Rapports d'accidents - février 2013
Sécurité en montagne
Accident d’un premier de cordée aux chutes Louise, parc national Banff, le 27 février 2014
Le présent rapport concerne deux alpinistes qui escaladaient les chutes Louise, une voie de glace classique WI 4/5 de plusieurs longueurs. Ils avaient escaladé le crux et amorçaient la dernière longueur, qui s’annonçait plus facile. Le moins expérimenté des deux alpinistes dirigeait la cordée, mais, ayant jugé la tâche trop difficile, il est revenu au point d’assurage, qui était protégé par une seule broche à glace. Son compagnon a donc pris les devants, est monté au-delà de la broche à glace et en a installé une autre un peu plus haut avant de poursuivre son ascension jusqu’au sommet. Au dernier renflement, ses pieds ont glissé , et ses outils mal fixés se sont détachés. Il est tombé en entraînant avec lui la première broche. L’alpiniste a atterri sur la seconde et dernière broche à glace, qui est restée en place. Après une chute de 12 à 15 m, il s’est retrouvé le pied coincé dans la glace, avec une fracture du tibia droit. Il était environ 16 h, et le blessé ressentait une vive douleur. Les deux compagnons ne pouvant plus se déplacer d’eux-mêmes, ils se sont mis à crier à l’aide.
Le Service de répartition de Banff a reçu l’appel de promeneurs qui se trouvaient au bord du lac, au-dessous de la voie de glace, et il en a informé la Sécurité des visiteurs. Deux spécialistes de la Sécurité des visiteurs sont montés à bord d‘un hélicoptère à Banff et deux autres sont partis en motoneige de Lake Louise. Un guide local qui se trouvait au sommet de la voie de glace a réussi à transmettre de l’information aux sauveteurs et à sécuriser les lieux. L’hélicoptère a tenté de déposer les spécialistes de la Sécurité des visiteurs par élingue près du blessé, mais l’opération a dû être annulée en raison de la présence d’arbres qui présentaient un danger pour l’appareil. Il a donc été convenu de déposer les sauveteurs au sommet de la voie de glace avec de l’équipement de sauvetage et de se préparer pour une évacuation par voie terrestre qui durerait une partie de la nuit.
L’un des spécialistes de la Sécurité des visiteurs s’est fait héliporter jusqu’au sommet de la voie de glace, et, avec l’aide du guide, il a rejoint le blessé. Ce lieu d’escalade de très haut niveau s’assortissait d’un relais pendu, mais le groupe est parvenu à se tenir debout sur une petite saillie. Le spécialiste de la Sécurité des visiteurs a nettoyé le site et préparé les points d’ancrage pour y descendre une civière.
Les trois autres spécialistes de la Sécurité des visiteurs sont arrivés au sommet avec le reste de l’équipement de sauvetage et ont assuré le compagnon non blessé pendant son ascension. Il a été décidé de remonter le blessé jusqu’au sommet de la voie de glace et de le descendre ensuite à pied pour éviter d’exposer l’équipe de sauvetage aux grosses aiguilles de glace qui pendaient à la droite de la voie de glace. L’un des spécialistes a descendu la civière et les attelles jusqu’à l’endroit où se trouvait le blessé et a enveloppé l’alpiniste pour l’ascension. L’autre spécialiste a nettoyé le site avant de rejoindre ses collègues.
Les spécialistes de la Sécurité des visiteurs sont entrés en communication avec un médecin de l’hôpital de Banff, qui leur a conseillé de redresser la jambe blessée et de donner de l’oxyde de diazote au patient pour atténuer la douleur. Les deux traitements, administrés dès que le patient est parvenu sur du terrain plat au sommet de la voie de glace, ont produit de bons résultats. Le blessé a ensuite été transporté sur une civière tirée par les sauveteurs dans la forêt, puis il a été redescendu jusqu’à la rive du lac Louise – une opération longue et ardue pour toutes les personnes concernées.
Analyse
Les premiers de cordée qui font une chute sur une voie de glace subissent souvent des blessures graves. Il faut une concentration intense pour diriger une cordée sur la glace, et le degré de difficulté doit être bien inférieur aux capacités de l’alpiniste qui assume ce rôle. Cela dit, les accidents sont une réalité de la vie, et c’est pour cette raison qu’il faut s’assurer souvent et adéquatement pour atténuer les conséquences d’une chute. Bien souvent, la partie la plus délicate d’une escalade sur glace se trouve au sommet d’une longueur – un lieu de transition entre du terrain escarpé et du terrain de plus faible déclivité. Il est difficile de voir ses pieds, et, souvent, la glace est plus friable ou plus mince au sommet. La clé consiste à progresser lentement tout en conservant le contrôle de la situation et à s’assurer au sommet de chaque longueur de glace.
De plus, il est important d’avoir sur soi un dispositif de communication d’urgence pour pouvoir appeler à l’aide en cas de problème. En l’occurrence, les deux alpinistes ont eu la chance de se faire entendre par des promeneurs, mais ils ne portaient aucun dispositif pour appeler à l’aide.
En cas d’accident, même une voie d’escalade classique et bien fréquentée peut prendre l’allure d’un endroit très reculé et hostile où les secours peuvent être difficiles à obtenir et mettre du temps à arriver.
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