Rapports d'accidents - août 2012

Sécurité en montagne

Accident causé par un éboulement sur le mont Geikie, parc provincial du Mont-Robson, le 15 août 2012

Grimpeurs en détresse en amont du lac Louise, parc national Banff, le 13 août 2012

Chute d’un premier de cordée sur la crête est du mont Temple, parc national Banff, le 11 août 2012

Chute dans la neige sur le mont Rogers, parc national des Glaciers, le 8 août 2012

Fracture d’un bras sur le pic Division, parc national Banff, le 5 août 2012

Accident de rappel sur le mont Castle, parc national Banff, le 4 août 2012

Randonneur manquant à l’appel à Saskatchewan Crossing, parc national Banff, les 1er et 2 août 2012

Alpinistes en détresse sur le mont Tunnel, parc national Banff, le 2 août 2012


Accident causé par un éboulement sur le mont Geikie, parc provincial du Mont-Robson, le 15 août 2012

Le 15 août 2012, un groupe de quatre alpinistes chevronnés a entrepris l’ascension de la paroi sud du mont Geikie. Ce parcours d’escalade de rocher se trouve dans la partie ouest des chaînons Rampart, un secteur reculé de la vallée Tonquin. Les alpinistes formaient des cordées de deux personnes et restaient proches les uns des autres. Vers 10 h, l’un des premiers de cordée a entrepris l’ascension d’une longueur de classe 5,4. Soudain, le rocher sur lequel il se tenait – un bloc de la dimension d’une demi-voiture – s’est délogé et l’a entraîné dans le vide. Il a culbuté sur une distance de 20 m avant que son assureur puisse l’immobiliser, au moment même où il heurtait une saillie avec le gros rocher. La roche s’est fracassée et a fait voler des éclats dans tous les sens. Cette saillie se trouvait tout près du second groupe. De son côté, l’assureur a été frappé et blessé par l’éboulement, et il est tombé à la renverse.




Vue en plongée et gros plan du lieu de l’accident sur le mont Geikie

L’assureur a subi trois fractures aux côtes. Un troisième alpiniste, qui se trouvait près de la saillie où le premier de cordée a terminé sa chute, a subi des lacérations à la tête et des blessures à des tissus mous de la cheville – les éclats de roche avaient perforé sa botte. Le quatrième alpiniste s’en est tiré indemne. Le premier de cordée a subi d’importantes blessures internes, n’a jamais repris conscience et a cessé de respirer. Le groupe a tenté d’appeler les secours avec un téléphone satellite, sans toutefois réussir à obtenir de signal. Les cordes des deux groupes étaient endommagées. Les alpinistes en ont récupéré le plus possible et ont effectué de courts rappels pour redescendre la paroi de la montagne. Ils ont essayé leur téléphone satellite à plusieurs reprises pendant leur descente, mais toujours sans succès.

Les alpinistes ont regagné le camp de base à 20 h 50 et ont obtenu un signal. Ils ont appelé le Service de répartition d’urgence du parc national Jasper pour signaler l’accident. À la brunante, un hélicoptère de la société Yellowhead Helicopters, de Valemount, s’est rendu directement au camp. Le pilote a eu tout juste assez de clarté pour ramener une personne avant de retourner à Valemount dans l’obscurité. L’équipe de sauvetage du parc national Jasper s’est envolée pour le camp dès les premières lueurs du jour. Les deux autres alpinistes ont été évacués, et le premier de cordée a été transporté par élingue avant que son décès ne soit officiellement constaté.

Analyse
Ces alpinistes chevronnés ont été victimes d’un malheureux accident. Le premier de cordée, un membre de longue date du Club alpin du Canada, avait escaladé tous les pics de plus de 3 300 m des Rocheuses canadiennes. Sa longue chute est probablement attribuable à deux facteurs. D’une part, l’assureur n’a pas réussi à l’immobiliser parce qu’il a lui-même été blessé et renversé par l’éboulement. D’autre part, le premier de cordée n’avait probablement pas placé un grand nombre de points de fixation, car il se trouvait sur du terrain d’escalade facile de classe 5,4.


Grimpeurs en détresse en amont du lac Louise, parc national Banff, le 13 août 2012 

Le lundi 13 août, un couple est parti en randonnée près du lac Louise. Les deux randonneurs ont parcouru le sentier du Bord-du-Lac jusqu’à la rive la plus éloignée de leur point de départ. Ils avaient entendu dire que, à cet endroit, il était possible de faire de la varappe jusqu’au sentier du Haut-Plateau, et ils ont donc entrepris leur ascension. Les deux conjoints n’avaient jamais fait de varappe auparavant, mais ils ont trouvé des sentiers raboteux qui grimpaient le long de la paroi de la montagne. Plus ils progressaient, plus le terrain devenait escarpé. Ils ont atteint des endroits d’où il était impossible de redescendre. Se rendant compte qu’ils n’étaient plus sur un parcours fréquenté, les deux grimpeurs terrifiés ont téléphoné au Service de répartition de Banff. Leur appel a été acheminé à un spécialiste de la Sécurité des visiteurs de Parcs Canada, qui leur a demandé de rester sur place jusqu’à l’arrivée des secours.

La Sécurité des visiteurs a dépêché une équipe de Banff et de Lake Louise en hélicoptère. Les sauveteurs accrochés à l’élingue ont vite repéré les grimpeurs. L’hélicoptère les a déposés près du couple, et ils ont opté pour une évacuation par élingue. Les grimpeurs effrayés ont rapidement été déposés à l’aire de rassemblement, non loin du lac. De là, ils ont pu revenir seuls à leur point de départ.

 
Vue aérienne des grimpeurs coincés sur une paroi rocheuse escarpée 

 
Les grimpeurs ont été évacués d’un endroit couramment utilisé comme parcours de descente par les alpinistes qui escaladent les chutes Louise en hiver.

Analyse
Les grimpeurs étaient inexpérimentés. L’un d’eux a même confié à un sauveteur qu’il s’agissait de sa toute première expérience de grimpe. Pour assurer votre sécurité en montagne, il importe de progresser par étapes, en vous appuyant sur vos expériences antérieures. Autrement dit, vous ne devez jamais plonger tête première dans une aventure exigeant des connaissances ou de l’expérience que vous ne possédez pas. Si vous êtes novice, accompagnez des grimpeurs chevronnés, faites beaucoup de recherches ou retenez les services d’un membre agréé de l’Association des guides de montagne canadiens.



Chute d’un premier de cordée sur la crête est du mont Temple, parc national Banff, le 11 août 2012

Le présent rapport concerne deux alpinistes qui escaladaient la crête est du mont Temple. Non loin du sommet du « grand ressaut », le premier de cordée a fait une chute de trois à cinq mètres et s’est cassé la cheville droite. Son compagnon a pris les devants, et les deux alpinistes ont réussi à se hisser jusqu’à du terrain relativement plat au sommet du grand ressaut, où ils ont appelé les secours.

Deux spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont été dépêchés de Banff. Le pilote a d’abord survolé le lieu de l’accident pour vérifier l’alimentation électrique de l’hélicoptère et déterminer l’intensité des vents, après quoi il a déposé les spécialistes à l’aire de rassemblement, près du Moraine Lake Lodge. Le responsable des opérations de sauvetage s’est ensuite fait transporter par élingue jusqu’à l’endroit où se trouvaient les alpinistes. Pendant qu’il préparait le blessé pour son évacuation, le second sauveteur a été héliporté à son tour jusqu’au lieu de l’accident. Il a accroché l’alpiniste blessé à l’élingue, et tous deux ont été ramenés jusqu’à l’aire de rassemblement. L’hélicoptère a fait un dernier aller retour pour prendre en charge le second alpiniste et le responsable des opérations de sauvetage. L’alpiniste bien portant est monté dans le véhicule d’un garde de parc qui l’a conduit jusqu’à sa voiture, tandis que le blessé a été chargé à bord de l’hélicoptère et transporté directement à l’hôpital Mineral Springs de Banff.


 Le cercle indique l’endroit où les alpinistes ont été pris en charge par l’hélicoptère.

Analyse
Il arrive que des alpinistes bien préparés fassent une chute. En l’occurrence, les deux alpinistes avaient de l’expérience, et la crête est du mont Temple représentait pour eux un objectif approprié. Ils ont choisi une journée où les conditions étaient bonnes, ce qui témoigne également de leur bon jugement. Les Rocheuses sont faites de roches qui se désagrègent facilement, et les alpinistes peuvent parfois en subir les conséquences. En dépit de cette malchance, les deux compagnons étaient bien préparés, et leur sauvetage en a été d’autant facilité.


Chute dans la neige sur le mont Rogers, parc national des Glaciers, le 8 août 2012

Résumé de l’accident du 8 août 2012 : Deux alpinistes avaient entrepris l’escalade la crête sud-ouest du mont Rogers, dans le parc national des Glaciers. Les deux compagnons ont dû rebrousser chemin avant d’atteindre le sommet en raison des mauvaises conditions météorologiques. Leurs empreintes indiquent que, au lieu de refaire le même trajet en sens inverse sur la crête sud-ouest, ils ont opté plutôt pour la paroi sud et ont fait la descente sur une pente raide enneigée au-dessus d’une rimaye. Les deux hommes sont descendus ensemble, rattachés l’un à l’autre par une corde courte. Vers 10 h, l’un des deux alpinistes a perdu pied et est tombé, entraînant son compagnon dans sa chute. Les tentatives d’immobilisation des deux grimpeurs sont restées infructueuses. Ils ont fait une chute d’une centaine de mètres sur la pente avant d’aboutir en terrain plat sur la lèvre inférieure de la rimaye.

L’un des alpinistes est demeuré inconscient pendant environ deux heures. Après avoir repris connaissance, il a rejoint son compagnon, qui ne réagissait à aucun stimulus. Après une demi heure de RCR, l’alpiniste a regagné son camp dans les prés Hermit et a composé le 911 sur son téléphone cellulaire.

   
Le lieu de l’accident sur Mount Rogers

À 15 h 45, le Service de répartition de Parcs Canada a été alerté de la chute du grimpeur, et une opération de sauvetage a aussitôt été lancée. Un spécialiste de la Sécurité des visiteurs a survolé les prés Hermit et évacué l’alpiniste blessé qui avait rapporté l’accident. C’est là que le sauveteur a été en mesure de confirmer que le grimpeur resté au mont Rogers était décédé. Des vents très forts soufflant en rafales l’ont empêché d’évacuer le corps le soir même. Le lendemain matin, dès les premières lueurs du jour, deux spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont profité d’un temps calme pour s’envoler jusqu’au lieu de l’accident, d’où ils ont ramené l’alpiniste décédé.

Analyse
L’utilisation d’une corde courte demande des connaissances techniques avancées qui exigent beaucoup de pratique. Les grimpeurs doivent peser les avantages des déplacements plus rapides sans frein d’assurance à ceux de la pose de points d’ancrage qui assurent la descente, mais qui peut prendre beaucoup plus de temps et être dangereuse dans des conditions nivales changeantes et lorsqu’il y a risque de chutes de pierre. Les alpinistes doivent aussi savoir que la neige peut ramollir et s’agglomérer en boule sur les crampons, ce qui complique les prises au sol. Finalement, les falaises, les rimayes et les grosses crevasses peuvent constituer des pièges naturels.


Fracture d’un bras sur le pic Division, parc national Banff, le 5 août 2012

Le présent rapport concerne un groupe de six alpinistes qui traversait le pic Division, près du champ de glace Lyell, après avoir dressé un campement au ruisseau Icefall. En descendant le dernier pic, un membre du groupe a été frappé au bras par un éboulement, et il a subi une fracture ouverte. L’un des alpinistes est retourné au camp pour appeler les secours par téléphone satellite, tandis que les quatre autres sont restés aux côtés du blessé et ont activé leur appareil SPOT.

 
Le lieu de l’accident, sur la partie supérieure du pic Division.

Parcs Canada a été informé de l’incident vers 15 h. Comme l’équipe de la Sécurité des visiteurs était déjà affectée à deux autres opérations de recherche et de sauvetage, le chef des opérations de sauvetage de Parcs Canada a sollicité l’aide d’un membre de la Kananaskis Public Safety. Celui-ci a rejoint le spécialiste de Parcs Canada par hélicoptère à Castle Junction, et tous deux se sont envolés pour Lake Louise, où ils ont pris de l’équipement. De là, ils ont mis le cap vers le champ de glace Lyell. Les deux sauveteurs ont vite repéré le groupe d’alpinistes, et le chef des opérations de sauvetage a élaboré un plan. Il s’est fait transporter par élingue jusqu’au lieu de l’accident, puis a fait savoir à l’autre sauveteur de quel équipement ils auraient besoin pour le sauvetage. Son coéquipier s’est ensuite fait héliporter à son tour. Le patient a été enveloppé rapidement et héliporté à l’aire de rassemblement en compagnie du sauveteur de la Kananaskis Public Safety. Les quatre autres alpinistes ont été transportés par élingue jusqu’à l’aire de rassemblement, suivis en dernier du chef des opérations de sauvetage. Les alpinistes non blessés ont été ramenés en hélicoptère à leur camp parce qu’il se faisait tard. Le blessé a été transporté avec les sauveteurs jusqu’à Lake Louise, où il a été pris en charge par les SMU de Banff.

Analyse
Les éboulements sont un phénomène courant dans les Rocheuses canadiennes. Par conséquent, il importe de choisir soigneusement sa position et son itinéraire. Le niveau d’expérience du groupe est inconnu, mais il semble que les alpinistes aient bien géré la situation. Ils ont administré les premiers soins au blessé et ont appelé à l’aide par deux moyens différents pour s’assurer que l’opération de sauvetage serait lancée.



Accident de rappel sur le mont Castle, parc national Banff, le 4 août 2012

Le présent rapport concerne un alpiniste qui a quitté Calgary dans la matinée du 4 août, après avoir dit à sa femme qu’il se rendait au mont Castle. Le soir venu, il n’était toujours pas rentré. Un de ses amis a alerté le Service de répartition de Banff le lendemain matin et a indiqué que son copain comptait probablement escalader la tour Eisenhower, sur le mont Castle. Les deux hommes étaient censés se rencontrer dans la matinée du 5 août pour escalader un autre parcours.

L’information a été transmise à un spécialiste de la Sécurité des visiteurs, qui a lancé une recherche de la voiture de l’alpiniste. Le véhicule était stationné au départ du sentier menant au point de vue Castle. C’est là qu’ont l’habitude de se garer les alpinistes qui escaladent certains parcours du mont Castle, mais pas celui de la tour Eisenhower. Des recherches ont été lancées par hélicoptère et au sol, notamment avec une équipe cynophile. Tout au long de la journée, les équipes de la Sécurité des visiteurs ont fouillé les secteurs où l’alpiniste était le plus susceptible de se trouver. Les recherches ont été suspendues à la tombée de la nuit, et personne n’avait encore d’indice sur son itinéraire possible.

Le 6 août, les recherches se sont poursuivies du haut des airs et au sol. D’autres chercheurs ont été mis à contribution, et une stratégie de recherche étendue a été élaborée. Les spécialistes ont entrepris des recherches sur le profil de l’alpiniste disparu et sur ses destinations possibles. L’homme avait un peu d’expérience de la grimpe, mais il n’avait découvert l’alpinisme que tout récemment, et il n’avait encore jamais fait d’escalade à plusieurs longueurs de corde. Ses amis l’ont décrit comme un grimpeur talentueux et intrépide qui aimait « se rendre directement au sommet ». Il n’avait pas l’habitude de faire de recherche sur ses destinations, mais il avait généralement assez d’audace pour atteindre le sommet, même s’il devait s’éloigner du parcours établi. Ses amis ont confirmé qu’il connaissait la tour Eisenhower et qu’il avait vraiment envie de l’escalader. Toutefois, il n’était pas garé au bon endroit pour entreprendre cette escalade. En outre, l’alpiniste était parti relativement tard et se serait retrouvé sur le mont Castle en plein milieu d’une journée d’été chaude. Ces renseignements ont aidé les spécialistes de la Sécurité des visiteurs à se faire une idée de l’endroit où l’alpiniste aurait pu se rendre. Malgré tout, les recherches n’aboutissaient toujours pas.

Dans l’après-midi du 7 août, un hélicoptère a finalement repéré l’alpiniste sur les pentes supérieures du mont Castle (près du parcours Bass Buttress). Il gisait dans une ravine étroite qu’il était difficile de voir du haut des airs. L’homme se trouvait à proximité d’un parcours établi. Il semblait être descendu en rappel jusqu’au bout de sa corde et avoir fait une chute d’une quarantaine de mètres. L’alpiniste était mort. Les sauveteurs ont essayé de récupérer la dépouille dans l’après-midi, mais la tentative a échoué en raison des vents forts. 

 
La flèche indique l’endroit où reposait l’alpiniste.

Tôt dans la matinée du 8 août, trois spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont effectué un sauvetage par élingue. Il s’agissait d’une opération complexe exigeant des vols de précision et du travail de manipulation de cordes sur du terrain d’escalade de haut niveau. Les spécialistes de la Sécurité des visiteurs se sont fait héliporter jusqu’à une saillie voisine, d’où ils ont escaladé du terrain facile jusqu’à ce qu’ils se trouvent au-dessus de la victime. L’un des sauveteurs a rejoint l’alpiniste pour le fixer à une corde et préparer le corps pour l’évacuation. L’hélicoptère s’est rapproché de la saillie, la corde a été fixée au bout de l’élingue, à une centaine de mètres sous l’appareil, et le corps a ainsi été transporté. Les sauveteurs ont choisi cette démarche parce que la ravine était trop étroite pour que l’hélicoptère puisse voler directement au-dessus du lieu de l’accident. Les vents étaient très faibles en cette période matinale, ce qui a accru de beaucoup la sécurité de l’opération.


L’hélicoptère montre la saillie où les spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont été déposés et où la corde rattachée au corps a été fixée à l’élingue. Le X jaune montre l’emplacement de l’ancrage, et le cercle rouge, la position de la victime.

Analyse
Pour les spécialistes de la Sécurité des visiteurs, il s’agissait d’une longue opération de recherche et de récupération. Tous les endroits où l’alpiniste était le plus susceptible de se trouver étaient situés en terrain d’escalade de haut niveau, de sorte qu’il était difficile de faire appel à de grands groupes de chercheurs sans formation. Même si une bonne partie du terrain pouvait être aperçu du haut des airs, les nombreuses ravines étroites qui jalonnent la falaise ont compliqué les recherches aériennes. De plus, le profil de l’individu laissait entrevoir qu’il pouvait se trouver à peu près n’importe où. Malheureusement, cette opération de recherche n’a pas connu un dénouement heureux.

Les spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont reconstitué l’itinéraire approximatif de l’alpiniste à l’aide des images trouvées dans son appareil photo. Étonnamment, l’homme avait atteint le sommet du mont Castle en faisant une escalade aux environs du parcours Bass Buttress. Il se peut qu’il ait suivi le parcours, mais cela paraît improbable. Il semble plutôt avoir escaladé l’une des ravines menant au sommet de la montagne. C’est là un exploit impressionnant, car cette aventure supposait une escalade de classe 5 sans corde sur de la roche désagrégée et du terrain inexploré. L’alpiniste a décidé de descendre en rappel la paroi rocheuse qu’il avait escaladée, et il avait fait trois ou quatre rappels avant de se retrouver en difficulté. Il n’avait aucun équipement pour placer des points d’assurance, il suivait des ancrages hors-parcours, et il n’avait aucun nœud aux extrémités de sa corde lorsqu’il s’est retrouvé les jambes pendant au-dessus d’une paroi rocheuse verticale essentiellement dépourvue d’ancrage naturel. L’alpiniste cherchait fort probablement le prochain ancrage lorsqu’il est arrivé au bout de sa corde. Il a fait une chute d’une quarantaine de mètres dans la ravine et est probablement mort sur le coup. 



La paroi escarpée de la ravine que la victime descendait en rappel

Il s’agit d’une triste histoire. Cependant, nous pouvons en tirer quelques leçons :

  1. Communiquez votre itinéraire à quelqu’un et indiquez-lui quand vous comptez rentrer. Nous ne saurions trop insister sur ce point. En l’occurrence, cette information n’aurait rien changé à l’issue de l’opération, mais la victime aurait été retrouvée beaucoup plus rapidement. Il est particulièrement important de le faire si vous pratiquez l’alpinisme en solitaire. 
  2. Transportez un dispositif de communication – Si vous avez un téléphone cellulaire et que vous vous trouvez dans un secteur couvert par votre fournisseur, allumez votre appareil. Les sauveteurs pourront ainsi calculer votre position par triangulation, même si vous n’utilisez pas votre téléphone. Il existe aussi d’autres options pour les excursions en milieu reculé, tels que des téléphones satellites, des radios et des dispositifs SPOT. 
  3.  Faites des recherches sur votre objectif – Trouvez les parcours d’escalade et de descente établis, vérifiez de quel équipement vous aurez besoin et déterminez le temps que vous devez prévoir pour l’excursion. Le mont Castle compte plusieurs parcours de descente établis, y compris un sentier de randonnée et un parcours de grimpe nécessitant quelques rappels de 30 m à partir de stations boulonnées. Ces deux options se trouvaient à moins de 300 m de l’endroit où l’alpiniste a été retrouvé sans vie. 
  4.  Obtenez des renseignements et une formation adéquate avant de partir à l’aventure seul – Profitez du savoir d’alpinistes chevronnés ou retenez les services d’un membre de l’Association des guides de montagne canadiens. Si l’alpiniste avait eu plus d’expérience et de formation et s’il avait appris à nouer les extrémités de sa corde de rappel, cette histoire aurait pu connaître un dénouement différent. L’homme a accompli tout un exploit en traçant un nouveau parcours et en descendant le mont Castle en solitaire. Il est malheureux que son excursion se soit terminée par un accident de rappel qui aurait pu être évité simplement en faisant des nœuds au bout de sa corde.

Nous offrons toutes nos condoléances à la famille de la victime. Il est à espérer que d’autres pourront tirer des enseignements de ce malheureux événement et éviter des accidents semblables dans l’avenir.



Randonneur manquant à l’appel à Saskatchewan Crossing, parc national Banff, les 1er et 2 août 2012


Le présent rapport concerne une famille d’une grande ville européenne qui visitait les Rocheuses pour la première fois. Le fils adolescent, qui avait l’habitude de se promener en ville sans surveillance, est parti faire une courte randonnée en soirée. Il a invité à ses parents à l’accompagner, mais ceux-ci ont préféré rester au centre de villégiature. Leur fils étant habitué à se promener seul, ils n’ont fait aucun cas de la situation. L’adolescent s’est arrêté au comptoir du centre de villégiature pour demander quelques suggestions de promenades courtes dans le secteur, et, une fois les renseignements obtenus, il est parti vers 20 h. Le jeune garçon portait un jean, des chaussures de course et un t-shirt.

Le fils n’était toujours pas rentré à la tombée de la nuit, et les parents ont commencé à s’inquiéter. Ils en ont informé le gestionnaire du centre de villégiature, qui a effectué une recherche rapide dans les secteurs les plus probables avant de solliciter l’aide du Service de répartition de Banff. Deux spécialistes de la Sécurité des visiteurs de Lake Louise et une équipe cynophile de Parcs Canada à Banff ont été mobilisés à 12 h 30 le 2 août 2012. Après avoir recueilli de plus amples renseignements, l’équipe a appelé des renforts de Jasper – du personnel de la Sécurité des visiteurs et une seconde équipe cynophile. Le temps était frais et pluvieux.

Pendant toute la nuit, les équipes de la Sécurité des visiteurs ont fouillé les secteurs où l’adolescent était le plus susceptible de se trouver, mais les indices étaient difficiles à trouver, car la pluie avait effacé la plupart des odeurs. À l’approche de l’aube, les sauveteurs n’avaient toujours pas trouvé de trace de l’adolescent. Parcs Canada a donc dépêché d’autres renforts de Banff, dont un hélicoptère. Peu après, les équipes de recherche ont entendu des cris faibles, dont l’équipe cynophile a rapidement localisé la provenance. Les sauveteurs ont retrouvé le jeune randonneur; il avait froid, mais il n’était pas blessé. L’hélicoptère, qui arrivait tout juste à Saskatchewan Crossing, s’est posé à proximité et à transporté l’adolescent jusqu’au centre de villégiature, où ses parents ont été soulagés de le revoir.

Analyse
L’adolescent est parti en promenade sur un sentier indistinct. Lorsque le sentier a disparu, il a poursuivi sa route, convaincu qu’il suivait encore un sentier. Lorsqu’il s’est finalement rendu compte de sa méprise, l’adolescent ne pouvait plus retrouver son chemin. La nuit est tombée, et il a compris qu’il ne réussirait pas à regagner le centre de villégiature cette nuit-là. Il s’est donc recroquevillé sous un arbre dans l’attente des secours.

La nuit était froide et pluvieuse, et l’adolescent portait des vêtements légers en coton. Pour se tenir au chaud et au sec, il a rembourré son jean de mousse – une technique de survie qu’il avait vue à la télévision – et a attendu les secours sous le couvert d’un arbre. Il s’agissait là de mesures sensées, puisqu’il était en bonne forme et nettement moins mouillé que le personnel bien équipé qui avait été à sa recherche pendant toute la nuit dans la forêt dégoulinante. En fin de compte, l’adolescent se trouvait à environ 1 km du centre de villégiature, sur du terrain ondulé et densément boisé.


Le cercle montre l’endroit approximatif où l’adolescent a été retrouvé. 

En montagne, le terrain peut souvent prêter à confusion, surtout pour ceux qui n’ont aucune expérience de la nature sauvage. En l’occurrence, l’adolescent n’avait aucune difficulté à s’orienter dans une ville, mais il ne s’était à peu près jamais aventuré dans l’arrière-pays. Il a suivi un sentier qui a disparu, comme bien des pistes tracées par les animaux, et il n’arrivait plus à s’orienter pour retrouver le chemin du retour. Dans un secteur inconnu, il est très important pour les randonneurs de conserver leur orientation spatiale, afin de connaître la direction à prendre s’ils s’égarent. Il existe plusieurs outils, tels que des cartes, des boussoles et des GPS, qui peuvent nous aider à maintenir cette orientation spatiale sur du terrain difficile.

L’adolescent n’était pas vêtu convenablement pour les conditions météorologiques. Il est vrai qu’il ne prévoyait qu’une courte promenade, mais l’incident montre qu’il est toujours sage de bien se préparer et d’apporter de l’équipement de survie.

Heureusement, le jeune randonneur a agi de façon sensée en trouvant refuge sous un arbre dans l’attente des sauveteurs. Il a ainsi pu rester relativement au chaud et au sec, ce qui lui a permis de sortir indemne de cette mésaventure.


Alpinistes en détresse sur le mont Tunnel, parc national Banff, le 2 août 2012

Le présent rapport concerne deux alpinistes relativement peu expérimentés qui ont entrepris tard dans la journée l’escalade de ce qu’ils croyaient être le parcours Ballista, une voie jalonnée de boulons sur la paroi sud-est du mont Tunnel. Le groupe progressait très lentement, et, après un certain temps, le chef de cordée a fait une chute de 10 m, sans toutefois subir de blessures. Les deux alpinistes ont poursuivi leur ascension, mais la nuit a fini par tomber, et l’obscurité les a empêchés d’avancer. Ils ont donc téléphoné au Service de répartition de Banff, qui a acheminé leur appel au chef des opérations de sauvetage. Les deux compagnons ont tenté de décrire leur position, mais certains des renseignements fournis ne concordaient pas. Ils étaient cependant convaincus d’être à une seule longueur du sommet.

Deux spécialistes de la Sécurité des visiteurs sont partis à pied sur la paroi arrière du mont Tunnel avec de l’équipement d’escalade. Il leur a fallu un certain temps pour trouver les alpinistes, mais, à force de crier et de brandir dans les airs leur téléphone cellulaire allumé, ceux-ci ont réussi à se faire repérer. Les spécialistes, qui connaissent intimement les voies d’escalade du parc national Banff, ont vite constaté que les deux compagnons en détresse étaient sur un parcours appelé Tatonka, près de la voie d’escalade Gooseberry. Après avoir élaboré un plan, l’un des spécialistes est descendu rejoindre les alpinistes. Le sauveteur du dessus a fait remonter les alpinistes (un à un) jusqu’au sommet, après quoi son collègue est remonté à l’aide d’un ascendeur. Les spécialistes ont alors accompagné les deux alpinistes jusqu’au point de départ du sentier.

Analyse
Les alpinistes étaient mal préparés, et ils ont choisi un objectif qui dépassait leurs capacités. De plus, ils n’avaient ni casque protecteur ni lampe frontale. Ces pièces d’équipement revêtent pourtant une importance cruciale – surtout la lampe frontale, dans le cas d’un départ tardif. Les alpinistes ont montré leur inexpérience, en ce sens qu’ils n’ont pas fait suffisamment de recherches sur leur destination. Il est conseillé aux alpinistes de suivre un cours donné par un membre de l’Association des guides de montagne canadiens (le seul groupe habilité à enseigner l’escalade dans les parcs nationaux). L’escalade et l’alpinisme s’apprennent lentement. Il faut du temps et de la patience pour réussir à atteindre des objectifs progressivement plus difficiles et obscurs. Par conséquent, il est prudent d’accroître petit à petit le niveau de difficulté, la longueur et l’engagement nécessaire.

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