Écosystèmes et habitats

Parc national Jasper

Climat, géologie, sol, plantes, animaux, êtres humains – tous interagissent dans un ensemble vaste et complexe. À Jasper, ce réseau d'interactions est particulièrement fragile. Ici, l'existence dépend des relations complexes qu'entretiennent la flore, la faune, le climat et la topographie. Ces relations, appelées « écosystèmes », peuvent être perturbées par le plus petit des changements, et aucun élément du réseau n'est à l'abri, pas même le plus gros des animaux, le grizzli, roi de Jasper.

Le parc national Jasper est situé sur le versant est des montagnes Rocheuses, dans le centre-ouest de l'Alberta, à l'est de la ligne continentale de partage des eaux. L'emplacement du parc influe considérablement sur son climat, sa géologie, ses plantes, ses animaux et sa civilisation. Le paysage montagneux résulte d'un ensemble de modifications géologiques qui se sont échelonnées pendant des millions d'années. Ces événements ont accidenté le relief et entraîné une gamme d'altitudes très variées : de quelque 985 mètres (dans la vallée de l'Athabasca) à près de 3 800 mètres (au sommet du mont Columbia).

Les différences d'altitude modifient également le climat : il est plus froid et généralement plus humide à altitude élevée, tandis qu'il est plus chaud et plus sec à faible altitude. Par ailleurs, le climat est influencé par l'emplacement du parc national Jasper à l'est de la ligne continentale de partage des eaux. Le versant est des Rocheuses, une région sous le vent abritée de la pluie, est plus sec que le versant ouest situé en Colombie-Britannique. Cette ombre pluviométrique est le résultat de l'éclatement, sur le versant ouest, des orages se déplaçant vers l'est en provenance de l'océan Pacifique et de l'action des vents repoussés vers le haut par les montagnes. En hiver, l'air arctique qui plonge vers le sud touche davantage le versant est. Par conséquent, le parc national Jasper est généralement plus froid et plus sec comparativement aux régions plus à l'ouest du parc.

Les changements dans le climat aux différentes altitudes engendrent des milieux distincts habités par différentes combinaisons de plantes, d'animaux et d'autres formes de vie. On distingue trois différentes zones de végétation : la zone montagnarde, la zone subalpine et la zone alpine. On trouvera ci-dessous une description de chaque zone.

Du point de vue de l'écologie, les plantes et les animaux dépendent de leur environnement et des autres espèces. Le climat, la géologie, le sol, les plantes, les animaux... toutes ces composantes influent les unes sur les autres pour former un ensemble complexe de relations et d'interactions appelé écosystème. Chaque composante est présentée en détail dans les pages qui suivent.

Zones de végétation

Il existe trois zones de végétation dans le parc national Jasper : la zone montagnarde, la zone subalpine et la zone alpine. Il s'agit de grandes unités de paysage dotées d'espèces, de peuplements et de milieux physiques distincts. Les changements dans le climat liés aux différentes altitudes sont les principaux facteurs qui expliquent les différences de biodiversité. Le climat est généralement plus froid et plus humide à altitude élevée, tandis qu'il est plus chaud et plus sec à faible altitude. Dans le secteur, les différences concernant les angles de pente et l'orientation peuvent créer des microclimats. Les inclinaisons plus fortes sont habituellement mieux drainées et plus sèches que les régions ayant une dénivellation moyenne ou peu de relief. À altitude égale, les versant exposés au sud sont plus secs et plus chauds que ceux exposés au nord.

Les différentes espèces de plantes et d'animaux qui foisonnent selon les altitudes sont principalement liées par leur tolérance au froid, à la chaleur et à la sécheresse. Les sources alimentaires, la concurrence des autres espèces et les conditions du sol sont d'autres facteurs qui influencent la répartition. Les zones plus humides sont remplies de lacs, d'étangs, de marais et de tourbières minérotrophes. Les surfaces en herbe sont répandues dans les sections les plus chaudes et les plus sèches du parc, tandis que les forêts préfèrent le climat tempéré. L'altitude élevée (plus de 2 200 mètres environ) et le froid empêchent la croissance des arbres; les forêts sont alors remplacées par des arbustes et des fleurs sauvages.

Les espèces, peuplements et milieux physiques distincts des trois zones de végétation sont décrits dans les sections qui suivent.

Zone montagnarde

La zone montagnarde est caractérisée par un climat chaud et sec. À Jasper, cette zone ne se trouve que dans le fond des vallées de l'Athabasca et de la Miette. Ici, les peuplements de Douglas taxifoliés ornent les pentes faisant face au sud; ils sont à l'extrême limite septentrionale de leur aire de distribution en Alberta. En hiver, le chinook chaud balaie les vallées, faisant fondre la neige et exposant le fourrage de la vaste prairie pour le wapiti, l'orignal, le cerf et le mouflon. Les ours, qui sortent de leur tanière au printemps, errent ça et là, à l'intérieur et à l'extérieur de la zone montagnarde. L'automne venu, ils se nourrissent goulûment des baies rouge et orange de la shépherdie argentée qu'ils trouvent sur leur passage. Le loup et le couguar circulent dans les vallées en quête de nourriture, tandis que le pygargue à tête blanche et le balbuzard pêcheur nichent près des cours d'eau, non loin des brochets et des ménominis de montagne qui serviront de nourriture à leurs petits.

C'est aussi dans la zone montagnarde que sont concentrées les activités humaines. La collectivité de Jasper, le chemin de fer du Canadien National, le Jasper Park Lodge, la route Yellowhead, deux grands terrains de camping, une centrale électrique, un pipeline, un poste de transfert des déchets, une station d'épuration d'eaux usées et un certain nombre de chalets et d'hôtels à pavillons y sont réunis. Chaque année, près de 2 millions de personnes visitent la zone montagnarde à Jasper, et 1 million de plus la traversent en parcourant la route Yellowhead.

À l'instar des êtres humains, les animaux sauvages se servent du fond des vallées comme couloirs de déplacement et comptent sur la zone montagnarde pour obtenir nourriture et abri. Certains craignent que l'activité humaine dans les vallées n'ait des impacts sur les corridors fauniques : obstruction progressive des corridors fauniques, fragmentation de l'écosystème et réduction du domaine vital des animaux. Parcs Canada surveille activement ces corridors fauniques à l'aide de caméras à infrarouges pour mieux comprendre les habitudes de déplacement des espèces sauvages dans le parc national Jasper et pour déterminer dans quelle mesure les animaux sont dérangés par l'activité humaine, en particulier la création et l'utilisation de sentiers non officiels.

Parcs Canada s'est engagé à entretenir un réseau de sentiers de qualité dans l'intérêt de tous. Malgré tout, l'utilisation et la création de sentiers non officiels entraînent une perte d'habitat naturel. Veuillez donc ne circuler que sur les sentiers officiellement désignés lorsque vous faites de la randonnée pédestre, de l'équitation, du vélo de montagne ou de ski de fond à Jasper.

Zone subalpine

La zone subalpine consiste en une vaste forêt ondulante drapant les flancs de montagne. Elle est délimitée à son extrémité supérieure par des arbres grotesquement rabougris appelés krummholz. Composée principalement de peuplements d'épinettes entremêlés de pins et de sapins subalpins, cette forêt sombre et humide, qui s'étend de la zone montagnarde à la limite inférieure de la zone alpine, sert d'habitat à un nombre restreint d'animaux. C'est là que vivent la martre d'Amérique, grande belette ressemblant au chat, et son gros cousin, le carcajou. En hiver, le lynx, l'orignal et le caribou errent eux aussi dans cette zone de végétation, leurs pattes larges et leurs sabots leur servant de « raquettes » qui les aident à circuler dans la neige épaisse. Le casse-noix d'Amérique, la mésange à tête brune, le troglodyte mignon, le roitelet à couronne dorée, la grive à collier, la paruline à croupion jaune et le junco ardoisé en font eux aussi leur domicile.

Par le passé, de grands incendies de forêt ont dévasté la quasi-totalité des forêts subalpines de Jasper en une saison ou deux. Le dernier de ces feux est survenu en 1888-1889, année où près de 40 % des forêts du parc ont succombé aux flammes en l'espace de deux étés. Pendant des années, Parcs Canada s'est employé à prévenir les feux de forêt à Jasper. Toutefois, à la lumière de nouvelles découvertes scientifiques et de données plus complètes sur l'écologie des feux de forêt, les attitudes et les modes de gestion sont en train de changer. Perçu comme un processus de rajeunissement plutôt que comme un élément destructeur, le feu est maintenant soigneusement géré dans certains secteurs du parc. Grâce à la technique des « brûlages dirigés », le feu permet aux nutriments de retourner dans le sol et de créer un écosystème sain composé d'espèces animales et végétales diverses.

Faites attention lorsque vous allumez un feu de camp. Si le feu est un élément naturel de l'écosystème, un feu de camp mal éteint peut rapidement se transformer en un incendie de forêt qui met en péril biens et vies. Assurez-vous que votre feu est complètement éteint avant de quitter votre campement.

Zone alpin

Caractérisé par des vents cinglants qui fouettent la surface rocheuse, le milieu alpin est la plus complexe des trois zones de végétation. Certaines fleurs réussissent à y survivre grâce à des techniques subtiles. Leurs grands pétales en forme de coupe agissent comme des miroirs, concentrant la lumière du soleil au centre de la fleur, là où est stocké le pollen. Les petits insectes attirés par ce micro-environnement de chaleur répandent ensuite le pollen à d'autres plantes, contribuant ainsi à la procréation des espèces. Les pigments rougeâtres des fleurs aident également à convertir la lumière en chaleur et agissent en quelque sorte comme un antigel pour les végétaux.

La marmotte « siffleuse » et le pica sont les animaux les plus souvent aperçus dans la zone alpine. Ces petits mammifères, qui vivent dans des repaires sous les roches, émettent un sifflement ou un cri aigu à l'approche de tout danger. Le lagopède, espèce robuste, est le seul oiseau à fréquenter la zone alpine à l'année. Son plumage devient entièrement blanc en hiver, ce qui lui procure un camouflage parfait. Il s'enfouit profondément dans les bancs de neige pour survivre aux températures glaciales de l'hiver.

Le milieu alpin est la plus fragile des zones de végétation du parc. Bien qu'ils soient reculés, certains secteurs alpins du parc sont relativement accessibles. Le téléphérique du mont The Whistlers et certains sentiers, surtout ceux des secteurs du champ de glace Columbia et du lac Maligne, permettent aux visiteurs de découvrir la zone alpine avec un minimum d'effort. Les fleurs et les autres plantes sauvages ne peuvent se reproduire lorsqu'elles sont piétinées ou cueillies. Même un geste en apparence anodin, comme le déplacement d'une pierre, peut réduire les chances de survie des plantes alpines.

Veuillez demeurer sur les sentiers, et n'oubliez pas : ne prenez que des photos et ne rapportez que des souvenirs.

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