Restauration de la forêt

Réserve de parc national des Îles-Gulf

SḰŦÁMEN QENÁȽ,ENEȻ SĆȺ - « projet Prendre soin de l’île Sidney »

La Réserve de parc national des Îles-Gulf travaille en collaboration avec des Premières Nations locales, des résidents de l’île et la province de la...

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Protéger une forêt exceptionnelle

Si vous avez déjà visité la réserve de parc national des Îles-Gulf, vous avez vu l’un des écosystèmes les plus petits et les plus menacés du pays : l’écosystème de la forêt côtière à douglas.

Présent uniquement le long de la côte sud de la Colombie-Britannique et dans certaines parties des États de Washington et de l’Oregon, cet écosystème forestier est l’une des zones les plus diversifiées du point de vue écologique au Canada. Ces forêts ont été gérées activement pendant des millénaires par les Premières Nations, ce qui a donné lieu à un assemblage d’espèces unique au monde. Cet écosystème est également situé dans l’ombre pluviométrique de l’île de Vancouver et de la presqu’île Olympic, ce qui signifie qu’il reçoit beaucoup moins de précipitations que les régions voisines. Il en résulte un climat sec et ensoleillé qui abrite un certain nombre d’espèces rares et menacées, notamment les prés de chênes de Garry.

Malheureusement, cet écosystème est fortement menacé par le développement humain, les changements climatiques et les plantes et animaux envahissants. Sur SḰŦÁMEN (sk-thay-muhn, ou île Sidney), un troupeau de daims envahissants a presque entièrement éliminé les plantes indigènes du sous-étage.

Face à ces menaces, Parcs Canada s’engage à collaborer avec les voisins et les Premières Nations pour garantir la santé à long terme de l’écosystème de la forêt côtière à douglas dans la réserve de parc national des Îles-Gulf.

Pour en savoir plus : lisez cette interview (en anglais) avec Becky Miller, écologiste forestière de Parcs Canada, sur le rôle des prédateurs dans l’écosystème de la forêt côtière à douglas.

L’histoire de SḰŦÁMEN (île Sidney)
Avant la colonisation européenne, des peuples autochtones visitaient régulièrement les nombreuses îles de la région, y compris SḰŦÁMEN, pour y récolter de la nourriture et des remèdes. SḰŦÁMEN signifie « submergé par les vagues » dans la langue SENĆOŦEN des W̱SÁNEĆ, et l’expression fait référence aux parties de la flèche au nord de l’île qui sont régulièrement englouties par les marées.

ŚW̱,XELOSELWET (Tiffany Joseph), détentrice de savoir W̱SÁNEC, décrit SḰŦÁMEN de la façon suivante :

La Nation W̱SÁNEC a déjà habité dans le village d’hiver de ȾELXOLU sur ce qui est maintenant appelé l’île Sidney. Les îlots appelés roches Sallas par les colons étaient connus sous le nom de XEXMELOSEṈ par les W̱SÁNEĆ bien avant l’arrivée des colonisateurs. Ce que Parcs Canada appelle l’îlot Eagle, les W̱SÁNEĆ nomment SḰEḰEŦÁMEN. D’après JSIṈTEN, un Aîné de notre communauté, lorsque les W̱SÁNEĆ pagayaient de leur village sur la péninsule Saanich pour se rendre à d’autres villages sur les îles San Juan, ils s’arrêtaient à W̱YOMEĆEṈ pour se reposer. W̱YOMEĆEṈ signifie « lieu de prudence ». Il s’agissait peut-être d’un rappel pour les W̱SÁNEĆ de prendre soin d’eux-mêmes pendant leurs voyages. W̱IĆḴINEM, un autre aîné, dit que ses aînés récoltaient, sur ces îles, des fougères qui pouvaient dépasser la taille d’un adulte.

Lorsqu’on consulte des cartes historiques, on peut voir des signes de la présence de prés, en particulier dans le secteur où l’on trouve maintenant une piste d’atterrissage. Ces prés étaient des endroits où les familles W̱SÁNEĆ pouvaient cultiver du ḰȽO,EL (camas). Il s’agissait d’un aliment de base pour ce peuple. Bien des animaux, comme le cerf, s’alimentaient dans les prés, ce qui créait des conditions idéales pour que les chasseurs W̱SÁNEĆ puissent les abattre et nourrir leur famille. Les terres humides attiraient aussi des rapaces comme le faucon et constituaient d’excellents habitats pour les amphibiens.

Le peuple W̱SÁNEĆ a connu une abondance de biodiversité bien supérieure à ce qu’on observe aujourd’hui sur l’île Sidney en ce qui a trait aux espèces de plantes, d’amphibiens, d’oiseaux et d’insectes. Il n’y a pas si longtemps, on pouvait se coucher dans un champ et écouter le bourdonnement des abeilles pendant qu’elles pollinisaient le pré. Peut-être qu’aujourd’hui on peut encore entendre le coassement des grenouilles pendant la lune WEXES (la deuxième lune du Nouvel An W̱SÁNEĆ). Cette lune annonce l’arrivée du printemps, le début de la floraison et des voyages en canot plus sûrs maintenant que les tempêtes de l’automne et de l’hiver sont terminées. Ces ṮEṮÁĆES (îles) sont des cousines des profondeurs qui ont été placées dans la mer par notre créateur XÁLS pour protéger le peuple W̱SÁNEĆ. XÁLS a confié aux W̱SÁNEĆ la responsabilité de prendre soin de ces cousines. Sur les îles, la récolte de poissons et fruits de mer, de viande, de plantes et de remèdes, l’entretien des prés au moyen de brûlages dirigés, la récolte sélective d’arbres pour bâtir des maisons longues ainsi que des canots en cèdre, et la récolte d’écorce de cèdre pour la fabrication de paniers et de vêtements étaient des activités essentielles pour le bien-être des W̱SÁNEĆ et de tous les secteurs du territoire.
  

 

Les répercussions des cerfs envahissants

Sous-étage de forêt luxuriant dans exclos de daims.

Les colons ont introduit le daim au SḰŦÁMEN dans les années 1960. Au cours des décennies qui ont suivi, les daims de SḰŦÁMEN (île Sidney) se sont frayé un chemin à travers les prairies et le sous-étage des forêts (la couche de végétation située entre les branches supérieures des arbres et le sol). Sur cette photo, remarquez la différence entre les arbustes denses qui poussent à l’intérieur de la zone clôturée où elle est protégée des cerfs, par rapport à la végétation clairsemée à l’extérieur de cette zone.

En l’absence de végétation indigène, des herbes et des arbustes envahissants, comme l’aubépine anglaise et le genêt à balais, ont pris le dessus. De nombreuses plantes pour l’alimentation et l’usage médicinal, qui étaient récoltées par les Premières Nations pendant des milliers d’années avant l’arrivée des daims, sont désormais rares ou disparues. Parmi ces plantes, on trouve des arbustes produisant des baies comme les myrtilles, les mûres indigènes et les mûres sauvages, ainsi que des arbres à feuilles caduques comme le physocarpe à boules et le seringa. Les daims supplantent également les cerfs mulets indigènes, empêchant ainsi les communautés autochtones locales de récolter leurs aliments traditionnels privilégiés.

Parcs Canada travaille avec des partenaires pour éliminer les daims envahissants de SḰŦÁMEN. L’éradication des daims est une étape vers l’élimination de certaines des répercussions écologiques découlant de la colonisation, et sera associée à un repeuplement actif des plantes alimentaires et médicinales indigènes, et finalement, au retour des cerfs mulets indigènes sur l’île.Pour en savoir plus sur le projet collaboratif de restauration, cliquez ici.

 

Gestion des plantes envahissantes

L'aubépine monogyne est commune dans les champs et le long des lisières des forêts. 

L’aubépine monogyne (à droite) et le genêt à balais sont deux des plantes envahissantes les plus menaçantes sur SḰŦÁMEN. L’aubépine monogyne est abondante dans de nombreuses zones ouvertes ou partiellement ombragées, notamment en bordure de forêt, tandis que le genêt à balais est surtout présent dans les champs et les zones de rivage sablonneux.

Les plantes envahissantes peuvent avoir une incidence sur un écosystème de plusieurs façons. Les espèces envahissantes supplantent souvent leurs homologues indigènes et peuvent modifier l’environnement, le rendant moins accueillant pour les espèces indigènes. L’aubépine monogyne produit une très grande quantité de baies, c’est-à-dire des milliers de baies par an. Comme elle produit beaucoup de baies et qu’elle est beaucoup moins appétissante pour les cerfs que les plantes indigènes tendres, l’aubépine monogyne fait concurrence à des espèces indigènes qui occuperaient autrement ces espaces. 

Bien qu’il soit difficile d’éliminer complètement une espèce végétale envahissante d’un écosystème, Parcs Canada travaille avec des partenaires pour enlever une partie importante des aubépines monogynes présentes sur l’île et les remplacer par des arbres et des arbustes indigènes. Parcs Canada continue également de lutter contre le genêt à balais dans les champs et sur les flèches avec l’aide de partenaires et de bénévoles.

Restauration d’arbres et d’arbustes indigènes

Group of employees and volunteers planting native plants in deer exclosure.

Un sous-étage en bonne santé joue un rôle crucial dans la santé globale de la forêt. La biodiversité végétale de la forêt se trouve en bonne partie dans cette couche. Un sous-étage dense sert d’habitat et de site d’alimentation pour les oiseaux chanteurs, les amphibiens et les petits mammifères.

Parcs Canada plante une variété de plantes indigènes dans des exclos clôturés afin de commencer le travail de restauration des plantes indigènes. Jusqu’à présent, dix exclos ont été construits sur SḰŦÁMEN et plus de 300 plantes indigènes et culturellement importantes y ont été plantées. Ces exclos serviront de source de semences pour les zones environnantes et aideront les plantes indigènes à se rétablir dans toute la forêt. Au cours des prochaines années, les exclos serviront de sites de contrôle grâce auxquels il sera possible d’évaluer la santé de la forêt. Les exclos dans la réserve de parc peuvent également être utilisés comme lieux de récolte ou d’enseignement par les Premières Nations locales. 

De plus, Parcs Canada travaille avec des partenaires dans le cadre de l’initiative fédérale de plantation de deux milliards d’arbres pour planter au moins 3 000 arbres et arbustes compagnons dans cette région d’ici 2028. Sur SḰŦÁMEN, Parcs Canada accordera la priorité aux arbres à feuilles caduques rares ou manquants, ainsi qu’aux espèces productrices de nourriture. Un grand nombre de ces arbres seront plantés dans les zones où l’aubépine monogyne est éradiquée, notamment à l’intérieur et autour du terrain de camping.

Gestion des cerfs mulets indigènes

Un sous-étage plus sain avec des arbustes et des fougères denses et diversifiés.      Un sous-étage nu sans arbustes ni fougères.
 

Le cerf mulet est originaire de cette région et on le trouve dans la région sud des Îles-Gulf et sur l’île de Vancouver. Historiquement, les populations de cerfs mulets se sont déplacées librement entre les îles, à la recherche de nourriture et d’habitat. Les prédateurs naturels comme les couguars et les loups, ainsi que les chasseurs autochtones, ont permis de limiter les populations. Aujourd’hui, avec moins de prédateurs dans la région et moins d’accès pour les chasseurs autochtones, on observe une surpopulation de cerfs mulets dans certaines zones – mais les différences dans les habitudes et les préférences alimentaires signifient que même en cas de surpopulation, le cerf mulet n’a pas la même incidence sur la santé des forêts que le daim. Les photos ci-dessus montrent la différence entre le sous-étage de l’île Saturna (à gauche), où seul le cerf mulet est présent, et le sous-étage de SḰŦÁMEN (à droite), où le daim est présent.

La vision à long terme pour SḰŦÁMEN comprend une population indigène saine de cerfs mulets. Une fois que les cerfs mulets seront revenus sur l’île, une surveillance continue, jumelée à une chasse autochtone régulière dans la réserve de parc, sera effectuée pour éviter toute surpopulation.

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