Rapports d'accidents - septembre 2012
Sécurité en montagne
Éboulement sur le parcours Shuftee du mont Yamnuska, Kananaskis, Alberta, le 17 septembre, 2012
Grimpeurs en détresse sur le mont Cascade, parc national Banff, le 17 septembre, 2012
Alpiniste en détresse sur le versant est du mont Victoria, le 9 septembre 2012
Éboulement sur le parcours Shuftee du mont Yamnuska, Kananaskis, Alberta, le 17 septembre, 2012
La Sécurité des visiteurs de Parcs Canada a reçu un appel de la Sécurité publique de Kananaskis, qui sollicitait son aide pour évacuer un alpiniste blessé dans un éboulement, à deux longueurs du sommet du mont Yamnuska. L’homme faisait partie d’un groupe de quatre alpinistes qui s’étaient éloignés du parcours Diretissima par mégarde. L’un des premiers de cordée avait gravi une trentaine de mètres quand la roche sur laquelle il se trouvait – un « bloc de la dimension d’un mini-réfrigérateur » – a soudainement cédé. Le coinceur qu’il avait placé derrière le bloc instable s’est délogé, et il est tombé sur une distance de 10 m avec le bloc jusqu’à un autre coinceur. Voyant la chute de son compagnon, l’assureur a enroulé la corde autour de sa jambe et s’est préparé pour l’impact. La roche s’est fragmentée en deux morceaux et l’a frappé au dos et à la tête. L’impact lui a fait perdre connaissance et a gravement endommagé la corde. Le premier de cordée qui était tombé a rapidement placé un ancrage, a réparé la corde d’escalade et est descendu rejoindre l’assureur en faisant des nœuds de Prusik pendant que l’autre cordée venait lui prêter main-forte. Les alpinistes ont appelé la Sécurité publique de Kananaskis, qui leur a demandé de rester en place dans l’attente des secours. L’assureur a fini par reprendre conscience, mais il saignait abondamment de la tête.
La Sécurité publique de Kananaskis et deux spécialistes de la Sécurité des visiteurs de Banff sont arrivés sur les lieux en hélicoptère. Après un vol de reconnaissance, l’un des sauveteurs s’est fait transporter jusqu’à la saillie inclinée au bout d’une élingue de 60 m, soit le double de la longueur habituelle. Le pilote disposait ainsi d’une plus grande latitude pour manœuvrer son hélicoptère et pouvait rester à une distance plus sûre de la paroi rocheuse. Il restait environ une demi-heure de clarté. Une fois sur le lieu de l’accident, le sauveteur a enfoncé un boulon dans la roche. Après avoir relâché l’ancrage suivant une technique éprouvée, il s’est fait héliporter avec le patient. Les autres alpinistes se sont vu remettre des lampes frontales, et ils ont ainsi pu remonter le parcours et regagner leur point de départ à pied.
Analyse
- Les alpinistes se sont rendu compte qu’ils s’étaient éloignés du parcours choisi, mais ils avaient un guide de poche qui leur indiquait sur quelle voie ils se trouvaient. À ce stade, il était plus facile de poursuivre leur ascension que de redescendre jusqu’au parcours Diretissima.
- Les deux dernières longueurs du parcours Shuftee (comme de nombreuses voies d’escalade du mont Yamnuska) se trouvent sur de la roche très désagrégée. Le premier de cordée a indiqué avoir donné plusieurs tapes et coups de pied sur le bloc de roche avant de s’y engager. Il n’y a aucun moyen d’éviter la roche désagrégée. Le mieux consiste à faire en sorte que l’assureur se place à un endroit sécuritaire, sur le côté ou sous un surplomb, et à éviter de placer des points de fixation derrière des blocs de roche instables.
- Par bonheur, l’assureur a eu la présence d’esprit d’enrouler la corde autour de sa jambe avant l’impact. S’il ne l’avait pas fait, l’incident aurait pu connaître un dénouement bien plus triste, parce que le premier de cordée aurait tombé sur une distance bien plus longue.
- Les alpinistes avaient un téléphone cellulaire, savaient qui appeler et ont gardé leur sang-froid tout en aidant le sauveteur à manipuler le blessé et à débarrasser la paroi des cordes et de l’équipement qui traînaient.
- Les autres membres du groupe ont pu regagner leur point de départ à l’aide de lampes frontales, ce qui leur a évité une longue nuit d’attente sur la paroi rocheuse.
Grimpeurs en détresse sur le mont Cascade, parc national Banff, le 17 septembre, 2012
Le présent rapport concerne deux grimpeurs âgés d’une vingtaine d’années qui ont entrepris l’ascension du mont Cascade par le parcours ordinaire. Les deux compagnons, qui n’avaient aucune expérience, ont commencé leur excursion au terrain de stationnement du mont Norquay, à Banff, et sont parvenus au sommet juste après midi. Pendant la descente, ils se sont éloignés du sentier par inadvertance et ont abouti dans l’« amphithéâtre » nord ouest – une paroi abrupte formée de blocs de roche exposée et désagrégée. Ce secteur est considéré comme du terrain d’escalade. Ils ont poursuivi leur descente et sont arrivés à moins de 200 m du sentier lorsqu’ils ont décidé de s’arrêter pour demander de l’aide. En outre, les deux compagnons se sont séparés pendant leur descente.
L’un des grimpeurs a téléphoné à la Sécurité des visiteurs sur son téléphone cellulaire. La nuit était tombée, de sorte qu’il était impossible de dépêcher un hélicoptère et une équipe de sauvetage avant l’aube. La Sécurité des visiteurs a demandé aux grimpeurs de rester en place. Le lendemain matin, deux sauveteurs ont été transportés au bout d’une élingue jusqu’au lieu de l’incident. Les grimpeurs étaient à nouveau réunis et s’étaient déplacés sur des blocs de roche exposés et glissants au-dessus d’une falaise escarpée. Les spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont placé un ancrage au-dessus d’eux, et l’un des sauveteurs les a rejoints pour leur mettre un baudrier. Les deux compagnons ont ensuite été assurés pendant leur ascension jusqu’à une saillie, puis transportés par élingue jusqu’à une saillie plus sûre. Personne n’était blessé.
Analyse
- Le groupe n’a pas reconnu le parcours à suivre pour la descente. Pendant l’ascension, prenez soin de vous retourner pour mémoriser les caractéristiques du relief et les repères. Les Rocheuses sont traversées de sentiers tracés par des visiteurs qui s’éloignent de leur parcours sans le vouloir. Vous pouvez facilement vous égarer si vous ne faites pas attention.
- Les grimpeurs n’ont pas retracé leurs pas lorsqu’ils se sont aperçus qu’ils n’étaient plus sur le parcours. En corrigeant leur erreur, ils auraient pu se passer d’un sauvetage.
- Les deux compagnons se sont séparés pendant la descente. L’un des grimpeurs en détresse pouvait appeler à l’aide (406 726 4506) sur son téléphone cellulaire, mais il n’était pas certain de la position géographique de son compagnon.
- Il importe d’apporter tout le matériel nécessaire pour parer aux urgences. Heureusement, la journée a été marquée par une inversion : les températures oscillaient autour du point de congélation dans le creux de la vallée, mais il faisait plus chaud là où se trouvaient les grimpeurs. Les deux compagnons ne portaient que des vêtements d’été légers et des chaussures de course, et ni l’un ni l’autre n’avait de lampe frontale.
- La Sécurité des visiteurs a demandé au groupe de rester en place. Les grimpeurs ont en fait quitté une saillie sûre pour une position plus précaire.
- Parcs Canada décrit ce parcours de grimpe dans un dépliant renfermant une carte et des photos. Ce document marque clairement les endroits où les grimpeurs font régulièrement des erreurs. Il est accessible dans tous les comptoirs de renseignements de Parcs Canada.
Alpiniste en détresse sur le versant est du mont Victoria, parc national Banff, le 9 septembre 2012
Le présent rapport d’incident concerne deux alpinistes inexpérimentés, un homme et une femme, qui ont décidé de rebrousser chemin avant d’avoir atteint le sommet du mont Victoria. Au cours de la descente, la femme est tombée et a glissé le long de la paroi nord-est sur une distance d’environ 45 mètres. Par miracle, elle a réussi à s’immobiliser. Son compagnon n’a pas pu lui venir en aide. Il est descendu jusqu’au refuge, d’où il a appelé le Service de répartition de Banff.
Deux spécialistes de la Sécurité des visiteurs ont été dépêchés de Banff. Ils ont tenté plusieurs fois de rejoindre l’alpiniste en détresse. En raison de la visibilité limitée et des vents forts, ils ont été obligés d’atterrir au salon de thé de la plaine des Six Glaciers. Au bout d’un certain temps, ils sont allés à Lake Louise pour refaire le plein de carburant, puis sont repartis vers le col Abbot afin de chercher les alpinistes, avec succès cette fois. En faisant de l’escalade, les deux sauveteurs ont pu se rendre jusqu’à l’alpiniste qui n’était pas en détresse. Ce dernier est resté sur place tandis que les sauveteurs ont poursuivi leur ascension à la recherche de sa compagne. À la tombée de la nuit, ils ont établi un contact vocal avec elle. Ils ont ensuite fixé un piton dans le roc au dessus de la dame, qui se trouvait 45 mètres en dessous de la crête, sur la paroi nord est. L’un des sauveteurs est descendu et a fixé le baudrier de l’alpiniste en détresse au sien. Le sauveteur et la dame ont ensuite été assurés pendant leur ascension jusqu’à la crête. De là, l’équipe de sauvetage a aidé l’alpiniste, qui n’était pas blessée, à redescendre jusqu’à son compagnon, alors qu’il faisait nuit. Chacun des deux sauveteurs a aidé un des deux alpinistes à redescendre jusqu’au refuge du Col Abbot, où ils ont tous passé la nuit. Le lendemain, un hélicoptère est allé chercher les alpinistes et les sauveteurs pour les amener à Lake Louise.
Analyse
Les alpinistes ont reconnu qu’ils n’avaient ni la préparation ni l’expérience nécessaires pour escalader le mont Victoria. Ils n’avaient pas non plus les compétences requises pour être en mesure de corriger la situation lorsqu’elle s’est gâtée. En outre, ils ont expliqué qu’ils avaient appris à faire de l’escalade en consultant des livres. Le manque de formation en bonne et due forme ou d’encadrement véritable assuré par une personne expérimentée est la principale cause de la situation fâcheuse dans laquelle ils se sont trouvés sur le mont Victoria. Les alpinistes débutants sont fortement encouragés à suivre une formation adéquate offerte par un membre de l’Association des guides de montagne canadiens. Les personnes dont le budget est serré peuvent aussi s’adresser au Club alpin du Canada pour rencontrer des alpinistes d’expérience pouvant leur offrir un certain encadrement.
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