Botryche lunaire et isoète

Parc national des Lacs-Waterton

Botryche lunaire

On trouve des fougères et des plantes connexes qui se reproduisent à l'aide de spores partout dans le monde, du niveau de la mer jusque dans les montagnes. Elles descendent de certaines des plus vieilles plantes dans l'histoire de la Terre : on en a découvert sous forme de fossiles remontant à près de 400 millions d'années.

Pendant de nombreux siècles, la reproduction des fougères et des plantes connexes constituait un mystère car elles ne fleurissaient pas. On croyait en effet à l'époque des druides que les fougères produisaient de minuscules fleurs invisibles et éphémères la veille du solstice d'été, une nuit remplie de pouvoirs mystiques.

Le point chaud

Waterton est connu pour la diversité de ses plantes et ses espèces bien particulières. Cette réputation repose en partie sur la variété étonnante de petites fougères appelées botryches lunaires. Les huit différentes espèces de botryche lunaire ne sont pas les plantes les plus connues de Waterton, mais elles sont un bon indicateur de sa biodiversité. Le botryche lunaire de Waterton (Botrychium x watertonense) n'existe qu'ici et est considérée comme la plante la plus rare du parc. On le retrouve dans les prés de fétuque et dans les clairières des forêts de pins tordus.

Quelques faits

Le botryche lunaire tire son nom de ses feuilles (ou innules) en croissant de lune de divers Botrychium communs. Tous les botryches lunaires n'ont toutefois pas de telles feuilles. Leur forme peut varier considérablement et il est donc très difficile d'identifier les espèces.

Chaque année, le botryche lunaire peut produire une seule feuille. Cette feuille a deux sections, soit une partie reproductrice qui comporte des spores, et une partie qui assure la photosynthèse. Le botryche peut cependant être capricieux : il peut sauter une année et ne pas lever pour produire une feuille, ce qui contribue à sa réputation de plante rare.

On doit apprendre à chercher le botryche lunaire sous le tapier forestier car seul un petit pourcentage de la population lève au-dessus du tapis de feuilles et d'aiguilles.

Surveillance et recherche

Alors qu'il semble que les espèces de Botrychium sont adaptées à des perturbations de faible à moyenne fréquence, on ne comprend pas bien comment elles réagissent aux perturbations telles que le feu, le broutage et les infestations d'insectes. Il est donc important de surveiller ces populations et leur habitat . Waterton est actuellement le cadre d'un projet d'inventaire et de recherche du botryche lunaire. L'étude documente la taille et l'état de la population, et se penche sur les menaces et les stratégies de gestion possibles afin de préserver le botryche lunaire.

La magie des isoètes

On parle beaucoup de l'histoire géologique de Waterton, mais un certain groupe de plantes établit aussi un lien entre le parc et l'époque préhistorique.

Isoète : le mot en soi évoque des temps anciens où la Terre était couverte de marécages brumeux et habitée par des créatures étranges et merveilleuses. Dans son " Histoire de Moray ", publiée en 1770, Lachlan Shaw parles des isoètes mystiques en Écosse.

Des restes fossiles indiquent que des isoètes semblables aux plantes actuelles existaient il y au moins 22 millions d'années, et que des plantes ressemblant à des isoètes existaient pendant l'ère du Dévonien Supérieur, il y a environ 350 millions d'années. Il existe quelque 150 espèces d'isoète dans le monde.

Espèces en péril

Les isoètes tirent leur nom du mot isos, qui signifie " égal " et d'etos, qui signifie " année ", ce qui fait allusion au caractère sempervirent de certaines espèces. Waterton abrite l'isoète de bolander (Isoetes bolanderi); c'est le seul endroit où l'on retrouve cette espèce au Canada. Elle existe également dans des régions à haute altitude de la cordillère pacifique des États-Unis. Le COSEPAC la classe actuellement comme une espèce menacée.

Méli-mélo

Les isoètes sont aquatique et terrestres. L'isoète de bolander est une espèce aquatique " véritable " que l'on retrouve dans les lacs et les étangs des écorégions alpines et subalpines où le climat est frais et relativement humide, et où la saison de croissance est courte.

Les isoètes sont des plantes vivaces qui atteignent habituellement 3 à 7 cm de hauteur et consistent principalement en une touffe de feuilles droites ou recourbées ressemblant à des écailles et disposées en spirale sur une tige renflée et modifiée appelée corme. Les feuilles étroites en forme de cuiller ont des pointes effilées et sont rangées en couches les unes sur les autres. Les plus jeunes feuilles sont au centre et les plus vieilles, à l'extérieur.

Vers la fin de l'été ou au début de l'automne, les isoètes matures produisent des grappes de spores dans des cellules (sporanges) situées à la base évasée de chaque feuille. Ils produisent deux types de spores, de grands spores femelles, ou mégaspores, et de petits spores mâles, ou microspores. On identifie généralements les différentes espèces d'isoètes en se fondant sur la taille et la texture des mégaspores.

À la rescousse

La perte d'habitat constitue la plus grande menace pour les isoètes. L'isoète de bolander est très sensible à la qualité de l'eau et aux perturbations (p. ex. érosion des rives par les randonneurs). Le parc a l'intention de mener des activités de surveillance et de recherche afin d'évaluer la situation actuelle de de l'isoète et de déterminer toute menace qui le guette.

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