieu d’être affectés à un seul chalet de patrouille près duquel les bisons ont été tenus en captivité dans un pâturage pendant un an et demi, ils doivent aujourd’hui suivre la harde pour découvrir les habitudes de déplacement des bisons à l’échelle du paysage. Nous suivons les bêtes partout où elles vont.

      Au cours de périodes de travail de neuf jours, les intendants des bisons sillonnent l’arrière-pays à pied, à skis ou à cheval. Ils entreprennent des expéditions sans destination fixe pour pouvoir suivre les déplacements imprévisibles des bisons. Pendant leur séjour dans l’arrière-pays, les intendants surveillent la harde afin de recueillir de l’information sur la santé des bêtes, leur comportement et leur profil d’occupation du paysage.

      Cette carte montre les déplacements d’un intendant pendant une de ses périodes de travail en septembre 2018. Il a parcouru 110 km, a dormi dans deux chalets de patrouille, a travaillé sous le soleil, sous les nuages, dans le vent et dans la neige, est revenu sur ses pas à quelques reprises et a adapté son itinéraire chaque jour en fonction de l’emplacement de la harde.

      À l’aide d’instruments de télémesure, les intendants écoutent les signaux transmis par les colliers émetteurs des bisons. En suivant ces signaux, ils peuvent repérer la harde pour observer les bêtes dans leur nouvel habitat.

      En jumelant les observations sur le terrain aux données GPS provenant des colliers émetteurs, nous commençons à en apprendre davantage sur la harde de bisons du parc national Banff. Voici quelques-unes des découvertes que nous avons faites jusqu’à présent :

      • Dix bisonneaux sur un total possible de dix sont nés dans l’arrière-pays du parc, ce qui porte à 34 bêtes l’effectif de la harde.
      • Les animaux se déplacent sur du terrain inattendu. Ils passent du temps sur des crêtes élevées, dans des bassins hydrographiques escarpés et en bordure de lacs alpins.
      • La harde se divise périodiquement en de petits groupes d’animaux qui explorent les principaux pâturages.
      • Comme nous l’espérions, les bisons semblent développer une affinité pour leur nouveau territoire :
        • Certains sont retournés au pâturage de mise en liberté progressive de la vallée de la Panther à quelques reprises dans les derniers mois.
        • Au début d’octobre, une bisonne et ses deux petits ont parcouru 50 km en deux jours pour ensuite regagner leur point de départ. Leurs déplacements les ont notamment menés à l’extérieur du parc national Banff, après quoi ils ont réintégré la harde.

      Tout en surveillant la harde, les intendants des bisons accomplissent diverses tâches pendant leurs longues journées de travail. Ils doivent notamment installer des caméras actionnées par le mouvement, démanteler les clôtures du pâturage de mise en liberté progressive, enlever les débris sur les sentiers et guider doucement les bêtes. Pour ceux et celles qui sont sur la piste des bisons, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Nous sommes très enthousiastes à la perspective de faire de nouvelles découvertes au sujet de ces bêtes errantes dans les prochains mois à mesure que l’hiver s’installe dans l’arrière-pays.

    • 27 septembre 2018 : Des amis en haut lieu

      Sur les crêtes des versants est du parc national Banff, vous trouverez probablement des traces laissées par des animaux – des empreintes de sabots de mouflons, des crottes de chèvres et des bois de wapitis. Maintenant, nous pouvons ajouter un autre élément à cette liste : de la bouse de bison.

      Pendant leurs travaux de surveillance de la harde, notre personnel est tombé sur des excréments de bisons déposés bien haut à flanc de montagne. Il s’agit d’une excellente nouvelle pour les plantes alpines, qui, le printemps prochain, bénéficieront des riches nutriments que contiennent ces bouses.

      Depuis sa mise en liberté complète, la harde principale a passé la majeure partie de son temps dans la vallée du ruisseau Snow. Les bisons paissent, se reposent et élèvent leur progéniture au bord de lacs alpins et sur des pentes de montagnes qui forment l’un des secteurs les plus spectaculaires de l’arrière-pays du parc national Banff.

      Ils connaissent désormais bien la vallée du ruisseau Snow et savent qu’ils pourront de nouveau y trouver du fourrage au printemps et en été. Au cours de ces premiers mois de liberté complète, nous voulons les aider à découvrir les secteurs clés de leur nouveau domaine vital, pour qu’ils connaissent les possibilités de pâturage saisonnières qui s’offrent à eux partout dans la zone de réintroduction.

      Nous tenions absolument à amener la harde dans la vallée de la basse Panther – un réseau de prés ondulants qui restent exempts de neige pendant la majeure partie de l’année. Ces prés abritent un fourrage d’automne et d’hiver qui figure parmi les meilleurs de ce secteur.

      Vous souvenez-vous des techniques d’élevage dont nous vous avions parlé au printemps 2018? Nous avons eu recours à du personnel à pied, à du personnel à cheval et à un hélicoptère pour mettre ces techniques en pratique afin de reconduire doucement les animaux vers le sud, en direction de la vallée de la Panther. Le 4 septembre, la harde a parcouru calmement une distance d’environ 15 km en direction sud pour se retrouver là où tout a commencé – dans le pâturage de mise en liberté progressive. Nous avons eu droit à tout un spectacle : un cortège de 27 bisons gravissant des crêtes en file indienne, avançant prudemment sur des talus d’éboulis et se faufilant entre les saules du fond de la vallée.

      Les lignes jaunes illustrent les déplacements de la harde du 4 au 7 septembre 2018.

      Pendant la nuit, nous avons ouvert les barrières du côté est du pâturage de mise en liberté progressive pour encourager la harde à explorer plus avant la vallée de la basse Panther. Et c’est précisément ce qui s’est produit! Les bisons ont investi les prés ouverts, et ils y broutent depuis environ trois semaines. Voyez comme l’endroit est magnifique!

      Les premières neiges recouvriront bientôt la vallée de la Panther. Nous continuerons de surveiller les bisons, à l’heure où ils affrontent leur premier hiver en tant que bêtes en liberté complète. Nous suivons aussi les déplacements d’un mâle qui s’est aventuré dans une vallée avoisinante du parc au début de septembre.


      Les lignes jaunes illustrent les déplacements du bison mâle du 4 au 7 septembre 2018.

      La carte ci-dessus montre ses déplacements vers le nord, en direction de la vallée de la Clearwater. La forte déclivité du terrain aidant, les gardiens de la harde ont réussi, moyennant quelques encouragements, à lui faire rebrousser chemin pour regagner le sud. Tout en découvrant leur nouveau territoire, les bisons nous ouvrent une fenêtre sur leur univers.

    • 28 août 2018 : Les hauts et les bas du bison - la réintroduction du bison n’est pas qu’une partie de plaisir

      Le projet de réintroduction du bison au parc national Banff est une occasion unique pour la conservation dans les parcs des montagnes, mais nous avons toutefois récemment rencontré certaines difficultés. La vue de nouveau-nés parcourant les bassins alpins de haute altitude au sein de la harde principale nous a remplis d’espoir et d’optimisme. Cependant, nous avons aussi dû prendre la décision difficile de retirer deux mâles qui s’étaient aventurés bien au-delà de la zone de réintroduction.

      Près d’un mois après qu’on a mis 31 bisons en liberté dans l’arrière-pays du parc national Banff, la plus grande partie de la harde est restée à moins de 15 km du site de mise en liberté. Toutefois, deux mâles sont partis vers l’est, ont franchi les limites du parc et ont poursuivi leur chemin jusqu’à se trouver à une journée de marche de terres privées. Dans notre plan de réintroduction et nos engagements envers les intervenants provinciaux, nous nous étions engagés à ne pas laisser les bisons gagner ces secteurs.

      Les traits jaunes montrent les déplacements de tous les membres de la harde principale, tandis que les traits bleus montrent ceux des deux mâles, depuis leur mise en liberté le 29 juillet.
      Les traits jaunes montrent les déplacements de tous les membres de la harde principale, tandis que les traits bleus montrent ceux des deux mâles, depuis leur mise en liberté le 29 juillet.

      Nous avons d’abord envisagé de capturer le premier mâle pour le déplacer, mais nous avons conclu que plusieurs facteurs rendaient cette approche impossible :

      • Le bison se déplaçait trop rapidement vers l’est.
      • La harde principale se dirigeait elle aussi vers le nord-est, en terrain difficile où les tentatives d’effarouchement n’auraient pas été très efficaces — il nous fallait concentrer nos ressources sur la gestion de la harde principale.
      • Les feux de forêt monopolisaient les hélicoptères capables de transporter un animal de la grosseur d’un bison — de plus, une fumée épaisse réduisait la visibilité.
      • En raison de ces contraintes, nous avons dû tenir compte des risques éventuels à l’équipe de gestion de la harde de bison si elle tentait d’immobiliser et de déplacer les bisons.

      En fin de compte, nous avons dû prendre la décision crève-cœur d’euthanasier le premier animal.

      Heureusement, après plusieurs jours, nous avons réussi à capturer et à déplacer le deuxième mâle vers un site temporaire au parc national des Lacs-Waterton. Cette opération, qui s’avéra particulièrement difficile, fut effectuée par une équipe de capture sous contrat qui attrapa le bison à l’aide d’un filet à partir d’un hélicoptère. Nous avons ensuite immobilisé l’animal et l’avons fait culbuter dans un sac pour bison fabriqué sur mesure qui nous a permis de transporter le bison immobilisé à l’aide d’une élingue sous un hélicoptère de grande dimension sans compromettre ses voies respiratoires, et ce, le temps nécessaire pour l’héliporter à une remorque pour chevaux pour son déplacement.

      Le bison mâle immobilisé est transporté par hélicoptère dans le cadre d’une opération de capture et de déplacement. Il a ensuite été transporté par camion jusqu’au parc national des Lacs-Waterton.
      Le bison mâle immobilisé est transporté par hélicoptère dans le cadre d’une opération de capture et de déplacement. Il a ensuite été transporté par camion jusqu’au parc national des Lacs-Waterton.

      Il est très difficile pour notre équipe de se résoudre à déplacer ou à éliminer un animal, et une telle décision n’est prise qu’après avoir consciencieusement pesé toutes les possibilités. Ces deux mâles étaient déterminés à continuer leur parcours vers l’est, franchissant tous les obstacles sur leur chemin, et ils nous ont beaucoup appris. Nous avons modifié nos techniques de rassemblement de la harde et avons rallongé les clôtures brise-vent à certains endroits stratégiques.

      La harde se porte bien et reste haut à flanc de montagne où les bêtes se nourrissent de verdure, hors de portée des mouches piquantes. Depuis la mise en liberté des bisons, au moins quatre nouveaux petits sont nés en liberté! La harde compte donc maintenant 10 femelles adultes, 4 mâles adultes, 10 bisons d’un an et maintenant 9 bisonneaux, pour un total de 33 animaux. Ces bisons semblent bien installés dans leur nouveau foyer, et tous sont restés à l’intérieur de la zone de réintroduction principale.

      Aussi, nous sommes heureux que la province de l’Alberta ait annoncé récemment que le bison sera dorénavant un animal protégé, dans un « secteur réservé au bison » sur les terres provinciales, du côté est de la zone de réintroduction. Cela donnera aux bêtes une zone tampon un peu plus grande si elles quittent le parc national Banff.

      La réintroduction du plus gros mammifère terrestre de l’Amérique du Nord n’a jamais été considérée comme une mince affaire, et d’autres difficultés pourraient nous guetter. Néanmoins, nous avons bon espoir que le bison aura un brillant avenir dans le parc national Banff. Nous tenons à remercier nos partenaires, les communautés autochtones et locales ainsi que le public pour leur soutien.

    • 1 août 2018 : Les bisons explorent Banff de manière nouvelle

      La semaine a été chargée pour les bisons de Banff. Le 29 juillet, nous avons ouvert la clôture du pâturage de mise en liberté progressive et relâché le troupeau sur une zone de réintroduction de 1200 km2 sur les versants est de Banff.

      Nous avons passé un an et demi à aider ces animaux à apprendre à s’adapter à leur nouveau territoire. Les rôles sont maintenant inversés alors que nous commençons à apprendre de ces animaux. Ils nous enseignent déjà de nouvelles choses sur la vie des bisons en montagne.

      Le jour de la remise en liberté, nous avons ouvert la porte vers midi et avons attendu que les bisons trouvent l’ouverture... et attendu encore. Enfin, vers minuit, la caméra a capté le troupeau sortant de l’enclos pour emprunter le couloir de mise en liberté que nous avions construit pour eux.

      Le lendemain matin, nous avons constaté que le pâturage de mise en liberté progressive était vide : les bisons étaient enfin libres. Nous avons envoyé notre équipe sur le terrain pour surveiller le troupeau en utilisant la télémétrie pour retracer les signaux de leurs colliers émetteurs. Lorsque nous avons capté les signaux, nous avons été surpris de ce que nous avons trouvé.

      Au lieu de suivre le fond de la vallée comme nous nous y attendions, le troupeau s’est déplacé en demeurant haut à flanc de montagne, où il a pu paître et se coucher dans les pointes de végétation les plus élevées qui s’avancent sur les versants rocheux. Nous les avons observés plonger dans un ruisseau pour s’abreuver puis remonter la pente pour s’étendre plus haut. Deux femelles enceintes sont alors montées encore plus haut près d’un lac alpin où elles ont donné naissance aux premiers veaux sauvages nés du troupeau en liberté, portant sa population à 33 animaux. Deux autres femelles avec des nouveau-nés ont atteint une crête voisine surplombant le pâturage de mise en liberté progressive.

      Il s’agit d’une nouvelle expérience pour ces bisons; eux qui n’ont jamais vécu sans clôtures. Ils apprennent quelles sont leurs nouvelles limites, jettent le premier regard sur le paysage qui les entoure et testent leurs habiletés en montagne. La grande majorité du troupeau semble vouloir demeurer à moins de 6 km du premier site de mise en liberté, tandis que quelques mâles se sont aventurés dans une vallée voisine et un autre a quitté la zone principale de réintroduction et est actuellement sur les terres de l’Alberta, à l’est du parc national. Nous continuons à suivre de près ses mouvements, et nous pourrions devoir le capturer si cette promenade le mène plus à l’est.

      Nous effectuons un suivi attentif du troupeau et sommes prêts à agir s’il s’aventure trop loin. Nous continuerons à surveiller ces animaux tout en travaillant en étroite collaboration avec la province de l’Alberta et les intervenants locaux, alors que les bisons sauvages s’installent dans leur aire de pâturage élargie.

       

      Même dans les premiers jours à l’état sauvage, les bisons de Banff nous montrent qu’ils sont faits pour cet endroit et prêts à relever les défis qui s’y présenteront. Vous pouvez suivre le troupeau alors qu’ils nous apprennent de nouvelles choses au sujet du bison sur la chaîne YouTube de Parcs Canada et sur les comptes du parc national de Banff sur Twitter et Facebook.

    • 2 août 2018 : Libres d’errer à leur guise - Les bisons sont relâchés dans l’arrière-pays du parc national Banff

      C’est officiel : le bison des prairies est de retour dans l’arrière-pays du parc national Banff. Après une absence de plus d’un siècle, les bisons pourront de nouveau errer en toute liberté dans les vallées du premier parc national du Canada. Ils traceront de nouveaux sentiers, partiront à la recherche de nouvelles aventures, traverseront des rivières et rencontreront des loups et des ours. Surtout, ils auront un nouveau domicile bien à eux : le parc national Banff.

      Les grandes plaines résonnaient autrefois de leurs grognements et du martèlement de leurs sabots. Les hardes pouvaient compter jusqu’à 30 millions de bêtes et s’étendaient parfois à perte de vue. Pendant 10 000 ans, un faible nombre de ces animaux ont même erré sur le territoire qui forme aujourd’hui le parc national Banff. Malheureusement, en l’espace d’une seule vie humaine, l’espèce a failli disparaître à jamais.

      Mais l’histoire du bison ne s’arrête pas là. Depuis plus d’un siècle, Parcs Canada dirige les efforts de rétablissement de bisons sauvages au Canada. En 2017, il a écrit un nouveau chapitre de ce récit de conservation en réintroduisant des bisons du parc national Elk Island dans le parc national Banff.

      Pendant un an et demi, Parcs Canada a pris soin des bisons pendant qu’ils s’adaptaient à leur nouveau milieu, dans la vallée de la Panther, un secteur reculé du parc national Banff. Il les a gardés dans un pâturage de mise en liberté progressive pour les ancrer dans leur nouvel habitat et les préparer à leur nouvelle vie dans les montagnes.

      Aujourd’hui, les bisons sont prêts pour la prochaine phase de leur odyssée : la mise en liberté complète. Nous avons ouvert les barrières du pâturage de mise en liberté progressive, et la harde est désormais libre d’errer à sa guise dans une zone de réintroduction de 1 200 km2 sur les versants est du parc. Les bisons peuvent maintenant commencer à jouer leur rôle d’« espèce clé » dans l’écosystème, en créant une mosaïque dynamique de milieux naturels qui profiteront à des centaines de créatures, depuis les insectes jusqu’aux ours, en passant par les oiseaux.

      Pendant que les bisons exploreront leur nouvel environnement, nous nous servirons de colliers GPS pour suivre leurs déplacements et leurs interactions avec d’autres espèces indigènes. Avec le temps, nous espérons découvrir comment les bisons s’intègrent à l’écosystème et comprendre leur impact sur le paysage environnant. En 2022, au terme du projet pilote, nous évaluerons les résultats obtenus pour décider de l’avenir du rétablissement du bison dans le parc national Banff. 

      Vous pouvez suivre la harde au fil de l’évolution du projet en lisant le présent blogue, en visionnant les vidéos du canal YouTube de Parcs Canada et en vous abonnant aux fils Twitter et Facebook du parc national Banff. Nous avons très hâte de vous raconter ce nouveau chapitre palpitant de la réintroduction. 

    • 23 juillet 2018 : Premiers pas ... Les bisonneaux sont arrivés!r

      Les premiers bisons de la saison sont nés dans le pâturage de la vallée de la Panther! Ils portent le titre spécial de « premiers bisonneaux conçus dans le parc national Banff »!

      Les bisonnes nos 6, 10 et 11 sont les fières mamans de ces poupons. Notre personnel les surveille de près, et de nombreuses bêtes de la harde (surtout les jeunes curieux d’un an) sont déjà venues renifler les nouveau-nés pour leur souhaiter la bienvenue.

      À la naissance, les bisons portent une fourrure rougeâtre vif, ce qui leur vaut le surnom de « petits roux ». Après quelques mois, ils commencent à prendre la couleur brun foncé qui caractérise le pelage de leurs parents. Dans les mois à venir, nous nous attendons à voir plusieurs autres petits roux gambader dans le pâturage, au fur et à mesure que les autres bisonnes mettront bas. Si tout se passe comme prévu, la harde pourrait se gonfler de cinq ou six autres bisonneaux.

      Les bisonnes en sont à leur deuxième mise bas dans le pâturage de mise en liberté progressive. Si nous les y gardons, c’est principalement pour les aider à développer des liens d’appartenance à leur nouvel habitat. Les bisons tendent à retourner au même endroit chaque printemps pour donner naissance à leurs petits.

      En la maintenant en captivité au cœur de la zone de réintroduction pendant deux saisons de mise bas, nous espérons que la harde fera de ce secteur son territoire de mise bas annuel. Si cela se produit, de nouvelles générations de petits roux galoperont chaque printemps dans la vallée de la Panther pendant des années à venir.

    • 15 juin 2018 : Un brûlage pour le bison

      Le bison a besoin du feu. Les écosystèmes du parc national Banff, eux, dépendent de l’un et de l’autre.

      Les 15 et 16 mai, nous avons réalisé un brûlage dirigé dans la zone de réintroduction du bison pour favoriser le rétablissement de la prairie indigène. Nous avons fait brûler une étendue d’environ 315 ha afin de créer un nouvel habitat luxuriant qui procurera du fourrage aux mouflons d’Amérique, aux chèvres de montagne, aux grizzlis, aux oiseaux des prés, aux wapitis et… à la harde de bisons qui, bientôt, errera en toute liberté.

      Des millénaires durant, ce secteur a été façonné par la relation entre le feu, le bison et les humains. Les brouteurs, comme le bison, sont attirés par l’herbe fraîche qui émerge après le passage d’un feu. Pendant qu’ils se gavent de la nouvelle repousse riche en nutriments, la végétation bien établie peut continuer de pousser à l’abri des herbivores avant de se faire brûler et brouter de nouveau. Avec le temps, ce cycle crée un paysage en mosaïque qui soutient une diversité de plantes et d’animaux.

      Planifier un brûlage dirigé équivaut à définir les bonnes conditions. Une occasion s’est présentée ce printemps : les journées étaient chaudes et la neige fondait, mais l’herbe n’avait pas encore commencé à verdir. Il était donc possible de faire brûler un secteur ciblé pendant que le risque de propagation du feu restait faible.

      Pendant deux jours, nos spécialistes de la gestion du feu ont fait brûler une étendue de terrain située près du pâturage des bisons. En travaillant méthodiquement, ils ont mis le feu à la végétation à l’aide de deux hélicoptères et de lance-flammes au sol. Comme cibles, l’équipe a choisi des prés situés à la lisière de la forêt où il y avait encore des plaques de neige au sol – des conditions idéales pour contenir les flammes. Pendant le brûlage, les bisons, bien adaptés au feu, semblaient indifférents à tout l’émoi autour d’eux : ils sont restés couchés sur l’herbe pour profiter d’une journée d’oisiveté au soleil.

      À la fin de la dernière journée de l’opération, l’équipe avait réussi à faire brûler toutes les parcelles ciblées. Les météorologues prévoyaient 15 mm de pluie pour le soir même – des précipitations on ne peut plus opportunes et un volume suffisant pour éteindre les flammes. Dans les semaines qui ont suivi, nos spécialistes du feu ont surveillé de près le brûlis et éteint les quelques feux encore actifs. Ils ont également installé un appareil photo de télésurveillance pour pouvoir continuer d’observer le secteur. La photo qui suit provient de cet appareil et montre la parcelle récemment brûlée (en orange) et un brûlis datant de 1999.

      Au fur et à mesure que des pousses vertes fraîches émergeront des prés calcinés, différentes espèces seront attirées vers ce secteur, depuis des grizzlis jusqu’à des oiseaux chanteurs. Une fois la harde remise en liberté cet été, la riche végétation devrait également attirer les bisons et contribuer ainsi à les ancrer dans ce secteur du parc national Banff.

    • 20 mai 2018 : À nouveau sur la route

      Notre équipe de conservation vient d’apprendre quelques nouveaux trucs.

      Lorsque la harde sera en liberté complète cet été, nous allons monter à cheval et tranquillement inciter les animaux à explorer les principales aires de broutage de leur nouveau domaine vital. En avril, notre équipe de base s’est rendue au Montana pour acquérir des compétences pratiques sur le regroupement de bisons, à cheval, avant l’ouverture des portes de l’enclos cet été.

      Nous allons utiliser une technique appelée « technique d’éleveur douce », une approche d’interaction avec les animaux d’une harde, par exemple de bisons, leur causant peu de stress. Nous avons adopté cette philosophie comme outil de projet de base pour guider nos interactions avec la harde de bisons de Banff, et nous avons commencé à pratiquer cette technique même avant l’arrivée des bisons en 2017.

      Le problème est qu’il n’est pas facile d’acquérir l’expérience nécessaire pour travailler avec des bisons en liberté dans l’arrière pays pendant que la harde est encore dans l’enclos. Il a donc fallu prendre la route.

      Les employés de notre équipe principale ont eu l’occasion de travailler pendant quelques jours avec des cow-boys chevronnés sur un vaste ranch où des chevaux sont utilisés, ainsi que la technique d’éleveur douce, pour gérer plus de mille de bisons.

      Après un hiver sur des skis, notre équipe responsable des bisons a recommencé à monter à cheval et passé de longues journées dans les pâturages. Assistants au ranch à titre bénévole, ils ont aidé les cow-bows de l’endroit à déplacer des centaines de bisons d’un pâturage à l’autre. Ils ont traversé des cours d’eau et franchi des kilomètres de plaines d’armoises sous le vaste ciel du Montana.

      Le paysage est là bas très différent de l’arrière pays de Banff, mais en ayant eu la chance de pratiquer certaines compétences clés de rassemblement de bisons, notre équipe sait déjà mieux comment elle s’y prendra pour gérer les bisons en liberté dans le parc national Banff. Ce sera toute une aventure!

    • 6 mai 2018 : Les bisons transforment déjà Banff

      Les bisons sont de retour au parc national Banff depuis à peine plus d’un an, mais ils façonnent déjà le paysage. Les bisons sont considérés comme des espèces clés, et on dit qu’ils sont des « ingénieurs écologiques ». Autrement dit, par leurs comportements naturels, ils modifient l’écosystème qui les entoure d’une manière qui profite à une foule d’autres espèces sauvages.

      Les bisons se déplacent en grands groupes. Ils se frottent contre les arbres. Ils broutent les herbes fraîches. Ils laissent d’énormes bouses dans leur sillage. Ils se roulent sur le sol, creusant des cratères appelés « mares bourbeuses » une fois ceux ci remplis d’eau. Toutes ces actions créent une riche mosaïque d’habitats différents, ce qui contribue à accroître la biodiversité.

      Les bisons sauvages constituent une partie importante de l’écosystème de Banff. En réintroduisant le bison dans le parc national Banff, après une absence de près de 150 ans, nous espérons obtenir toute une gamme de bienfaits, par exemple :

      • Plus d’éclaircies dans la forêt pour les oiseaux des prés et certains petits mammifères.
      • Des herbes bien fertilisées pour les autres brouteurs comme le wapiti et le cerf.
      • Plus d’habitats humides saisonniers pour les amphibiens grâce à la formation de mares bourbeuses lorsque les cratères créés par les bisons se remplissent d’eau.
      • Une nouvelle source de nourriture pour toute une communauté d’espèces sauvages, dont les ours, les loups, les corbeaux et les coyotes.

      Nous commençons déjà à observer des changements à petite échelle. Les bisons ont formé de vastes mares boueuses dans l’enclos. Ils se frottent contre les arbres, ce qui laisse des touffes de fourrure que les oiseaux ramassent pour faire leur nid. Ils ont commencé à former des sentiers dans la forêt. Leur fumier fournit un habitat aux insectes qui deviennent alors une source de nourriture pour les oiseaux et les petits mammifères.


      Photo 1) cratère formé par des bisons dans l’enclos 2) touffes de fourrure laissées par un bison sur un arbre

      Lorsque la harde sera mise en liberté cet été, nous espérons voir ces changements se poursuivre dans le paysage élargi. Nous allons mesurer les impacts de la présence du bison sur l’écosystème au cours du projet pilote de réintroduction. Les travaux de recherche comprennent l’étude des populations d’oiseaux chanteurs, de la végétation, des amphibiens et, comme nous l’avons souligné dans notre blogue de novembre 2016, des scarabées bousiers.

    • 29 avril 2018 : La vie au chalet Windy

      Au cours des 15 derniers mois, notre équipe de conservation a eu une tâche singulière à accomplir dans l’arrière pays de Banff : surveiller une harde de bisons.

      Le pâturage de bisons est situé dans l’une des parties les plus reculées du parc. Il faut deux jours pour s’y rendre à pied, à skis ou à cheval de quelque direction que ce soit. C’est un endroit sauvage où il est plus probable de rencontrer un grizzli qu’un autre humain.

      Durant leurs quarts d’une semaine, les gardiens de bisons sont installés dans le chalet de patrouille Windy – situé à un jet de pierre de l’enclos à bisons. Leur travail consiste à nourrir les animaux, à surveiller la santé de la harde et à suivre le comportement de chaque bison.

      Tous les matins, les employés amènent des balles de foin dans l’enclos et les répandent pour le petit déjeuner de la harde. Pendant que les bisons se nourrissent, les employés s’installent à un endroit surplombant le pâturage et consignent leurs observations sur la santé des animaux.

      Le personnel doit également s’acquitter de certaines tâches à caractère nauséabond : ramasser les bouses de bisons. En fait, les bisons excrètent des bouses à la TONNE. Chaque bison adulte produit environ 35 lb d’excréments par jour, ce qui fait au total une demi tonne métrique par jour pour la totalité de la harde de 26 bisons.

      Il est important de surveiller de près les niveaux de fumier afin de réduire le risque que les animaux contractent des parasites. Donc, en moyenne, les employés passent environ trois ou quatre heures par jour à pelleter du fumier – qui est parfois tellement gelé qu’il faut utiliser une hache pour extraire les bouses de la neige. Ce travail dans la puanteur du fumier porte ses fruits : selon des analyses récentes, le taux de parasites présents dans la harde est très bas.

      Outre ces soins apportés aux bisons, les employés ont des corvées quotidiennes, notamment couper du bois, consigner leurs observations sur la faune, surveiller les appareils photo actionnés par le mouvement et s’occuper des chevaux. La vie est paisible dans l’arrièere pays, mais ce sera un peu plus intéressant lorsque le pâturage ouvrira ses portes et que les bisons seront en liberté complète cet été.

    • 8 avril 2018 : Bijouterie des bison

      Par une semaine froide du début de mars, notre équipe de vétérinaires et de spécialistes de la conservation s’est envolée vers l’enclos à bisons de la vallée de la Panther, un coin reculé du parc national Banff, pour entreprendre une tâche importante : la pose de colliers au cou des bisonnes adultes et d’étiquettes aux oreilles de leurs petits.

      Les émetteurs intégrés à ces colliers et à ces étiquettes d’oreille enverront des signaux qui nous aideront à repérer la position géographique des animaux. Ces outils joueront un rôle important à partir de l’été 2018, lorsque les bêtes seront en liberté complète.

      Les données recueillies nous aideront à suivre les déplacements des bisons pendant qu’ils explorent un paysage où l’espèce est absente depuis plus de 140 ans. Voici quelques-unes des informations que nous examinerons :

      • Déplacements des bisons;
      • Interactions entre les bisons et leurs prédateurs;
      • Taux de survie.

      Voici comment nous avons procédé pour la pose des colliers :

      La manipulation peut être une source de stress pour la faune. Pour réduire les incidences sur les animaux, nous les avons immobilisés un par un à l’aide de tranquillisants.

      Une fois les animaux endormis, nous leur avons bandé doucement les yeux pour qu’ils restent calmes tout au long de l’intervention. Ensuite, notre équipe de vétérinaires et de spécialistes de la conservation a procédé à un contrôle de gestation et prélevé divers échantillons (de poils et de sang, par exemple).

      Pour terminer, nous avons fixé des colliers (adultes) et des étiquettes d’oreille (petits) qui nous permettront de suivre la position des bêtes. Les bisonneaux n’ont pas reçu de collier cette fois-ci, parce qu’ils sont toujours en croissance et que les colliers risqueraient de devenir trop serrés.

      Une fois toutes ces étapes franchies, nous avons administré un agent d’inversion aux bisons. En quelques minutes, ils se sont réveillés, se sont levés et ont rejoint la harde.

      Dans l’ensemble, la semaine s’est bien déroulée, et la plupart des bisons portent maintenant des colliers et des étiquettes d’oreille. Nous fixerons des colliers au cou des mâles au début de l’été, afin que tous les animaux de la harde soient pourvus d’émetteurs au moment de la mise en liberté complète.

      Nous attendons impatiemment de voir ce que vont nous révéler les données transmises par les animaux cet été!

    • 20 mars 2018 : Arrivée prochaine de nouveaux bisonneaux!

      Il se passe des choses intéressantes dans l’enclos à bisons de l’arrière-pays du parc national Banff : au moins neuf des dix bisonnes attendent un bébé!

      Dans le cadre d’un récent projet visant à fixer des étiquettes d’oreille et des colliers émetteurs à la plupart des bêtes de la harde (d’autres détails suivront dans notre prochain billet), les vétérinaires de Parcs Canada ont soumis les femelles à un contrôle de gestation.

      D’après les vétérinaires, les bisonnes pourraient commencer à mettre bas dès le mois d’avril, et les naissances devraient s’enchaîner tout au long de l’été. Le premier bisonneau de l’an dernier est né le jour de la Terre (22 avril), et nous avons très hâte d’accueillir de nouveaux membres dans la harde.

      Il faut cependant se rappeler que ces bisons sont des animaux sauvages et que certaines femelles ne pourront peut-être pas mener leur gestation à terme. Mais, si tous les bisonneaux sont vivants à la naissance, ils pourraient faire gonfler l’effectif de la harde à 35 individus – nous sommes bien loin des 16 bisons qui sont arrivés dans le parc national Banff en février dernier.

    • 6 février 2018 : L’année du bison

      La dernière année a été bien remplie pour les bisons du parc national Banff! Cette semaine marque le premier anniversaire du retour du bison dans le premier parc national du Canada. Revenons sur certains des jalons les plus émouvants de ce projet emblématique.

      Le tout a commencé par des prières et des chants dans le parc national Elk Island – domicile d’origine des bisons du parc national Banff. Avant d’amorcer leur voyage vers les montagnes, les bisons ont reçu la bénédiction traditionnelle des membres des Premières Nations signataires des Traités nos 6 et 7 et de ceux de la Métis Nation of Alberta.

      Les bisons ont été placés dans des conteneurs d’expédition spéciaux et transportés de nuit en convoi jusqu’au ranch Ya Ha Tinda, près de la limite du parc national Banff.

      Tôt le lendemain matin, chaque conteneur a été déplacé par hélicoptère au-dessus de l’horizon vers le nouveau domicile des bisons, dans le parc national Banff.

      Dans la vallée reculée de la Panther, des employés attendaient avec impatience l’ouverture de chaque porte des conteneurs. Un par un, les animaux se sont précipités hors des conteneurs et ont commencé à explorer leur nouveau domicile.

      Le Jour de la Terre, le premier bisonneau sauvage est né dans l’arrière-pays du parc national Banff. Cette adorable boule de fourrure a été suivie de neuf autres bisonneaux, tous en parfaite santé, qui ont porté à 26 l’effectif total de la harde.

      Les bisons venus du parc national Elk Island en avaient beaucoup à apprendre sur la vie en montagne. Ayant grandi dans les Prairies, ils n’avaient jamais vu de rivières ou de flancs de montagne. Pendant leur séjour dans leur pâturage estival, ils ont traversé une rivière pour la première fois de leur vie!

      La harde s’adapte rapidement à son nouvel habitat. Les bisons se portent bien dans leur pâturage de la vallée de la Panther, dans le parc Banff. Le personnel de Parcs Canada les surveille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et continuera de le faire jusqu’à leur mise en liberté complète en juillet.

      En juillet, nous prévoyons ouvrir les barrières du pâturage. Nous passerons ainsi à la prochaine étape de ce projet : la mise en liberté complète des bisons. Jusqu’en 2022, la harde pourra errer sur un territoire d’une superficie équivalente à celle de la ville de Calgary (environ 1 200 km2). Nous continuerons de surveiller la harde pendant toute la durée de son rétablissement dans le parc national Banff.

      Comme la harde se trouve dans un secteur reculé du parc, raconter son histoire au public représente un volet important de ce projet. Nous avons présenté un éventail d’activités communautaires, de programmes d’interprétation et d’expériences virtuelles (comme ce blogue!) afin de renseigner la population canadienne et les visiteurs du monde entier sur cette réintroduction historique. Restez à l’affût pour découvrir divers moyens de vous familiariser avec la harde!


    • 2017

    • 22 décembre 2017 : Le parc, ses bisons et… ses chevaux

      Imaginez le parc national Banff à ses débuts. Les gardes de parc sillonnaient les étendues sauvages de l’arrière-pays, en franchissant des cols de montagne et en traversant à gué des rivières glaciales… bien en selle sur leur cheval.

      Bien des choses ont changé en un siècle, mais il subsiste au moins une constante : les chevaux demeurent le meilleur moyen pour le personnel de Parcs Canada de se déplacer en montagne.

      Les chevaux nous aident aussi à rétablir le bison dans le parc national Banff. Nos intendants des bisons surveillent la harde 24 heures sur 24 à tour de rôle, à raison de quarts de travail d’une semaine chacun. Les bisons se trouvent dans l’un des secteurs les plus reculés du parc, de sorte que les chevaux représentent notre principal moyen de transport pour y accéder.

      Pour nous rendre au pâturage des bisons, nous équipons nos chevaux et montons en selle pour une excursion de deux jours complets jusqu’au cœur de la zone de réintroduction du bison. En route, nous avons la chance d’entrevoir le côté le plus sauvage du parc : des loups qui hurlent, des pistes de carcajou et des mouflons qui nous observent du haut de leurs crêtes.

      Les chevaux de bât de Parcs Canada profitent d’une pause pour l’hiver, mais, le printemps venu, nous aurons tôt fait de reprendre nos expéditions sur les sentiers en compagnie de nos fidèles compagnons.

      Bonne randonnée!

      Merci à Dillon Watt, agent de conservation des ressources et membre de l’équipe du projet de réintroduction du bison, qui nous a aidés à produire ce billet tout en nous transmettant ses plus belles anecdotes de chevaux.

    • 22 novembre 2017 : Que peut nous révéler la bouse de bison au sujet des écosystèmes du parc national Banff?

      Blogueur invité : Nicholas McKay

      Comme les bisons sont de retour dans le parc national Banff, Parcs Canada a l’occasion de surveiller leur impact sur le paysage avant et après leur mise en liberté en 2018. Pour déterminer de quelle manière ils façonnent l’environnement, il faut parfois accorder une attention aux petites composantes de l’écosystème. En tant que stagiaire d’été, j’ai étudié l’une des plus petites de ces composantes : des insectes qui adorent les excréments. Bien sûr, je parle ici des bousiers!

      Les bousiers, ces insectes qui roulent en boule les excréments des mammifères, jouent un rôle clé dans l’environnement. Ils aident à décomposer les excréments. Ce processus permet au sol de s’enrichir de nutriments et favorise ainsi la croissance des plantes, comme l’engrais dans un potager. Les bousiers représentent aussi une source de nourriture importante pour de nombreux oiseaux et rongeurs de l’écosystème.

      Cet été, j’ai effectué un relevé des bousiers à l’aide d’un instrument appelé « piège à fosse ». Il s’agissait de placer dans le sol un seau en plastique contenant un appât savoureux. À votre avis, quel type d’appât ai-je utilisé pour capturer des bousiers? Vous l’aurez deviné… De la bouse de bison. Et j’ai obtenu des résultats! Après un mois, j’avais identifié six différentes espèces de bousiers.

      Une fois que les bisons seront relâchés dans le pâturage de mise en liberté progressive, nous espérons répéter le relevé sur les mêmes parcelles. Nous pourrons ainsi déterminer si ces populations d’insectes ont augmenté après le retour du bison.

      Cet été, Nicholas McKay a travaillé au projet de réintroduction du bison à titre de chercheur étudiant. En cours de route, il est devenu un aspirant expert des bousiers.

    • 6 septembre 2017 : Des élèves de l’école primaire de Banff accueillent des bisons

      Peu après l’arrivée des bisons à Banff au début de 2017, nous avons réuni des élèves de la quatrième année de l’école primaire de Banff pour une tâche bien particulière : devenir des ambassadeurs locaux des bisons.

      Nous avons demandé aux élèves pourquoi il était important, à leurs yeux, de ramener les bisons à Banff. Voici ce qu’ils ont répondu :

      • « Parce que la terre a besoin d’eux »
      • « Parce qu’ils ont été ici pendant longtemps »
      • « Parce qu’ils sont importants pour la spiritualité »

      Les élèves se sont ensuite retroussé les manches, ont mélangé de la peinture et ont peint leur propre petit bison, avec l’aide de l’honorable Catherine McKenna, ministre de l’Environnement et du Changement climatique.

      Ce projet d’art génial est le fruit d’une collaboration : les élèves de l’école secondaire supérieure de Canmore, à proximité, se sont servis d’un outil de découpe au laser pour fabriquer les adorables découpes de bois en forme de bison.

      Une fois la peinture séchée, nous avons choisi 16 bisons pour représenter la harde originale du parc national Elk Island à la source du projet de réintroduction du parc national Banff. Le reste de la « harde » viendra agrémenter la clôture de la nouvelle école primaire de Banff.

      Cet été, nous avons apporté les 16 découpes terminées dans le pâturage de mise en liberté progressive de la vallée de la Panther, berceau de la harde de bisons du parc national Banff. Ne sont-elles pas magnifiques?

      Nous remercions tous nos nouveaux « ambassadeurs des bisons » de l’école primaire de Banff de nous avoir aidés à bien accueillir les bisons du parc national Banff.

    • 30 août 2017 : Vacances estivales pour les bisons

      Blogueur invité : Karsten Heuer

      Nos bisons ont fait un petit pas, mais un pas important, vers la réintroduction de la harde en milieu sauvage au parc national Banff.

      En juillet, nous les avons transférés de leur pâturage d’hiver de six hectares à un pâturage d’été de douze hectares qui comprend de délicieuses herbes des montagnes (plutôt que de la paille sèche), une rivière propre où ils peuvent boire (plutôt qu’un abreuvoir) et des collines qu’ils pourront gravir et explorer.

      Il s’agit d’un grand changement pour ces animaux : il n’y a pas d’eau en mouvement ni de collines abruptes au parc national Elk Island (leur lieu d’origine) ou dans le pâturage d’hiver où ils ont passé les cinq derniers mois. Nous avons pu voir les membres de la harde traverser une rivière pour la première fois de leur vie! 

      Les bisons s’adaptent bien, explorant leur nouvel habitat avec la grâce inhérente à tous les animaux sauvages. Et les bisonneaux sont très drôles! Ils se pourchassent et s’arrosent dans la rivière, tournant et lançant des ruades tandis que les adultes les plus prudents les regardent. Ils nous rappellent un peu des enfants qui jouent avec leurs amis au parc. 

      La harde sera « en vacances » tout l’été jusqu’à l’automne, lorsqu’elle retournera dans son pâturage d’hiver pour la saison. 

      Karsten Heuer est le gestionnaire du projet de réintroduction des bisons au parc national Banff. Il dirige les travaux sur le terrain en vue du retour des bisons sauvages dans le parc.

    • 7 juin 2017 : Bonne fête, bison! Dix bisonneaux sont nés dans l’arrière-pays du parc national de Banff

      Banff – de plus en plus mignon. 10 bisonneaux en pleine santé sont nés dans l’arrière-pays du parc national de Banff entre le Jour de la Terre (22 avril) et la fin de mai 2017, ce qui signifie que la harde compte maintenant 26 individus. Ces bébés représentent l’avenir du projet de retour des bisons à Banff et font partie de la vision à plus long terme de réintégrer le bison sauvage dans le parc.

      Bison calf

      Les bisonneaux sont en santé et grandissent bien. Ils se mêlent à la harde, dorment au soleil et jouent. Pour les prochains mois, ils demeureront très près de leur mère pendant qu’ils découvriront leur nouveau monde. Leur arrivée est une partie intégrante du projet puisqu’elle aidera la harde à s’ancrer au paysage et à l’adopter comme leur nouveau lieu de vie.

      Suivez la harde du confort de votre foyer! Voyez à quoi ressemble la vie des bisonneaux en consultant notre nouveau webisode sur YouTube. Partage-le avec vos amis et les membres de votre famille sur les médias sociaux.

    • 21 avril 2017 : Cliques, chefs et rebelles : la dynamique de la harde prend forme

      La harde est arrivée au début de février dans son nouveau domicile, la vallée de la Panther, et est en train de s’y installer. Une partie du processus consiste à déterminer le rôle de chaque individu au sein de la harde. Nous les avons à l’œil et commençons à observer les personnalités qui prennent forme.

      Bison walk along fence in snow.

      Au cours des dernières semaines, la femelle no 12 a capté notre attention. Elle est normalement la première femelle à se nourrir, ce qui peut indiquer qu’elle est en train de devenir un chef au sein du groupe.

      Il est assez intéressant de voir que les bisons tendent à se constituer en sociétés matriarcales, comme les troupeaux d’éléphants. Ils sont normalement dirigés par des femelles plus âgées qui connaissent l’emplacement de la meilleure nourriture et des meilleurs points d’eau.

      Il est trop tôt pour déterminer si elle deviendra la reine de la harde, mais nous continuons de la surveiller de près et d’observer les autres interactions sociales à mesure que les animaux continuent de s’acclimater à leur nouveau domicile.


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